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« L’Amant » Mise en scène de Yoshvani Médina. Au jeu de la vérité, les dés sont pipés

— Par Roland Sabra —

 Harold Pinter: «Il n’y a pas de distinctions tranchées entre ce qui est réel et ce qui est irréel, entre ce qui est vrai et ce qui est faux. Une chose n’est pas nécessairement vraie ou fausse ; elle peut être tout à la fois vraie et fausse.». C’est du théâtre dont il s’agit, seulement du théâtre et celui-ci peut s’ingénier à détourner les conventions théâtrales en l’occurrence dans « L’Amant »: un trio mari-femme-amant, une anglaise oisive et lascive qui s’encanaille avec l’amant de longs après-midi, puis prend le thé, tandis que le mari s’attarde au bureau. On part d’une situation vaudevillesque traditionnelle, et on aboutit par déstructuration au fin fond de l’enferment du couple dans les demi-vérités, les mensonges à mi-mots, les faux-semblants, la suspicion et les affres de l’implicite noyé dans les brumes de la dérision. Un couple et son infidélité en partage, comme ciment d’une fissure à creuser au détour des regards fuyants et de la vie qui s’en va ne n’avoir jamais été là. Elle a donc un amant et il le sait.

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« L’Amant », un schizo-drame de Harold Pinter, le maître du théâtre de la fragmentation

— Par Roland Sabra —

 

 

Pour Michel Louis.

« Le prix Nobel de littérature pour l’année 2005 est attribué à l’écrivain anglais Harold Pinter « qui dans ses drames découvre l’abîme sous les bavardages et se force un passage dans la pièce close de l’oppression ». C’est ainsi qu’a été annoncée très officiellement la chose. Deux caractéristiques donc dans l’oeuvre de l’écrivain, une exploration des abîmes de l’être humain et un combat permanent contre l’oppression. Qui est donc Harold Pinter? Qu’est-ce qu’un schizo-drame? Pourquoi la pièce « L’amant » que monte Médina relève-t-elle d’un théâtre de la fragmentation?

Le combattant de la liberté contre toutes les oppressions et les injustices.

Né en 1930, de parents juifs d’origine russe Pinter, est né dans l’East End de Londres, il y passe son enfance avant d’être éloigné en 1939 pour cause de bombardements. Il y reviendra en 1942 et gardera pour le reste de ses jours le souvenir de ces nuits pendant lesquelles les murs tremblaient sous les effets des bombes. A quinze ans il fait le coup de poings contre les sympathisants fascistes qui s’en prennent aux enfants juifs de l’Eastside.

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Une Imposture française Par Nicolas Beau et Olivier Toscer, Editions

 

Lu pour vous par CLA

Une Imposture française

Par Nicolas Beau et Olivier Toscer, Editions Les Arènes, Paris, 2006, 14,90 euros.

Nicolas Beau et Olivier Toscer sont journalistes, respectivement au Canard Enchaîné et au Nouvel Observateur.

Ils ont publié Une Imposture française qu’on aura du mal à trouver facilement dans les grandes librairies .A la FNAC par exemple, en cherchant bien, on pourra le trouver dans le rayon philosophie.

Dans les librairies en ligne, il faut compter un peu plus de 12 jours pour le recevoir.

Dans ce livre, il est question de Bernard- Henri Lévy (BHL), l’intellectuel médiatique français le plus célèbre.

Preuves à l’appui, les auteurs démontrent que BHL ,farceur professionnel est d’abord un affairiste peu regardant sur les moyens d’accumuler des euros, qui sait entretenir des réseaux d’influence dans le paysage médiatique français où il peut compter sur le soutien d’amis bien placés. BHL en parfait cynique, est passé maître en l’art du renvoi d’ascenseur et ses amis de la presse et des médias français sont parvenus à lui établir une réputation d’intellectuel, voire de philosophe.

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Cuba, totalitarisme tropical de Jacobo Machover

 Avec Cuba il faut être patient : même lorsqu’ils ont quitté l’île depuis longtemps, et c’est le cas de Jacobo Machover, les Cubains perdent rarement de vue un paramètre essentiel de leur histoire : la durée.

