Catégorie : Cinéma

La Demora – le retard

SYNOPSIS

Dans son petit appartement, Maria s’occupe seule de ses trois jeunes enfants et de son père Agustin qui perd peu à peu la mémoire. Elle est dépassée, d’autant plus qu’elle travaille chez elle pour une entreprise textile contre une rétribution médiocre. Le jour où l’on refuse à Augustin son entrée en maison de retraite, Maria sombre…

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 20/02/2013

 

Quand une mère courage finit par craquer… María, la quarantaine fatiguée, est une ouvrière du textile, payée à la pièce — et au lance-pierre. Elle vit, ou plutôt survit, dans un modeste deux-pièces de Montevideo où se serrent ses trois enfants et son père retraité. Agustin a 80 ans et la mémoire qui flanche : il ne peut plus rester seul. María tente de concilier vaille que vaille ses rôles de soutien de famille, d’éducatrice et d’aide-soignante. Jusqu’au jour où, à bout de nerfs, elle demande à Agustin de l’attendre dans un jardin le temps d’une course… et prend la fuite.

Après La Zona, son premier film coup-de-poing sur la barbarie des élites friquées au Mexique, ce sont deux autres formes de violence que chronique Rodrigo Plá : la promiscuité aliénante à laquelle sont condamnés les pauvres ; et la logique comptable des services sociaux, qui expliquent à María que peu, c’est encore trop : les maisons de retraites publiques sont réservées aux personnes âgées sans la moindre ressource… Le jeune cinéaste uruguayen a l’intelligence de ne pas miser sur les conflits entre ses personnages (Agustin n’est pas un vieillard ­aigri ou capricieux à la Tatie Danielle) ni sur le pathos.

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Rebelle : Paul et Virginie chez les enfants soldats

Par Selim Lander. Les films sur les guerres civiles ou tribales ou ethniques en Afrique constituent aujourd’hui un genre à part entière. Ils ont leurs scènes obligées : les pick-up chargés d’hommes en armes, les campements précaires, les tirs d’armes automatiques, les gros plans sur une kalachnikov, les villageois apeurés, les paysages de jungle ou de savane… et les enfants soldats. La mise en scène de massacres exécutés par des enfants d’abord réticents et effrayés mais vite dressés et transformés en machines à tuer inconscientes ne manque pas de faire son effet sur les spectateurs. Rebelle est donc l’un de ces films, à quelques détails près qui font toute la différence : il focalise sur deux de ces enfants, « Sorcière » et « Magicien » ; il nous épargne les scènes de massacre qui sont simplement suggérées ; et surtout il réussit l’exploit de transformer un sujet sordide en une merveilleuse histoire humaine.

Rebelle

Comme dans nombre de films mettant en scène les enfants, le spectateur est invité à découvrir l’action à travers les yeux de l’un d’entre eux, ici ceux de l’héroïne, Komona, jeune fille à peine nubile, enrôlée dans une troupe de rebelles après avoir franchi l’épreuve initiatique hélas coutumière qui l’a obligée à massacrer – sous la contrainte – ses propres parents.

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L’Afrique fait son cinéma à Ouagadougou, le Fespaco démarre en musique

OUAGADOUGOU (AFP) – Un grand spectacle a donné samedi à Ouagadougou le coup d’envoi du Fespaco, incontournable festival du cinéma d’Afrique, qui pour sa 23e édition est dédié aux femmes puisque tous les jurys auront des présidentes.

Environ 20.000 personnes ont assisté au stade du 4-Août, le plus grand de la capitale burkinabè, à la cérémonie d’ouverture du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui s’est achevée à la tombée de la nuit par un feu d’artifices.

Devant de nombreux artistes et officiels, le groupe nigérian à succès Flavour a enflammé la foule.

Puis le chorégraphe burkinabè Seydou Boro et ses nombreux danseurs ont offert un spectacle haut en couleurs, avec derviches tourneurs, salsa, masques et rythmes traditionnels africains. Sans oublier des chevaux pour rendre hommage aux « Etalons », l’équipe nationale burkinabè récemment vice-championne de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Afrique du Sud.

