— par Janine Bailly —
Seule sur la plage la nuit, du prolifique Sud-coréen Hong Sang-soo, est comme La douleur un film sur l’absence et l’attente. Et si les circonstances n’en sont pas aussi tragiques, on ne peut pourtant nier la souffrance de cette femme jeune et belle, Young-hee, incarnée par Kim Min-hee, muse et compagne actuelle du réalisateur.
Young-Hee, omniprésente sur la majorité des plans, est d’abord découverte auprès d’une amie, dans une ville européenne qu’on ne nommera pas explicitement. Elle est comme en exil, loin de son amant, — qu’elle a quitté ? qui l’a rejetée ? — dont elle dessine à l’aide d’un bâton le visage sur le sable. De cet homme, elle espère la venue, mais suggère aussi, dans une certaine confusion des désirs, qu’elle pourrait s’installer là, y refaire sa vie. L’histoire ne nous dit pas clairement ce que fut son passé, qui suggère plus qu’elle n’affirme. Ce qui importe est l’errance, les dérives, les faux pas et faux chemins que l’héroïne emprunte quand, se trouvant abandonnée, elle n’est plus qu’attente de celui qui ne viendra pas, hormis peut-être dans son rêve.