Mois : mars 2015

« Le chant du divers » de Manuel Norvat

Introduction à la philopoétique d’Édouard Glissant

le_chant_du_diversL’oeuvre d’Édouard Glissant est réputée difficile. Sa textualité résolument opaque déroute en des traces imprévisibles. C’est que Glissant fait appel à l’imaginaire des genres tant dans sa version canonique (roman, théâtre, poésie, essai) que dans le recours à la poétrie : une forme d’expression non fixée toute de poétique et de poterie, de terre et de langage.
Aussi l’oeuvre de Glissant est-elle toujours à venir et puissamment magmatique. De surcroît, Glissant ne semble pas assigné à résidence dans une spécialité puisqu’il convoque à sa guise la littérature et les autres domaines de la création, mais aussi les sciences et les savoirs de l’humain : histoire, anthropologie, sociologie, économie et philosophie.
D’où parle Glissant ? De quel point de vue ? De quel territoire de la pensée et de la création ? Ces questionnements interrogent le discours glissantien. Cet inextricable de l’oeuvre de Glissant réclamant un lecteur exigeant et sensible n’est pas inexplicable : c’est un plain-chant articulé autour du souffle du Divers. C’est de là que proviennent les sources multiples de la matière littéraire et réflexive d’Édouard Glissant : une philopoétique d’où s’énoncent les ritournelles conceptuelles et intuitives d’une vision du monde.

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L’exercice des pouvoirs en Martinique : corruption, procrastination, favoritisme, népotisme, passe-droits… Enquête urgente !?

— Par Dégé—

 corruptAdministratifs, avocats, élus, entrepreneurs, enseignants, médecins, notaires… mais aussi gens de services non publics, comment fonctionnent nos îles ? Sinon « vertueusement », de quel ordre sont les blocages, les freins, les imperfections ?

 Il ne s’agit pas ici de faire une enquête tendant à démontrer « Tous pourris », mais de voir comment le phénomène de l’île permet d’amplifier, d’accuser, d’occulter, de moduler ces maladies sociétales. Donc de diagnostiquer pour amender.

 A l’heure où « l’insularité », pas seulement dans les milieux artistiques, est à la mode à Paris comme aux Antilles françaises pourquoi ne pas se poser la question de la corruption, par exemple, dans nos départements-régions ? A l’heure où le Pape dénonce : « la société corrompue pue », ne sommes-nous pas tous « napolitains » ? Ne regardons pas son doigt mais les mafias qui peuvent nous gangréner.

 En 2013, la France, 9ème en Europe, s’est classée 22ème sur 177 pays. Quand l’ONG Transparency établit ainsi l’indice de la perception de la corruption dans le secteur public inclut-elle les Outremers ?

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Lalin Plenn pour Khokho René Corail

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Le samedi 28 mars 2015 à 18h30 sur la place Gabriel Hayot du front de mer des Trois-Ilets.

Le conteur Serge Bazas, la chanteuse Nénéto, le musicien Max Télèphe, les ballets TiFermasc des Trois Ilets, les étudiants du Campus Caribéen des Arts, des artistes, des critiques d’art, des amis et des proches de l’artiste … animeront la soirée autour de contes, de chants, de performances, de films documentaires, d’interviews et d’images. LALIN PLENN est un concept culturel du Grand Saint Pierre/ Embellie des Trois Ilets qui permet de rencontrer d’une autre manière un artiste, un écrivain et un créateur. Qu’est-ce que Lalin Plenn ?

Il s’agit d’un concept culturel et artistique du Grand Saint-Pierre/L’Embellie des Trois-Ilets, inscrit dans la métamorphose culturelle de ces villes pour qu’elles redeviennent des lieux de création et de diffusion culturelles. Une animation culturelle particulière est ainsi organisée régulièrement dans chaque ville afin d’ériger à terme, en un lieu précis, des Spectacles dits vivants et de présentation des Arts visuels.

Ces Lalin plenn : Littérature ou Arts plastiques et du Spectacle vivant se dérouleront autant que possible lors d’une pleine lune calendaire, en référence aux « veillées » que tenaient nos ancêtres.

