145 search results for "La nuit caribéenne"

Le carnaval est la plus vaste scène de comédie créole du monde

— Vu par José Alpha—
carnaval_2014_alphaAnnoncée comme la meilleure édition de la nouvelle année qui a de plus en plus difficilement  du mal à se libérer des turpitudes de l’année passée,  les organisateurs du rituel du carnaval martiniquais qui marque la fin des hostilités et des rigueurs subies par les populations,  entrent dans la transe des préparatifs d’une nouvelle ère à la faveur de la plus grande expression populaire planétaire.
La frénésie  qui s’empare alors des personnes autant que des associations antillaises, caribéennes (Haiti, Saint Domingue, Cuba …) comme au sein des Ecoles de Samba du Brésil, des associations bretonnes, méditerranéennes, africaines, asiatiques, européennes,  italiennes avec  la Venise de Pampiglione (Comédia delarte),  annonce la déflagration sonore, imagée et imaginée qui résonnera en tous lieux placés sous  la voûte céleste percée  par les puissants rayons du Papa Soleil. 

→   Lire Plus

Ovation populaire pour la musique créole

Les clarinettistes et saxophonistes de l’atelier de musique de Gustave Francisque ont été ovationnés à l’Atrium ce week end dernier.

—Vu et dansé par José Alpha—

musique_creole_atrium La salle Aimé Césaire pleine à craquer a vibré de plaisirs samedi soir et dimanche après midi aux mélodies créoles interprétées par la nouvelle génération de musiciens formés dans les ateliers du maestro.
Un orchestre composé de plus de 50 musiciens, eux aussi en formation, au sein duquel le groupe Sapotille bien connu des bals et « Midi-Minuit », placé sous la direction du talentueux clarinettiste et saxophoniste, a chauffé les oreilles, les coeurs et les corps disponibles à l’ouverture du Carnaval 2014.
C’est vrai que ce rendez vous musical annuel organisé cette année par Gustave Francisque, le Cmac et RCI, placé intelligemment à l’ouverture du Wélélé (défoulement) populaire, auquel répond massivement depuis trois ans les aficionados de la musique créole et caribéenne, a impressionné tant par l’originalité du répertoire orchestré pour la circonstance que par la qualité des musiciens, même si le niveau est quelque peu inégal. Mais les degrés de classes étant parfaitement identifiés, le public a encouragé, chanté et dansé les biguines, les valses créoles, les boléros, les mazurkas de Fernand Donatien, Faysal Vainduc, Francisco, Loulou Boislaville, Eugène Delouche, voire même celles de Saint Pierre,  dans des orchestrations magnifiées par des groupes de danses traditionnelles comme Tchè Kréyol et Couleurs créoles.

→   Lire Plus

Agenda des actions africaines en région parisienne de Février 2014

– Si vous souhaitez recevoir cet agenda régulièrement chaque début de mois, sachez qu’il est gratuit : il suffit de m’autoriser à vous le transmettre jp.vanhoove@wanadoo.fr – si vous souhaitez ne plus le recevoir merci de faire STOP – Si vous pouvez le retransmettre à vos amis c’est encore mieux : voir aussi à la fin de ce document

Anniversaire, commémoration, journées mondiales …

le 3 février : jour des Héros mozambicains

le 4 février : Premier décret de l’abolition de l’esclavage en France (1794)

le 7 février : Fête de l’indépendance de Grenade (1974)

du 14 février au 3 mars : 9e édition de la Semaine Anticoloniale et Antiraciste organisé par « Sortir du Colonialisme » – Le 23 février de 2005 l’Assemblée nationale votait un amendement scélérat sur le bilan positif de la colonisation. Pendant plus de quatre siècles la France a participé activement à la traite négrière, à la déportation des populations de l’Afrique sub-saharienne.

