Étiquette : Michel Herland

Olivier Larizza : l’humour est littéraire

– Par Michel Herland –

Larizza 1« Le message est le massage » (Mac Luhan)

L’humour est une denrée précieuse parce que, somme-toute, plutôt rare, en tout cas en littérature. Écrire ou publier un livre pour faire rire n’entre pas habituellement dans le programme des auteurs et éditeurs sérieux, sans doute pourquoi, d’ailleurs, on les qualifie de sérieux. Ils préfèrent les récits autofictifs, aussi moroses que les amours dont ils sont le décalque, ou les innombrables « livres de ma mère », « de mon père », signes immanquables d’un œdipe mal digéré et d’un deuil – de ce fait – inconsolable. Car en effet, ces ouvrages dont on voit mal qui ils devraient intéresser en dehors de la mère ou du père concerné(e), sont généralement écrits lorsque celle ou celui-ci a rejoint sa dernière demeure. On doit à la vérité de dire que, de cet océan nombrilesque, émergent quelques ouvrages relevant de genres mineurs et relégués dans des collections « dédiées » : romans noirs, d’aventure, de fiction spéculative, à l’exclusion des romances sentimentales qui sont par nature exclues des catalogues des « grandes maisons ».

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Soumission = Démission de l’intelligence = Bonheur.

— Par Dégé —
soumission C’est l’ami Bernard Maris qui dans son Houellebeck économiste1 m’a convaincue de refaire l’effort de lire ce pénible auteur. Et grâce à son regard bienveillant, cette fois le narrateur, malgré sa sexualité si obsédante et si typiquement masculine, paraît émouvant à plusieurs titres.
Au début du roman, François (Tiens ?) semble se débattre contre une sorte de vision autiste du monde qu’il n’arrive à percevoir, ainsi heureusement atténué, qu’à travers le filtre de l’œuvre de Huysmans dont il est devenu « le » spécialiste universitaire. Sa souffrance vient non seulement de ses relations difficiles avec les femmes, du déni de ses affections, mais du fait que son intelligence remarquable l’éloigne de la plupart des hommes. Ainsi, comme à contre courant, il devine que les équilibres politiques de la France vont être pulvérisés. De fait le leader de la Fraternité musulmane, Ben Abbès, gagne les élections.  L’enquête, comparable et parallèle à celle personnelle de Huysmans, mène François à interroger  des représentants politiques, des intellectuels, des religieux, et même un espion car l’humour n’est jamais loin… Il serait plus juste de parler de quête car, au-delà des valeurs temporelles, les intemporelles importent au point d’être une tentation.

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« Soumission » et « L’Esclave » : deux romans semblables de M.H.

— Par Michel Lercoulois —

Le déferlement inouï d’articles de presse consacrés au dernier livre de Michel Houellebecq avant même sa parution (1) devrait plutôt décourager toute nouvelle critique mais, en réalité, les articles publiés, pour la plupart obnubilés par le « pitch », ne s’intéressent pas à l’écriture. Il est donc légitime d’examiner Soumission d’un peu près. La tentation est d’autant plus grande qu’un autre roman, L’Esclave, publié quelque temps auparavant par Michel Herland, un collaborateur de Madinin’Art, traite d’un sujet très semblable. La ressemblance des thèmes se retrouve-t-elle au niveau de la forme ? On ne voit pas a priori pourquoi il en irait ainsi. La comparaison révèle pourtant de nombreuses proximités sur ce plan-là également.

Les deux auteurs imaginent que la France passera sous la coupe des islamistes : chez M. Houellebecq, ce serait pour demain (2022), chez M. Herland pour après-demain (2090). Le narrateur est dans les deux cas un universitaire, professeur de littérature chez Houellebecq, de philosophie chez Herland. La différence principale, ici, tient à la place du narrateur. Chez Houellebecq il s’exprime à la première personne, il vit les événements qui portent un musulman à la présidence de la République et les changements qui en résultent pour le pays et pour lui-même.

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La violence est-elle soluble dans la religion ?

Par Michel Herland —

laicite_wolinL’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo par deux meurtriers se réclamant d’Allah, puis l’attentat contre un supermarché kasher, obligent à s’interroger sur les liens entre la religion et la violence. Les quelques brèves remarques qui suivent, écrites dans l’urgence, ne prétendent pas faire le tour de la question mais devraient contribuer à l’éclairer.