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Ont-ils des gueules de « No go zone » ?

no-zoneLes médias américains carburent-ils au mensonge ? Après les attentats de « Charlie Hebdo », Fox News délirait, décrivant huit « no go zones » parisiennes, où « les non-musulmans ne sont pas acceptés », où les islamistes « recrutent dans la rue » et où « la police ne va pas». Julien Bottriaux, photographe amateur, est allé à la rencontre des habitants. Leurs portraits, ponctués de bribes de vie, renvoient la chaîne à son ridicule.

D’habitude, pour sa pausedéjeuner, Julien Bottriaux erre dans les « no go zones » parisiennes.« Dans ces zones, on voit des gens porter des tee-shirts à l’effigie de Ben Laden.(…) Des gens d’al- Qaida ou des Frères islamiques recrutent dans la rue », décrivait Nolan Peterson, le journaliste de Fox News, le 8 janvier. Pendant trois jours, d’autres commentateurs, faux experts et vrais désinformateurs, reprendront ses mots. Mais Julien Bottriaux n’a rien vu de tout ça. Le photographe amateur a voulu rendre visibles les habitants, les faire parler, les photographier aussi.

De Belleville à Ménilmontant, il a eu « envie d’interroger l’existence d’un lien social mais aussi la notion de vivre ensemble».

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L’empathie, nouvelle lumière du Monde

— Par Guy Flandrina —

pour_les_musulmansDans son dernier livre : « Pour les musulmans »1, le journaliste Edwy Plenel ouvre la porte du « plus large, contre le plus étroit ».

Il y plaide pour « l’écho divers du monde, le respect du pluriel et le souci des autres ». Il se refuse à accepter que l’on réduise la communauté humaine « à des identités assignées, à des places déterminées, à origines immuables, à nations fermées sur elles-mêmes ».

Le président de Médiapart clarifie les origines et les fondements de la laïcité, tout en pourfendant la construction des boucs émissaires que sont les musulmans, les noirs, les roms, les minorités, les opprimés.

L’auteur rappelle l’ouverture et la lucide générosité de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : « les hommes naissent libres et égaux en droits ». Il ne se prive pas de rappeler son Préambule : « sans distinction de race, de religion, ni de croyances »… rempart plus que jamais d’actualité !

La naissance d’un homme et son histoire personnelle font le lit de sa perception du Monde, de son rapport à l’Autre.

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Pour sauver Mumia Abu Jamal

liberons_mumiaJohanna Fernandez, avocate de Mumia Abu Jamal, a, il y a 15 jours, informé que ce dernier ne pouvait recevoir personne actuellement. Il était alors consigné à l’infirmerie pour une « terrible crise d’eczéma », il disait « ressembler à un éléphant » et les gardiens demandaient et demandent « qu’on ne le dérange pas ». Il souffre beaucoup d’un eczéma « agressif » et le stress de la prison aggrave son état de santé.
C’est un eczéma purulent avec toutes les séquelles.

Noëlle, responsable des chroniques radiophoniques que réalise Mumia dans « Prison Radio Project » a pu, enfin lui parler au téléphone le week-end des 14 et 15 mars derniers.

Mumia a donc déjà passé maintenant au 23 mars, trois semaines à l’infirmerie de la prison. Compte-tenu de son état physique actuel, Mumia refuse toutes les visites car il n’est pas en état de subir les contraintes imposées, la fouille au corps et les chaînes pour se déplacer.
Merci de lui écrire (avec une carte postale de notre pays ou une photo sous enveloppe) comme vous êtes des dizaines à l’avoir déjà fait en Martinique.

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« L’éducation aux médias est un instrument de reconquête citoyenne »

— Par Eugénie Barbezat —

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Didier Mathus, président du COP (Comité d’orientation et de perfectionnement du CLEMI*) explique les objectifs la semaine de la presse et des médias à l’école et revient sur le thème de cette année, en résonance avec l’actualité et les attentats de janvier.