Jusqu’au 2 mars, Ouagadougou est la capitale du cinéma africain et de grands noms sont annoncés comme les cinéastes Abderrahmane Sissako (Mauritanie), Mahamat Saleh Haroun (Tchad) et le Franco-Sénégalais Alain Gomis.

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Le Festival Prix de Court 2013 : du 12 au 15 mars

Présentation

Le Festival Prix de Court

Un festival du court métrage aux Antilles-Guyane est une nécessité absolue pour aider à l’éclosion de nos talents, permettre la diffusion de nos histoires, favoriser l’expression de notre culture, œuvrer à la valorisation de notre patrimoine.

Ce festival itinérant se déroule EN SIMULTANEE dans les départements de la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane chaque année.

LE COURT METRAGE

MAIS QU’EST-CE DONC QU’UN COURT MÉTRAGE ?

Comme son nom l’indique, le « court » fait directement référence à une durée, courte par définition, et une mesure, le métrage. C’est donc un film d’une durée plus courte que la normale, en général d’une demi-heure maximum.

Mais cela reste un film, un vrai, et surtout pas un sous produit. Ce support est alimenté par tous les genres, fiction, documentaire, animation, sans exclusive. c’est un véhicule d’idées, un moyen de transmission et d’échange, pratique, parce qu’aisément diffusable et déclinable sur tous supports.

L’exercice de style est stimulant car il faut dire beaucoup, faire « fort », en peu de temps et en toute liberté créatrice. L’importance du court-métrage est telle, qu’en France, il y a eu peu d’hésitation et beaucoup de tentation de créer des festivals dédiés à ce format.

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C’est Rimbaud revenu du Harar

Par JEAN-PHILIPPE DOMECQ Romancier

Il arrive quelque chose d’exceptionnel à Sugar Man, film de Malik Bendjelloul sur le rockeur Sixto Rodriguez revenu de l’oubli total. Ce documentaire d’emblée repéré par la presse (Libération du 26 décembre) connaît depuis lors une ferveur telle que sa programmation est prolongée de semaine en semaine. De trois écrans en France, on vient de passer à cinquante ; les deux concerts programmés en urgence pour juin au Zénith et à la Cigale affichent complet, un troisième est annoncé ; en Grande-Bretagne, le film vient de se voir décerner un Bafta, et qui sait ce qu’il pourrait décrocher dimanche à Hollywood ? Ventes exponentielles aussi du CD qui collecte ses deux seuls disques autrefois vendus en tout et pour tout à 6 exemplaires aux Etats-Unis, mais à 500 000 dans un pays alors plus clos que l’URSS, l’Afrique du Sud, où la jeunesse se dressa contre l’apartheid au chant de ralliement de ses titres de chansons claquant mat : Cold Fact et Coming From Reality.

Deux figures mythiques sont rameutées par ce fabuleux oubli et retour d’un chanteur qui avait, pour être star, plus que Bob Dylan selon les spécialistes.

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« Noirs de France » : Prix du meilleur documentaire de télévision 2012

La série en trois volets de films documentaires Noirs de France vient de recevoir le Prix du meilleur documentaire de télévision 2012, décerné par le Syndicat français de la critique de cinéma et des films de télévision

 Cette série documentaire retrace la construction de l’identité noire française et donne la parole aux acteurs et héritiers de cette histoire. Celle-ci, pourtant ancienne, devient visible à partir de l’exposition universelle de 1889. Le récit traverse deux conflits mondiaux, la colonisation, les indépendances et les migrations venues des Antilles, d’Afrique, de l’océan Indien ou encore de Nouvelle-Calédonie, et évoque l’influence afro-américaine depuis l’entre-deux-guerres

 

Le Prix du syndicat français de la critique a récompensé depuis 2005 de nombreux films documentaires prestigieux comme Chirac, Jeune loup et Chirac, Vieux lion de Patrick Rotman en 2006, Elle s’appelle Sabine de Sandrine Bonnaire en 2009, L’Enfer de Matignon de Philippe Kohly en 2010, ou Françafriquede Patrick Benquet en 2011.