La durée est en effet devenue la caractéristique principale de Fidel Castro qui est en train de reléguer Franco, Kim il Sung et Yasser Arafat, au rang d’amateurs éclairés et d’intérimaires de passage .

C’est ce qui explique que Jacobo Machover ressente la nécessité de remonter plus de 50 ans en arrière pour démêler les fils embrouillés de ce “totalitarisme tropical”. La mystique castriste a en effet fixé le point de départ de son exégèse au 26 juillet 1953, date de l’assaut raté contre la caserne de Moncada à Santiago de Cuba.
En 160 pages, Machover tente donc à sa façon, et de manière assez convaincante, d’expliquer la formidable suite de méprises qui continue à perturber tout examen objectif de la situation cubaine.

Cuba est en effet un totalitarisme, mais d’un genre un peu particulier puisqu’il a réussi à habiller son implacable dictature d’habits festifs, romantiques, voires idéalistes (grâce entre autres à la légende du Che).

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Cuba, le livre noir

Reporters sans frontières a rassemblé dans cet ouvrage des rapports d’organisations de défense des droits de l’homme qui décrivent l’ampleur de la répression lancée par Fidel Castro au printemps 2003, avec 75 dissidents arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Ces rapports reviennent également sur le fonctionnement d’un régime totalitaire où la liberté de l’individu n’a décidément pas sa place.

En mars 2003, alors que le monde a les yeux tournés vers l’Irak, Fidel Castro lance une vague de répression sans précédent : soixante-quinze dissidents – journalistes, militants des droits de l’homme, syndicalistes, bibliothécaires… – sont arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Au total, 1 453 années de prison, le plus souvent pour « activités contre l’intégrité et la souveraineté de l’État ». Partout dans le monde, les protestations se multiplient. L’image romantique de la Révolution de 1959, savamment entretenue par La Havane, s’effrite. Les organisations de défense des droits de l’homme, elles, n’en étaient plus dupes depuis longtemps. Leurs rapports, rassemblés ici à l’initiative de Reporters sans frontières, décrivent l’ampleur de la répression du printemps 2003. Ils reviennent également sur le fonctionnement d’un régime totalitaire où la liberté de l’individu n’a décidément pas sa place.

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«Cuba: La faillite d’une utopie», d’Olivier Languepin,

 


LA HAVANE, le 29 novembre (Jorge Diego Rodriguez, Cuba Press) – «Cuba: La faillite d’une utopie», d’Olivier Languepin, est une livre qui vient d’être publié en France par les Editions Gallimard.

L’œuvre comprend une interview avec Elizardo Sanchez Santa Cruz, président de la Commission Cubaine des Droits de l’Homme et de la Réconciliation Nationale, sur la situation cubaine actuelle, le rôle de l’opposition et la possibilité d’une transition.

Le livre relate aussi une conversation entre son auteur et le poète et journaliste indépendant Raul Rivero, directeur de l’agence alternative de nouvelles Cuba Press.

«Cuba: La faillite d’une utopie», publié en français, passe en revue le débâcle économique des années 90, plusieurs sujets d’aspect religieux et le traitement du gouvernement de phénomènes comme l’homosexualité, la prostitution et le sida, parmi tant d’autres.

Olivier Languepin, licencié en Sciences Politiques et journaliste, pénètre plus profondément les faits et processus qui ont servi de modèle depuis l’arrivée au pouvoir du castrisme. Il s’arrête ainsi sur le rôle du Che Guevara, la Crise des Missiles, l’exportation de la révolution, la copie du modèle soviétique et le cas Ochoa, parmi d’autres événements.

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Cuba. Tout changera demain

 

Le titre choisi par l’éditeur français pour traduire « This is Cuba: an outlaw culture survive » ne rend pas service à Ben Corbett qui n’ a pas écrit un livre de prospective, mais bien une description minutieuse et documentée de la vie quotidienne des Cubains. Condamné au système D, au marché noir et donc à l’illégalité, le peuple cubain lassé des diatribes de son « comandante », survit comme il peut aux incessantes pénuries que la rigidité du socialisme Cubain ne cesse d’engendrer. Ben Corbett montre bien que l’acharnement idéologique de Castro est la véritable cause du désastre économique cubain : dès qu’un petit espace de liberté est créé, les Cubains s’y engouffrent aussitôt, mais le pouvoir prend alors rapidement les mesures nécessaires pour asphyxier toute tentative de libéralisation économique.

