— Par Laurence Aurry —
Théâtre de Fort-de-France les 7,8,9,10,11 octobre à 19h30
Choisir un drame romantique historique comme Marie Stuart aujourd’hui où le théâtre se fait de moins en moins politique et où la politique se donne de plus en plus en spectacle, relève de la gageure. Comment intéresser les spectateurs contemporains à un conflit qui peut leur paraître si lointain ? Comment rendre la force et le souffle du grand dramaturge allemand, Schiller ? Comment traduire à travers la rivalité de ces figures féminines héroïques, Marie Stuart et Élisabeth 1ère, les enjeux idéologiques, moraux et religieux qui traversèrent le XVIè siècle, en proie aux guerres de religion, et le XVIIIè siècle, avide de libertés ?
La tentative est louable. Le choix des costumes et la scénographie témoignent d’une recherche intéressante. La couleur des vêtements, le rouge, le mauve, le gris, symbolise assez bien la passion ou l’austérité selon qu’il s’agit de la séduisante Marie Stuart, de la digne Élisabeth ou des sombres lords, juges de Marie Stuart. Les lignes droites des costumes masculins renforcent le caractère martial de leur personnage.



Comment mettre en scène un poème de cette trempe. Beaucoup s’y essaient, peu réussissent. Jacques Martial en avait donné un version presque guerrière? Rudy Silaire nous offre une version ronde comme le comédien et pleine de sensualité et de douceurs caribéennes. Même quand il élève la voix, il donne le sentiment de jouer à se mettre en colère. Il semble suffisamment sûr de lui, sur scène pour quitter sans encombre et pour notre bonheur de spectateur les rivages fascisants du virilisme, cette maladie infantile de la masculinité. Sa personnalité est donc assez forte pour éviter de se faire oublier sur scène. Dirigé par un autre metteur en scène que lui même il est contraint d’adopter d’autres codes que ceux que « naturellement »-mais qu’il y a-t-il de naturel dans le théâtre- il pratique. La belle pénombre dans laquelle baigne la scène et l’excellent accompagnement musical de Laurent Phénis, créateur de la bambou muzik – décidément la Martinique est un pays musicien- n’arrivent pas toujours à faire oublier ce manque de distance critique de Rudy Silaire mettant en scène Rudy Silaire.
















En écoutant André Lucrèce, écrivain et sociologue, le 31 mars dernier à l’Atrium de Fort de France en ouverture des Rencontres théâtrales 2009 en Martinique, sur « le Théâtre de Shakespeare et la cérémonie de la violence », la question de l’utilité de la représentation théâtrale dans notre société, s’est imposée à deux niveaux.