Étiquette : Féminisme

« Féminin-pluriel », une exposition à l’Atrium

— Par Selim Lander —

Il y a un paradoxe. Tandis que le mouvement Me too et la vague woke présentent une vision victimaire des femmes, ces dernières n’ont jamais été autant mises en lumière, honorées et, plus concrètement, placées aux niveaux les plus élevés de la société (chef d’État, PDG de grands groupes internationaux). Un paradoxe dont on doit se réjouir, évidemment, l’inverse – celui où les femmes se considéreraient à tort comme égales de l’homme – n’ayant rien d’attrayant.

Après les nombreux événements qui ont eu lieu à la Martinique, le mois dernier, autour de la journée du 8 mars consacrée aux droits des femmes, voici donc une exposition d’art plastique, principalement de peinture, regroupant quinze artistes, parmi lesquels quelques hommes, ce qui ne devrait pas nous surprendre. Le manifeste qui accompagne l’exposition défend en effet deux idées qui ne sont qu’en apparence contradictoires. La première essentialise les genres : le féminin, tout en étant le domaine de l’intime, serait ouvert sur l’inachevé, l’illimité ; le masculin, fermé sur ce qui est par contraste achevé, fixerait les règles et les limites.

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« Et pendant ce temps Simone veille » par les Buv’Art

— Par Selim Lander —

Salle comble au théâtre municipal, à l’occasion de la Journée de la femme, pour la reprise de cette pièce qui avait déjà connu un grand succès l’année dernière en Martinique. Toujours emmenées par Marie Alba, les comédiennes nous rappellent dans la bonne humeur les principales étapes des luttes des femmes et des avancées du féminisme depuis l’obtention du droit de vote en 1946. Elles sont trois représentatives respectivement du milieu populaire, de la classe moyenne et de la classe supérieure. Trois comédiennes qui incarneront chacune successivement trois générations de femmes prises en 1970, 1990 et 2010. Trois plus une, laquelle, depuis son pupitre, apportera les précisions historiques indispensables (chiffes, dates, lois). Sait-on par exemple que les femmes n’ont été légalement autorisées à porter le pantalon qu’en 2013 ? Encore s’agit-il d’un sujet bénin pour lequel les mœurs avaient depuis longtemps précédé le droit. Mais ce n’est pas toujours le cas, loin de là : jusqu’à l’adoption de la loi Veil légalisant l’avortement, combien de femmes se sont trouvées assumer une maternité non désirée à moins de se remettre entre les mains d’une « faiseuse d’ange » clandestine avec l’angoisse de n’en pas sortir vivantes ?

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« La Radio des bonnes nouvelles » de Gerty Dambury

— Par Selim Lander —

Que dire d’un spectacle qui ne nous était manifestement pas destiné sinon que ses évidentes qualités n’ont pas suffi à soulever notre enthousiasme.

Commençons donc par les qualités qui ont dû frapper tous les spectateurs, celle de la mise en scène, tout d’abord, assurée par l’auteure, qui traite toute la pièce sur un mode music hall, en mettant en vedette successivement différents personnages, avec un soin tout particulier apporté aux costumes, dont certains à paillettes et une coiffe en plumes, au décor transformable fait de quelques caisses en bois, au découpage nerveux. Notons enfin le jeu de deux comédiennes (sur trois) captivantes quoique sur des registres très différents : exubérant pour l’une, remarquable danseuse au demeurant, plutôt comique pour l’autre.

Ce qui ne nous a pas du tout séduit mais qui a pu plaire à d’autres. La présence sur la scène de deux musiciennes (batterie et basse) qui jouent pendant la plus grande partie de la pièce une musique 1) lancinante et 2) suffisamment forte pour imposer aux comédiennes l’usage honni du micro (comme nos lecteurs le savent déjà).

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« Simone Veille » : divertissant et instructif

Le 10 mars au Robert à 19h30.

Quatre comédiennes de la troupe martiniquaise les « Buv’Art » ont monté Simone Veille, résultat d’une écriture de plateau par quatre comédiennes (TrinidadCorinne BerronBonbonHélène SerresVanina Sicurani), parisiennes celles-là. Sous les apparences d’une comédie, elles déroulent l’histoire du féminisme, en France, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Un thème sérieux et toujours d’actualité traité avec humour et fantaisie : martingale gagnante qui explique que la pièce ait été jouée presque sans interruption, en Métropole, depuis sa création.