En attendant mieux, chaque Cubain est dans l’obligation de vivre dans l’illégalité pour pouvoir simplement subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Ben Corbett a bien saisi la logique dévastatrice du castrisme qui veut absolument capter jusqu’au dernier dollar qui circule dans l’ile, tout en n’étant plus capable de faire fonctionner l’économie en pesos, qui est censée faire vivre les Cubains.

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« Fin de partie » de Samuel Beckett . Mise en scène de Alain Timar.

Fin de partie*... l'auto-analyse continue

— Par Roland Sabra —

1934, Samuel Beckett entame à la Tavistok Clinic de Londres, une analyse avec Wilfed Ruprecht Bion qui deviendra célèbre un peu plus tard pour son travail sur les petits groupes. L’année suivante Beckett déserte le divan et décide de poursuivre son analyse à travers ses œuvres dont l’adresse sera dés lors la place vide du fauteuil, éludant par là-même le travail d’interprétation réducteur, forcément réducteur.  « Je n’ai rien à dire, mais je veux simplement dire jusqu’à quel point je n’ai rien à dire » déclare Beckett à Roger Blin. Telle est la thèse alléchante et brillamment soutenue par Didier Anzieu dans son « Beckett ». Et en effet, dans les textes de Beckett, «  ça » parle, le « ça » cause. Bien avant Lacan, Beckett avait posé que l’homme est « être de langage » et qu’il naît dans un monde ou préexiste « lalangue » (en un seul mot).

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« Petit boulot pour vieux clown » de Matéï Visniec : struggle for life and business show

 — Par Roland Sabra —

C’est une histoire d’homme, une histoire de haine et d’amitié, une histoire de rivalité et de complicité, une histoire de mots et de gestes, une histoire d’illusions perdues et de vieillesse, une histoire qui pose l’éternel problème de comment se débarrasser de l’autre avec lequel on a tant partagé? Comment faire la peau à celui qui nous a fait rire que l’on a admiré et qui soudain apparaît comme un obstacle sur le chemin finissant? Les clowns font rire parce qu’ils grossissent nos maladresses, nos travers. Ils sont donc trois, trois clowns en fin de course qui se retrouvent par hasard, dans la salle d’attente d’un music-hall avec l’hypothétique espoir de décrocher un dernier contrat, un ultime « cacheton ». Ils ont formé un trio dans des temps anciens, très anciens, avant de suivre des routes différentes mais toujours chaotiques nourris de précarité et de lendemains incertains. Il y a si longtemps qu’ils ont joué que les costumes qu’ils portent quand ils ne sont pas élimés semblent sortis du magasin de location.

Trois pour une seule place et vite tombent les masques, la haine du semblable, la haine du petit autre qui, parce que trop ressemblant menace l’identité vacillante, alors vient le temps du désir de meurtre du trop proche.

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Le chlordécone aux Antilles Françaises

 

 

Aux Antilles, l’utilisation du chlordécone, pesticide organochloré, a été interdite en septembre 1993, en raison des risques potentiels qu’il présentait pour la santé humaine. Cet insecticide organochloré, que l’on pourrait qualifier de pesticide de « première génération » puisque sa synthèse remonte au début des années 1950, fut d’abord produit aux Etats-Unis, avant d’être homologué en France au début des années 1980, pour lutter contre le charançon du bananier.

Compte tenu de sa rémanence dans l’environnement, les autorités administratives de Guadeloupe et de Martinique, en application du principe de précaution, ont pris différentes mesures, depuis plusieurs années, afin de limiter l’exposition des personnes. Ceci s’est traduit par la mise en œuvre de plans d’actions visant la protection des ressources en eaux, la surveillance de la teneur en résidus des aliments, l’élimination des derniers stocks de pesticides non utilisés et l’évolution rapide des pratiques agricoles. Par ailleurs, en 2003, dans les deux départements, la réalisation d’analyses de sols préalables à la plantation de cultures vivrières a été imposée par arrêté préfectoral.