Cette année, Noirs de France de Juan Gelas et Pascal Blanchard (produit par la Compagnie Phares et Balise, en coproduction avec France 5 et l’INA)a remporté le prix du meilleur film documentaire de télévision 2012, aux côtés notamment de Amour de Michael Haneke (prix du meilleur film français), de Louise Wimmer de Cyril Mennegun (meilleur premier long métrage français), de Un village français de Frédéric Krivine (prix de la meilleure série française) et d’Agnès Varda pour son coffret sur l’ensemble de son œuvre.

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À la Berlinale, un palmarès équitable et logique

La remise des prix pour la 63° édition du festival de Berlin a consacré des films venus de petits pays

La 63e Berlinale s’est achevée samedi 16 février par un palmarès relativement équitable, à l’image de la compétition. Jusque dans la faute de goût finale avec l’attribution surprise et incompréhensible de l’Ours d’argent du « meilleur réalisateur » à David Gordon Green pour un film surtout remarquable par sa bêtise et sa médiocrité (Prince Avalanche). On sent dans cette distinction, qui n’est pas mineure, le résultat d’un compromis introuvable entre les membres du jury qui ont fini par neutraliser les bons metteurs en scène pour couronner, in fine, le pire d’entre eux.

Intuition confirmée par la double mention spéciale attribuée à Gus Van Sant pour Promised Land et à la Sud-Africaine Pia Marais pour Leyla Fourie, un très beau film qui méritait mieux que ce lot de consolation (les lauréats ne sont même pas invités à monter sur scène). En dehors de cet accroc regrettable, le palmarès d’un jury présidé par l’imprévisible Wong Kar Waï a respecté l’équilibre moyen de cette sélection d’où aucun film ne se détachait nettement.

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Syngué Sabour – Pierre de patience

 Drame réalisé en 2012 par Atiq Rahimi

–SYNOPSIS–
Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l’autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l’amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes… Jusqu’à ses secrets inavouables. L’homme gisant devient alors, malgré lui, sa « syngué sabour », sa pierre de patience – cette pierre magique que l’on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances… Jusqu’à ce qu’elle éclate !

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 20/02/2013
 

Cela fait plusieurs jours qu’il est là, sans parler, allongé tout près d’elle.

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« Wadjda » de Haiffa Al Mansour : la belle surprise de ce début d’année 2013

Par Thibaut Fleuret
Critique cinéma LE PLUS. C’est le premier long-métrage réalisé en Arabie saoudite. « Wadjda », en salle depuis le 6 février, parle du combat d’une petite fille contre le fondamentalisme religieux qui règne dans son pays. Le film, qui a bénéficié d’un très bon accueil dans les festivals où il est passé, est l’une des premières surprises de l’année. Critique de notre contributeur Thibaut Fleuret.

Édité par Sébastien Billard

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La voici la véritable surprise de ce début d’année 2013. Malgré une réputation flatteuse acquise au cours des festivals qu’il a traversé, jamais on n’aurait pensé ce premier film pétri d’autant de qualités. Surtout, il dépasse sa condition. Un véritable boulot de cinéaste.

Des moments de poésie simple

Wadjda, c’est le prénom d’une petite fille qui va à l’école et qui veut un vélo. Le pitch est d’une simplicité désarmante. Il va, pourtant, permettre à la réalisatrice d’embrasser une multitude de thématiques. La première d’entre elles concerne, bien évidemment, la trajectoire de cet enfant. Cela est la première chose qui vient à l’esprit. On ne sera pas déçu.

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Festival du cinéma de Berlin: le film roumain « Child’s Pose » remporte l’Ours d’or

Ce drame de Calin Peter Netzer a remporté, samedi soir, l’Ours d’or à la 63e Berlinale. Il raconte l’histoire d’une mère de famille qui cherche à protéger son fils responsable d’un accident de la route mortel.
L’Ours d’or pour Child’s Pose. La plus haute des récompenses de la 63e édition du festival du film de Berlin a été décernée, ce samedi soir, à ce drame roumain de Calin Peter Netzer.