À quoi servent les religions ? Aujourd’hui comme hier, leur fonction première, celle qui leur permet de trouver facilement des fidèles, est de rassurer. Tout le monde n’a pas l’âme d’un stoïcien pour accepter la mort avec sérénité. Dans les religions primitives le culte des ancêtres traduit la croyance dans une vie après la mort. Les religions du Livre promettent la vie éternelle. Mais tout le monde n’ira pas au paradis : il faut le mériter en respectant toute une série d’interdits et d’obligations. La religion remplit donc aussi une fonction sociale, celle de discipliner les croyants. Les sociétés archaïques étaient toutes religieuses sinon théocratiques.

L’humanité progresse. L’esprit rationnel se substitue peu à peu à la mentalité magico-religieuse. « Peu à peu » donc pas partout et pas chez tous.

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Signez le manifeste New Deal for Europe – Appel aux Martiniquais

logo newdealforeuropeLa Martinique est dans la France et la France dans l’Europe. La bonne santé de l’économie martiniquaise est liée à celles de la France et de l’Europe. Divers mouvements associatifs, syndicaux, fédéralistes, etc. ont joint leur forces pour lancer une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) en faveur de la relance économique.

L’ICE, une procédure demandée de longue date par les partisans d’une Europe plus démocratique est un acquis du Traité sur l’Union européenne (dit Traité de Lisbonne) : « Des citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre significatif d’Etats membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins d’applications des traités » (article 11.4).

L’ICE ayant été lancé en mars 2014 les citoyens européens ont jusqu’à la fin février 2015 pour apporter leur signature. Mais que demande-t-on exactement ?

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Deux façons de représenter le jihad : « Timbuktu » et « l’Esclave »

Par Selim Lander

TimbuktuAlors que les médias déversent quotidiennement leur lot d’informations concernant les atrocités commises au nom d’Allah sur des populations peut-être pas innocentes – car qui pourrait se vanter d’être sans péché – du moins paisibles et n’aspirant qu’à continuer à vivre en paix, il n’est pas surprenant que des œuvres de fiction abordent ce thème. Faisons tout de suite justice de l’objection en provenance de ceux qui, obsédés par la crainte de n’être pas politiquement corrects, refusent par principe tout ce qui pourrait ternir l’image d’un islam idyllique, Religion d’Amour, de Tolérance et de Paix (on aura reconnu l’acronyme). Il faut croire que ces Européens habitant plutôt des beaux quartiers, qui vivent eux-mêmes dans un confortable agnosticisme, ont la mémoire courte. Ils devraient pourtant se souvenir qu’il est de l’essence même des religions – contrairement à certaines sagesses – d’être totalitaires. Il ne peut y avoir en effet qu’une vraie foi. S’il est avéré pour un croyant que, par exemple, le créateur et maître du monde, que dis-je de l’univers, est une entité tripartite constituée d’un Père à l’imposante barbe blanche, d’un Fils pâle et émacié cloué sur une croix, vêtu d’un simple pagne, et enfin d’une petite flamme sortant d’une lampe à huile dite l’Esprit Saint, toute personne qui refuse d’adorer cette trinité est considérée comme étant dans l’erreur et condamnée à périr en enfer.

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Michel Houellebecq plagiaire de Michel Herland?

« Soumission », la fiction de Houellebecq qui met l’islam au pouvoir

soumission-2Le livre de Michel Herland  » L’esclave » aurait-il été copié? 😉 

2022. A l’issue du second mandat présidentiel de François Hollande, la France est au bord de la guerre civile. Mohammed Ben Abbès, président de la Fraternité musulmane, est élu président au second tour face à Marine Le Pen, grâce au ralliement de l’UMP et du PS. Dans la foulée, François Bayrou est nommé premier ministre.

Les deux forces politiques autrefois majoritaires ont en effet négocié un accord de gouvernement avec Fraternité musulmane, acceptant deux mesures phares : l’islamisation de l’éducation nationale et l’autorisation de la polygamie. François, professeur d’université dépressif, raconte cette société fracturée, où séduisent les extrêmes. Voici la trame de Soumission, le nouveau roman de Michel Houellebecq, à paraître le 7 janvier chez Flammarion.
A l’issue du second mandat du socialiste François Hollande, la France est au bord de la guerre civile. Mohammed Ben Abbès, président de la Fraternité musulmane est élu au second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen, dirigeante du Front national (FN).

