Catégorie : Expositions

Césaire & Picasso, Césaire & Lam à la Fondation Clément

 Suite de l’article « En revenant de l’Expo. »

—Par Roland Sabra —madame_lumumba-325b

Quand le dessin illustre le poème

Parmi les pièces rares présentées on peut voir l’enveloppe originale dans laquelle le tapuscrit de « Tombeau du soleil », annoté de la main de Césaire, a été envoyé à « Monsieur André Breton, 45 West 56 th St, New-York, 19 NY, Etats-Unis d’Amérique », ansi qu’un tiré à part du «  Cahier d’un retour au pays natal » dédicacé à Wifredo Lam avec pourrait-on croire une plume Sergent Major trempée dans un encrier d’écolier. Émotions assurées.

Césaire n’était pas né que déjà Picasso découvrait l’art africain qu’il utilisera comme une machine de guerre contre l’art occidental. Césaire partira lui à la recherche du « Nègre fondamental » avec un objectif qu’il ne lâchera plus jamais : «  Me reconquérir, voilà mon obsession » dit-il. Ces deux démarches suffisent-elle à provoquer la rencontre ? Certainement pas, d’autres faisceaux vont converger. Plus que l’appartenance en elle-même au Parti Communiste Français ( PCF) dès le lendemain de la seconde guerre ce sont les modalités de cette appartenance qui les réunissent.

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Kanel BROSI – sculptures Dans la forêt des ombres – & Nicole DÉCOTÉ – peintures Chemins de lumières –

kanel_brosi_sculptures du samedi 6 au samedi 27 mars 2010

à la Galerie La Véranda de l’ATRIUM

Parlez-vous le « Kanel » ? Des « bâtons » baroques (bois sauvés des plages et des mangroves) s’allient à des « totems » longilignes (troncs évadés des forêts), pour se grouper en « armée » … Une armée pacifique – et de haute taille !
Un soigneux toilettage des « trophées » patiemment récoltés a d’abord régénéré ces déchets maculés. Puis des mains Jivaro ont modelé l’argile autour de ce bois stimulant, déclencheur de formes. Une tête et un corps ont redonné vie à ces résidus abandonnés, qui retrouvent ainsi une identité.
Identité multiple ! Fascinée par la diversité des cultures du monde, Kanel leur rend hommage, avec des visages qui disent l’Afrique, les Antilles ou l’Asie, qui nous parlent de Xian et ses guerriers éternels, de la Grèce et ses sages …
Mais des couleurs contradictoires, au-delà de tout réalisme, proclament une symbolique du métissage, et s’autorisent des glissades fantaisistes.
Armée pacifique, disions-nous, qui exalte la grande famille humaine, matérialise le vivre-ensemble et la tolérance.

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Jocelyne Fortuné : Série Noire pour lumières, une « peinture lyrique » mise en scène

— Par Christian Antourel —

D’abord fermer les yeux. Les ouvrir et être ailleurs. La peinture de Jocelyne Fortuné nous entraîne à la lisière de deux mondes, entre l’art et le cosmos, comme si elle cherchait à confondre la matière et le mouvement. Son œuvre va bien au-delà d’un simple regard de traces. Elle laisse entrer le hasard qu’elle apprivoise quand le sable impose son relief, son accroche à la lumière. Elle se fond dans les minuscules sourires du sable pour mieux embrasser l’immensité de l’art dans son espace intemporel. Ainsi elle crée cette peinture aux formes indifférenciées qu’elle offre à la matière, collée au support comme une origine de vie, espace de création. Dans cette complicité privilégiée entre transparence et apparence, elle vide son âme dans la lumière réinventée.

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Monique Mirabel : à corps et en corps

Les saisons de la vie

Les saisons de la vie Les poètes, les écrivains ont su magnifier les différents cycles de la vie. Mais comment les artistes plasticiens ont-ils pu les représenter ou les évoquer ? Ghirlandaio, dans son tableau Portrait d’un vieillard et d’un jeune homme, montre la jeunesse et la vieillesse. Rembrandt, lui, ponctue chaque moment essentiel de sa vie par des autoportraits et nous voyons dérouler, sous nos yeux, les changements effectués par le temps.

Gauguin nous donne une réponse au problème de la destinée en montrant côte à côte les différents âges de la vie, de l’enfant à la vieille femme dans D’où venons nous ? Que sommes nous ? Où allons nous ?

  • Cependant, Picasso, vieillissant, affrontant cet état nouveau, se représente soit dans des scènes burlesques et ironiques entouré de modèles – scènes déjà visibles dans ses dessins de jeunesse – soit accentuant ses défauts physiques. Bien différente est l’attitude d’Opalka qui, à chaque toile, joint une photographie témoignant de son vieillissement progressif, ainsi qu’un enregistrement de sa voix énumérant les chiffres qu’il peint.

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Demeurez, gai don !

— Par Jean Durosier Desrivières —
Je suis entré chez vous par effraction, par la porte d’une toile morcelée. Je suis entré chez vous comme un fou, en toute clandestinité. J’ai veillé avant la mort. C’était veille de carnaval, en plein carnaval, chez vous. J’ai traversé des yeux vos formes éloquentes qui me coupent silencieusement le regard ; vos couleurs ardentes qui me brûlent les cils ; vos visages inquiétants qui font peur à la peur. Et je me suis dit : ce grand bal masqué vous a saccagé l’âme. Ah Lam ! subtile présence en votre miroir, multicolore. A quelques traces de là, assaut à Picasso ! Et moi, debout chez vous, pris de vertige par les vestiges de votre fameux blues de bric et de broc : miracle !
Etait-ce l’ultime geste, Clément ? J’entends une note emplie d’infini, via une toile mise en relief, telle une étoile qui danse avec un totem étincelant dans les bras… Je vous découvre à peine, juste au seuil, ô créateur ! Et vous détalez… Non ! vous demeurez, gai don !

Jean Durosier Desrivières,
Enseignant (Collège du Carbet) et comédien haïtien.

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