Un espace de libération, de création et de plaisir partagé
Kabaré Z s’affirme comme le premier cabaret queer, féministe et caribéen de Martinique. Porté par l’association Zanmi et initié par Nadia Chonville, écrivaine et docteure en sociologie, le projet propose des spectacles réguliers, chaque premier week-end du mois, dans la salle foyolaise L’Arobase, à Schoelcher.
La grande première, déjà complète, aura lieu ce vendredi 14 novembre.
Nadia Chonville définit ainsi sa démarche :
« Le Kabaré Z proposera des spectacles présentant des stratégies de libération féministes et queer pour la Caraïbe, dans une esthétique empruntant aux imaginaires martiniquais, à leurs rituels sacrés et jouissifs. Nous glorifierons les danses, les mouvements, les couleurs et les sons de nos innovations culturelles féminines caribéennes. »
Elle poursuit :
« Quand les femmes caribéennes bougent, parlent, dansent, chantent, leur expression est souvent interprétée comme une provocation sexuelle destinée aux hommes hétérosexuels. Or, nous affirmons que ces mouvements ont d’abord pour objet la libération et le plaisir de celles et ceux qui les accomplissent. Le plaisir reçu par le public n’est pas un plaisir de chasse, mais un plaisir partagé, une invitation à la transe collective.




Le concert sur la toile
— Par Roland Sabra —
Un rituel est en gestation. José Exélis accueil son public dans le hall. Un musicien l’accompagne. Le metteur en scène cadre la lecture puis entraîne son auditoire dans le méandre des couloirs de la bâtisse. Sur le chemin un fil conducteur parsemé de feuilles mortes et de bougies mène vers la salle attenante à la terrasse ou doit se dérouler la lecture mise en espace. Dans la semi-pénombre sur fauteuils et tabourets, six personnages, deux femmes et quatre hommes attendent immobiles, figés en un temps d’un autre temps. Devant les musiciens en fond de scène et face aux autres comédiens, trône, imposante, une momie, le haut du corps et le visage couverts d’une longue écharpe, blanche et sang. A la fermeture des portes, le voile sera défait, comme un retour vers le passé pour tenter d’éclairer le chemin d’un présent qui bégaie dans la souffrance et la douleur.
Jandira Bauer et ses mises en scènes, c’est une histoire que je suis depuis longtemps. Depuis avant que je parte de Martinique faire mes armes de comédienne à Paris. Longtemps. C’est donc avec une excitation teintée d’appréhension que je me suis donc rendue le 28 janvier au Théâtre Aimé Césaire voir sa dernière création, Jaz de Koffi Kwahulé. La même appréhension qu’on a quand on s’apprête à retrouver un ami des années plus tard. Les questions se bousculent : ai-je changé ? A-t-elle changé ? Pourrons-nous encore trouver un point d’entente ? Mais dès le lever de rideau, ces questions se dissipent et le point d’entente est bel et bien là.