La cour administrative d’appel de Paris a rendu, ce mardi 11 mars, une décision historique concernant le scandale du chlordécone aux Antilles. L’État a été reconnu responsable des fautes commises dans l’autorisation et l’usage prolongé de ce pesticide hautement toxique, utilisé dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique entre 1972 et 1993. La cour a estimé que l’État doit indemniser les victimes présentant un préjudice moral d’anxiété lié à l’exposition au chlordécone, une substance qui a contaminé de manière durable les sols, l’eau, et la chaîne alimentaire des deux îles.
Cette décision, attendue de longue date par les plaignants, fait suite à une plainte collective déposée par 1 286 personnes, principalement de Guadeloupe et de Martinique. La cour a jugé que l’État avait commis des fautes en prolongeant l’autorisation de mise sur le marché de l’insecticide, malgré son interdiction en France métropolitaine en 1990, et en n’agissant pas suffisamment pour évaluer et limiter la pollution qui en résultait. De plus, la cour a souligné la lenteur de l’État à éliminer les stocks de chlordécone après l’interdiction et à informer la population sur les risques sanitaires liés à cette pollution.

— Par Sabrina Solar —
— -Communiqué de presse —
Dix-huit ans après le dépôt d’une première plainte qui a abouti à un non-lieu en janvier 2023, le combat pour réparer l’empoisonnement des Antilles françaises au chlordécone continue. Ce pesticide, largement utilisé dans les bananeraies entre 1972 et 1993 en Guadeloupe et en Martinique, demeure au cœur d’une nouvelle action en justice lancée le jeudi 21 mars.
— Par Sabrina Solar —
Dans une initiative audacieuse, le député guadeloupéen Elie Califer, représentant du groupe Socialistes et apparentés, s’apprête à déposer une proposition de loi à l’Assemblée nationale fin février. Cette démarche vise à inscrire dans la loi la responsabilité de la France dans le scandale du pesticide chlordécone qui a empoisonné les populations de Martinique et de Guadeloupe. L’objectif central de ce texte ambitieux est de dédommager l’ensemble des victimes, qu’elles aient subi des préjudices sanitaires ou économiques.
Jamais une telle ignominie n’aurait été possible en France : Des milliers d’êtres humains empoisonnés par des pesticides interdits en Europe et semés sous la contrainte, décimés par d’horribles pathologie, se voient interdits d’accès à la justice et aux réparations par des jugements indignes de magistrats ! Jamais dans la soi-disant « patrie-des-droits-de-l’homme», un expert venu déposer pour le compte des victimes d’un crash aérien n’aurait été interdit d’entrer dans un tribunal. C’est parce que le pouvoir colonial français et la caste ségrégationniste qui dominent notre pays sont racistes qu’ils n’ont eu aucun scrupule à empoisonner consciemment tout notre peuple afin de s’enrichir et qu’ils estiment n’avoir de compte à rendre à personne ! Après tout, ce n’est que la continuité des massacres qu’ils n’ont cessé de perpétrer dans toute l’histoire de la colonisation, de la traite et de la mise en esclavage barbares des peuples africains. Oui, c’est parce qu’ils sont pétris d’une idéologie suprémaciste, dans toute sa laideur, qu’ils s’autorisent à commettre des crimes qui, selon eux devraient rester impunis. Pendant que les magistrats français parlent de prescription et de non-lieu, les travailleurs qui ont semé les poisons sous la contrainte continuent à mourir de multiples cancers et de maladies endocriniennes ; leurs enfants naissent avec des malformations cardiaques ou génitales ou des retards de développement; leurs filles souffrent d’endométriose et, pour beaucoup, ne peuvent plus procréer; ceux que les fongicides ont intoxiqués dans les hangars ou lors des épandages aériens, sont frappés par les cancers de l’utérus ou du poumon, les polyarthrite et les cécités.
Dès 1972 et pendant plus de vingt ans, cet
Sols, embouchures de rivières, plages : aux Antilles françaises, tout a été dévasté par le pesticide cancérogène utilisé pour éradiquer un ravageur qui menaçait les bananeraies. L’administration en a autorisé l’épandage, préférant la survie de l’économie de plantation à celle de la population.
Que produire en Guadeloupe, dont les terres sont contaminées par le chlordécone ? Les services de l’Etat publient une cartographie. Un code couleur indique la teneur en pesticide des parcelles et les cultures et élevages qui peuvent y être faits. Certains agriculteurs se sont parfaitement adaptés.
Au sujet du « Scandale du chlordécone » , nous avions besoin que soient apportés au débat, afin d’être éclairés, d’autres éléments de réflexion que ceux avancés par les associations et parties civiles. Il était temps que la justice s’exprime en donnant des réponses précises aux interrogations légitimes, à l’émoi, à la colère, exprimés ces dernières semaines et, afin d’éviter les actions inconsidérées qui ne peuvent plus être qualifiées d’actions militantes. L’interview du Procureur de la République donne des éléments précis sur la chronologie des faits mais aussi nous rappelle que nous sommes dans un état de droit. Le droit prime sur nos révoltes et frustrations.
« En droit français, lorsqu’une infraction est occultée, la prescription ne court qu’à compter de la révélation », souligne Harry Durimel, maire écologiste de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe et l’un des avocats historiques dans ce dossier du chlordécone.
«La grande majorité des faits dénoncés était déjà prescrite» dès le dépôt des plaintes en 2006 pour
• Aucune prescription des faits
Plusieurs milliers de personnes ont commencé à manifester samedi à Fort-de-France, en Martinique, contre la prescription d’une plainte déposée il y a 14 ans pour empoisonnement au chlordécone par des associations martiniquaises et guadeloupéennes. «Matinik lévé» (Martinique, lève-toi!), scandent les manifestants, rassemblés par une quarantaine d’associations, de syndicats et de partis politiques de l’île pour dire «non à l’impunité» et réclamer une justice pour les victimes de l’insecticide. «Ils nous empoisonnent, ils nous tuent», affirme une banderole de la CGT Martinique tenue par deux femmes vêtues de rouge. Dans un air de carnaval, d’autres manifestants avaient opté pour le rouge, vert ou noir, couleurs du drapeau revendiqué par les indépendantistes.
L’avocat des 500 personnes estime sur franceinfo qu’il s’agit d’une première étape avant une possible poursuite de l’État devant la justice.
Une enquête préliminaire a été ouverte après des révélations sur de présumés stocks enfouis de
Nous parlons de la ‘’Chlordécone’’ en Martinique depuis 61 ans déjà, pour certains c’était l’un des meilleurs produits connus pour traiter les maladies tropicales de notre production agricole ; on avait donc en main l’arme qu’il fallait pour faire reculer la forêt et avancer la culture afin d’alimenter la planète.
Utilisé jusqu’en 1993 aux Antilles par les producteurs de bananes, l’insecticide est présent dans les sols.
— Par Stéphane Foucart —