Depuis 1990, la Semaine de la presse et des médias dans l’école, offre aux élèves l’opportunité de découvrir les médias d’actualité dans leur diversité et leur pluralisme. Menée chaque année au mois de mars, en partenariat avec plus de 1 900 médias, cette opération permet aux élèves de travailler sur la diversité de la presse et d’échanger avec des professionnels de l’information.

La Semaine de la presse et des médias dans l’École ® accompagne, cette année encore, trois millions et demi d’élèves à la lecture critique et distanciée de l’information et à la production médiatique. L’édition 2015 est marquée par une forte progression de la participation des enseignants (+ 1 200 établissements scolaires et + 22 000 enseignants inscrits, par rapport à 2014).

Suite aux attentats tragiques du mois de janvier en France, puis ceux de Copenhague en février, le CLEMI *(centre de liaison entre l’ecole et les médias d’information), en accord avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a décidé de changer le thème de cette édition pour «La liberté d’expression, ça s’apprend !

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Inauguration du Festival latino-américain CulturAmérica

— Par Jean Ortiz —

culturamericaLes inaugurations de CulturAmérica ne sont ni trop protocolaires, ni trop délirantes, ni trop guindées, ni trop creuses, ni excès de petits fours et de baise mains… Juste ce qu’il faut Toujours militantes, plurielles, un peu disjonctées, et Sooolidaires en diable… La 23e édition, dans la vénérable « salle du conseil » de la Mairie de Pau, restera un bon cru. Qui l’eut cru ?
Environ 200 militants, élus, bénévoles, fans, groupies, un sans papiers, le président de l’Université, Mme la consul du Portugal, les chiffonniers d’Emmaüs, le maire socialiste de Billère, Nathalie, conseillère générale, un ancien trotskyste à la crinière blanche, une étrangère, « j’aimais les yeux des étrangères… », des soixante huit tard indécrottables, des qui font la crise d’adolescence sur la soixantaine, des qui viennent pour le velouté du « Jurançon » doux, des pique assiettes, des Mexicains qui usent et abusent du diminutif, y compris sur les adverbes, des Vénézuéliens qui menacent les faibles Etats-Unis, des Uruguayens qui chuintent le castillan, des fils-filles de Républicains espagnols, un ambassadeur, un chauffeur de salle, un faussement exubérant, des nostalgiques du temps jadis, des utopistes concrets, et puis les ô-rateurs, sous un portrait géant, patiné par le temps, du « bon roi Henri », né dans la « bonne ville » de Pau, si bonnement paloise…

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Le juste prix du paquet de cigarettes : 13 euros

— Par Vincent Vérier —
tabac_coutArrêts maladie, absences au travail… deux chercheurs ont calculé le coût du tabac pour la collectivité. Verdict ? Si on demandait aux fumeurs de rééquilibrer la balance, le prix du paquet bondirait de… 87 %
Combien un paquet de cigarettes devrait-il coûter pour que l’addiction des fumeurs ne pèse pas financièrement sur la collectivité ? Réponse : 13,07 €, soit environ 6 € de plus que le prix de référence actuel. Ce « juste » prix, réévalué donc de 87 % par rapport aux tarifs d’aujourd’hui, est le résultat d’une très sérieuse étude réalisée par Microeconomix, un cabinet de recherche et d’expertise économiques.

Ce travail est rendu public au moment opportun : depuis mardi, les députés examinent en commission à l’Assemblée nationale le projet de loi Santé, qui intègre des mesures antitabac.

Pour réaliser leur calcul, deux économistes se sont basés sur les travaux de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) et ont largement puisé dans les bases de l’Insee et de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, avant de calculer le « coût social » du tabac, à savoir l’impact positif ou négatif du tabac, en termes financiers, sur la richesse du reste de la société.