Le film, dont le titre original est Pozitia Copilului, raconte l’histoire d’une mère de famille aisée qui cherche à protéger son fils, responsable d’un accident de la route mortel.

Dans ce film minimaliste, tourné en majeure partie dans des appartements privés, l’actrice Luminita Gheorghiu incarne cette mère ultra-possessive, Cornelia, qui use de ses relations et de son argent pour éviter la prison à son fils coupable d’avoir écrasé un adolescent d’une famille modeste.
David Gordon Green meilleur réalisateur

L’Ours d’argent du meilleur réalisateur a été décerné au cours de la même soirée à l’Américain David Gordon Green pour son film Prince Avalanche, avec Paul Rudd et Emile Hirsch.

Ce film était d’ailleurs la seule comédie parmi les 19 longs-métrages en compétition officielle.

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Cinéma au CMAC – « Almanya » et « Starbuck » : deux comédies

Par Selim Lander. Almanya de Yasemin Sandereli

AlmanyaUn nouveau film sur l’immigration turque après Une seconde femme présenté en janvier. Il s’agit à nouveau d’une famille rassemblée autour de son patriarche, jusqu’à ce que la mort de ce dernier entraîne un certain nombre de bouleversements dans les relations entre les membres restants de la famille. Le cadre cependant n’est plus tout à fait le même, puisque nous ne sommes plus à Vienne mais quelque part en Allemagne. Le genre surtout est différent : Une seconde femme était une tragédie dont on ne sortait pas tout à fait indemne ; Almanya (Allemagne en turc) est une comédie où tout finit par s’arranger. Comme dans Les Bêtes du Sud sauvage, également projeté en janvier, les protagonistes d’Almanya sont vus le plus souvent à travers les yeux d’un enfant de six ans, ici un petit garçon prénommé Cenk, le benjamin de la famille, ce qui contribue évidemment à notre empathie.

Il n’y a rien de remarquable dans ce film en dehors de son point de vue résolument optimiste quant à la situation des immigrés turcs en Allemagne.

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« Goodbye Morocco » : du rififi à Tanger

Nadir Moknèche signe un polar inattendu, peinture saisissante du Maroc avec ses trafics, ses immigrés, ses homosexuels.

En Algérie, comme en France, ses films ne sont ni convenus ni tout à fait convenables. Nadir Moknèche, cinéaste jaloux de sa liberté âprement acquise et plaidée au fil de ses trois premiers longs métrages – Le Harem de Mme Osmane, Viva Laldgérie, Délice Paloma –, c’est une évidence et cela ne se négocie pas. Depuis que l’Algérie a refusé son visa d’exploitation à Délice Paloma, pourtant réalisé à Alger en 2006 avec le soutien des autorités locales, il n’est toujours pas retourné dans le pays de son enfance. Il vit en France, va souvent au Maroc ainsi qu’en Italie, où le scénario de Goobye Morocco a pris forme alors qu’il était pensionnaire à la villa Médicis en 2010.

« Ce refus de visa a été dur, témoigne le cinéaste. J’ai eu le sentiment d’être amputé de ma source d’inspiration. Il a fallu que je coupe émotionnellement avec Alger. » Goodbye Morocco, tourné à Tanger et hanté de l’intérieur par le désir d’exil de ses personnages, s’en ressent.

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Avec «Lincoln», Spielberg blanchit le combat abolitionniste

 

Par Philippe Marlière

Acclamé par les critiques, Lincoln est présenté comme l’un des films les plus achevés de Steven Spielberg : « sobre, complexe et historiquement fidèle » ; ainsi perçoit-on de manière générale cette œuvre. Certaines plumes parlent d’une lecture froide, délibérément antiromantique de la période ; une « esthétique réaliste » qui donne l’apparence du « vrai ». Spielberg n’a-t-il pas jeté une lumière crûe sur le monde interlope de la politique washingtonienne d’alors ; un univers raciste, misogyne, gangréné par les magouilles auxquelles « Honest Abe » prête même implicitement son concours ?

