— Par Selim Lander —
Un certain L. Andreïv a écrit une nouvelle inspirée d’un fait divers sous le titre La Pensée, titre énigmatique, pour le moins, qui fait penser à un « soliloque », l’acte intime de qui se prend à parler tout haut dans une tentative, risquée, pour atteindre le fond de sa… pensée. Le théâtre, lieu de tous les artifices, a adopté le soliloque, le personnage se comportant comme s’il était seul, comme si les spectateurs (éventuellement les autres personnages présents avec lui sur la scène) n’étaient pas là. Si l’on ignore comment est construit le texte d’Andreïv, l’adaptation de Pierrette Dupoyet en fait plutôt un monologue, « adressé » au public. L’héroïne, Antonia, ne se parle pas à elle-même mais à des interlocuteurs censés se trouver à la place des spectateurs – peut-être les imagine-t-elle, peut-être pas ? – médecins ou juges face auxquels elle entend se justifier, ou au moins s’expliquer. Car il ne s’agit de rien de moins que d’un meurtre, un assassinat dont elle fut l’auteur et qu’elle revendique.
Pierrette Dupoyet ! Tous les habitués du festival (Off) d’Avignon la connaissent.

Steve Zébina, le programmateur cinéma de l’Atrium dit souvent lors de la présentation de ses sélections : « Ce n’est que dans l’après-coup que je me suis rendu compte qu’il y avait un fil conducteur dans ce choix… » Par exemple dans la dernière proposition qu’il nous a faite on pouvait retrouver dans chaque film d’une adolescente autour de laquelle se construisait le film. Steve Zebina nous rassure : il découvre qu’il a bel et bien un inconscient ! L’anecdote ne vaut peut-être pas pour les deux pièces de théâtre dont il va être question maintenant. En effet il y a en jeu au moins deux programmations, hélas concurrentes. Celle du T.A.C. (Théâtre Aimé Césaire) et celle de l’ATRIUM et il y plus de chances que que la fusion du Conseil Général et du Conseil Régional réussisse que de voir naitre un semblant d’harmonisation entre les deux structures culturelles. Il est des ego incommensurables que nulle salle de spectacle aussi grande soit-elle ne saurait contenir !
L’histoire est tirée d’un fait divers réel. Une femme, éminente personnalité du monde médical ayant assassiné sa meilleure amie. Plusieurs faits antérieurs au crime sont suffisamment troublants pour qu’une enquête psychologique soit ouverte. Simule t-elle la folie pour éviter la prison ? Elle se raconte dans un plaidoyer qui dénonce les conditions d’enfermement psychiatrique. On imagine cette femme qui prend la boule de verre dans laquelle la neige voltige, qui l’abat une fois deux fois et encore sur sa victime.
Avec Elisabeth Lameynardie & Yva Gaubron.
José Alpha le metteur en scène dela pièce ci-dessus nommée nous commuique des réactions de spectatrices et spectateurs et si elles sont assez différentes des 

A l’occasion de la présentation de l’ouvrage de traduction créole « L’Histoire du soldat/Listwa solda a« , de Charles Ferdinand RAMUZ et Rodolf ETIENNE, paru aux Editions L’Harmattan en février 2024, le vendredi 21 octobre 2025, à partir de 18h30, à la Bibliothèque Schoelcher, 1, rue de la liberté à Fort-de-France, voici une présentation par le traducteur de la fameuse pièce. Une présentation que vous redécouvrirez lors de cette rencontre.
AVANT PROPOS
Avec Sosuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi
Ce mois de janvier 2022 a permis d’ouvrir au bénéfice du public martiniquais quelques « Fenêtres sur Haïti », selon le titre choisi pour cet ensemble de manifestations : cinéma, théâtre, musique, expositions. Si Haïti est en très mauvais état (et ce n’est, hélas, pas d’hier, on pourra consulter au premier étage de l’Atrium des panneaux sur lesquels sont rappelées quelques-unes des atrocités commises par François Duvalier), sa créativité est intacte. Ainsi ces diverses manifestations ont-elles fait souffler un peu d’air frais sur une Martinique trop longtemps privée d’événements culturels.
Après avoir publié le « Portrait du colonisateur de bonne volonté » dans Les Temps modernes en avril 1957, Albert Memmi faisait paraître le « Le portrait du colonisé » dans Esprit, en mai 1957. Les deux textes devaient être réunis et développés dans « Portrait du colonisé – Portrait du colonisateur » [

Une cellule du dépôt du tribunal, en Martinique. Trois femmes qui attendent, d’être jugées ou auditionnées par un juge. On les a pour cela extraites de leur prison, et selon la loi, on peut les retenir là jusqu’à vingt heures d’affilée. Sur la scène, deux simples bancs dos à dos, unique point d’ancrage de la scénographie, et qui symbolisent l’attente autant qu’ils figurent le lieu. Nul besoin d’aucun autre artifice, le décor est planté, et les premières répliques ne laisseront aucun doute, ces femmes sont bien appelées à rendre compte devant la justice des hommes. Le ton est d’emblée empreint d’une agressivité qui cache la souffrance intime, les voix font dans la démesure, et la tension inhérente à ce genre d’endroit n’en est que plus palpable. Déjà l’on pressent que l’issue pourrait bien se trouver dans un inévitable débordement de violence.
— Par Clara Chérubin —
ÉCRITURE, LECTURE ET FACTURE LEXICALE DU CRÉOLE
Les abonnés, les spectateurs qui s’engouffrent dans ce lieu béni du théâtre, véritable cocooning interactif et intimiste, ne le font pas par hasard. Ils ne savent que trop les sélections attentionnées de pièces qui s’y jouent, la qualité de jeu des comédiens qui se régalent d’évoluer en ces lieux. Dès lors, ne devient-t-il pas inutile de ressasser périodiquement la réalité d’un succès annoncé ? N’y a-t-il pas là qu’une coquetterie du plus bel effet ?