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La guerre

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A l’invitation de L’Association pour la Promotion de l’Hispanisme en Martinique

25 mars à la Fac des Lettres, campus de Schoelcher, amphi Sellaye, 18h

Les intervenants :

Dominique Berthet : « Picasso et la guerre« 

Solange Bussy : «  Le traitement de la mémoire de la guerre civile (1936-1939) dans la ficyion romanesque. »


Histoire des arts :GUERNICA de Pablo Picasso

La guerre d’Espagne

En février 1936 les républicains ( rassemblement de républicains, socialistes, communistes, anarchistes ) sont au pouvoir. En juillet 1936, un coup de force fasciste dirigé par Franco a contraint l’Espagne à la guerre civile, qui devait provoquer des remous nombreux et divers dans le monde entier. Les nationalistes ( conservateurs, monarchistes, nationalistes ) craignant une révolution communiste, prennent le parti de l’armée derrière Franco.

Tandis que l’Allemagne d’Hitler et l’Italie prenaient le parti de Franco, les républicains sont quant à eux progressivement équipés d’armes soviétiques . La plupart des intellectuels et des artistes de l’époque se sont ralliés à la cause de la république espagnole. Beaucoup d’entre eux s’engagèrent dans la résistance contre Franco et y laissèrent leur vie.

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Le maître, l’esclave et l’Etat

— Par Philippe-Jean Catinchi —

libres_&_sans_fersLe 5 mars 1848, une semaine à peine après la chute de la monarchie de Juillet et la proclamation de la IIe République, se mettait en place une commission d’abolition de l’esclavage chargée de préparer l’émancipation, sous la présidence de Victor Schœlcher. Dès la première réunion, le 6 mars, les décrets sont en chantier, qui aboutiront le 27 avril à la pleine reconnaissance des  » nouveaux citoyens  » ou  » nouveaux libres « .

Mais qui sont ces femmes et ces hommes dont le sort se joue à Paris, fixés dans ces territoires lointains, Guadeloupe, Martinique, Réunion ? Plongeant dans les archives judiciaires où la  » parole de l’esclave  » s’entend parfois, sous la plume des greffiers, lorsque larcins et meurtres conduisent à la recueillir, Frédéric Régent, Gilda Gonfier et Bruno Maillard, qui travaillent respectivement en métropole, à la Guadeloupe et à La Réunion, relèvent le défi de l’interroger. Malgré la difficulté de la langue, d’abord. S’ils s’expriment  » libres et sans fers « , selon l’expression judiciaire consacrée, les esclaves le font dans des idiomes que les sources ne respectent pas, traduisant avec le piège d’équivalences linguistiques peu sûres la plupart des propos, sauf à conserver une formule originale pour le piquant du pittoresque.

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Rencontres avec Edwy Plenel

la_presseRencontres organisées dans des lycées :
lundi 23 mars au Lycée Polyvalent Joseph-Gaillard de Fort-de-France pour l’ouverture officielle de la semaine par la Rectrice de Martinique, Catherine Bertho-Lavenir ;
mardi 24 mars au Lycée de Bellevue, à Fort-de-France ;
mercredi 25 mars avec des lycéen-ne-s de Sainte-Marie au domaine de Fonds Saint-Jacques ;
jeudi 26 mars au Lycée de Rivière Salée ;
vendredi 27 mars au Lycée de Bellevue.

Cinq conférences ouvertes au public sont prévues en soirée :
– lundi 23 mars, à 18 h, aux Archives Départementales, sur le thème « La liberté d’expression hier et aujourd’hui : un principe menacé ? », en compagnie de l’historien Gilbert Pago
– mardi 24 mars, à 18 h 45, à la BU du campus de Schœlcher, sur le thème « Journalistes et société » .
– mercredi 25 mars, à 18 h, à la Médiathèque municipale de Saint-Esprit, sur le thème « Les médias ont-ils pris le pouvoir ? ».
– jeudi 26 mars, à 18 h 30, avec le Club Presse Martinique, autour de Pour les musulmans, au Palais de la Mutualité, à Fort-de-France.

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Des giboulées de mars…culturelles !

