— Par Roland Sabra —
Caroline Stella est allée puiser dans ses souvenirs d’enfance les restes des contes des frères Grimm qu’on lui racontait ou qu’elle lisait pour en faire un migan savoureux dans la mise en scène de Nelson-Rafell Madel. Il semble bien pourtant que l’élément essentiel autour du quel s’organise le plat soit le « Peau d’âne. », longtemps oublié parce que sa thématique, l’inceste père-fille, semblait trop sulfureuse. Qu’en est-il de ses réminiscences dans Poussière(s) ?
Une jeune fille vit, dans un moulin, à l’ombre de son père qui la chérit et de Simon un jeune apprenti meunier qui n’est pas insensible à ses charmes. Poussière s’ennuie. Comme les ailes du moulin elle tourne en rond, observant la porte close qui la conduirait vers le monde si elle avait le courage de l’ouvrir et lui permettrait d’échapper au mariage avec l’élu de son père, un double de lui-même en plus jeune et et qui possède tout un champ de poiriers. Un pas de côté de la pomme défendue à la poire pour la soif, ou plutôt pour évoquer l’émancipation implicite contenue dans le proverbe français « Quand la poire est mûre, il faut qu’elle tombe ».

Dans un récent billet
À l’occasion de la commémoration des dix ans de la disparition d’Aimé Césaire, la comédienne Colette Césaire nous invite dans une « balade poétique ».
(entrée libre)
— Par Roland Sabra —
obert Lepage est aujourd’hui l’une des grandes figures de la mise en scène internationale. Né en 1957 à Québec, il entre au Conservatoire d’art dramatique de la ville avant un séjour à Paris, où il suivra un atelier dirigé par Alain Knapp et découvrira les spectacles du
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Est-ce le sous titre « D’après « Le gouvernement de soi et des autres. Le courage de la vérité » de Michel Foucault » qui dissuadé le public de venir goûter et apprécier le cadeau qu’offrait vendredi soir Michel Richard avec son spectacle « L’artiste et le dire vrais » ? Était-ce d’autres programmations, de danse, de cinéma ? Toujours est-il que le public était peu nombreux dans la petite et sympathique salle de l’A’zwell, le théâtre que dirige Lucette Salibur aux Terrevilles de Schoelcher. Tant pis pour les absents. Le montage de texte retenus par Michel Richard est issu dans sa très grande partie des toutes dernières leçons de Michel Foucault entre janvier et mars 1984 avant sa mort, victime du Sida le 25 juin de la même année. Il avait 58 ans. On peut avoir une première idée de la perte en songeant que c’est à cet âge là que Lacan commence à tenir son séminaire.
Mise en scène et scénographie Nelson-Rafaell Madel
« Marie Tudor, God save the Queen », un « drame comique historique romantique punk », revisite un classique au son des Sex Pistols.
« Il n’y a pas d’instauration de la vérité sans une position essentielle de l’altérité. La vérité, ce n’est jamais le même. Il ne peut y avoir de vérité que dans la forme de l’autre monde et de la vie autre. « 

C’est Alfred Alexandre le président d’Etc Caraibe qui a demandé à Lucette Salibur du Théâtre de l’A’zwel de diriger la mise en lecture de la pièce de Gerty Dambury qu’il avait choisie Lettres indiennes. C’était pour moi une découverte. La pièce écrite en 1992, a fait l’objet d’une création à Avignon en 1996 par Alain Timar (Théâtre des Halles) et à New York en 1997 par Françoise Kourilsky (Théâtre Ubu Rep) sous le titre Crosscurrents. Ils sont six sur scène, à parité, assis sur des chaises, dos face au public. De l’île de la Réunion une jeune femme, guadeloupéenne, on l’apprendra détour d’une réplique, Fructueuse, c’est son nom, lit à voix haute la lettre qu’elle écrit à son ami de cœur resté près de Paris, loin d’elle. Elle est partie, sans autre raison que se trouver elle-même dans la rencontre avec l’autre. Tout au long du texte va se déployer cette dialectique de Soi et autrui, de l’Identité et de la différence. Dialectique et non juxtaposition, superposition, dans un « en-même-temps » stérile et appauvrissant.
Chaque année, les Crous organisent un concours national de théâtre étudiant, en partenariat avec l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, le Crous d’Aix-Marseille et le Théâtre Universitaire de Nancy. C’est dans ce cadre que Karine Bénac et sa troupe « d’étudiants-acteurs » au Campus de Schœlcher nous ont présenté ce jeudi leur création « Demain, je pars pour Tlemcen », sujet en même temps d’une captation vidéo exigée par le règlement dudit concours.
— Par Olivier Py —

Le rideau s’ouvre, l’actrice nous donne le dos, vêtue d’une simple nuisette bleue, comme crucifiée au demi-mur blanc qui partage le plateau. Comme attachée sur l’ombre d’une croix. Le ton est d’emblée donné, c’est un chemin bordé d’épines qu’il va falloir suivre. Au bout duquel, si on ne trouve pas « un jardin de roses », on pourra se satisfaire « d’un jardin de géraniums ». Un chemin corporel et spirituel en même temps. Dans Nathalie Mann, on verra et entendra, pour dire la vie de celle qui a acquis si chèrement sa nouvelle identité, ce couple infernal Thierry/Mathilde qui pendant plus de cinquante années a déchiré l’âme et faussé l’être au monde de Thierry Daudet. Lui donnant le sentiment de n’être pas lui-même, mais seulement ce que la société, ce que la famille, ce que l’église — n’a-t-on pas un jour conduit le garçon à l’exorciste de Notre-Dame ? — avaient « gravé sur sa carte-mère ». Lui laissant l’impression de n’avoir vécu qu’en déséquilibre, « sur la crête ».
Déception pour moi que ce spectacle, dont j’espérais beaucoup, en raison des thèmes qu’il aborde, des critiques louangeuses qui suivirent sa présentation au Studio Hébertot dirigé par Sylvia Roux elle-même, du renom aussi de Bérengère Dautun qui à la Comédie Française fit une longue et belle carrière… Les deux autres comédiennes, j’avoue humblement n’avoir pas eu par avant l’occasion de les connaître sur scène.
