De l’histoire méconnue des premiers esclaves blancs de la Guadeloupe :les irois d’origine irlandaise. (3ème partie)

— Par Jean-Marie Nol, économiste et chroniqueur de l’histoire de la Guadeloupe —

Clichés , faux en écriture des chroniqueurs , falsifications et destructions des archives à des fins politiques et idéologiques surtout sous les révolutions et changement de régimes et des institutions, et stéréotypes racistes , des généralités incontournables qui sont le lot commun lorsque l’on s’imagine l’histoire des pays du monde . Cette loi d’airain n’échappe pas à ces imaginaires collectifs, fruits d’échos et d’illusions qui déforment souvent la réalité bien plus amère de ce pays Guadeloupe qui suscite tant de passions, comme si la Guadeloupe mythique des « luttes contre les discriminations sociales » ou des « mille et un rêves de liberté des esclaves » devait à tout prix assouvir nos chimères et nos fantasmes les plus envoutants. Mais il suffit de regarder à l’ombre du passé pour anéantir la légende des bienfaits de la colonisation : extermination, racisme structurel , pauvreté extrême, insalubrité, persécutions , discrimination ou viols impunis…

Lire aussi :

De l’histoire  de la grandeur perdue du monde noir à la traite oubliée des esclaves blancs aux Antilles ! ( 1ère partie)

De l’histoire méconnue des premiers esclaves blancs de la Guadeloupe : les Irois d’origine irlandaise. (2ème partie)

Au 17ème et 18ème siècle, la Guadeloupe et la Martinique, c’est surtout un système d’esclavage moyen – âgeux qui perdure dans l’exploitation coloniale des puissances européennes , où l’on passe de la beauté de la nature à la laideur des hommes , de la diversité culturelle à la division raciale , du dégout de l’entreprise de déshumanisation de l’homme à la fascination de l’épopée des combattants de la liberté .

C’est pour cette raison selon moi que cette affaire de l’histoire des premiers esclaves blancs de la Guadeloupe , les Irois , relève de l’histoire méconnue et oublié des historiens…esclaves blancs en Guadeloupe, et pour ce qui concerne la Martinique, c’est aujourd’hui , pour moi , un point d’interrogation (?…..)
Les Irois et les Iroises étaient les habitants de l’Irlande en Français médiéval la « mer iroise » (et non pas « d’iroise ») est une forme adjective qui désigne le lieu de Passage des Irlandais dès le 16ème siècle.
Cachez-moi cette Mer Celtique que je ne saurais voir disait un historien Breton !
En français cette mer est passée sous silence.
On sait tous très bien que l’Histoire est pour le moins « adaptée », et pour le plus, falsifiée. Et cela dans à peu près tous les pays selon les orientations que le pouvoir central en place veut, ou pas, donner au passé. Mais il peut aussi en être de même pour la géographie.Mer Celtique : c’est sans doute pourquoi très peu de personnes en Bretagne et dans le reste de l’Hexagone ignorent même jusqu’au nom de cette large mer qui baigne quatre des six pays celtiques de la planète : l’Irlande, le Pays de Galles, les Cornouailles et la Bretagne.
Le terme d’Iroise apparait pour la première fois en 1693 sur deux cartes mentionnant « Le Passage de l’Yroise » et « Iroise » à cet endroit. Le Passage de l’Iroise devient simplement Iroise en 1819 et ce n’est qu’à la fin du XXᵉ siècle que la dénomination « mer d’Iroise » s’est imposée. Mais la déportation des irlandais a bien commencé au 16ème siècle et s’est accentuée au 17ème siècle. D’ailleurs, notons pour la petite histoire , qu’au XIe siècle, Dublin était déjà le plus grand marché d’esclaves d’Europe et un dixième de la population britannique est esclave – ce qui aura profondément marqué l’identité anglaise, dont l’hymne national déclame que « les Britanniques jamais ne seront des esclaves », justement parce qu’ils l’ont été. Patrick, saint patron de l’Irlande, a été au Ve siècle lui même esclave. Ces éléments d’ordres historiques peuvent paraître infimes comparés aux plus de 12 millions d’Africains déportés outre-Atlantique, mais ils montrent comment les Antilles , dès le début, se sont construits sur l’esclavage et la privation de liberté.
Résultat, vers 1650, « plus de la moitié de la population blanche des Antilles était constituée d’esclaves Irlandais », cultivant le tabac ou le coton. La « Baie des Irois » sur l’île de Marie-Galante, est mentionné par les archives où des boucaniers sont notés dans les correspondances de 1645. Le beau-père de Louis XIV, Constant d’Aubigné (1585-1647), père de la marquise Françoise de Maintenon et éphémère gouverneur de Marie-Galante a eu affaire aux « Irois » selon une recherche de Louis Merle. L’auteur estime que Constant d’Aubigné et sa famille ont bien vécu dans une plantation à Marie-Galante avant d’être contraints par des attaques menées par des « Irois » (Irlandais) de fuir pour la Martinique .
Il apparaîtra certainement par la suite de la diffusion de mon texte sur l’apport culturel des irois aux traditions de la Guadeloupe, que cette instrumentalisation de la culture depuis quelques années est sans doute illusoire, puisque la culture fait l’homme autant que celui-ci la fait.
Dans cet ordre d’idée, l’on peut relever l’apport de l’écrivain irlandais Lafcadio Hearn, né le 27 juin 1850 à la recherche du passé oublié des irois esclaves blancs des Antilles. D’une mère grecque et d’un père irlandais. Il s’intéresse à la culture créole et publie en 1885 un dictionnaire de proverbes créoles, Gombo Zhèbes et un recueil de cuisine, « la Cuisine créole ». Il s’installe à la Martinique en 1887 et y demeure jusqu’en 1889, le temps de collecter les récits et croquis de Deux ans dans les Antilles françaises et d’écrire ses deux romans Chita et Youma.

