Sakinan göze çöp batar. C’est l’œil que tu protèges qui sera perforé

Vendredi 6 janvier 20h Tropiques-Atrium

Jeune danseur d’origine turque, vivant à Paris, dansant régulièrement en France, Kerem Gelebek est presque un double de Christian Rizzo. Il porte d’ailleurs ses vêtements et reprend des gestes que le chorégraphe-danseur a produit dans d’autres spectacles. C’est également un jeune artiste virtuose dont le corps porte les traces des danses traditionnelles apprises dans l’enfance. S’installant dans cet aller-retour, Christian Rizzo déploie un univers fait d’objets épars – on ne dira jamais assez la poésie de l’espace chez cet artiste – évoquant l’exil et la mélancolie qui l’escortent souvent. Exil géographique sans doute mais plus métaphoriquement exil à soi-même, disant la nécessité de quitter un territoire intime ; s’éloigner de soi-même pour se trouver.
Tel un poème, le plateau devient alors l’écrin d’une expérience partagée d’une rare douceur, le dévoilement d’un homme qui avance sans masque, riche de toutes ses mémoires, en chemin vers ses désirs.

Conception, Chorégraphie & Scénographie : Christian Rizzo
Interprète : Kerem Gelebek
Lumière : Caty Olive
Régie générale & Lumière : Jean-Michel Hugo ou Erik Houllier

Lire Plus=> Centre Pompidou-Metz

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Après quelques jours de travail à l’opéra de Lille… Kerem Gelebek, danseur et performer, m’a rejoint depuis 2008 sur plusieurs projets.
Lorsque je lui ai proposé de travailler avec lui sur un solo, mes premières envies se sont concentrées autour des notions de mélancolie et d’exil (notions
qui me sont personnellement chères).
Très vite l’exil ne s’est plus référé spécifiquement au territoire mais plutôt à soi, s’exiler de soi-même.
La mélancolie, elle, restait de mise.
Quelques objets épars…
Autour d’un dispositif simple qu’il manipule au gré de la dramaturgie, se déposant en résonance des fragments dansés, tels des haïkus, esquisses ou notes de journal qui forment entre eux un recueil de pensées nées du mouvement.
Fragmentation, réversibilité, bégaiement et suspension sont devenus ainsi les pistes physiques qui nous accompagnent aujourd’hui dans cette nouvelle aventure.
« La mélancolie dans le sens antique permettait de vivre le deuil, se dépasser ou encore de trouver un sens à la vie, en d’autre terme c’est un passage en temps de crise » –
Christian Rizzo, avril 2011 

© crédit photo : Marc Domage