Afin de compléter ces mesures, le Gouvernement a demandé à l’AFSSA d’évaluer le risque de l’exposition alimentaire de la population antillaise au chlordécone et de proposer des limites maximales de résidus pour les aliments les plus contaminés.

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Martinique : une bombe chimique à retardement

— Par Florent Grabin —

Juillet 2005: dans l’indifférence estivale est rendu public le rapport de la commission parlementaire qui s’est rendue en Martinique en février de la même année. Elle constate que les arrêtés ne sont pas appliqués, d’ailleurs comment pourraient-ils il être ? Elle apprend dans le même temps que le Chlordécone ne se dégrade pas et pourrait rester dans les sols pendant plusieurs siècles.

La chance ou la malchance des DOM -TOM c’est d’être traités différemment des autres départements de la nation, singulièrement en terme de santé.

En effet, avec la bénédiction l’A.F.S.S.A. (L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), l’État Français, sous la signature du Ministre de l’économie des finances et de l’industrie du Ministre de l’Agriculture et de la pêche, du Ministre de l’outre-mer, du Ministre de la santé et des solidarités, vient d’autoriser la consommation de denrées alimentaires d’origine animale et végétales contaminées à des taux élevés par le chlordécone , un pesticide particulièrement redoutable utilisé sur les bananes.

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« Pas de prison pour le vent » d’Alain Foix : hommage d’hommes de talents à des femmes admirables

 — Par Roland Sabra —


Alain Foix et la statue de Gerty Archimède à Basse-Terre

 La Martinique a de la chance mais elle ne le sait pas toujours. Elle accueillait Mardi 28 mars dans une trop grande discrétion une création mondiale d’Antoine Bourseiller : la mise en scène de Pas de prison pour le vent une pièce écrite par Alain Foix.

Antoine Bourseiller est aujourd’hui un vieux Monsieur qui a consacré toute sa vie au théâtre, à l’opéra et au cinéma. Qu’on en juge : en 1960 il reçoit le prix du Concours des Jeunes Compagnies, grâce auquel il prend la direction du Studio des Champs-Élysées. De 1960 à 1982, il est directeur de théâtre (Paris, Marseille, Orléans) et, de 1982 à 1996; il dirige l’Opéra de Nancy et de Lorraine, puis de 1994 à 2000 Les Soirées d’été de Gordes.  En 1967, invité par Jean Vilar, il avait ouvert un nouveau lieu au Festival d’Avignon, le Cloître des Carmes. Son oeuvre théâtrale est une aventure essentiellement marquée par des créations, ponctuée cependant de certaines exhumations d’œuvres classiques, telle La Marianne de Tristan Lhermitte, La mort d’Agrippine de Cyrano de Bergerac, Rodogune de Corneille, Axel de Villiers de L’Isle-Adam.

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Mon enfant, mon royaume : ballet-théâtre mis en scène par Frédéric Salard

— Par Christian Antourel —

danseuseChorégraphié et interprété par Laurence Couzinet et Thierry Sirou

Une production Compagnie Car-Av-An

Un Ballet-théâtre aux accents métissés de l’un à l’autre où s’opposent, se complètent dans leur forme, se haïssent et s’harmonisent les ressentiments contrariés de parents dont l’enfant est partie gagner de quoi les sauver de la misère… mais n’est jamais revenue.

Durant 15 ans, ils portent en eux ce désespoir. On peut imaginer quel bouleversement se produit dans le tumulte, dans les nuits de l’angoisse, des croyances, de l’imaginaire et de la solitude, quand l’espérance ou la détresse rivales, complémentaires à la fois, comme le sont la danse et le théâtre, font le spectacle uni où le sentiment humain perceptible aux nuances et aux extrêmes, verse sa fragilité nue dans l’opposabilité et l’alliance de ces deux brûlures que rythme le spectacle.