→   Lire Plus

ElokAnS de LaRose : n°56 Aktialité – parution du 2 septembre 2013

— Par Véronique LaRose —

elokans-360Ce 56ème numéro clôture l’aventure d’ELOKANS.

Cette newsletter aura été rédigée bénévolement de novembre 2006 à novembre 2008, puis d’octobre 2010 à septembre 2013. Avec ce support, j’ai tenté de relayer des informations socio-culturelles liées à l’Outre mer, particulièrement de la Caraïbe et de l’Océan indien.

J’espère qu’ELOKANS aura participé à la diffusion d’initiatives légitimes, portées par des personnes de

convictions. Je souhaite que ces actions continuent à être transmises via des vecteurs de communication décidés à soutenir cette émergence kréyol.

Je remercie ceux qui ont permis à ELOKANS d’exister par leurs encouragements, leur bienveillance. Véronique Larose – espwa@hotmail.fr

ASSOCIATIONS – INITIATIVES

L’association MEMOIRE D’OUTRE MER à NANTES propose un programme dense –contacts : 89 Quai de la Fosse 44100 NANTES – tél 02 40 71 76 57 / 02 40 69 07 50 –memoire@outremer44.org

memoireoutremer@wanadoo.fr Programme complet en ligne : http://www.outremer44.com

samedi 7 et dimanche 8 septembre : MEMOIRE D’OUTRE MER tiendra un stand sur le Festival « La Folie des Plantes »
vendredi 13 septembre à 19h : vernissage de l’exposition « Paroles en voyage » de Lahcen OUJDDI
vendredi 20 septembre à 20h : rencontre littéraire avec Louis-Philippe Dalembert
samedi 21 septembre de 15h à 16h30 : atelier de découverte et d’initiation à la calligraphie animé par Lahcen OUJDDI

→   Lire Plus

Y aurait-il enfin de la place pour la musique, le culturel et la créativité dans les PIB des DFA ?

 — par Alain Maurin, maître de conférences en économie à l’Université des Antilles et de la Guyane —

 alain_maurinKassav’ qui continue à enchanter un immense public disséminé dans le monde et qui aligne encore des performances, entre autres le renouvellement de son répertoire, les tournées dans les grandes villes de la planète et la création de revenus et d’emplois.

 Malavoi, l’autre groupe mythique à rayonnement international, qui enregistre encore des triomphes sur les scènes internes et externes de la communauté des domiens.

 Mario Canonge, Grégory Privat, Denis Lapassion, Christian Laviso, …, ou l’art de naviguer dans les répertoires rhizomes et de sublimer les mélanges musicaux avec comme ingrédients principaux les souffles martiniquais, guyanais et guadeloupéens.

 Florence Naprix et l’équipe de Jérôme et Stéphane Castry qui livrent actuellement l’une des plus belles couleurs du zouk depuis les heures de gloire des années 1980 et 1990.

 Dominique Coco, Akiyo, Wozan Monza, K’Koustik, Soft, Martine Sylvestre, Eric Cosaque, Jomimi, Casimir Reynoir dit Négoce, Alchimik’S, …, Victor O, Guy Marc Vadeleux, Bwakoré, Baylavwa, Ronald Tulle, Kolo Barst, Marcé, Tony Polomack, Kannigwé, Guy Vadeleux, Gilles Rosine, Karlos Rotsen, Tony Chasseur, Bamboolaz,…, Chris Combette, Yann Cléry, Louis Caristan, Dominique Leblanc, Emile Romain, Eric Bonheur, Djingo, Spoity Boys, Fondering, Etoumba, Komanti,…, têtes d’affiche du bouillonnement des musiques populaires dans les DFA, valeurs sûres pour transformer les étincelles musicales en flammes économiques.