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Drôle de genre ou Le dieu masqué

par DÉGÉ

Andromède Tamara de Lempicka Intéressant pour le moins L’Esclave de Michel Herland par ses thématiques et sa construction : d’un chapitre à l’autre l’auteur nous propulse d’un  narrateur à l’autre, d’un siècle à l’autre. De 2009 à 2114. Roman de science fiction donc ? Pas vraiment car nul futurisme dans les descriptions, les dialogues, les idées… Bien au contraire. Est-ce parce que, l’Asie ayant pompé toutes ses richesses, l’Europe à genoux est soumise aux Sarrazins ? L’ambiance est orientale et moyenâgeuse. Le calendrier grégorien étant remplacé par l’hégirien : en 2114 (1538), nous sommes au 16ème siècle ! Une régression dans le futur.

Au début on se dit : « Originaire du sud de la France, universitaire, M. Herland épouse les thèses du FN pour mieux les écraser… » Mais non. Fausse piste. Politique fiction oblige, les Musulmans ont triomphé. Après leur Reconquête, leur civilisation perdurera au-delà du XXIIème siècle. La prophétie lepéniste s’est réalisée.
Les Chrétiens, condamnés à l’artisanat (qu’il soit agricole, avec les corvées, politique, dans la votation à mains levées, religieux à travers des pratiques clandestines un tantinet dégradées voire réac., etc.), les Chrétiens donc, solidaires par nécessité, s’entredéchirent par nature.

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« L’esclave » : un roman politico-philosophico-théologico-et-poético-érotique de Michel Herland

— Par Quiestemont —
esclave_herland-2L’automne, est en France, la période où l’on parle le plus des livres, ou plus précisément des romans. Les éditeurs concentrent leurs publications sur cette période (qui s’étend en fait de la mi-août à la mi-novembre) et comptent sur l’effet « rentrée littéraire » pour en pousser quelques-uns. Cette année, 607 nouveaux romans sont ainsi proposés au public. Sur les 404 romans français, seuls 74 sont des premiers romans : quand on sait que le nombre des manuscrits reçus par les éditeurs chaque année se compte en milliers, on mesure combien sont minces les chances pour un auteur débutant de se faire publier par une de ces maison d’édition ayant pignon sur rue, dont tous les amateurs de littérature connaissent les noms et savent distinguer les jaquettes. Pour les nouveaux auteurs qui ne seront pas retenus dans le filet d’une sélection aussi impitoyable, il ne reste qu’à renoncer ou à se débrouiller par leurs propres moyens. Michel Herland, pour sa part, s’est adressé à l’un de ces éditeurs apparus avec l’ère internet qui distribuent des livres électroniques (e-books) ou les impriment à la commande.

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Retour sur le roman « L’esclave » de Michel Herland.

— Par Roland Sabra —
l_esclave_herland-400Dans le roman « L’esclave » de Michel Herland, il y a peu de personnages positifs. Une figure centrale apparaît sous des identités différentes, Michel essentiellement, Emmanuel un peu moins, animée par un solide égo-centrisme qui n’est pas un égoïsme. Ce n’est pas un « moi d’abord » qui prévaut mais plutôt un « moi aussi ». Il ne s’agit pas tant de s’aimer plus que les autres, ce qui est assez banal, que de s’aimer dans le regard que les autres portent sur soi sans pour autant s’aimer véritablement. Cela paraît un peu compliqué mais que l’on se rassure Piaget définit l’égocentrisme comme un stade normal du développement. Il y a bien quelques personnages qui pourraient endosser la défroque du héros mais ce sont des personnages secondaires. L’histoire ou plutôt les histoires s’ordonnent autour de cette figure centrale, bien dessinée par M. Herland dans le personnage de Michel dont la philosophie est largement teintée d’utilitarisme.