— Par Janine Bailly —
giboulees_culture_marsSur l’île, le mois de mars est celui où débute la saison nommée Carême, sèche et gorgée de soleil, tandis que là-bas, sur le sol hexagonal, des averses subites marquent le passage de l’hiver au printemps. Pour nous, les giboulées de mars furent… culturelles ! Une effervescence de bon aloi s’est en effet emparée de divers lieux, parfois mythiques et de belle esthétique. À tel point que l’on dut faire des choix, certes douloureux, entre les activités qui nous étaient offertes ! De ce « bouillon de culture », je ne puis partager que quelques bribes sur la toile, tant il faudrait de pages pour rendre compte de cette surprenante déferlante d’expositions, de spectacles, de films en VO, de colloques et conférences, tous événements passionnants. Qui oserait déclarer, comme on l’entend parfois encore, qu’il « ne se passe rien à la Martinique ?», alors qu’on ne savait plus où donner ni de l’oreille ni des yeux ?
Venu de France, Guillaume Pigeard de Gurbert, qui a enseigné quelques années sur l’île, a donné une série de conférences aux Foudres Habitation Saint-Étienne (Foudres HSE), en cette salle sur laquelle plane toujours l’esprit protecteur d’Édouard Glissant, et qui accueille diverses manifestations culturelles.

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« Partisans » : hélas !

Partisans— Par Selim Lander —

Le plus grand poète français ? Victor Hugo, hélas ! – La page la plus glorieuse de l’histoire (récente) de la France ? La Résistance, hélas ! serait-on tenté de répondre après avoir vu la pièce de Régis Vlachos. La note d’intention du spectacle dit tout :

« Ce projet est né suite à la lecture du livre de Stéphane Hessel, Indignez-vous ! Comment pouvons-nous considérer nos droits sociaux comme acquis ? Comment pouvons-nous les voir disparaître au fil des années sans même réagir ? Même s’il s’agit d’une ‘piqure de rappel’, il nous semblait important de faire réagir les nouvelles générations ».

Et comment dire du mal d’un projet pétri d’aussi bons sentiments ? Réveiller les Français anesthésiés par le néo-libéralisme triomphant, éveiller les jeunes générations à la conscience politique, y a-t-il une tâche plus urgente à accomplir aujourd’hui ? Convenons que non mais un spectacle bourré de bonnes intentions ne fait pas nécessairement du bon théâtre. Passons sur les ambiguïtés de tout théâtre politique, sur la difficulté qu’il éprouve lorsqu’il s’agit de vraiment mobiliser les spectateurs – nous renvoyons là-dessus à notre article publié dans Esprit (1) – et venons-en à la pièce elle-même.

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Recherches en Esthétique n° 20 : « Créations insulaires »

Présentation par Scarlett Jesus

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Je remercie Dominique Berthet de la confiance qu’il me témoigne en me sollicitant, pour la seconde fois, afin de présenter, aujourd’hui, le n° 20 de la revue du CEREAP Recherches en esthétique, consacrée aux « créations insulaires ».
Cette présentation ne s’adresse aujourd’hui ni à un public universitaire, ni à des étudiants. Mais à un public d’amateurs d’art éclairés ou désireux de l’être.
Il ne s’agira pas néanmoins d’un simple compte-rendu journalistique, présentant objectivement les éléments les plus significatifs de cette revue. Mon intention est de vous donner envie de lire cette revue en suggérant le plaisir qui vous attend, sans en déflorer la découverte. Et pour ce faire, je vous dévoilerai ma propre démarche de lecture, démarche qui est le fruit de ce que je suis. Ni une artiste, ni une historienne d’art, mais une critique d’art. Ayant moi-même collaboré à ce numéro ma lecture était précédée d’attentes particulières. Consciente de la part de subjectivité que j’introduirai de la sorte dans ma présentation, j’en assume pleinement la responsabilité.
Révéler son processus de lecture ne constitue-t-il pas un acte impudique ?