→   Lire Plus

ElokAnS n°55 : Aktialité -parution du 5 août 2013

elokans-360ASSOCIATIONS – INITIATIVES

L’association MEMOIRE D’OUTRE MER à NANTES
propose un programme dense –
contacts
89 Quai de la Fosse 44100 NANTES – tél 02 40 71
76 57 / 02 40 69 07 50 –
memoire@outremer44.org
memoireoutremer@wanadoo.fr


Programme complet en ligne :
http://www.outremer44.com

fermeture jusqu’au 19 août
du 30 août au 1erseptembre : tenue d’un stand au 27ème Festival « les Rendez-vous de l’ERDRE »présentation :« un rassemblement entre le patrimoine maritime fluvial et les expressions du jazzrégional, national, international. Tout en déambulant parmi les villages associatifs e tculturels. » Informations : http://www.rendezvouserdre.com

→   Lire Plus

Convergences Caraïbes 2013 : du 12 au 29 avril 2013

—  Par Marie GAUTHIER —

Pour la 3ème année consécutive, « Convergences Caraïbes »
présente au public du 12 au 29 avril 2013, les oeuvres d’une vingtaine d’artistes plasticiens.
Une première nouveauté en 2013, c’est la proposition d’un thème de réflexion où chaque artiste a la possibilité d’approfondir la singularité de sa démarche, d’engager et d’affirmer ce qui sous-tend sa pratique artistique.

Ce thème : « l’atelier de l’artiste ».

La deuxième nouveauté c’est l’ouverture simultanée de l’événement sur 3 sites : la Galerie de la Véranda à l’Atrium, la Galerie ODIS7 au Marin et la Galerie Tout Koulè au Village de la Poterie des Trois-Ilets.
Le thème de « l’atelier de l’artiste » est récurrent dans la tradition artistique, dans l’art moderne, ainsi que dans l’art contemporain : Le Titien, Vermeer, Courbet, Picasso, Brancusi, Dali, Jasper Johns, Ilia Kabakov, Miguel Barcelo, etc. Parfois « manifeste », parfois testament, face à l’histoire de l’art dans sa continuité et ses ruptures, c’est l’occasion pour l’artiste de montrer ses méthodes de travail en révélant quelques secrets de fabrication, les axes de sa démarche, la cohérence de ses partis pris plastiques et idéologiques, ses liens intimes avec la création.

→   Lire Plus

Le Cégom (Collectif des Etats généraux de l’Outre-Mer) présente 6 chefs de revendication

Lors d’un entretien au ministère des outre-mers qui devait initialement se dérouler avec le ministre Victorin Lurel & s’est finalement, ce dernier s’étant excusé, déroulé lundi avec plusieurs de ses conseillers, le Cégom a présenté les six chefs de revendication formulés à l’attention du président de la République François Hollande sur la base de son dernier audit des politiques publiques conduites par l’État en direction des Français/es d’outre-mers, en matière de cherté de la vie, de chômage des jeunes, de santé, de culture, de discriminations & de soutien aux associations. Les conseillers de M. Lurel ont apporté des réponses précises à certaines propositions, soulignant l’entrée en vigueur progressive de la loi pour la régulation économique. Ils ont par ailleurs mis en avant un bilan d’étape encore confidentiel des 30 engagements pour les outre-mers présentés le 10 mars 2012 par M. Hollande, indiquant simultanément que les 137 mesures annoncées par l’État au terme des États généraux de l’outre-mer ne feraient pas l’objet d’un suivi par le présent gouvernement. Le Cégom, qui estime que ces 137 mesures engageaient l’État & regretterait un manque de considération pour les milliers de Français/es d’outre-mers – élu/e/s ou personnalités qualifiées – ayant œuvré à leur formulation, a pris acte de ces précisions.

