ou quand la scène théâtrale tend un miroir à la société.
— Par Scarlett Jesus —
Succédant à ce qui fut le Festival des Abymes, la 6ème édition de Cap Excellence théâtre, organisée à l’initiative de la communauté des trois communes Abymes, Baie-Mahaut et Pointe-à-Pitre, propose du 09 au 14 mai 2017 un programme autour du thème « La quête du mieux-être ».
L’observation de la programmation semble révélatrice de certains choix.
On constate, en premier lieu, une diversité liée à l’origine différente des compagnies (de Guadeloupe, de Martinique, de France et de Côte d’Ivoire). Une autre diversité est celle des lieux de représentations, situés dans différentes salles et établissements scolaires des trois communes. Ajoutons à cela une diversité évidente de formes, le festival proposant des représentations, des lectures, une déambulation et de nombreux ateliers pédagogiques.
Parallèlement à cette diversité symbolisant une volonté d’ouverture, un autre choix est manifeste : celui de la transmission et d’un ancrage. Ce n’est pas un hasard si le parrain de cette 6ème édition est cette année Harry Kancel, auquel Cap Excellence Théâtre a voulu rendre hommage.

— par Janine Bailly —
Cie La Grande Horloge
Textes :
Le Théâtre Paris-Villette accueille pendant dix jours un projet théâtral hors-norme avec des détenus du centre pénitentiaire de Meaux autour de dix chants de l’Iliade. Magistral. (Photo Charlotte Gonzales)
De la naissance du Christ on ne sait pas grand-chose et comme il fallait retenir une date ayant une dimension symbolique ce fût le solstice d’hiver qui fût choisi. Les jours commencent à rallonger et les ombres de la nuit raccourcissent. La date retenue est un héritage des traditions festives des “Douze nuits”, propres aux calendriers celte et germanique et de la tradition romaine antique des Saturnales ou Calendes de janvier. Ces fêtes païennes, puis chrétiennes s’accompagnaient de masques et mascarades, déguisements et travestissements carnavalesques et de représentations théâtrales au cours desquelles le renversement des interdits et les inversions de sens sont célébrés. A commencer par ce qu’énonce la Bible dans le Deutéronome, XXII, 5 : « Une femme ne portera pas un costume masculin, et un homme ne mettra pas un vêtement de femme : quiconque agit ainsi est en abomination à Yahvé ton Dieu. » Diantre! Diable! Fichtre!
Le théâtre de marionnette aurait il enfin gagné un nouveau statut ?


Avec Nelson Rafaell MADEL et Astrid MERCIER
De la prestation de D’ de Kabal, que je ne nommerais pas “spectacle” puisqu’il s’agit bien ici d’un discours, à nous adressé sur le mode tout à la fois conatif et phatique, l’acteur délaissant même un moment la scène pour au-devant nous parler de son propre corps, puisqu’à mon sens le théâtre est plus convaincant quand par la fiction, fût-elle inspirée de la réalité, il “montre”,— alors que par le discours il argumente et “dé-montre” —, de cette prestation remarquable d’être sincère et inspirée, je retiendrai donc ces moments de grâce où délaissant l’ordinaire des mots, l’acteur atteint son but dans la fulgurance des images qu’il sait créer, dans la justesse et la clarté des métaphores qu’il sait si bien filer ! Les “paragraphes” démonstratifs, porteurs de didactisme comme parfois de chiffres, ne m’en ont paru que plus rébarbatifs, d’autant qu’ils prêchaient une convaincue. Et qu’au regard du visage très féminin de la salle, je n’étais certes pas la seule à être persuadée du bien-fondé de ces assertions. Pas la seule à savoir, si je reprenais dans un sourire les mots de Jules Renard, que le féminisme, c’est ne pas compter sur le Prince Charmant !
Texte, mise en scène & interprétation : D’ de Kabal
A l’heure où une partie de la France, pour contrer justement la montée des racismes et de la xénophobie, s’apprête à voter, contre ses convictions intimes, en faveur d’un candidat qui n’est pas plus celui de son choix que celui des humbles, à l’heure où surgissent, venues de différents horizons, des créations artistiques qui nous parlent de notre monde, de ses pulsions inavouables, des souffrances infligées à maintes communautés, il me semble bon de parler des luttes courageuses qui y afférent. Car, ainsi que le dit le musicien Jordi Saval sur la station radiophonique France Inter, il faut que les arts, quels qu’ils soient, servent à quelque chose et, « si la musique, et les autres arts, ça ne sert pas pas à faire que les êtres soient meilleurs, alors ça ne sert à rien ! »· Comment ne pas le croire, lui qui est allé dans la jungle de Calais offrir aux émigrés, « gens qui fuient l’horreur de la guerre, hommes en détresse » le réconfort d’un généreux concert⋅
Aujourd’hui, entrée dans cet âge où l’on peut sur soi et ses chemins de vie se retourner, il me semble juste de dire que tout acte théâtral, qui m’a fait grandir et comprendre le monde comme il va, était un acte engagé, non pas essentiellement au sens politique du terme, mais engagé toujours auprès des hommes, engagé car inscrit dans une dynamique de progrès et de cheminement vers une société plus juste, plus tolérante et plus belle. Les deux derniers spectacles, vus à Fort-de-France, en dépit de certaines faiblesses m’ont confortée dans cette idée— utopique ? — que le théâtre est vital, et que par les arts on pourrait bien tenter de sauver le monde !
De Stanislas Sauphanor
Avec Elisabeth Lameynardie & Yva Gaubron.