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Lisa Simone, attachante chanteuse

Lisa Simone1— Par Selim Lander —

Vie privée et vie publique sont deux choses distinctes. On ignore comment se comporte Lisa Simone avec ses proches mais elle a un don pour établir le contact avec les spectateurs. Toujours souriante, n’affichant aucune prétention de diva mais au contraire une simplicité qui paraît totalement naturelle, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour nous persuader que nous sommes des amis. Tantôt assise au bord de la scène, tantôt parcourant la salle pour serrer les mains des spectateurs sans cesser pour autant de chanter dans son micro baladeur, elle se met, littéralement, de plain-pied avec les spectateurs. L’ambiance dans la grande salle de l’Atrium bien remplie était chaleureuse – comment aurait-elle pu ne pas ? – mais les Martiniquais restent toujours un peu sur un quant-à-soi que la présence (rare) du président de la région a peut-être encore renforcé, ce soir-là. Il serait dommage que la chanteuse ait ressenti que nous ne lui rendions pas autant que ce qu’elle nous donnait.

Ou bien le public n’était-il pas absolument convaincu par la prestation purement vocale de Lisa Simone ?

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Yeung Faï ou la poésie du désespoir

— Par Selim Lander —

Hand stories1Avec sa puissance économique écrasante, ses mégapoles hérissées de gratte-ciels, son incroyable arrogance sur la scène internationale, les brimades infligées aux minorités tibétaine et ouïgoure, la Chine fait peur. Ce pays dont la marche vers l’hégémonie paraît irrésistible effraye d’autant plus qu’il est le symbole de la barbarie moderne. Course effrénée à la consommation, élimination impitoyable des plus faibles, fortunes gigantesques assises sur une corruption omniprésente, opposition muselée : si tel est le modèle auquel toute la planète devra bientôt se plier, il y effectivement de quoi frémir. Heureusement, la Chine ne se résume pas – ou pas encore – uniquement à cette caricature du capitalisme sans foi ni loi. Terre de très ancienne culture, berceau du confucianisme et du taoïsme, elle est riche d’un patrimoine exceptionnel qu’il est peut-être temps encore de préserver.

Yung Faï, né en 1964, a préféré s’exiler, pour faire vivre ailleurs la culture de cour chinoise mise à mal dans son pays d’origine par de nouveaux barbares qui préfèrent le karaoké à l’opéra. Cinquième représentant d’une lignée de marionnettistes, il en raconte l’histoire sans parole à l’aide des poupées qu’il a lui-même confectionnées.

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Le Programme de la Journée Mondiale de l’Eau du 22 mars 2015

L’Office De l’Eau & le Carbet des Sciences

j_m_eau-2015La Journée mondiale de l’eau est une journée internationale instituée par l’Organisation des Nations unies. Proposée dans l’Agenda 21 au cours du sommet de Rio en 1992 et adoptée le 22 février 1993 par l’Assemblée générale des Nations unies1, elle se célèbre le 22 mars de chaque année avec des thèmes différents.

L’ONU et ses États membres consacrent cette journée à la mise en œuvre des recommandations des Nations unies, notamment sur les économies d’eau et l’amélioration des conditions d’accès à l’eau potable qui est reconnu comme un droit fondamental par l’ONU depuis le 28 juillet 20102. Chaque année, l’une des différentes agences des Nations Unies impliquées dans les questions de l’eau est chargée de la promotion et la coordination des activités internationales de cette journée. Depuis sa création en 2003, le programme ONU-eau (en) choisit le thème de cette journée.

Outre les États membres de l’ONU qui organisent à cette occasion des événements pour faire connaître les messages clés de la campagne (conférences, expositions, ateliers), un certain nombre d’ONG profitent de cette journée pour attirer l’attention du public sur les enjeux cruciaux relatifs à l’eau.

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« Hand Stories »: éblouissant d’intelligence et de beauté

— Par Roland Sabra —

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Hand Stories est une biographie de la famille Yeung mise en scène par le dernier descendant en activité de cette lignée de marionnettistes. Seule l’histoire des quatre dernières générations est évoquée et ce, à partir des années 1950, peu après la prise du pouvoir en Chine par les troupes communistes sous la direction de Mao Tsé Toung. L’arrière-grand-père de Yeung Faï était donc un marionnettiste qui bénéficiait d’une réputation certaine dans le sud de la Chine. Il jouait dans des maisons de thé pour une poignée de spectateurs avertis. Le grand-père perfectionne cet art avant de le transmettre au père de Faï, Yeung Sheng, qui parcourra la Chine de long en large multipliant les représentations à travers le pays et recevant à chaque fois une pluie d’éloges pour ses prestations. Mais voilà, au moment de la Révolution Culturelle Yeung Sheng va être accusé, en 1968, d’être « une autorité académique réactionnaire »  avant d’être chassé « comme un chien » et interné dans un camp de travail où il meurt en 1970 de mauvais traitements. Il aura juste eu le temps de transmettre à son fils aîné, le frère de Faï, une partie de son immense savoir-faire.