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« L’esclave » : un roman érotico-théologique original de Michel Herland

— Par Roland Sabra —

l_esclave_herland-400C’est un livre étrange que nous offre Michel Herland à l’aube de sa retraite de Professeur des Universités, en Sciences Économiques. Étrange, inclassable. Le titre ? L’esclave. Le genre ? Indéfini, il balance allègrement entre érotisme, théologie, philosophie avec une pointe d’histoire de la pensée économique. L’histoire ? Il y en a quatre qui se rejoignent à la fin. La première débute en 2009, un professeur de philosophie, à Aix-en-Provence, par ailleurs marié et père de famille, drague une de ses étudiantes, la séduit, la baise entre deux cours, lui fait cours entre deux baises. Situation de pouvoir, relation de domination entre le maitre, Michel et l’élève, Colette. La deuxième histoire est le prolongement de la première, soixante dix ans plus tard, nous sommes en 2081, Colette à l’annonce de la mort de Michel dont elle n’a cessé d’être amoureuse, recompose, revisite l’histoire première à la lumière d’une situation politique caractérisée par le dépérissement de l’Occident chrétien en voie d’islamisation. Pas moins!

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Valoriser le patrimoine martiniquais- La Fondation Clément et Hernando de Soto

Château Aubéry (2)Par Michel Herland – Faut-il le rappeler ? La Martinique n’a pas d’immenses richesses à exploiter en dehors de la solidarité nationale. On a vite fait le tour en effet de nos ressources propres : l’agriculture et la pêche ne représentent qu’environ 2 % du produit intérieur brut, dont 0,2 % pour la pêche et à peu près autant pour la filière canne (y compris le rhum). Les bananes constituent la quasi-totalité de nos exportations agricoles et l’on sait que, sans le soutien financier dont il bénéficie, ce secteur aurait déjà disparu. L’industrie (5 % du PIB) n’a pas d’avenir, en Martinique, au-delà de ce qui existe déjà : des produits alimentaires, pour l’essentiel, destinés au marché local à partir d’inputs le plus souvent importés.

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100 regards sur Césaire : un hommage des cinq continents

Césaire (100)« Ma cour est un théâtre d’ombre.
Mais je lis au tableau noir tout ce qui est écrit
Sous leur cranes épais »
(La Tragédie du roi Christophe).

Par Michel Herland – Pour marquer le centenaire de la naissance d’Aimé Césaire (1913-2008), le conseil général a rassemblé dans un beau livre richement illustré cent témoignages qui sont autant d’hommages au poète et chef charismatique de la Martinique (1). Ce n’est que justice car c’est bien grâce à Césaire que ce petit département de l’arc antillais s’est fait connaître dans le monde, ou, à tout le moins, dans toute la francophonie. Sait-on que la poésie de Césaire, son théâtre sont mieux connus en Afrique (où ils sont au programme des lycées) qu’en France même ? Plusieurs contributions nous le rappellent opportunément, qu’elles fassent référence au Cameroun (Romuald Fonkoua), au Gabon (Wilfried Idiatha), au Congo-Brazzaville (René Kiminou – qui enseigne désormais à l’UAG), au Mali (Salia Malé) ou à la Mauritanie (Annie et Michel Rémond).

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Livraisons : René Maran, Frantz Fanon

rene_maranPar Michel Herland – Les hasards du courrier font atterrir dans notre boite aux lettres deux ouvrages composites, atypiques en tout cas, arborant respectivement sur leurs couvertures les noms de René Maran (1887-1960) et de Frantz Fanon (1925-1961). Deux Antillais, ressortissants de ce qui était encore à l’heure de leur naissance l’Empire français, attirés par la mère Afrique où ils trouvèrent chacun un destin contrasté : les désillusions du colonialisme pour le premier et les illusions de la Révolution pour le second.

René Hénane fut médecin avant d’être césairologue. C’est à ce titre, sans doute, qu’il a voulu sortir de l’oubli un curieux ouvrage de Maran intitulé Asepsie noire ! (1). Le prix Goncourt attribué à Maran pour son roman Batouala (1921) ne lui apporta pas toutes les satisfactions qui vont de pair, ordinairement, avec cette récompense.