→   Lire Plus

Hommage à des aînés qui ont montré la voie

 

Présenté par José MUCRET, militant du Comité Populaire Sud

 

 

Clément BARBARA

 

           En lutte depuis son adolescence contre l’exploitation capitaliste, particulièrement actif pendant la grève des ouvriers de la canne en 1956, Clément BARBARA, originaire du Marigot, vivait au Robert quand le mouvement l’a contacté en 1971. Il est l’un des pionniers qui ont permis que les familles défavorisées s’installent sur les terrains de Cité Lacroix. En 1972, il est des premiers à organiser clandestinement les ouvriers agricoles en « Comités d’habitations ». Avec les travailleurs de « Gachette», il a constitué l’équipe fer de lance de la grève de 1974 pour toute la région centre. Pendant cette période, il s’est révélé un éminent stratège, et a conduit les troupes marchantes à travers tout le pays, se jouant des forces de répression jusqu’au guet apens de Chalvet, où seul son génie lui a permis d’échapper à la mort. Le camarade BARBARA a été un des principaux constructeurs de l’UTAM. Il était réputé pour sa disponibilité à servir les autres. Il a milité jusqu’à ces derniers jours malgré la maladie et son âge avancé.

→   Lire Plus

L’Acomat. Le Féal. Edouard Glissant.

— Par  Hanétha Vété-Congolo—

 

En grand voyage, sur le chemin de Guiné, travay fait, Glissant pran alé.

Mais chez nous, les morts ne meurent pas.

Chez nous, en dépit de tout, l’Homme demeure.

Un pran alé qui n’est pas le tiré dé pyé.

Ainsi, au soleil couchant, Godbi pran rasin.

Une autre géniture de cette Terre noire grosse Roche-mère, pleine d’humus.

Martinique.

Partant, il nous la révèle.

Car, il est constant que Glissant, du long de sa vie, du monde qu’il porte à fruition dans et par le Monde, a infailliblement honoré l’esprit et la beauté de la féalité.

Comme Césaire, comme Damas, comme Fanon. Féal.

Animé de la foi des croyants. Immensurablement féal. Fidèle au Lieu.

« Le lieu. [qui] est incontournable, pour ce qu’on ne peut le remplacer, ni d’ailleurs en faire le tour. » (Traité du Tout-Monde, 59)

→   Lire Plus

« On t’appelle Vénus » : Rendre sur scène son corps à Sawtche

—Par Layla Zami —

 

 

Un texte écrit d’oralité retrouvée
par Layla Zami
http://www.laylazami.net

A chanter de vive voix ou à murmurer tout bas

Un quart. de tour.
Encore un quart. Encore un puis un autre !
« On » en a fait le tour.
La danseuse tourne…
Public jeté d’emblée, sans détour, dans le rôle
de celles et ceux qui ont tué, violé, volé de leurs regards, gestes et paroles,
le corps et la vie de Sawtche.

Même après sa mort
Les scientifiques – scienti-fric
Dépecèrent le corps
L’étiquetèrent, sans éthique.

Chantal Loïal est sur scène.
La foule moqueuse et haineuse, projetée en bande sonore, met le public mal à l’aise. Se reconnaîtrait-on dans les moqueries et voix aigres ? Plus tard au cours du spectacle, l’artiste dira « la danseuse aux grosses fesses » et certain-e-s étoufferont leur embarras dans un rire inachevé. Elle joue de l’ambiguïté entre elle et Sawtche pour révéler les continuités entre aliénations contemporaines et oppressions du passé.

Qui d’autre qu’une artiste peut éveiller dans un même temps, compréhension et stupéfaction ? Colorer de beauté une laide réalité d’enfermement et d’humiliation ?

→   Lire Plus

Biennale de danse 2010 à Fort-de-France

 — par Roland Sabra —

Semaine 1

 

 

  « Une Tentation d’Eve »  qui s’éternise

 Les ressources financières du CMAC-ATRIUM étant ce qu’elles sont il était difficile de programmer les authentiques ballets contemporains de la Compagnie Marie-Claude Pietragalla qui mobilisent de nombreux artistes. Heureusement la chorégraphe propose aussi des pièces intimistes au nombre desquelles on trouve « Ivresse » créée une première fois en 2001, reprise en 2005 avec en accompagnement musical le groupe de musique tsigane Arbat. « Ivresse » nous était donc proposé en première partie, sans orchestre certes mais avec une bande son.

