— Par Eric Pezo. —
Puisqu’il faut rendre à la terre ce qui appartient à la terre
Rendre à la lumière ce qui appartient à la lumière
Alors unissons nos cœurs et nos voix le temps d’une prière.
De grands marchands de rêves ont pris la route bleue
Qui mène à toutes les savanes du monde pour faire germer
Dans le ventre de la terre qui nous porte, un fleuve d’espoir.
Dans l’immense jardin de l’Art, des graines de lumière Africaines,
Caraïbéennes et d’un ailleurs fraternel habitent encore la sève
De grandes floraisons.
Au milieu de nos saisons de doute et de découragement
Leur foi, leur joie, ont su traire nos hésitations,
Jusqu’à faire roucler notre tambour intérieur,
Devant l’autel des cathédrales qui nous faisaient peur.
D’innombrables capitales résonnent encore de leur souffle
Tant leur talent a pénétré la chair des plus sceptiques, aujourd’hui conquis.
Ils ont fait de ce monde un autre théâtre où les acteurs que nous sommes
Demeurent en face de rêves possibles à condition de garder en mémoire
L’empreinte de leurs pas.
S’il fallait ici même, nommer ne serait-ce qu’une poignée d’entre eux,
Nous aurions pour la plupart d’entre nous le cœur en vertige
Tellement ils nous manquent.



(La Terre, le Feu, l’Eau et les Vents, Paris, Galaade, 2010, 350 p.). par Michel Herland.
Il y a sans doute de plus grands malheurs que le chômage pour des gens qui peuvent travailler. Personne ne croit qu’il existe dans notre pays de solution miracle qui permette de résoudre ce problème dans des délais prévisibles. C’est dire qu’aucun chômeur martiniquais conscient ne se fait d’illusion. Mais il y en a qui n’en dorment pas. Parmi les femmes notamment. Elles se battent tous les jours pour en sortir. Elles dépensent certaines semaines plus que les ASSEDIC ne leur versent d’indemnité. Elles cherchent depuis 7 mois, de Dillon à Terres Sainville, en passant Redoute et Chateauboeuf, un local pour exercer un métier qu’elles connaissent, qu’elles ont pratiqué pendant vingt ans pour la plus grande satisfaction de leur clientèle et…de leur employeur. Ou elles n’en trouvent pas.




Les metteurs en scène Eric Delor et josé Exélis nous proposaient le 31/03/10 à L’Atrium une version revisitée, plus épurée de « EIA » crée en juin 2009 à l’occasion de l’anniversaire d’Aimé Césaire. L’originalité de la démarche consiste à essayer une alliance entre le théâtre et le slam. Le slam, dont on a pu entendre une belle prestation il y a peu à l’Atrium avec « Grand corps malade » relève à l’origine de la joute oratoire. La rythmique du poème procède par assonances, allitérations, onomatopées et répétitions consonantiques. Les champs lexicaux mêlent avec plus ou moins de bonheur les registres du familier et du soutenu, de l’argot et de la préciosité, le verlan et les anglicismes. Du point de vue argumentatif dominent l’apostrophe et l’impératif, modes d’expression d’une violence dénonciatrice des injustices sociales. La forme semble en parfaite adéquation avec la dénonciation du colonialisme, du racisme, de l’esclavage, de l’oppression, de la société de consommation etc., ces thématiques lancinantes et récurrentes que tout artiste antillais se doit d’arpenter s’il veut se faire un chemin.