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Un tombeau d’Aimé Césaire

        Je veux peupler la nuit d’adieux méticuleux
(Et les chiens se taisaient)

Aimé Césaire : Poésie, Théâtre, Essais et Discours – Édition critique coordonnée par Albert James Arnold – CNRS Éditions et Présence Africaine Éditions, coll. « Planète libre » Paris, 2013, 1805 p.

Aimé-Césaire-CNRSPar Michel Herland – Un monument, un temple, un tombeau à la gloire de Césaire : tels sont les mots qui viennent immédiatement à l’esprit quand on découvre cet ouvrage de papier de plus de 1800 pages grand format. On n’aurait même pas rêvé de voir rassemblés toute la poésie et tout le théâtre de Césaire dans un seul volume, tous les articles de l’Etudiant noir et de Tropiques plus quelques autres, les grands discours sur la négritude et autre ! Sans parler des textes désormais historiques consacrés au grand homme par des éminences intellectuelles (Breton, Sartre, Leiris, Glissant…), et sans oublier enfin les articles de présentation, de commentaires et plus généralement tout l’appareil qui accompagne une édition savante, préparée en l’occurrence par une douzaine de collaborateurs (mais aucun Martiniquais) sous les auspices de l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) et avec le soutien de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF).

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Les Écrits politiques de Césaire

Par Michel Herland –

Césaire1René Hénane dont on connaît les brillantes interprétations de la poésie de Césaire et de ses secrets (1), propose, en cette année du centenaire, une édition des Discours à l’Assemblée nationale du député de Fort-de-France (2). Ce volume constitue le premier d’une série consacrée aux Écrits politiques de Césaire, publiée chez Jean-Michel Place. Les césairophiles et césairologues gardent dans leur cœur une place particulière à cet éditeur auquel ils sont déjà redevables de deux instruments de travail extraordinairement précieux : le Glossaire césairien du même René Hénane (3) et la réédition en un volume des numéros de la revue Tropiques (4).

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Le mirage du mariage pour tous

– Par Michel Herland –

La nouvelle loi française ouvrant le mariage aux homosexuels fait l’objet d’un affrontement passionné entre des anciens qui n’imaginent pas autre chose que le maintien d’une tradition, il est vrai solidement établie, suivant laquelle il ne saurait y avoir de mariage qu’entre un homme et une femme – et des modernes qui, mettant en avant l’idéal d’égalité, revendiquent pour les couples homosexuels le droit de se marier et d’avoir des enfants, tout comme les couples hétérosexuels.

Les anciens, cependant, s’appuient rarement sur la tradition de manière explicite ; ils mettent en avant plus volontiers l’intérêt des enfants. Ces derniers auraient absolument besoin d’un référent paternel et d’un référent maternel pour s’épanouir.

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Martinique : patrimoine à l’abandon

Par Michel Herland. La mise en valeur des sites naturels de notre île – dont nous avons souligné les faiblesses dans quelques articles récents – ne serait pas seulement un atout pour attirer les touristes. Elle profiterait à tous les Martiniquais. On peut en dire autant du patrimoine architectural : hélas ! il n’est pas l’objet de davantage de soins que les sites naturels. N’est-il pas pour le moins curieux que nos édiles, qui se gargarisent de la culture créole, ne voient pas les pépites qui parsèment encore nos communes – ou s’ils les voient ne manifestent aucun souci de les préserver ? Puisqu’il existe à l’UAG un centre de recherches sur les pouvoirs locaux, on lui suggère de lancer une enquête sur le comportement des élus à cet égard. Quelles peuvent bien être les raisons qui les conduisent à laisser disparaître, faute d’un minimum de soins, des trésors architecturaux (à notre échelle – il ne s’agit évidemment pas du Taj Mahal !) ? On en donnera cinq exemples, tous différents.

Dans la commune la plus touristique de l’île, qui fait l’objet, paraît-il, d’un ambitieux plan de (ré)aménagement sous l’égide de la Région, il n’y a pas que le front de mer à considérer. 

