La loi, les normes et la vie

— Par Robert Saé, du CNCP —

Bien sur, il faut des règles et des lois pour régenter la vie en société. Évidemment, des institutions doivent être mises en place pour les faire respecter afin de garantir l’harmonie sociale. Une fois cela admis, qui peut ignorer que, dans la société, existent des classes sociales dont les intérêts sont divergents ? Qui ne sait pas que celles qui s’emparent du pouvoir par la violence imposent des lois visant à perpétuer leur domination sur les classes exploitées ? Le coup de force perpétré par le gouvernement Français pour imposer le saccage des retraites nous donne l’occasion de déconstruire la propagande menée par les classes dominantes pour légitimer leurs exactions.

Dans l’opinion publique, s’est imposée comme une évidence, l’idée que le respect de la Constitution, de « l’état de droit » et des lois ne peut ni ne doit, en aucun cas, être remis en cause. C’est le résultat d’un endoctrinement qui commence à l’école et qui est entretenu par la propagande de ceux qui contrôlent le pouvoir. Pourtant, la quasi totalité des lois régissant la propriété, les brevets, le droit des affaires, les rapports entre salariés et patrons, les relations commerciales entre pays (etc.) ont été arbitrairement imposées à l’échelle internationale par la bourgeoisie et les puissances colonialistes, autrement dit, par ceux-là mêmes qui n’ont cessé de massacrer et d’exploiter les peuples, qui continuent à violer leurs droits et à piller scandaleusement leurs richesses. S’il existe des lois progressistes , celles-ci, ont toujours été imposées par des luttes populaires acharnées mais sont systématiquement piétinées par le pouvoir et ses institutions.

Dans les faits, l’exigence d’obéissance à la loi  n’a aucune vocation à garantir l’harmonie sociale. Au contraire, elle impose à la population un contrôle totalitaire permettant aux grands capitalistes, aux banques et aux multinationales de satisfaire leur appétit de vampires. Leurs constitutions, leur démocratie soi-disant représentative ne sont qu’habillage trompeur*1. C‘est bien Napoléon Bonaparte, concepteur des institutions bourgeoises, s’il en est, qui a écrit : « Il faut qu »une constitution soit courte et obscure. Elle doit être faite de manière à ne pas gêner l’action du gouvernement. » Quant aux institutions qui sont présentées comme des « Conseil de sages », des « Hautes autorités de contrôle » et autre salon de pantouflage, force est de constater qu’elles jouent avant tout le rôle d’usines de recyclage pour politiciens en fin de carrière, (d’ailleurs souvent bardés de casseroles)*2.

Les intentions affichées sont toujours nobles et généreuses : « développer l’emploi », « assurer la sécurité » ou… « garantir la retraite des générations futures » ! Mais les ravages causés par leurs législations et leur politique ultralibérale sont indéniables : la précarité se généralise, les droits individuels et collectifs sont de plus en plus bafoués et le tissu social se désagrège. Il en sera toujours ainsi tant que le système actuellement dominant ne sera pas éradiqué, tant que les Peuples n’auront pas réellement le pouvoir d’imposer des lois garantissant effectivement l’accès à l’éducation, au logement, à une saine alimentation, à l’épanouissement humain, donc à la justice sociale. Il s’agit bien de construire un système alternatif dans lequel des gouvernements – qui soient vraiment l’expression de la souveraineté populaire – puissent mobiliser les institutions pour pourchasser les délinquants les plus nuisibles à la société et à l’humanité. Car, tôt ou tard, il faudra juger tous ces criminels qui privent l’immense majorité des populations des moyens de vivre dignement et dont la voracité aveugle conduit la planète vers l’abîme.

Alors, «l’État de droit », les lois, et les Institutions mériteront d’être respectés.

Pour l’heure, Il est absolument incontestable que, dans tous les pays dominés*3 , les Peuples ne doivent essentiellement leur survie qu’à la capacité qu’ils ont de porter leurs propres réponses aux difficultés qui les assaillent. Aussi, ne doit-on avoir aucun complexe à combattre les lois injustes et à marronner pour organiser une vie meilleure.

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* 1 Cf. articles « République, Démocratie, Laïcité : 3 leurres pour harponner les Peuples » (JKP N° 178 à 180)

*2 C’est ainsi que le Conseil Constitutionnel présidé par Laurent FABIUS, […] a pu venir au secours de MACRON en validant une loi rejetée par l’écrasante majorité des français et imposée de façon anti-démocratique.

*3 Ce phénomène s’observe aussi, de plus en plus, dans les pays occidentaux dits « développés »