Résistons à la tromperie

— Par Florent Grabin, Président de l’Association P.U.M.A.

Nous parlons de la ‘’Chlordécone’’ en Martinique depuis 61 ans déjà, pour certains c’était l’un des meilleurs produits connus pour traiter les maladies tropicales de notre production agricole ; on avait donc en main l’arme qu’il fallait pour faire reculer la forêt et avancer la culture afin d’alimenter la planète.

Il y a un HOMME que nous tenons à saluer c’est Pierre DAVIDAS qui nous a quittés en 1999 et c’est avec réalisme que nous constatons que cet HOMME avait eu raison de nous entraîner dans la dénonciation de l’ensemble des produits chimiques de synthèse utilisés dans la production de notre alimentation. Malheureusement, il a été combattu par ceux-là même qui s’étaient servis de lui pour se faire élire par ici, ou exister par là, en pratiquant la récupération afin d’imposer l’écologie de la peur.

Quarante-cinq ans après, nous constatons avec amertume, que la manipulation reste de mise et que le mensonge par omission a prise sur ceux qui se servent de leur notoriété ou de leurs titres pour tromper notre population. Il est faux de prétendre que c’est grâce à une récente émission télévisée et à différents articles dans la presse nationale que la question de la ‘’Chlordécone’’ s’est révélée à notre population.

Nous avons tous une grande part de responsabilité dans cette catastrophe chimique et l’Etat pour tenter de s’en dédouaner en profite pour semer le trouble, par un déni total accepté d’ailleurs par notre oligarchie.

Nous persistons à dire que cette molécule n’a pas été utilisée exclusivement en Guadeloupe et en Martinique et que les Services de l’État nous enferment dans un couloir qui est fatal pour la bonne compréhension de ce complexe dossier. Nous vous invitons à prendre connaissance du dossier’N° 487 du Sénat du 24 juin 2009, sur les impacts de l’utilisation de la Chlordécone et des pesticides aux Antilles : bilan et perspectives d’évolution, par Mme Catherine PROCACCIA, Sénateur et M Jean-Yves LE DEAUT Député’’.

En page 14 nous pouvons y lire : ‘’La chlordécone a été découverte en 1951, brevetée en 1952 et commercialisée à partir de 1958 par la société ‘’Allied Chemical’’, sous les noms de Kepone et de GC1189.

Jusqu’à son interdiction en 1976, environ 1 600 tonnes de matière active (à 94,5 % de chlordécone) ont été produites dans trois usines situées respectivement dans le Delaware, en Pennsylvanie et dans une unité complémentaire de fabrication située à Hopewell en Virginie.

La molécule a été principalement, mais pas exclusivement, utilisée comme pesticide à usage agricole.

Elle a fait l’objet de 55 formulations commerciales à des dosages très variés (de 0,125 % pour les pièges à fourmis, à 5 % pour la lutte contre le charançon du bananier, à 50 % pour le contrôle du cricket de Floride et à 90 % pour la lutte contre les doryphores).

Si on se réfère au rapport publié en novembre 2006 par le comité des polluants organiques persistants du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, ces différentes formulations ont été utilisées sur un spectre large (lutte contre le doryphore et les vers taupins de la pomme de terre, le mildiou, la tavelure du pommier et les ravageurs du tabac et des agrumes, sans que cette liste soit limitative).’’

Arrêtons-nous au Mildiou qui est le nom générique d’une série de maladies affectant de nombreuses espèces de plantes, mais prenant des proportions épidémiques dans certaines cultures de grande importance économique, telles que la vigne, la tomate, la pomme de terre, la laitue ou les courges.

La lecture de cet important document nous autorise à poursuivre notre démarche de refus de toute participation à la construction de ce mensonge d’État qui refuse de travailler sur l’ensemble des pesticides se trouvant dans les différents produits importés. Pourquoi la Chlordécone n’est-elle pas recherchée dans tous ces produits fortement consommés par la population ?

Toujours dans le même document, en page 13 : ‘’Cette démarche ne répond pas uniquement à une préoccupation documentaire. Elle s’explique aussi par le fait que les caractéristiques de la chlordécone, ses conditions et son aire d’application aux Antilles conditionnent assez largement l’ampleur et l’efficacité des mesures sanitaires, environnementales et agronomiques qui doivent contribuer à limiter les conséquences de son utilisation passée.

Mais ce rappel des faits ne doit pas se limiter aux seuls départements antillais, car les recherches effectuées dans le cadre de cette étude ont permis de mettre en évidence une réalité qui avait été largement occultée par l’attention exclusive accordée jusqu’ici aux Antilles : la chlordécone a été utilisée sur plusieurs continents, y compris en Europe.’’

Pourquoi tant de discrimination dans la recherche de cette molécule ?

Pourquoi l’Etat a-t-il caché cette information concernant l’usage de cette molécule dans tout ce que nous importons ?

Pourquoi la pression médiatique n’est-elle pas faite sur les produits de la vigne, la tomate, la pomme de terre, la laitue ou les courges, sans oublier les autres consommations ?

Pourquoi les Services de l’État refusent-ils de travailler sur l’ensemble des molécules se trouvant dans les produits importés et dans la production locale ?

Pourquoi cacher à la population que les autres molécules telles le Glyphosate sont dangereuses pour la santé, voir la décision N°1704067 Audience du 18 décembre 2018, lecture du 15 janvier 2019 :

Article 1er : La décision du 6 mars 2017 par laquelle le directeur général de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a autorisé la mise sur le marché du produit phytopharmaceutique Roundup Pro 360 par la SAS Monsanto est annulée.

Les Services développent longuement leurs arguments en réunion, tout en invitant l’assistance à synthétiser ses interventions ; où est le débat contradictoire ? Ce fonctionnement accepté par certains qui très souvent ne maîtrisent pas la complexité de ces dossiers est une forme de manque de respect que nous ne pouvons cautionner. Comment comprendre qu’à ce jour il a été dépensé autant d’argent sur une molécule sans avoir en main le dossier d’évaluation de la mise sur le marché de ces produits ?

Notre réponse à la tromperie.

Le scandale réside dans la perte de temps en polémiques que nos ‘’grands scientifiques’’ locaux ont savamment installées avec certains services qui depuis des années cherchent à poursuivre ce vaste projet de déstabilisation des travaux du retrait des pesticides de notre territoire.

Refusant de servir de faire valoir à cette volonté délibérée de travailler sur la seule molécule Chlordécone, nous avons informé les Services de la Préfecture, que si nous ne recevons pas les documents dans les délais légaux, afin de pouvoir les faire expertiser par les Scientifiques qui nous accompagnent, nous serons dans l’impossibilité de participer à la construction de l’inacceptable.

Nous attendons de nos différents responsables et de la société civile, une prise de conscience généralisée pour préserver les générations présentes et futures de tout ce dégât sanitaire qui pèse sur la population.

Pour l’association écologique PUMA

Le Président

Florent GRABIN