 

La chorégraphe et son compagnon Julien Derouault, seul danseur en scène, ont un goût prononcé pour l’éclectisme artistique. Mêler danse et image d’animation ou arts martiaux ( Marco Polo), danse et cirque ( Sakountala) par exemple est un axe de travail qui caractérise l’intelligence créatrice de la Compagnie. On retrouve jusque dans la façon de danser ce souci d’explorer des rives étrangères. Julien Derouault en donne une illustration splendide avec un déhanché à la limite du déséquilibre qui fait irrésistiblement penser à des scènes de Bruce Lee.

→   Lire Plus

Daniely Francisque : « Je me considère depuis quelques années comme un metteur en scène « en chantier »

 Daniely Francisque, auteure, metteure en scène, comédienne, danseuse… :

Daniely Francisque, portrait (photo : Carlotta Forsberg)

 Engagée! Dans toutes les acceptions les plus nobles du terme. D’abord dans son métier dont elle explore systématiquement, avec méthode et détermination toutes les palettes, ensuite dans chaque le mode d’expression retenu, sur scène elle impose avec force une présence dont l’évidence n’est pas à questionner. Les arts de la scène sont pour elle les espaces d’une construction identitaire, artistique et culturelle, qu’elle s’approprie avec un professionnalisme, pas si courant en Martinique. Elle a voulu maîtriser les modalités de l’interview qu’elle nous  à accordé et qu’elle considère comme une des dimensions de son métier. Quand elle est interrogée sur son intérêt ou son désintérêt pour ce que tout un chacun connait comme les « auteurs du répertoire », à savoir les Tchékhov, Shakespeare, Brecht, Molière, etc. elle fait semblant de ne pas comprendre la question, quand celle-ci se précise elle cite des auteurs contemporains dont la plupart ont une aura limitée, il faut bien le constater, au champ culturel caribéen. Comme si la recherche identitaire qui la porte était confondue, absorbée par une recherche illusoire des racines ou la quête mythique des origines ( cf.

→   Lire Plus

« On Bò a 2 Lans » de José Jernidier et Sylviane Telchid

 

 — Par Alvina Ruprecht —

 on_bol_a_2_lansPrésentée au Centre des Arts de Pointe-à-Pitre,7 novembre, 2007, première manifestation d’une tournée qui amènera l’équipe autour de la Guadeloupe et à Paris.

 L’histoire théâtrale nous montre que la comédie n’est pas un art mineur. Bien au contraire. Dans le contexte européen, le théâtre de la foire était le lieu privilégié des mimes grotesques et clownesques, l’origine du théâtre populaire qui servait de soupape de sécurité contre les mouvements contestataires dans les sociétés féodales. En Italie, il y a eu surtout la Commédia dell’arte, des acteurs itinérants connus à travers le continent qui ont laissé des traces profondes sur les premières créations de Molière, sur son panthéon de personnages inspirés souvent des types de la Commédia, et surtout sur ses premieres conceptions scéniques basés sur un jeu très gros, très physique, très codé. La Commedia était un théâtre de mime et de mimique sans véritable dialogue mais qui avait recours aux bruitages, aux onomatopées, aux sonorités de toutes sortes. Rien de plus vulgaire que ces grognements, ces cris, ces rots, rien de plus corporel, de plus bruyant, de plus chaotique que les lazzi de la Commedia qui rendent hommage aux jeux du bas du corps populaire que Bakhtine a théorisé (le Carnavalesque) dans son livre sur Rabelais.

→   Lire Plus

Le tambour dans la peau

Une voix, du rythme et beaucoup d’énergie : les ingrédients du bèlè sont simples. Longtemps méprisée, cette musique héritée des esclaves martiniquais reprend vie. Enfin.