Elles sont donc quatre sur la scène, quatre jeunes dames pleines d’entrain qui nous font partager leur récit enjoué des transformations de la condition féminine. La plus grande, qui incarne Simone Veil, tient le rôle de la meneuse de jeu, celle aussi qui est chargée des rappels historiques qui s’imposent concernant les principales lois qui ont fait évoluer les règles concernant la participation des femmes à la politique, le divorce, la contraception, l’avortement, la parité…

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« Moi Eve » : démonstratif

— Par Selim Lander —

On connaît et apprécie Ricardo Miranda pour sa fantaisie et sa créativité en tant que metteur en scène. Le voici de retour sur la scène du Théâtre municipal avec une pièce de « danse-théâtre» dont il est l’auteur et qu’il interprète avec deux comédiennes-danseuses. Le propos – donner la parole aux femmes dans un monde d’hommes – tombe à pic au moment où l’affaire Weinstein et quelques autres rappellent que, effectivement, les femmes ne sont trop souvent pour les hommes que des ménagères ou des objets de plaisir.

Passons sur la note d’intention qui peut laisser perplexe : « Quand on cherche des informations sur la femme en tant que groupe social, on constate l’absence d’historicité, d’études sur elles » (sic). N’y a-t-il pas plutôt pléthore dans ce domaine depuis – pour ne citer que deux noms français – Simone de Beauvoir et Françoise L’Héritier et le développement exponentiel des « études de genres ».

Peu importe, après tout, que R. Miranda se présente comme pionnier en matière de féminisme. Nous sommes au théâtre : ce qui compte, c’est moins le propos que la manière dont il est porté à la scène.

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D’ de Kabal rhétoricien

Variations sur « l’intégrisme masculin »

Par Selim Lander

Les Martiniquais connaissent bien D’ de Kabal qui s’est produit plusieurs fois chez nous… ou croyaient bien le connaître. Il se présente cette fois dans un seul en scène qui révèle d’autres facettes de son talent. Dans ce nouveau spectacle intitulé L’Homme-femme – les mécanismes de l’invisible, dont il a écrit le texte et assuré la M.E.S., il joue en effet moins que d’habitude avec un micro et exploite moins la tessiture étonnamment grave et métallique qu’il est capable d’atteindre. Il parle d’abondance, le plus souvent à voix nue, et cultive un registre intime. Il se présente tout d’abord vêtu seulement d’une jupe blanche qui crée un contraste pour le moins déroutant avec la barbe fournie et le corps massif. Malaise… lequel se trouve renforcé quand il entame son discours en dénonçant le mauvais procès qui est fait aux musulmans lorsqu’on leur demande de se désolidariser publiquement des djihadistes. À ce compte, en effet, on pourrait tout autant dénoncer le mauvais procès qui est fait aux Français dits « de souche » dont on exige repentance pour les crimes commis par leurs ancêtres colonialistes et esclavagistes…

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Avortement : No pasaran !

osez_le_feminisme—Par Hélène Demilly et Anne-Cécile Mailfert, pour Osez Le Féminisme ! —

En ce début d’année 2014, l’horizon international voit se dessiner un contexte particulièrement menaçant pour le droit fondamental des femmes à disposer d’elles-mêmes.

La Tunisie vient d’adopter dans son projet de Constitution un article qui dispose que « le droit à la vie est sacré », formulation imprécise et ambivalente qui laisse craindre de futures interprétations contraires aux droits des femmes, malgré la consécration de l’égalité « entre citoyens et citoyennes » dans ce texte.
Au même moment, en Suisse, un référendum d’initiative populaire propose de supprimer le remboursement de l’IVG par l’assurance maladie. Intitulé « financer l’avortement est une affaire privée », il sera soumis au vote le 9 février.
En Espagne enfin, le projet de loi du gouvernement Rajoy vise à supprimer le droit à l’avortement. Si celui-ci venait à être approuvé par le Parlement, ce serait pour les Espagnoles la fin de leur liberté de choix, marquant une brutale régression dans un pays qui possède l’une des législations les plus avancées au monde dans ce domaine.

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Benoîte Groult, le féminisme jusqu’au bout du crayon

— Par Lucie Servin —
ainsisoit_benoite_groultCatel a écrit « Ainsi soit Benoîte Groult« , une biographie dessinée d’une grande figure du féminisme, récompensée par le prix  Artémisia.

Ainsi soit Benoîte Groult, de Catel. Éditions Grasset, 22 euros. «Une bande dessinée, quelle drôle d’idée ! » s’est exclamée Benoîte Groult lorsqu’elle a compris l’ambition de Catel d’écrire un roman graphique sur sa vie. Il faudra toute la force de persuasion de la dessinatrice pour convaincre l’écrivaine que la BD ne se limite pas à Bécassine. Bien lui en a pris.