« L’humour, c’est la politesse du désespoir »

Tout le remue-ménage de la pièce, n’est rien d’autre que le remue-méninges exalté d’un conflit psychologique vécu par ces parents en proie à une tentation de fuite hors la réalité, dans l’expression d’un amour devenu fou agité.

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« Huis-Clos » : l’enfer d’en faire trop ou pas assez!

— Par Roland Sabra —

 


« Huis-Clos » mise en scène  de José Alpha, à l’Atrium :

L‘équilibre au théâtre est toujours très fragile, éphémère par nature. Il n’y a jamais deux représentations identiques, le public change, ce n’est jamais la même rivière qui coule sous le même pont.  Il suffit d’un rien, d’une indisponibilité un peu plus envahissante d’un comédien, les échanges ne passent plus et ce qui nous est montré est une autre histoire.  L’équilibre d’un texte est aussi chose fragile, les metteurs en scène  en font l’expérience qui s’aventurent souvent à leurs dépens, et à ceux des spectateurs, dans les sables mouvants de l’adaptation.
José Alpha en fait , malgré lui la démonstration dans « Huis-Clos ». Sa prestation laisse entrevoir un sérieux travail « à la table » précédant  la mise en bouche du texte par les comédiens. Sartre, auteur de théâtre, on est à la limite de l’oxymore, ne se laisse pas appréhender facilement. José Alpha a eu la sagesse de faire appel à Jacques Jupiter pour tracer un chemin aux comédiens dans les méandres de la pensée existentialiste.

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« Les enfants de la mer » de José Exélis : boat people à la dérive

 — Par Roland Sabra —

 

Adaptation et mise en scène de José Exélis d’une nouvelle d’Edwidge Danticat

Chorégraphie Suzy Manyri

Distribution : Keziah Apuzen, Yna Boulangé, Catherine Césaire, Amel Aïdoudi, Suzy Manyri, Françoise Prospa, Suzy Singa Création lumière : Dominique Guesdon, Valéry Pétris

Scénographie : Dominique Guesdon

Costumes : Alice Jasmin

Production : Compagnie les enfants de la mer Création 2003, avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de la Martinique – Ministère de la Culture et de la Communication, du Conseil Régional de la Martinique, de l’Office de la culture du Lamentin.

Exélis et Guesdon ? Ces deux là font la paire pour « les enfants de la mer »! Ils nous emmènent aux limites du théâtre dans un univers de fragmentations, d’éclats de verre, de rires et de larmes multicolores, de condensés de vies broyées mais toujours prêtes à rejaillir, protéiformes, multiples et indomptables. Boat-people à la dérive vers Miami Elles sont sept sur scène, sur un bateau sur un radeau, sept comme les jours de la création, les portes de Thèbes, les plaies d’Egypte, les branches du chandelier, les péchés capitaux ou les merveilles du monde.

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« La petite négresse de l’île Saint-Pierre » : en chacun de nous une petite négresse sommeille

 — Par Roland Sabra —

Marcelle Basso, Raymonde Palcy et Robbas Biassi Biassi dans
« La petite négresse de l’île Saint-Pierre »

 

C’est l’histoire de Ti Prinses, celle de Sam Alpha, une Princesse en son île, entre Seine et cimetière, aux aurores brumeuses et que la vie soulève à l’infini des jours. C’est un temps qui n’est plus et qui pourtant toujours insiste à faire retour. C’est un récit qui foule aux pieds sa véracité pour atteindre au bout des mots sa vérité. Ti Prinses est d’ici et d’ailleurs, elle vit en chacun de nous, elle est cet enfant, père de l’adulte devenu.