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Lisa Simone, le prénom lui colle à la peau

Vendredi 20 mars à 20 heures à l’Atrium Salle Aimé Césaire

lisa_simloneNina Simone a 29 ans quand naît sa fille Lisa près de New York. Elle est déjà dans la lutte pour les droits civiques, puis contre la guerre du Viêtnam. Lisa vivra dans cette effervescence et celle instable et cosmopolite de sa mère. Une vie faite de fêlures. En 1999 en Irlande, Nina Simone l’invite à la rejoindre sur scène…
La France découvre Lisa Simone en 2007, artiste déjà reconnue et récompensée à Broadway, avec la tournée européenne de Daughters of Soul, groupe composé de descendants de stars de la soul avec Nona Hendrick, Joyce Kennedy, Indira Khan, Lalah Hathaway… Puis en 2009, elle débute la tournée Sing the truth, en hommage à Nina Simone avec Lizz Wright, Angélique Kidjo et Dianne Reeves. Un succès mondial !
Sa reprise de Four Women, de sa mère, séduit. Elle sort en octobre 2014 All is Well⋅ Une confidence sur groove intemporel et mots choisis servie par une voix sans limite enracinée en terre afro-américaine consacré par la presse et plus de 50 dates de concerts !

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Intégrer la notion de différence

— Par Patrick Singaïny, Journaliste et écrivain —

differenceQuel est donc ce pays incapable de faire peuple uni au moment où, pour longtemps, tous ceux qui sont détenteurs de la nationalité française sont menacés de mort ?

Qu’aurions-nous dû faire dès au lendemain des marches de janvier ? Réaliser que nous voulions certes dépasser nos dissensions, mais surtout que nous nous sommes toujours refusés à les voir. Réaliser que nous voulions certes vivre ensemble une union nationale, mais dont nous savions fort bien, dès les premiers instants, qu’elle serait incomplète. Réaliser avec courage qu’il fallait avant tout aider à désamorcer nos bombes invisibles, kamikazes en puissance, qui reviennent dormir chez nous pour brusquement sortir de leur léthargie et frapper en nos cœurs au moment où on s’y attend le moins. C’est-à-dire n’importe quand.

Combien de temps tiendront les forces de l’ordre indéfiniment en faction devant les lieux dangereux ? Comment désamorcer nos bombes ? Av(i)ons-nous forcément besoin que le gouvernement propose ou décide de la façon de nous organiser ? Non. Rappelez-vous, avant que nous nous soyons rendu compte que nous n’étions pas parvenus à faire union nationale, le naturel avec lequel nous nous sommes plongés dans cet élan commun relayé sur tous les écrans du monde.

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« Gente de bien »: une recherche du père sur plusieurs tableaux

— Par Dominique Widemann —

gente_de_bienGente de bien, de Franco Lolli. Colombie, France, 1 h 27. Ce premier long métrage d’un cinéaste colombien qui vit en France retrace le chemin difficile des relations 
entre père et fils, entre réalisme et conte moral.

La séquence initiale de Gente de bien renseigne beaucoup en en faisant peu. À un ­carrefour de Bogota, une femme confie son fils d’une dizaine d’années au père de celui-ci. On comprend que le couple est séparé par la méconnaissance palpable que père et fils ont l’un de l’autre. La situation sociale qui, en Colombie, contraint de nombreuses femmes pauvres à s’exiler pour travailler en laissant leurs enfants derrière elles demeurera en filigrane d’un dessin bien plus vaste de relations humaines. Gabriel, le père du petit Éric (Carlos Fernando Perez et Brayan Santamaria), n’est guère mieux loti. Menuisier toujours en quête d’ouvrage, il doit partager avec son fils l’espace exigu qu’il occupe dans une location minable. Faire place à cet enfant, qui lui-même ne s’en voit pas, n’est pas affaire d’étagères. La finesse du traitement réaliste de Franco Lolli réfutera tout au long du film un misérabilisme aux aguets dans toutes sortes de décors et ­situations auxquels seront confrontés ses personnages.