Avec son tambour, il fait corps, il le chevauche, un pied à l’air, l’autre chaussé de cuir. Ce talon nu est ­essentiel à son jeu. Il glisse sur la peau de chèvre tendue pour en moduler les sonorités, tandis que les mains tambourinent frénétiquement. Par sa frappe précise, en rafales subites, en syncopes acrobatiques, Félix ­Casérus, 74 ans, un petit air de Paul Meurisse mâtiné de Cary Grant, ­dirige le pas des danseurs qui tournoient et sautillent, jambes écartées, buste en avant. Le bèlè (le « bel air »), revigorant chant au tambour martiniquais hérité du temps de l’esclavage, allie la jubilation des rythmes à la mélancolie des voix éraillées. Une musique qui soigne les plaies de l’âme et donne de l’énergie.

→   Lire Plus

« Wopso » et « Départs » : les audaces maîtrisées de José Exélis

— Par Roland Sabra —

José Exélis est un homme d’aventure. Aventure littéraire et théâtrale il va de soi. José Exélis aime les femmes. La féminité très exactement. Il manifeste un profond respect et une sourde admiration pour le genre féminin, dont il pense à juste titre qu’il est capable d’ intelligence et de subtilité bien supérieures à celles des hommes, et bien évidemment tout cela perle dans son travail de metteur en scène. Dans « Les enfants de la mer », pièce éponyme de sa compagnie, c’est peu dire qu »il aime les femmes, elles sont sept sur scène, à nous donner une leçon de courage, de ténacité, d’entraide et d’espoir au coeur sombre des dictatures dans une forme théâtrale de déconstruction des genres. Quand il se confronte à l’Othello de Shakespeare il cristallise la haine et l’envie sur le seul Iago pour en faire le parangon des humaines passions et nous tient en haleine en convoquant sur scène, sur les épaules d’un seul, la troupe entière du Théâtre du Globe.

→   Lire Plus

L’aventure ambiguë d’une certaine Créolité

— par  Rafael Lucas —

« La boulimie de reconnaissance littéraire a transformé les majors créoles en apprentis sorciers, ou en apprentis quimboiseurs. Et c’est dommage. On peut regretter que les réels talents littéraires des écrivains créolistes aient été pervertis par les liaisons dangereuses avec l’idéologie. »


Le mouvement de la Créolité, popularisé en France métropolitaine par un manifeste de trois auteurs martiniquais publié en 1989 (Éloge de la Créolité) (1) et par un large succès éditorial, prétend redéfinir l’identité créole et codifier une nouvelle démarche littéraire. Or, qu’il s’agisse du contenu du manifeste ou de la stratégie pratiquée, il est facile d’observer chez les défenseurs de ce courant un ensemble confus de contradictions et de simplifications, qui est dû à au moins trois facteurs : l’obsession de la reconnaissance littéraire de la métropole française dont ils dénoncent la politique d’assimilation coloniale, l’attitude totalitaire parfaitement visible derrière le discours culturel, et une manipulation hâtive du concept de métissage, phénomène dont les Antilles représenteraient le modèle idéal… Notre propos ici n’est pas de mettre en question l’énorme travail de création et de novation de ce mouvement, mais de montrer comment la créativité des écrivains et l’élaboration de leurs œuvres ont été perverties par les diktats idéologiques et par un certain galimatias, ou « manger-cochon », théorique.