Prinses, sans nom,elle ignore qui est son père, de toute façon les pères comptent pour si peu « ils boivent, ils râlent, ils tapent », alors en avoir ou pas c’est du pareil au même et à bien y réfléchir mieux vaut ne pas les voir. Elle est élevée par sa grand-mère maternelle inépuisable source d’amour, un bloc monolithe , imprévisible, agnostique tendance athée, qui bouffe du curé ce corbeau accueilli par des croassements bouffons afin qu’il prenne ses jambes à son cou au plus vite : « Bon vent, la plume au cul et le feu d’dans » La grand-mère, sur la scène présence d’une absence envahissante, est le personnage central du travail de Claude Défar et de Magali Berruet, « Petite négresse de l’ïle Saint-pierre » présenté pour la première fois au public lyonnais en novembre 2004 et que nous avons eu le bonheur de découvrir au Théâtre Municipal de Michèle Césaire en mars de cette année.

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Dépasser la négritude

— Par Lilyan Kesteloot

lilyan_kesteloot

Une nouvelle génération de romanciers africains

 17/03/06

Littérature de l’anomie et de la déviance, de la subversion, de la destruction et la décomposition… expression des complexes, des traumatismes, des refoulements… image d’une contre-société, de contre-culture… lieux et non-lieux des turbulences dont le passage à l’univers littéraire s’effectue par des ruptures, des dissociations, des collisions, des explosions… l’écriture est une décharge électrique  » : il y a cinq ans, le professeur congolais Georges Ngal, s’interrogeant sur les  » nouvelles conditions d’émergence d’une pensée africaine « , décrivait ainsi le nouveau discours littéraire africain (L’Errance, L’Harmattan, 1999).

L’essentiel de l’esprit du temps ainsi caractérisé, et singulièrement celui de la nouvelle génération des intellectuels et écrivains de l’Afrique noire, que pouvons-nous ajouter pour cerner plus spécifiquement les romanciers actuels ? Constatons d’abord que cette nouvelle génération est en rupture affirmée avec celles qui l’ont précédée, et qui avaient vécu, en gros, sur les principes énoncés par le mouvement de la négritude.

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Edouard Glissant :  » La langue qu’on écrit fréquente toutes les autres « 


 

Quand êtes-vous arrivé en Amérique ?

En 1988. C’était en Louisiane, à la Louisiana State University, dans la ville de Baton Rouge. J’étais attiré par cette partie des Etats-Unis qui avait des points communs avec les Antilles, le peuplement africain, la langue créole, l’architecture, la structure économique de l’ancien système de plantation, la cuisine, la complicité en musique. Il y a tant de points communs… Et j’y suis resté six ans, avant de venir à New York.

Quel souvenir conservez-vous de ces premières années en Amérique ?

Le souvenir de cette sorte d’apartheid entre les parties noires et blanches des villes, la condition généralement misérable des Africains-Américains en Louisiane, et ce n’était pas sans rappeler, évidemment, certains spectres de la colonisation dans la Caraïbe. Cela a sauté aux yeux du monde au moment du cyclone Katrina. Mais je dois dire que j’étais très attaché, aussi, à une espèce de fantaisie d’existence, et à une profondeur dans l’expression du malheur. Et puis, pour moi, ce pays était très associé à l’oeuvre de l’écrivain Lafcadio Hearn, originaire de La Nouvelle Orléans, au XIXe siècle, et qui vécut à la Martinique, et aux grands noms de la musique de jazz, musique créole.

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Misère du sarkozysme de paul Ariès

 LU POUR VOUS

2005. 252 pages, 13 euros

par CLA

Tous les arrivistes aux dents longues adorent Sarkozy.

Ils se réclament le plus souvent de la droite, mais de plus en plus ouvertement  de cette gauche branchée amoureuse d’euros, de prébendes, affairiste  et assoiffée de pouvoirs, même dérisoires.

La pertinence du clivage droite gauche semble à nouveau mobiliser l’attention d’un certain nombre de martiniquais.

Qui est de gauche ? Qui est de droite ? Que signifie en 2006 être de gauche à la Martinique ?

Ce questionnement, cette recherche de positionnement  relève d’une démarche plus que saine pour quiconque souhaite s’orienter dans l’espace politique martiniquais où les frontières ne sont plus aussi nettes qu’elles ne  l’étaient avant la chute du mur de Berlin et de  l’implosion de l’URSS à la fin su siècle dernier

Le livre de Monsieur Ariès, Misère du Sarkozysme devrait aider tous ceux qui s’interrogent  sérieusement sur le contenu  de  ces deux expressions qui continuent à occuper une place centrale dans les discours politiques.