Je ne partage pas cette lecture trompeuse car elle passe à côté de la réalité du combat abolitionniste aux Etats-Unis. En montrant que l’abolition de l’esclavage était le fait de politiciens blancs éclairés et en écartant de cette lutte les Noirs, Spielberg a fait un choix aussi étonnant que tendancieux.

Spielberg récidive

En dépit du titre, Lincoln n’est pas un biopic consacré au seizième président des Etats-Unis. Celui-ci y joue un rôle relativement secondaire et l’histoire mise à l’écran ne couvre d’ailleurs que les quatre derniers mois de la vie du président.

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Le point commun entre «Django Unchained» et «Lincoln», c’est leur problème avec les femmes

Alyssa Rosenberg

Comment se fait-il que les nouveaux films de Tarantino et Spielberg ignorent à ce point l’œuvre accomplie par les femmes noires américaines pour obtenir leur liberté?

La sortie du dernier Tarantino, Django Unchained, un western spaghetti qui narre la revanche d’un esclave, bientôt suivi en France de la sortie du Lincoln de Spielberg, un biopic plus classique (aux Etats-Unis, le second est sorti avant le premier), permet aux spectateurs de se replonger, à un très court intervalle, dans une des périodes les plus sombres de l’histoire des Etats-Unis, qui soulève encore de nombreuses questions.

Les Américains sont-ils en mesure d’être confrontés au racisme de l’un de leurs présidents les plus populaires? La vengeance ou le désir de réconciliation ont-ils présidé à la réintégration des Etats sécessionnistes du Sud –et des propriétaires d’esclaves– au sein de l’Union? Les propriétaires d’esclaves organisaient-ils vraiment sur leurs plantations des combats d’esclaves, jusqu’à la mort?
Keckley n’est qu’un faire-valoir

Mais une autre question est soulevée par ces films, de manière incidente: comment se fait-il qu’ils ignorent à ce point l’œuvre accomplie par les femmes noires américaines pour obtenir leur liberté?

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“Lincoln”, de Steven Spielberg, chef-d’œuvre ou pensum ?

–A Madiana–

Critiques | La critique américaine l’a encensé, la rédaction de “Télérama” est partagée. L’interprétation de Daniel Day-Lewis et Tommy Lee Jones en réchappe

Pour : Avec ses douze nominations aux Oscars, le profil de ce Lincoln semble bien peu mystérieux : un grand film prestigieux sur le prestige d’un grand président des Etats-Unis. Heureusement, c’est beaucoup plus intéressant que ça. Plus original aussi.
Le Lincoln que nous montre Spielberg est celui des quelques mois qui précèdent son assassinat, le 15 avril 1865.

La guerre de Sécession fait encore rage, opposant les Etats esclavagistes du Sud aux Nordistes abolitionnistes. L’Amérique est déchirée, mais elle a foi en son Président, aimé, réélu en novembre 1864. Si proche de son peuple qu’il semble presque partager avec lui la même vie, dans la Maison-Blanche, où l’on entre et sort alors librement pour le rencontrer.

Lincoln est pourtant un homme seul, conscient de devoir assumer des responsabilités qui ne pèsent que sur lui – l’interprétation de Daniel Day-Lewis le montre avec finesse. Contre l’avis de tous ceux qui lui conseillent d’entretenir tranquillement sa popularité, il décide de lancer le combat pour l’adoption, par la chambre des représentants, du treizième amendement, qui abolira l’esclavage.

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“Lincoln” vu par un historien : “En simplifiant, Spielberg déforme le sens de la guerre de Sécession ”

 

Entretien | André Kaspi, spécialiste de l’histoire américaine,[…] explique en quoi le réalisateur s’est éloigné de la vérité historique pour raconter la vie d’Abraham Lincoln.

Abraham Lincoln, était-il le grand humaniste abolitionniste dont Spielberg imprime la légende dans son biopic, Lincoln, en salles le 30 janvier 2013 ? Pour distinguer l’homme du mythe, nous avons demandé l’avis d’André Kaspi, professeur émérite à la Sorbonne et éminent spécialiste de l’histoire des Etats-Unis.