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Tourisme : turpitude martiniquaise

Par Michel Herland. Nous avons examiné dans des articles récents des cas remarquables d’aménagements touristiques, qui pouvaient d’autant mieux être proposés en exemple à la Martinique qu’ils se situaient dans  deux îles, Porto Rico et la Guadeloupe, au niveau de vie et aux statuts comparables à la nôtre. La thèse que nous défendons est simple : il ne sert à rien de dépenser de l’argent pour attirer les touristes chez nous si c’est pour qu’ils repartent déçus. Car les touristes, par définition, voyagent ; ils sont en mesure de comparer les prestations offertes ici ou là. Celles-ci constituent un package global dont le touriste est capable de percevoir les différentes dimensions : interviennent, dans le désordre, la beauté des sites naturels et urbains, l’accueil, le coût du voyage et le prix du séjour sur place, etc. Une politique touristique doit viser l’excellence dans tous ces domaines pour chacun des types d’activité que l’on entend développer (tourisme chez l’habitant, tourisme vert, tourisme hôtelier avec les divers niveaux de gamme possibles, …),  sachant que l’on n’a pas intérêt à vouloir tout faire : non seulement en vertu de l’adage « qui trop embrasse mal étreint » mais encore parce qu’il est important que la Martinique ait une identité forte aux yeux des clients potentiels.

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Fanon, mauvaise conscience des Antilles

Par Michel Herland. À propos de Frantz Fanon et les Antilles, un livre d’André Lucrèce.

Publié en 2011 pour marquer le cinquantenaire de la mort de Frantz Fanon (né en 1925, décédé prématurément en1961), ce livre petit par ses dimensions mais bel objet (par son papier, sa typographie, sa couverture à rabats), et bien écrit, a surtout le mérite de poser quelques bonnes questions (1). La préface annonce la couleur : « En quoi la mise à l’écart de la pensée fanonienne et la promotion du discours-monde constituent-elles une possibilité offerte à l’homme antillais de prendre la mesure du monde et de se défaire des formes d’aliénation moderne ? » (p. 19).

Le premier chapitre du livre rappelle opportunément combien chez Fanon la théorie était inséparable de l’action. Quand il s’intéressait aux névroses de l’homme noir ou du combattant algérien, il savait exactement de quoi il parlait pour avoir reçus ces hommes en tant que patients, pour les avoir soignés. Et de même sa connaissance de la révolution algérienne était-elle directe, intime puisqu’il en était lui-même l’un des acteurs. Intellectuel atypique à cet égard, chez Fanon l’engagement ne se limitait pas à la publication d’écrits non-conformistes ou à l’addition de sa signature au bas d’un manifeste.

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Tourisme : Pérégrination sur l’île sœur.

Par Michel Herland.

Les responsables du tourisme martiniquais sont eux-mêmes de merveilleux touristes qui se déplacent fréquemment en dehors de notre île pour observer ce qui se réalise ailleurs et pour vendre la destination Martinique aux gens d’ailleurs. Mais ces responsables ont-ils vraiment des yeux pour voir ? Si la réponse est positive – ce qu’on leur souhaite quand même – comment font-ils pour ne pas voir que leur produit n’est – en l’état – tout simplement pas vendable à des touristes habitués, comme ils le sont eux-mêmes, à des destinations autrement attrayantes.

Le moins qu’on puisse faire en faveur des touristes qui nous rendent visite, c’est leur donner l’impression qu’on s’est donné du mal pour les accueillir. Prenons par exemple le tourisme de croisière, puisqu’il est (à nouveau) question de le relancer  en Martinique. D’emblée l’accostage au quai des Tourelles, sorte de no-man’s-land à l’allure vaguement industrielle, ne peut que doucher les enthousiasmes les mieux trempés. Et s’il existe un autre terminal à la Pointe Simon, nettement mieux placé pour qui voudrait découvrir Fort-de-France, celui-ci, bizarrement, ne reçoit qu’une minorité de paquebots.

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Tourisme : Tu veux ou tu veux pas ?

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 Par Michel Herland.

La Martinique n’a pas tellement d’atouts à gaspiller pour son développement : petite île surpeuplée, plombée par une fonction publique pléthorique et sur-rémunérée, avec une population – fonctionnaires ou salariés du privé – toute entière accrochée à un modèle de consommation seulement rendu possible par l’appartenance à l’ensemble français et, au-delà, européen, notre île ne saurait sérieusement viser à devenir le moteur économique de la Caraïbe, son bassin naturel. Quant à l’idée de développer des activités compétitives au plan mondial, comme l’informatique à distance ou la finance off shore, elle n’est guère plus prometteuse. L’informatique se heurte à l’obstacle des rémunérations (qu’on songe au salaire d’un ingénieur indien) : le succès n’est donc envisageable que pour quelques niches pourvoyeuses d’un nombre fort limité d’emplois. Et le projet de transformer la Martinique en paradis fiscal, s’il était sérieusement envisagé, serait a priori incompatible avec l’appartenance à l’Union européenne, déjà plus que suffisamment pourvue à cet égard (Londres, Luxembourg…) !