En effet, Sarkozy est le  prototype de l’homme de droite moderne, fier de l’être, et qui, crânement  défend les idées qu’il souhaite voir l’emporter dans la lutte idéologique sans merci que se livrent les tenants de la gauche et de la droite sur le plan national  comme international, n’en déplaisent aux doux rêveurs qui s’imaginent qu’il s’agit d’un clivage dépassé.

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Aimé Césaire : « Ma poésie est née de mon action »

 

Entretien
Aimé Césaire : « 

Né à Basse-Pointe (Martinique) le 21 juin 1913, Aimé Césaire n’est plus député et maire de Fort-de-France. Tous les jours, il reçoit dans son ancien bureau. Peintres caribéens, portraits, paysages, avec en prime un cadre pour le maillot n° 21, celui du footballeur Lilian Thuram. Normalien, agrégé, Césaire publie Cahier d’un retour au pays natal en 1939. En 1941, il fonde avec sa femme Suzanne et des camarades (René Ménil, Aristide Maugé) la revue Tropiques ; plus tard, Présence africaine. André Breton préface Les Armes miraculeuses en 1944. Après un séjour en Haïti, 1945 le voit entrer en politique. 1950 : Discours sur le colonialisme. En 1958, il fonde le Parti progressiste martiniquais pour consacrer sa rupture avec le Parti communiste. Parallèlement, il publie ses poèmes (Soleil cou coupé), son théâtre (La Tragédie du roi Christophe), ses discours. Une seule règle : « Pousser d’une telle raideur le grand cri nègre, que les assises du monde en seront ébranlées. »

Vous aimez votre pays. Vous le visitez toutes les semaines ?

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Aimé Césaire : une voix singulière

— Par Thierry Leclère —


aime_cesaire-9_300« Laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l’histoire ! » A la tribune de l’amphithéâtre Descartes, à la Sorbonne, Aimé Césaire conclut sous les applaudissements un fougueux discours brossant le portrait d’une culture noire mutilée par le colonialisme. Nous sommes en juin 1956, en pleine effervescence tiers-mondiste, un an après la réunion de Bandung, qui a lancé le mouvement des non-alignés autour de chefs d’Etat comme Nasser, Nehru et Zhou Enlai. Aimé Césaire est l’un des acteurs clés de ce premier Congrès des écrivains et artistes noirs, une réunion historique qui rassemble à Paris, pendant deux jours, la fine fleur de l’intelligentsia noire. Senghor, Fanon, Ba, Alexis… ils sont tous là, y compris les Noirs américains comme l’écrivain Richard Wright qui apprécieront modérément que leurs collègues les considèrent, eux aussi, comme des colonisés en leur pays !

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Les dissidents : l’histoire contre la mythologie

 

— par Aimé CHARLES-NICOLAS — 


Le 22 février a eu lieu à l’Atrium une projection du film d’Euzhan Palcy « Parcours de dissidents » suivie d’un débat en présence d’Euzhan Palcy et de dissidents, tous magnifiques dans leur simplicité et leur noblesse, comme dans le film.
Le film est beau mais le débat blesse là où une sorte de pensée unique restreint l’expression des dissidents.

D’abord le film tient la promesse du titre. Ponctué de photos des dissidents et d’extraits d’archives il a voulu donner enfin la parole aux dissidents. Il y a réussi merveilleusement. Il était temps en effet. Euzhan Palcy nous le dit au cours du débat qui a suivi (le temps fort de la soirée c’était vraiment la présence parmi nous des dissidents, très applaudis) : entre le moment où elle a commencé le film et aujourd’hui, plusieurs dissidents nous ont quittés. Elle a failli se laisser piéger par le temps qui file.

Le film captive. La réalisatrice réussit à nous transporter soixante ans en arrière dans des allers-retours entre la photo du dissident jeune et le gros plan de celui qui parle, ni tout à fait le même ni tout à fait un autre.