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Juifs, musulmans et chrétiens, ils s’amusent à déconstruire les préjugés

juif_catho_muslimREPORTAGE – Deux mois après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, certains veulent continuer à perpétuer « l’esprit du 11 janvier ». C’est le cas des membres de l’association Coexister, créée en 2009, qui luttent pour favoriser le vivre ensemble. Jeudi dernier, le groupe était dans un lycée à Saint-Denis pour déconstruire les préjugés des élèves.

Un juif, un musulman, une catholique, une agnostique et une athée. Sur scène ce jeudi 12 mars, le casting se veut volontairement éclectique. Face aux plus de 200 lycéens de première générale et technologique du lycée privé Jean-Baptiste de Salle de Saint-Denis (93), la bande de Coexister, association créée en 2009 après l’opération Plomb Durci à Gaza, essaye d’abord de démontrer le vivre-ensemble par l’exemple. La coexistence plutôt que la tolérance : « Tolérer c’est passif, il n’y a pas la curiosité d’aller vers l’autre. Nous on veut vivre ensemble, pas vivre côte à côte. En France ça fait 50 ans qu’on se tolère, on voit où ça nous a mené », plaide Agathe, blonde dynamique de 23 ans et agnostique.

Après les présentations d’usage de l’association, les membres du groupe passent aux choses sérieuses et demandent aux lycéens d’inscrire sur une feuille les trois premiers mots qui leur viennent à l’esprit quand il pense au judaïsme, à l’islam, et au christianisme.

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« Hand stories (histoires de main) » de Yeung Faï

A l’Atrium jeudi 19 mars à 20 heures à l’Atrium

hand_storiesIl y sera question de mains. Les siennes. Celles de son père. Celles de ses frères.
Il y sera question d’infiniment petit et d’infiniment grand. Il y sera question d’images et de couleurs.
Il y sera question de sons atypiques.
Il y sera question d’ange et de démon.
Il y sera question de manipulation politico-poétique.
Il y sera question de transmission.
Il y sera question de mémoire et de génération.
Il y sera question de vie et de destin.

Son savoir-faire, le marionnettiste chinois Yeung Faï le tient d’une longue tradition familiale, enseignée de père en fils. C’est l’histoire de son art, la technique de la marionnette à gaine, et celle des siens qu’il conte ici dans Hand Stories et que l’on retrouve avec le spectacle Blue Jeans .

Né en Chine en 1964, Yeung Faï représente la cinquième génération d’une grande famille de maître de marionnettes, l’un des arts traditionnels chinois les plus anciens. Vivant aujourd’hui à Hong Kong, il est devenu maître incontesté de la manipulation ainsi que de la fabrication de marionnettes.

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Un huis clos riche en émotions

— Par Christian Antourel —

partisans-4A travers la rencontre de trois jeunes français engagés contre l’occupant, nous sommes les témoins directs, transportés d’un seul coup au cœur même des confrontations politiques qui ont tenté de converger à travers le Conseil National de la Résistance. L’ambiance y va de la psychose mêlée d’exaltation, parfaitement rendue par la mise en scène et le jeu des acteurs. Autant que l’éclairage et ses jeux de lumière créent l’ambiance palpitante et instillent à l’ensemble un suspense conforme à l’esprit de la Resistance Française, au plus près de la tension de la guerre et l’horreur de la situation.

Nous voici en pleine seconde guerre mondiale, dans les coulisses de la première Réunion du Conseil de la Résistance à Paris, au premier étage du numéro 48 de la rue du Four. Précisément dans la salle à manger de René Corbin, ancien ministre de l’air, puis du commerce sous le Front Populaire.

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