Qu’avez-vous pensé du film ?

Le film m’a paru un peu long, parfois émouvant, surtout vers la fin, lorsque le treizième amendement [abolissant l’esclavage] est enfin adopté. Ce qui m’ennuie en revanche, c’est que tout soit centré sur ce treizième amendement. Je comprends que pour des raisons de scénario, de récit, il faille un sujet très fort, mais cela réduit le rôle de Lincoln à un événement qui est très important, je n’en disconviens pas, mais qui n’est pas le seul de sa présidence. Au même moment, le chemin de fer transcontinental est en plein essor : il doit réunir la côte atlantique et la côté pacifique. L’aspect économique de la guerre de Sécession est passé sous silence.

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Tchok En Doc : une valorisation du cinéma documentaire en Martinique

TCHOK EN DOC est une association visant à valoriser le cinéma documentaire via la réalisation et la diffusion de films.
Depuis sa création en 2008 elle a tissé un réseau qui a abouti en 2011 au premier Mois du film documentaire coordonné, avec une visibilité médiatique, une programmation commune sur 9 lieux, un atelier de réalisation, une conférence et la venue d’invités.

Le Mois du film documentaire en Martinique s’appuie sur la participation de bibliothèques, associations, collectivités locales ainsi que divers espaces de rencontres et projections intérieures, et des séances en plein air.

Qu’est ce que Le Mois du Film Documentaire ?
C’est depuis 14 ans un rendez vous de cinéma riche et foisonnant.
L’objectif est de vous faire découvrir la richesse du cinéma du réel en fédérant les multiples manifestations construites par des programmateurs passionnés, dans des lieux de diffusion très divers.
Mise en lumière de films rares ou inédits, hommages à des réalisateurs, rencontres, avant-premières, débats, expositions et concerts permettent de valoriser ce cinéma.
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Organisation du Mois du film documentaire Martinique :

Tchok en doc définit avec les structures participantes un thème général et une programmation commune de films, d’événements, de rencontres et d’ateliers.

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Le Cmac ou la loi d’airain de l’oligarchie

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouLe sociologue italien Robert Michels a montré qu’il existait une loi d’airain de l’oligarchie dans toute organisation. Celle-ci conduit les dirigeants à être plus intéressés par la conservation de leurs positions que par les intérêts initialement poursuivis par l’organisation dont ils ont la charge. On assiste à une captation du pouvoir par un groupe dirigeant qui échappe progressivement au contrôle des organismes institutionnels qui les ont mis en place. L’organisation crée des dirigeants, qui tout en s’appuyant sur les ressources collectives mises à leur disposition dans le cadre originel de leur mission développent des comportements qui tendent à échapper à tout contrôle. «L’organisation est la source d’où naît la domination des mandataires sur les mandants… » ( R. Michels). Des processus de différenciation interne et de division du travail aboutissent à la constitution de pré-carrés inamovibles et intouchables. L’arrivée d’un élément extérieur est presque toujours source de conflit car motif à une nouvelle délimitation des territoires pour ne pas dire une mise en cause des féodalités constituées. La crise de gouvernance du CMAC en est une triste illustration.

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Une seconde femme : film « lacrymo-j’aime »

— par Roland Sabra —

Ce mardi-là, nous devions choisir entre deux films autrichiens: Amour dans le cadre du CMAC à Madiana et Kuma Une seconde femme, déjà projeté un mardi sur la même plage horaire. Inattention  ou désinvolture du programmateur? on ne saura pas. Notre choix s’est porté sur le film d’Umut Dag. Pas sûr que ce fût le bon choix. Autrichien d’origine kurde le metteur en scène, après quelques films publicitaires et des courts métrages, passage obligé, en est à son deuxième long métrage. Le premier en 2011 s’appelait Papa. Toujours dans la fibre familiale il nous propose d’explorer de nouveau la thématique du patriarcat, déclinée sur le mode bon enfant.Le film commence au Kurdistan par une cérémonie de mariage. Fatma et Mustafa, installés en Autriche, marient leur fils, Hasan, au village avec une belle oie blanche, Ayse. C’est un mariage un peu triste : ostensiblement le marié montre qu’il n’est pas à la fête. Des tensions souterraines et qui affleurent au détour d’un regard, dans l’étouffement d’un cri, dans l’avortement d’un geste imposent un climat pesant.