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« Substance de vie » de la Cie Tête Grainée

— Par Roland Sabra —


José Chalons

 

Chorégraphie et auteur du projet : José Chalons. Interprètes: Yna Boulangé et José Chalons. Création musicale : Maurice Bouchard et Alfred Fantone. Collaboration artistique, son- lumière : Dominique Guesdon et Valéry Petris.

1959 au Japon, un jeune garçon, seul sur scène, danse ( Bu) frappant des pieds(Tô) sans musique, couvert de craie, mime un rapport sexuel avec un poulet suivi de l’étranglement du volatile entre ses cuisses, puis se laisse approcher, dans l’ombre, par un homme plus âgé… Le scandale immense, préside à la naissance du Butô. Tatsumi Hijikata, avec son spectacle « Hijinsky » (« couleur interdite ») vient de poser un acte.

En moins d’un siècle depuis l’avènement de l’ère Meiji, le Japon féodal a fait alliance de la façon la plus totale, totalitaire même, avec la modernité la plus extrême dont la dernière ponctuation porte les noms douloureux d’Hiroshima, Nagasaki. Le Butô est est un non qui fait nom. Non à cette alliance barbare au nom d’une autre alliance critique, d’une part celle de l’ « Ausdrucktanz »,celle des « maudits » tels Sade, Lautréamont, Artaud, Bataille, Genet et d’autre part celle de la lenteur, du minimalisme, de l’ésotérisme de la tradition Nô et d’anciens rites shintô.

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Hermeto le Poly..sons

 — Par Edouard Rateau —

Vendredi 2 décembre. Dans le cadre de la Rencontre Caraïbes Brésil qui clôture en Martinique l’année du Brésil en France, le CMAC a invité la légende vivante Hermeto Pascoal à nous rendre visite.

Un mot tout d’abord sur la première partie « locale » de cette soirée. Jeff Baillard à la guitare et l’excellent Ronald Tulle au piano conversent pour nous sur des rythmes caribéens et sud-américains. Un moment de pur plaisir beaucoup trop bref qui mériterait mieux qu’un strapontin musical.

Puis apparaît le Maître. C’est un personnage haut en couleurs, espiègle, gesticulant, vitupérant, affublé d’une tenue digne d’un Tonton flingueur de la scène qui se tient devant nous du haut de ses soixante-dix printemps. Ce n’est pas un agneau, Pascoal ! C’est un véritable monstre insatiable qui nous gratifie de nombreuses facéties et cherche à nous surprendre à l’envi. Pour lui, tout objet peut être « instrumentalisé » et pourquoi pas un simple verre d’eau ou une théière ?

C’est tonique, vivifiant, régénérant, ponctué de prestations vocales dissonantes d’Aline Morena. Une sorte de tourbillon musical puisant dans le jazz et les rythmes traditionnels du Nordeste brésilien.

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Antilles : silence, on empoisonne !

 

La Lettre de S-EAU-S Février 2006

 

Les nouvelles que nous recevons de Guadeloupe et de Martinique sont véritablement effarantes. Avec la bénédiction de l’AFSSA (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), l’Etat Français, sous la signature du ministre de l’économie des finances et de l’industrie, du ministre de l’agriculture et de la pêche, du ministre de l’outre-mer, du ministre de la santé et des solidarités, vient d’autoriser la consommation de denrées alimentaires d’origine animale et végétales contaminées à des taux élevés par le chlordécone, un pesticide particulièrement redoutable utilisé sur les bananes.

Rappel des faits :

Octobre 2002 : une tonne et demie de patates douces en provenance de la Martinique sont saisies par la répression des fraudes sur le port de Dunkerque. Elles présentent une forte contamination par le Chlordécone, un insecticide puissant utilisé sur les exploitations de bananes et interdit depuis 1993.

Juillet 2001 : un rapport est remis à Dominique Voynet, ministre de l’environnement, et à Dominique Gillot, secrétaire d’état à la santé. Rédigé par deux inspecteurs généraux des affaires sociales et de l’environnement, il décrit un état de pollution « difficilement admissible » ainsi que les risques sanitaires courus par la population (cancers, troubles neurologiques et de la reproduction).

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