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Langue, identité et pensée unique

Poster-Tabou

Par Roland Sabra

Edito du 13-XII-07 

Tout est affaire de langage. Certes! Mais ce qui nous intéresse ici c’est la façon concrète dont cette faculté humaine est mise en œuvre dans une langue. Une langue commune est un facteur de construction de l’identité nationale,  et l’on a vu de par l’histoire des opérations  d’« assistance identitaire » à l’égard des nations qui présentaient, de par leur situation politique, un déficit initial d’intellectuels autochtones : les lettrés allemands, français, anglais ou russes ont prêté leur concours à la fondation des identités nationales en Europe. Mais si la langue est à la base de l’identité nationale celle-ci ne s’y résume pas. La possession du sol est elle aussi indispensable. Si celle-ci vient à manquer les rêves d’unités qu’ils soient africains avec le panafricanisme, arabe avec le panarabisme connaîtront le même sort que les langues dites construites par opposition aux langues naturelles. De belles utopies. Dès lors la pan-créolité dont Rodolf Etienne fait l’éloge, se trouve confrontée à des difficultés autrement plus ardues que celles qu’ont tentées d’affronter Africains et Arabes. Ce que possédaient les uns et les autres, à savoir l’unité linguistique et où territoriale, force est de constater que les créoles en sont dépourvus.

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« Le collier d’Hélène » : Daniely Francisque entre guerre civile et guerre intime

— Par Roland Sabra —

 

Qu’est-il plus grave?  perdre sa terre? ou un collier? La question est insensée pour qui oublierait qu’un chagrin d’amour peut anéantir un sujet plus sûrement qu’un bombardement. Oser dire cela dans un pays en guerre depuis trente ans, dans un pays occupé, dans un pays déchiré, dans un pays qui n’est qu’affrontements, enlèvements et assassinats dans un pays qui pourtant veut vivre, oser dire cela relève de la folie. C’est ce à quoi nous convie Lucette Salibur en montant une pièce de Carole Fréchette, « Le collier d’Hélène » dont on avait pu écouter la lecture dans le cadre de la troisième rencontre métisse « Théâtre des Nations » Martinique/Québec au Théâtre de Fort-de-France de Michèle Césaire sur une invitation de Etc Caraïbe/CEAD.

Hélène est donc à Beyrouth, quand elle perd un collier de verroteries. Perte sur laquelle elle s’appuie pour rester dans ce pays meurtri et partir à la recherche de l’objet perdu.

Refuser de hiérarchiser la douleur, de considérer qu’il est des peines supérieures à d’autres c’est se situer d’emblée du côté du sujet, en posant comme incontournable le caractère incommensurable de la souffrance humaine.

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« Zandoline; quand je pleurais dans le ventre de ma mère »

— par Roland Sabra —

Rare : un spectacle qui prend les enfants pour des personnes

  La pire erreur au théâtre, mais pas seulement au théâtre est de prendre les enfants pour ce qu’ils ne sont pas : des enfants. Disons- le tout de suite cette grossière erreur qui conduit par exemple à s’adresser à eux avec des mots soi-disant pour enfants, à bêtifier, et l’expression dit bien ce qu’elle veut dire, et bien Lucette Salibur ne la commet pas. De quoi s’agit-il? Zandoline, est encore au ventre de sa mère et ne veut pas en sortir. La maman a beau s’évertuer à lui dire des contes, pour l’inciter à venir au monde Zandoline ne veut rien savoir. Son frère est sorti à la date prévue mais elle, elle a décidé de faire de la résistance. Zandoline veut se faire Désirée, davantage et davantage!. Lucette Salibur, en mère matrimoniale, écrasée sur une chaise, enceinte jusqu’aux yeux, énonce conte après conte ce qu’il en est de la vie et de la nécessité d’y advenir à une Zandoline incarnée avec espièglerie par une Daniely Francisque capricieuse, entêtée, engoncée dans les toquades, les fantaisies et qui a décidé que son heure serait la sienne.