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On a vu “Django Unchained”, de Quentin Tarantino, et c’est vraiment très bien…

par Aurélien Ferenczi–

Un nouveau Tarantino ? Ne pas faire la queue devant la salle toute la nuit. Se garder de toute excitation qui nuirait au jugement. Rester zen, concentré. Se rappeler que ses films furent presque toujours des chocs (Kill Bill 2, pour ma part, est l’exception – il faudrait que je le revoie). Mais à des degrés divers : par exemple, Boulevard de la mort, que je place très haut dans la filmo de Quentin ne m’a-t-il pas pris par surprise justement parce qu’on me répétait que c’était une série B sans grande ambition, un flop aux States ? Et le faux rythme d’Inglourious Basterds, découvert au petit matin dans la grande salle de Cannes, n’a-t-il pas nui, très temporairement, au film avant que je n’en mesure toute l’invention et la richesse ? Bref, ne pas se ruer sur Django unchained mais le savourer.

De fait, il le mérite : Tarantino y a mis tous ses trucs de vieux singe faiseur d’images et disperseur d’hémoglobine. Ça dure 2h44 et ça précipite, entraîne, immerge dans un récit où il fait bon être – surtout quand on aime les dialogues sur – écrits et les comédiens qui les disent.

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Une tragédie turque : Kuma – Une seconde femme, d’Umut Dag.

Une seconde femme 2Par Selim Lander. Un cinéaste autrichien d’origine kurde a filmé à Vienne un huis-clos dont on ne sort pas tout-à-fait indemne. Son héroïne, la jeune Ayse, a tout en effet de l’héroïne tragique. Courageuse, vertueuse, belle, elle semble avoir tout pour réussir sa vie mais le destin qui l’entraîne est le plus fort, qui la conduira de Charybde en Scylla, même si la fin de son histoire demeure incertaine. Mariée pour la forme, en Turquie, à un beau jeune homme, Hasan, elle sait qu’en réalité elle est appelée à devenir la seconde épouse de Mustafa, le père d’Hasan (un moyen de détourner la prohibition de la polygamie). Derrière ces manigances, la mère, Fatma, première femme donc de Mustafa, laquelle, atteinte d’un cancer, a voulu une épouse de substitution pour son mari et, pour ses enfants, une mère.  Il ne faut surtout pas dévoiler les détails de l’histoire mais l’on peut néanmoins révéler que Ayse verra deux fois l’espoir se lever, après la mort du père, puis quand elle commencera à travailler à l’extérieur, échappant ainsi à l’atmosphère étouffante de l’appartement où est filmée la plus grande partie de l’histoire.

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« La Pirogue » : un « Radeau de la Méduse » sur les mers du XXIe siècle

Par Noémie Luciani

D’un village de pêcheurs près de Dakar part une pirogue. A son bord, un capitaine improvisé, Baye Laye, et une trentaine d’hommes déterminés à rejoindre l’Espagne. Peu d’entre eux ont conscience des dangers du voyage, et certains n’ont même jamais vu la mer… Les heures et les jours passent. D’une vague à l’autre, les rêves perdent de leurs couleurs, la bonne humeur s’inquiète. Les sourires s’estompent sous les regards méfiants.

Ce n’est pas dans sa manière de dire l’histoire que La Pirogue cherche à surprendre. Lisiblement enchaînées les uns aux autres, les péripéties se succèdent et s’accumulent, inévitables, dans la trajectoire d’un destin. Celui que nous suivons, Baye Laye, est parti presque malgré lui, comme le Maximus de Ridley Scott, dans Gladiator. A ses côtés, nous portons un oeil un peu décentré sur les choses. Le temps et la distance du jugement nous sont laissés.