À quatre-vingt-treize ans, Benoîte Groult est de celles qui ont traversé et marqué l’histoire du féminisme du XXe siècle.

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Iran : pour défendre les femmes, les hommes se travestissent

 

Par Yann Soudé

Sur les réseaux sociaux, une campagne pour promouvoir la parité vient d’être lancée. Elle alimente le débat autour de la place de la femme dans la société.

Jugé coupable de violences conjugales, Saman Rasoulpour parade dans les rues de Marivan, au nord-ouest de l’Iran, déguisé… en femme. Surprenante, la décision du juge du 15 avril dernier est également humiliante. Les associations féministes ne tardent pas à s’indigner, et quelques jours plus tard, une centaine d’activistes locales manifestent. Elles sont vite rejointes par leurs homologues masculins, mais, à défaut de s’emparer de la rue, ces derniers témoignent leur soutien sur les réseaux sociaux. Une page intitulée« Kurd Men For Equality«  est créée sur Facebook et fait rapidement le buzz. Aujourd’hui, elle compte plus de 12 000 « like ». L’idée ? Se travestir pour promouvoir la parité entre les deux sexes. Avec un credo : « Être une femme n’est pas un prétexte pour punir ou humilier quelqu’un. »

« Il est important de se rassembler pour condamner cette stupidité, cette brutalité et cette inhumanité vis-à-vis des femmes.

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Nécessaire féminisme radical en pays arabes

Par Smaïn Laacher (Sociologue. Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS-CNRS))

 

 

Renverser une dictature, ce n’est pas modifier substantiellement les fondements de l’ordre social et des structures mentales. Les soulèvements qui ont eu lieu dans les sociétés arabes se sont arrêtés à mi-chemin, dans la mesure où la remise en cause radicale des régimes politiques ne s’est nullement accompagnée d’une remise en cause radicale des systèmes qui sont au principe de la domination des hommes sur les femmes. Vouloir abattre la tyrannie et juger par ailleurs comme accessoire la lutte contre les tyrannies qui, au quotidien (du travail à la rue jusqu’à la chambre à coucher), font de la vie des femmes, dans leur grande majorité, un enfer sur terre, c’est reconnaître que la pensée a failli.

Ce point de vue est partagé par des femmes arabes ayant activement pris part aux soulèvements populaires dans leur pays. Voilà ce que disait, lors d’un entretien réalisé le 10 mars 2011 par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), une militante des droits de l’homme à Manama (Bahreïn) qui fut très active lors des protestations contre le régime : « Les revendications politiques et sociales des manifestants n’incluent pas les droits des femmes.

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Les violences, c’est aussi au travail

par Sylvie Javaloyes, militante féministe et syndicale

  

Les violences c’est aussi au travail. Le 25 novembre est une occasion de dire et redire non aux violences faites aux femmes sur les lieux de travail.

Ces violence revêtent plusieurs formes plus ou moins sournoises. Dès l’entrée au travail ; elle s’exprime par le temps partiel imposé et la précarité pour les plus nombreuses d’entre nous. Ainsi notre travail trop souvent ne nous permet pas de vivre juste décemment.

Elle se poursuivent par la discrimination qui est faite à de trop nombreuses femmes par rapport à la reconnaissance de leurs diplômes, de leurs compétences. En effet, un même niveau de diplôme et de compétence ne donnent pas le même salaire. Nous ne le savons que trop bien, nos salaires sont inférieurs de 20 à 25% à ceux de nos collègues hommes.

Elle deviennent intolérables quant s’y ajoute le harcèlement – qu’il soit moral, psychologique ou sexuel – d’autant plus fréquent que le chômage sévit et que notre tissu économique se compose de petites entreprises où la représentation des salarié-e-s est inexistante. Il n’y a pas de témoin ou s’ils existent, ils se taisent bien trop souvent par peur ou indifférence.

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Refuser la violence envers les femmes en tout temps et en tout lieu

par Danièle Magloire – Sociologue, féministe haïtienne

 

 

-Dès 1930, les féministes haïtiennes se sont mobilisées. Depuis la résurgence du mouvement en 1986 après la chute de la dictature des Duvalier, la violence spécifique envers les femmes est, dans

une diversité de registres, au coeur des revendications: droit de cuissage et harcèlement sexuel (ouvrières sous-traitance), violence dans les sphères privée et publique (femmes marginalisées), violences conjugale et civile récurrentes, abus sexuels en milieu scolaire, violence pour motif politique. Beaucoup se demandent pourquoi s’attacher à distinguer la violence selon le sexe des victimes. Des apparences trompeuses peuvent laisser croire qu’Haïti n’est pas une société d’obédience patriarcale: matrifocalité, présence marquée des femmes dans l’espace public, taux élevé d’activité économique généralement sans mouvement de retrait/retour sur le marché du travail. Le principe de l’égalité des droits a finalement été consacré en 1987. Dans la pratique, les Haïtiennes sont soumises à un ensemble de contraintes et ont un accès marginal aux ressources (économiques, productives, politiques, temps). Lorsque les agressions envers les femmes s’inscrivent dans le cadre d’attaques contre les populations (violence d’État, de groupes armés), il est relativement aisé de faire reconnaître certaines formes de violence (viols, tortures, séquestration, violences à caractère économique).