Par contre, s’il y a un domaine où la Martinique peut trouver une abondante clientèle étrangère, c’est bien le tourisme.

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Tourisme : Tu veux ou tu veux pas ?

Par Michel Herland —

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 La Martinique n’a pas tellement d’atouts à gaspiller pour son développement : petite île surpeuplée, plombée par une fonction publique pléthorique et sur-rémunérée, avec une population – fonctionnaires ou salariés du privé – toute entière accrochée à un modèle de consommation seulement rendu possible par l’appartenance à l’ensemble français et, au-delà, européen, notre île ne saurait sérieusement viser à devenir le moteur économique de la Caraïbe, son bassin naturel. Quant à l’idée de développer des activités compétitives au plan mondial, comme l’informatique à distance ou la finance off shore, elle n’est guère plus prometteuse. L’informatique se heurte à l’obstacle des rémunérations (qu’on songe au salaire d’un ingénieur indien) : le succès n’est donc envisageable que pour quelques niches pourvoyeuses d’un nombre fort limité d’emplois. Et le projet de transformer la Martinique en paradis fiscal, s’il était sérieusement envisagé, serait a priori incompatible avec l’appartenance à l’Union européenne, déjà plus que suffisamment pourvue à cet égard (Londres, Luxembourg…) !

 

Par contre, s’il y a un domaine où la Martinique peut trouver une abondante clientèle étrangère, c’est bien le tourisme.

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« L’ État et les clivages ethniques en Afrique » dialogue entre Thierry Michalon et un universitaire camerounais (1)

— Par Michel Herland—

 

Thierry Michalon est bien connu des Martiniquais, au-delà même des limites du campus de Schoelcher où il a longtemps enseigné. Outre ses nombreuses interventions publiques dans les médias, il est l’auteur de plusieurs ouvrages « décapants » qui portent un regard sans complaisance sur la situation de l’outre-mer français (2). Ayant par ailleurs passé une partie de sa carrière sur le continent africain, il s’est également intéressé à la question de l’État en Afrique, à laquelle il a consacré quelques articles séminaux. L’ouvrage dont il est question aujourd’hui se nourrit de ces deux expériences. Il a en outre la particularité de se présenter sous la forme d’un dialogue avec un intellectuel africain engagé, Ebénézer Njoh Mouelle, auteur lui-même de nombreux ouvrages sur les problématiques du continent.

Deux auteurs, donc, deux honnêtes hommes, « pessimistes actifs » qui, sans se cacher l’ampleur des difficultés, conservent l’espoir du monde meilleur dont ils cherchent à définir les contours. Ils sont amis, ce qui ne les empêche pas d’aboutir souvent à des constats de désaccord, par exemple lorsqu’il s’agit de peser la responsabilité de l’Occident dans les malheurs du continent africain.

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Desrivières, poète créole.

— Par Michel Herland.—

 Jean-Durosier Desrivières dont les lecteurs connaissent peut-être déjà le recueil précédent, « Bouts de ville à vendre » (1), qui racontait la ville de Port-au-Prince (d’avant la catastrophe du 12 janvier 2010) en des vers jubilatoires, nous offre maintenant un choix de poèmes redoublés, la version créole (que l’on doit croire originale) sur la page de gauche faisant face à la version française à droite (2). L’exercice qui consiste à produire deux poèmes qui disent la même chose (ou à peu près) en des langues différentes est évidemment risqué.

Quoi qu’il en soit, cet exercice dont Robert Berrouët-Oriol, dans sa préface, rappelle qu’il a déjà été tenté par Georges Castera dans « Tanbou kreyol – Tambour créole », nous pousse inévitablement à comparer les vertus des deux propositions poétiques, celle en créole haïtien et celle en français standard. Qu’on en juge :

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