« Le Petit Fugitif », un film de Raymond Abrashkin

Mercredi 13  décembre / 18h /Tropiques-Atrium

Le Petit Fugitif (Little Fugitive) est un film américain réalisé par Raymond Abrashkin, Ruth Orkin et Morris Engel, sorti en 1953. Il raconte l’errance d’un enfant seul au milieu de la foule et des attractions de Coney Island. Il fut présenté à la Mostra de Venise en 1953.

Synopsis
Alors que leur mère est partie au chevet de leur grand-mère souffrante, Joey, un garçon de 7 ans, se retrouve sous la surveillance de son frère aîné Lennie dans le Brooklyn des années 1950. Déçu de devoir ainsi annuler une sortie à Coney Island prévue avec ses amis, Lennie invente avec eux un stratagème pour que Joey s’imagine avoir tué son frère d’un coup de fusil en réalité inoffensif. Choqué, Joey s’enfuit, saute dans le premier métro, et se retrouve à Coney Island où il errera durant tout le week-end, s’amusant dans les diverses attractions, tandis que Lennie tente de le retrouver avant le retour de leur mère.

Tournage
Le film a été tourné du 5 juillet 1952 au 1er septembre 1952 sur les lieux même de l’action, à Brooklyn et Coney Island où Morris Engel avait grandi.

Le Petit Fugitif a été filmé de façon quasi documentaire avec très peu de moyens : le budget, financé par souscription, est d’environ 30 000 dollars, dont 5 000 avancés par les auteurs du film, le reste étant apporté par un producteur indépendant, Joseph Bumsiyn, un distributeur de films italiens. Une caméra portative 35 mm fut spécialement conçue par un ami, Charles Woodruff, afin de pouvoir filmer l’enfant parmi les badauds sans que ceux-ci ne s’en rendent compte, offrant ainsi un gage d’authenticité à l’œuvre. Woodruff aura mis un an à construire cette caméra quasi expérimentale, munie notamment d’un système optique à deux objectifs. L’invention intéressa le réalisateur Jean-Luc Godard qui dépêcha son collègue Raoul Coutard à New York pour en savoir plus, mais ne parvint pas à l’acquérir.

La caméra utilisée n’enregistrant pas le son, le film fut ensuite doublé en studio.

La critique en parle :

Brazil par Véronique Kientzy
(…) Un film incontournable: il a en effet tout pour ravir petits et grands, de la façon la plus simple qui soit (…)

Charlie Hebdo par Marianne Dautrey
C’est une oeuvre prodigieuse, qui est restée au secret pendant cinquante-six ans. Carlotta le ressort en copie restaurée: merci!

Chronic’art.com par Jérôme Momcilovic
Un moment d’errance pure, à la fois enchanté (…) et anxieux, où le monde est tout à la fois expérience et spectacle, et se donne en chaque image, dans les relents sucrés de la barbapapa, comme une première fois.

Dvdrama par Jean-Baptiste Guegan
Le Petit Fugitif est de ceux qui vous marquent et laissent en vous une trace à jamais (…) L’une des histoires les plus sensibles et touchantes que le cinéma d’alors ait pu filmer et donner à voir (…) Extraordinaire moment de cinéma que nous offre une nouvelle fois, Carlotta.

L’Obs par Pascal Mérigeau
(…) Un film réalisé au moyen d’une caméra 35 mm ultracompacte, par des gens sans pratiquement aucune expérience du cinéma, des photographes désireux de capter la vie comme bien peu alors l’avaient filmée (…).

Les Inrockuptibles par Serge Kaganski
(…) vrai trésor caché du cinéma mondial, (…) une modeste mais cruciale pierre de touche dans l’histoire du cinéma moderne. Un film qu’il faut voir et saluer.

Libération par Gérard Lefort
(…) La ressortie, cinquante-six ans après sa réalisation, peut raisonnablement être qualifiée d’évènement. (…)

20 Minutes par La Rédaction
L’errance d’un môme à Brooklyn est montrée avec sensibilité dans ce film de 1953 qui a inspiré bien des cinéastes comme Truffaut et Cassavetes.

Le Tomatomètre de Rotten Tomatoes

attribue un pourcentage de 86 % au film, avec six critiques positives et une critique négative.

François Truffaut,

déclarera à propos du Petit Fugitif : « Notre Nouvelle Vague n’aurait jamais eu lieu si le jeune Américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie de la production indépendante avec son beau film, Le Petit Fugitif ».

Jean-Luc Godard

s’inspirera lui aussi, pour le tournage d’ À bout de souffle, des techniques de tournage mises au point par Engel.

Le Petit Fugitif est considéré comme un film charnière dans l’histoire du cinéma, L’universitaire Alain Bergala le qualifiera même de « chaînon manquant du cinéma moderne », entre le néoréalisme italien et la Nouvelle Vague française.

Récompenses
Le film a tout d’abord été présenté à la Mostra de Venise en 1953. Aucun Lion d’or ne fut décerné cette année-là, mais le film y fut récompensé par l’un des six Lions d’argent décernés par le jury présidé par le poète italien Eugenio Montale.
Le film fut également nommé à l’Oscar de la meilleure histoire originale en 1954, remporté par Ian Mc Lellan Hunter (alias Dalton Trumbo) pour Vacances romaines.

En 1997, Le Petit Fugitif a été inscrit au National Film Registry aux côtés d’autres classiques tels que Fenêtre sur cour, Le Grand Sommeil, Le Dictateur, West Side Story ou Mean Streets.

Le film est ressorti en salles le 11 février 2009 et a bénéficié par la même occasion d’une édition en DVD chez Carlotta Films.