— Par M’A —

Plus d’un aura été scandalisé par le palmarès rendu public par Bérard Bourdon lors du Festival 2011 de théâtre amateur de la ville de Trinité. Sentiments d’iniquité et d’injustice dominent. Comme tout se sait très vite dans notre petit pays, nous avons appris que les membres du jury n’étaient pas unanimes, et c’est un euphémisme. Notons d’abord que Daniel Boukman dont la troupe « Key Manman Sent-Lis » présentait la pièce « Agoulou ek Ti sonson » a eu l’élégance de se retirer du jury. Il n’était pas venu à l’idée des organisateurs qu’il pouvait y avoir, comment dit-on aujourd’hui? Conflit d’intérêts? L’auteur n’a pas eu a se prononcer sur la façon dont son texte avait été passé à la moulinette, dépecé et restitué sous la forme d’un galimatias sans queue ni tête. Par ailleurs on a appris que les membres du jury s’étaient réunis plus d’une semaine avant l’ouverture et s’étaient mis d’accord pour exclure du palmarès « Les sardines grillées » au motif que la pièce avait déjà été jouée, notamment à Fort-de-France et qu’il ne s’agissait pas de vrais amateurs, car trop nettement au dessus de la concurrence.

— par Roland Sabra —
Le hasard a fait que j’ai pu voir les œuvres de trois metteurs en scène lors d’un séjour récent à la Havane. Leur manière d’aborder des questions concernant l’identité cubaine – de nouveaux rapports avec les traditions afro-cubaines, la discussion sur l’identité sexuelle et les possibilités artistiques d’un renouveau des sources de la pensée révolutionnaire – a révélé l’importance grandissante de la pratique théâtrale en tant qu’espace de réflexion sur les rapports entre l’individu et la société cubaine en général.















Cette phrase de Jean-Paul Sarte à propos des « Mains sales » s’applique assez bien au théâtre de Marivaux (1688-1763) qui invite le spectateur à réfléchir sur l’inégalité sociale, sans pour autant réclamer un changement politique. Marivaux n’est pas révolutionnaire. Dans le langage moderne, tout au plus serait-il « réformiste ». Moraliste est semble-t-il le mot le plus adéquat. Dans l’Ile aux esclaves, qui nous est présentée le 28 janvier à 20 h 30 dans la salle Frantz Fanon du CMAC-ATRIUM, il fait appel sinon à l’humanisme des personnages, tout au moins à leur humanité, à leur raison, ce en quoi il préfigure le siècle des Lumières sans en avoir les audaces politiques. Résumons l’intrigue. En un temps qui fait référence à la Grèce antique, mais que le vocabulaire de la pièce dément, et à la suite d’un naufrage, quelques survivants, maitres et valets, échouent sur une ile dans laquelle les rapports sociaux sont inversés. D’anciens esclaves ont pris le pouvoir et rééduquent les maîtres qui débarquent dans la République en leur imposant l’ancien statut d’esclave tandis que les anciens esclaves sont mis dans la condition de maître.


