Les prix en Martinique : pour une première mesure d’urgence

— Par Yvon Joseph-Henri, président de l’A3C —
Le France Antilles de ce mardi 27 février 2018 pointe du doigt la flambée continuelle des prix – particulièrement des produits alimentaires – en Martinique.

En ligne de mire, pour l’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe, tout un système d’exploitation et de mise sous tutelle de nombreux fournisseurs des grandes surfaces. Sont donc totalement responsables de cet état de fait, les grandes surfaces distributrices des produits que nous consommons, même si elles partagent la responsabilité avec d’autres acteurs comme nos propres politiques. Nous reviendrons ultérieurement et à part sur notre analyse de tous ces facteurs.

Maintenant, la concurrence étrangère va s’accélérer chez nous comme dans le Monde entier. L’accord de commerce entre l’Europe et le Canada, ne manquera pas d’avoir des répercussions ici. Simplement, à l’allure où va le pays, ce seront des charognards qui viendront récupérer des entreprises moribondes pour nous vendre ce qu’ils voudront.

Monsieur PARFAIT, représentant la grande distribution, tout en avançant des éléments contestables d’actualité dans les négociations qui s’annonce pour les prix du BQP, énonce toutefois un certain nombre de vérités. Ainsi les produits alimentaires de première nécessité, qu’on ne fabrique pas sur place – voire qu’on transforme à peine à partir de produits importés – sont surtaxés, notamment en matière d’octroi de mer.

Si nos élus et nos politiques appliquaient le discours qu’ils tiennent sur leur préoccupation du bien-être de la population, ils commenceraient par supprimer l’octroi de mer sur au moins tous les produits de première nécessité. Toutes les farines, les huiles, les eaux minérales – pour ne prendre qu’un exemple non exhaustif – devraient être libres d’octroi de mer et autres taxes. On ne peut prétendre baisser les prix sur les seules entreprises privées sans que les pouvoirs publics et la CTM au premier chef, ne donnent l’exemple. Faut-il rappeler que monsieur MARIE-JEANNE a augmenté l’octroi de mer de 10% ? On en découvre les conséquences.

Loin d’être- comme certains le disent – un impôt permettant le développement économique de la Martinique, l’octroi de mer est un écran de fumée pour cacher des ficelles par lesquelles certaines entreprises écartent des concurrents en pratiquant des prix prohibitifs ; mais surtout, l’octroi de mer est une surtaxe que l’on retrouve partout, sur tout ce que nous consommons, et par là, l’impôt le plus injuste qui soit. C’est de l’argent sans contrôle que les collectivités locales utilisent comme bon leur semble sans véritable contrôle des usagers qui croulent sous les taxes et les impôts. Est-ce normal ?

Par contre, qu’on ne vienne pas nous dire, comme le fait monsieur PARFAIT, qu’il faudrait diminuer le nombre de produit du BQP, des produits aux prix encadrés. Que représente une centaine de produits dans l’immensité des articles dans une Grande Surface comme Hyper U Galleria ? Les années 2015-2016 ont vu une croissance exponentielle des grandes surfaces de toutes natures. Or l’agrandissement et la multiplication des ouvertures contraignent ces grandes surfaces à tout vendre, en se marchant sur les pieds et en concurrençant des grandes surfaces spécialisées dans d’autres domaines que l’alimentaire. Cette course folle ne peut que détruire le tissu du petit commerce, et celui de tout l’appareil commercial de la Martinique au profit d’un seul groupe sans concurrence, qui pourra exercer les prix qu’il voudra. Qui est responsable de cet état de fait ? La nature intrinsèque de ces surfaces ? Leur voracité naturelle ?

Enfin, l’autorité publique nationale, si elle veut véritablement frapper du poing sur la table est en mesure de revenir à un encadrement des prix dans tous les secteurs y compris celui des opérateurs téléphoniques – tout en limitant drastiquement l’octroi de mer – . La population retrouvera un peu de souffle et l’on pourra éviter une explosion sociale qui nous pend au nez…si elle n’est pas détournée une fois encore par certains syndicats politisés et manipulateurs qui ne représentent qu’eux-mêmes et leurs fantasmes.

Il est plus que temps de retrouver un peu de morale véritable dans notre pays déserté par notre jeunesse sans doute moins aveugle qu’on ne le pense.

Yvon JOSEPH-HENRI Président de l’association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe (A3C) –
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