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MOLIERE Folie’s ou l’ébauche d’un projet intéressant

— Par Roland Sabra —

 L’idée du Théâtre du Flamboyant de Lucette Salibur est excellente : faire découvrir à la génération du zapping quelques textes de Molière. Comment? Et bien en montant un zapping de scènes issues des pièces du directeur de l’illustre théâtre! Michel Dural, professeur de Lettres et de Théâtre, bien connu dans le monde théâtral martiniquais a donc été chargé d’une adaptation, un choix d’extraits, de répliques quelques fois écourtées mais toujours fidèles à l’esprit de la pièce en un mot : d’un montage de textes en forme de « promenade guidée dans l’œuvre de Molière. » selon les propres termes de Michel Dural. Le choix des scènes qu’il a retenues lui appartient et chaque amateur en ferait un différent selon son cœur mais commencer par « L’impromptu de Versailles » est assez judicieux. Enfin l’adaptateur propose et le metteur en scène dispose.

Ce qui a été montré Jeudi 14 juin dans la Salle Aimé Césaire du Lycée Schoelcher était encore brouillon, mal ficelé, inégal, pour tout dire peu abouti. Deux locomotives tirent tant bien que mal, le spectacle.

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Julie BESSARD du 25 mai au 21 juin 2005

 

 

Mémoires- Installation 2004 paille et agrafes 6m X 4m

L’œuvre, le lieu, le public

Les Ombres Portées de Julie Bessard, entre dessin et sculpture, bousculent les catégories artistiques. Reflets de son monde intérieur, projections de son imaginaire secret, traces d’une absence, ces silhouettes abandonnées, masques, ailes, mandibules, corsets, cocons, chrysalides, insectes sont repeuplées par les phantasmes lovés dans les coulisses de l’inconscient.

Ces formes-signes sont de véritables dessins dans l’espace. Elles s’inscrivent dans le prolongement des contestations de la sculpture moderne apparues dans les années vingt et trente. Œuvres – processus plus qu’objets terminés, elles flottent, autonomes, en suspens et questionnent la notion de l’installation, de la relation de l’œuvre avec le lieu d’exposition et du partage d’un espace sensible avec le public. Cependant le génie du lieu n’est pas, comme pour la plupart des artistes qui pratiquent l’in-situ, la source inspiratrice de l’œuvre. Au contraire, l’architecture de l’œuvre s’impose au lieu, le crée en quelque sorte. Une multitude d’éléments fins installés rythmiquement ponctuent l’espace. Le matériau, de la paille de modiste, renforce la remise en question de ce que l’on considère traditionnellement comme l’objet sculptural.

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Du théâtre de l’absurde à l’absurdité théâtrale…

« La Ronde de Sécurité », mise en scène (?) de José Exélis

— Par Roland Sabra —

Le public attendait d’autant plus de cette reprise de «La Ronde de Sécurité » qu’une grande partie de celui-ci n’avait pas vu la première version créée en 1993. Il y des reprises qui sont nécessaires. Elles sont, à l’instar de « Wopso » de Marius Gottin, des éléments du patrimoine, non pas national martiniquais, l’État-nation n’est en aucun cas l’horizon indépassable de l’avenir du pays, mais populaire, au sens noble du terme. Une autre raison concourrait à rendre l’attente plus vive. La thématique. Le théâtre de Guy Froissy est un théâtre incisif, décalé, qui à partir de situations insolites développe avec un talent certain une critique sociale lucide sur un ton qui emprunte à l’absurde. En l’occurrence, UN, c’est le nom que porte le personnage dans le texte de Froissy, l’autre se nommant DEUX. Monsieur DEUX donc, qui n’est qu’un parmi tant d’autres, sort un soir pour se changer les idées dans ce qui pourrait être une cité. Pour le théâtre de l’absurde le lieu importe peu.

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