Peinte avec une rigueur documentaire, cette fiction nourrie d’un réel inquiétant est racontée avec une pudeur sans naïveté qui étonne, tant on s’attend à sentir l’urgence de dire, qui excuse tant de maladresses.

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« Placer l’homme sénégalais au cœur de cette histoire »

Entretien avec Moussa Touré, réalisateur du film « La pirogue »

 

 

Comment le film est-il né ?

C’est parti d’un constat très simple et évident : au Sénégal, chaque famille compte au moins un de ses membres qui s’est embarqué dans une pirogue pour tenter sa chance en Europe. Notre peuple grandit avec l’horizon au loin, mais la seule manière de l’atteindre pour les plus jeunes, c’est de partir. La moitié de la population a moins de 20 ans, et il n’y a aucune perspective d’avenir pour elle.

Un jour, j’ai découvert que mon mécanicien, qui est tout jeune homme, avait lui aussi tenté l’aventure. Il était monté à bord d’une pirogue, mais avait été

reconduit au pays deux mois plus tard. Quand je l’ai retrouvé, je l’ai longuement interrogé et j’ai noté des éléments de son récit qui, par la suite, m’ont inspiré pour le film.

À quel stade le producteur Éric Névé, qui a aussi collaboré au scénario, est-il intervenu ?

Il m’avait contacté il y a plusieurs années car il souhaitait qu’on travaille ensemble sur un projet autour de ces jeunes qui fuient le continent africain.

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Les Bêtes du Sud sauvage : résilience

— Par Selim Lander —

Les bêtes du sud sauvage. Un film primé à Sundance et à Deauville, récompensé à Cannes par une caméra d’or et encensé par la presque totalité de la critique ne pouvait que donner envie de le voir. Il n’était pourtant pas évident qu’il serait montré en Martinique. Grâce au ciel (et à Steve Zebina) il est programmé à Madiana pendant quatre soirs de suite, dans le cadre d’un accord avec le CMAC qui a déjà permis de présenter aux Martiniquais plusieurs films récents de qualité.

Ce film mérite-t-il tous les éloges dont on l’a couvert ? Il est centré du début à la fin sur une petite fille métisse (Quvenzhane Wallis), surnommée Hushpuppy, âgée de 6 ans, positivement adorable et qui joue merveilleusement. La caméra la quitte rarement et nous voyons dans ses yeux, dans ses expressions les sentiments, souvent confus, qui l’agitent. Si besoin est, ses pensées sont là aussi, en voix off, régurgitation, le plus souvent, du discours écologique qu’elle entend de la part des adultes.

Car nous ne sommes pas, comme tant de films américains, dans une banlieue prospère avec ses maisons impeccablement rangées sur leur pelouse, mais dans un lieu improbable de Louisiane, au bord d’un « bassin » inondé lors des ouragans.

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« Les Bêtes du Sud sauvage » : juste avant le déluge

— par Roland Sabra —

Caméra à l’épaule le plan inaugural,celui d’ouverture est saisissant, il donne la coloration à la totalité du propos du film : une maison de bric et de broc accrochée, on ne sait où dans la végétation qui l’entoure, surplombe en partie le vide, prête à verser à tout moment pourrait-on croire. La précarité de l’ensemble est redoublée et illustrée par l instabilité de la caméra. L’image n’est pas fixe, elle tremble. Les plans s’enchaînent, tourbillonnent comme une tourmente, avec maestria.  D’emblée le malaise, la fatigue visuelle, l’insécurité s’installent chez le spectateur. On ne veut pas voir ça. Ça, c’est la vie dans un bayou de Louisiane, dans un temps qui pourrait être celui d’avant la Création quand le ciel, la terre et l’eau étaient encore confondus, quand la limite entre les espèces n’était pas établie, quand les différences entre le monde animal et le monde humain n’avaient pas lieu. On verra plus tard des Aurochs totalement imaginaires, sorte de sangliers sauvages démesurés dotés de cornes, rêvés ou cauchemardés, n’ayant que peu de rapport avec ce qu’ont pu être les ancêtres taurins auxquels le cinéaste les rattache.

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