→   Lire Plus

érotisme et engagement

par Manuel NORVAT

 

L’extase de Sainte-Thérèse, Le Bernin

Quels rapports se tissent dans la littérature caribéenne entre écriture militante et écriture érotique ? Autrement dit, quelles relations s’établissent dans cet espace de création entre désir et engagement ? Lorsque Suzanne Césaire parle de « littérature de pâmoison » dans Tropiques contre les productions littéraires doudouistes à la Daniel Thaly (« Je suis né dans une île amoureuse du vent où l’air à des odeurs de sucre et de vanille…) nous sommes hélas en présence d’un certain manichéisme faisant fit que la dite « littérature de  pâmoison » a participé à sa manière à un inventaire du réel, en l’occurrence antillais. Mais l’on pourrait insister aussi sur cette mise à distance quasi dédaigneuse de la pâmoison (métonymie du désir pour l’occasion) de la part de nombreux écrivains dits engagés — non pas au sens créole du terme lié à un pacte avec l’univers diabolique, mais pleinement dans l’acception politique du terme. La question se pose donc de savoir s’il faut brûler « la littérature de pâmoison » au bénéfice des révolutions ?

→   Lire Plus

La pensée du rhizome chez Édouard Glissant

— Par Roland Sabra —

Conférence de Fonds Saint-Jacques, le 25 juin 2005

« L’étant souverain est le rhizome où osera l’être, dont il multiplie l’en deçà »

E. Glissant. « La choée du Lamentin » p. 232 Gallimard, 2005

Il est des livres qu’il faudrait peut-être n’avoir jamais lu. Ils ne vous laissent pas indemnes. Il y a déjà trente trois ans de cela, en 1972 paraissait un OVNI littéraire, comète incandescente dont les cendres allaient irradier la pensée de la fin du XXème siècle. Cette année là, la première version de l’Anti-œdipe était publiée aux Éditions de Minuit. Les auteurs étaient au moins deux, Gilles Deleuze et Félix Guattari, mais comme chacun d’eux « était plusieurs , ça faisait … beaucoup de monde. » Si le sous titre « Capitalisme et schizophrénie » était déroutant que dire alors du contenu?. Il y était question de « machines désirantes, » de « branchement machinique » de détérritorialisation, d’encodage et de décodage généralisé des flux, de schizo-analyse etc. Cette mobilisation conceptuelle foisonnante autour de la notion de pensée-rhizome, pensée rhizomatique en opposition à la pensée-racine, à la pensée-radicelle, est une machine de guerre contre trois adversaires clairement désignés par Michel Foucault dans la préface américaine de l’ouvrage :

« 1) Les ascètes politiques, les militants moroses, les terroristes de la théorie, ceux qui voudraient préserver l’ordre pur de la politique et du discours politique.

→   Lire Plus

Dimanche avec un Dorlis

— Par Alvina Ruprecht —

dorlisUne production de la compagnie du Tout-monde
Texte : Patrick Chamoiseau
Mise en scène: Greg Germain
Scénographie et costumes: Erik Plaza-Cochet
Paysage sonore: François Leymarie
Eclairagee: Valérie Pétris

Distribution:
Gunther Germain Dorlis
Amel Aidoudi la femme

Créée à la Chapelle du verbe incarné en 2004 , la pièce de Chamoiseau est reprise cette année en Avignon avec la même distribution. Décidément , Greg Germain a une prédilection pour la psychanalyse, surtout depuis sa mise en scène de la Damnation de Freud ou les ethnopsychanalystes ont voulu montrer l’efficacité de certains rituels africains qui ont précédé de loin la psychanalyse européenne.

Pour sa part, Patrick Chamoiseau semble reprendre une thématique, déjà exploitée par Ernst Pépin (L’Homme au bâton) ou un personnage mystérieux pénètre chez les femmes la nuit pour les violer avec son bâton. Un cas d’ hystérie collective? la projection de femmes frustrées? La manifestation d’un esprit de nuit? Les rumeurs courent et l’imaginaire populaire s’enflamme. Il suffit de dire que dans le panthéon des créatures « magiques » issues de la tradition afro-caribéenne, les Soucougnans et les Dorlis, occupent une place privilégiés mais sur le plateau de la Chapelle du verbe incarné; cet esprit de nuit perd un peu son rayonnement.

→   Lire Plus