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Être une femme migrante : le cumul des peines…

 

par Muriel Ameller, militante féministe

 

Quand on parle de femmes migrantes et/ou immigrées, on pense de suite à la lutte pour la régularisation des papiers de séjours. Mais cette seule bataille gagnée, tout ne devient pas limpide et facile dans la société d’accueil pour toutes ces femmes. Sur du long, voire très long terme, doit être menée la rude bataille de leur citoyenneté, de leur reconnaissance, de leur considération dans cette société qui se prétend libératrice et sympathique, sur le plan tant privé que public et professionnel.

La plupart des femmes recherchent par l’exil – pour les mêmes raisons économiques, sociales et politiques que les hommes – un espoir d’amélioration de vie pour elles-mêmes, mais surtout pour leur famille. Néanmoins, aujourd’hui, elles sont moins des « suiveuses » de conjoints mais plutôt des actrices de leur immigration. Sous les statistiques diverses existent des femmes fortes, courageuses, résistantes, qui luttent quotidiennement, travaillent régulièrement, souvent dans des travaux que personne d’autre ne veut faire, se responsabilisent face à de nouveaux modes culturels de vie, s’engagent dans des associations, combattent pour leur qualité de vie et meurent souvent en exil.

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Des SMS pour tenir les Saoudiennes en laisse

Par Pierre Prier

 

REPORTAGE – Lorsqu’une Saoudienne veut sortir du territoire, un message est envoyé à son «gardien mâle». Des femmes s’élèvent contre cette «humiliation».

Envoyé spécial à Riyad

Aziza al-Youssef se souvient du jour où un policier l’a arrêtée alors qu’elle était au volant. Un policier sympa. «C’était un quinquagénaire bienveillant. Il m’a dit: “Tu devrais conduire la nuit, ça se verrait moins”.» Aziza al-Youssef, professeur d’informatique au caractère bien trempé, en rit encore en montrant la vidéo de ses exploits postée sur You Tube. On la voit roulant tranquillement dans les rues de Riyad, la capitale saoudienne. Un acte strictement prohibé par la monarchie conservatrice, seul État au monde à appliquer cette restriction.

Aziza est l’une des organisatrices de la manif «femmes au volant» du 17 juin 2011. Plus de 80 conductrices avaient voulu marquer ainsi le 20e anniversaire de la première tentative, le 17 juin 1991. Une époque d’avant Facebook et Twitter. Cette fois les contrevenantes se sont donné le mot sur l’Internet. Chacune a pris le volant séparément, rendant la répression plus difficile. «J’ai conduit pendant plusieurs jours, raconte Aziza.

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Féminisme et psychanalyse : l’ingratitude…

par Guillaume Suréna —

 Le grand mérite de la psychanalyse est et sera pour toujours d’agacer les porte-paroles de ce qui est convenu, de ce qui est institué, y compris dans les rangs de ceux qui se réclament d’elle. L’ingratitude des divers mouvements féministes à l’égard de Sigmund FREUD est d’une dimension telle qu’elle frise souvent l’absurdité. Il est vrai que FREUD, pessimiste s’il en est sur la nature humaine, (le 20ème siècle et le début du 21ème ne lui ont pas encore donné tort), n’a pas été de ceux qui ont crû que « la révolution s’arrêtera à la perfection du bonheur » et qu’il s’agira de modifier le cadre de vie démocratiquement ou pas pour que cessent les drames existentiels collectifs et individuels.

 

« Madinin’art » journal bien connu pour sortir des sentiers battus a un goût pour la provocation contre l’orthodoxie psychanalytique que j’accepte de représenter contre sécheresses, cyclones et tsunamis. Il donne consciemment un petit avantage à toutes les psycho-philosophies qui cultivent l’illusion de dépasser FREUD. A l’occasion de la journée internationale des femmes, ce journal électronique a donné la une aux femmes et à la plus célèbre et conséquente d’entre elles : Simone DE BEAUVOIR.

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