Mais, quelle que soit la nature du rapport que l’homme entretient avec elle, la culture peut être comprise comme un processus de dénaturation dans le contexte délétère de l’esclavage. C’est certainement le cas pour ce qui nous concerne de la danse ancestrale de la quadrille d’origine peut-être irlandaise de Guadeloupe .En effet , la danse de la quadrille a été inventé à Dublin en Irlande.Et force est de constater que la musique de la quadrille de vieux-fort , ça ressemble fort à une musique Celtique irlandaise.
Voilà une vidéo de la quadrille de vieux fort. Notez bien la différence !!!

Ces ressemblances sont certainement dues aux nombreuses transactions entre Vieux Fort et Montserrat qui a un temps été peuplé d’une grande quantité d’esclaves blancs d’origine irlandaise. D’après certaines sources, il semblerait que l’on trouve aussi le même type de musique dans le carnaval à Montserrat. Pendant le carnaval , ils ont la même musique que ceux des carnavaliers de la région de vieux-fort. Quoiqu’il en soit, j’ai envoyé une vidéo du carnaval de vieux fort à un contact de Monserrat. Si c’était le cas l’origine irlandaise s’expliquerait.
Et de plus, que penser du mystère qui entoure ,encore aujourd’hui ,la tradition semble-il d’origine irlandaise de la broderie ancestrale de la commune de vieux fort ?

Voilà ce qu’on lire sur ce sujet du centre de broderie !

Jours de Vieux-Fort » : une origine mystérieuse …

 » Cette broderie traditionnelle, activité séculaire à laquelle les femmes de Vieux-Fort ont consacré leur vie depuis près de 400 ans. Installée dans les ruines du Fort de l’Olive, les brodeuses pratiquent un art qui remonterait au début de la colonisation en 1635 . En effet, Madame de Lafayolle, favorite de la reine Anne d’Autriche aurait obtenu l’autorisation d’amener en Guadeloupe de jeunes filles orphelines (vraisemblablement des irlandaises) de pensionnats religieux en vue de les marier a des colons. Ce serait elles qui auraient introduits cet artisanat. Points tranche d’orange ou mère poule ou encore croix à bras en éventails ou en papillon, autant de points créés par ses petites mains qui confectionnent nappes, draps, napperons mais aussi robes de baptême. »

…. » L’origine des « Jours » – la broderie de Vieux-Fort – remonte sans doute au début de la colonisation mais personne, en vérité, ne sait précisément comment est née cette tradition. Pour certains historiens, ce serait les marins Vieux-Fortains qui auraient ramené ce savoir-faire – des échantillons de dentelle ou de mouchoirs ajourés – des îles anglophones. Leurs femmes ont ensuite commencé à broder elles-mêmes leurs ouvrages, créant leurs propres modèles. D’autres y voient au contraire un héritage de la Bretagne. Les Bretons , en s’installant aux Saintes avaient emporté avec eux des machines pour passer le coton et leur broderie. Les pêcheurs de Vieux-Fort, à leur contact, auraient ramené dans leur village l’art de la broderie. Dernière hypothèse , les Jours de Vieux-Fort pourraient être l’héritage laissé par un groupe de demoiselles ( irlandaise ? ) bien stylées par des religieuses au début de la colonisation.

Quelles que soient ses origines, la broderie de Vieux-Fort a vite gagné ses lettres de noblesse. En 1965, les brodeuses ont décroché trois des treize prix décernés à l’Exposition de l’Art Artisanal à Paris. »

Une interrogation supplémentaire sur l’apport culturel des irois avec la broderie ancestrale de vieux fort qui serait peut-être aussi d’origine irlandaise, mais il faut cependant noter l’absence de témoignages ecrits des chroniqueurs de l’époque et d’archives qui étayent pour le moment cette thèse .Pourtant à une époque remontant à quelques années j’avais lu un texte énigmatique sur la tradition ancestrale de la broderie de vieux fort et j’avais été par curiosité rendre visite à ces brodeuses installées au sein du fort l’olive ,et qui après discussion, m’avaient appris que certains points de la broderie de vieux fort sont uniques au monde . Et qu’en dépit des recherches effectuées par des experts de la broderie ancienne de France, l’on n’a jamais su les origines de ces points « jours »uniques de la broderie de vieux fort . J’en avais tiré quelques conclusions à l’époque . Mais tout compte fait, c’est bien possible que cette tradition de la Guadeloupe soit également d’origine irlandaise.

A noter dans la continuité de l’histoire des esclaves blancs irois, un élément totalement ignoré des historiens, c’est l’histoire des premières exploitations coloniales de mise en valeur des Antilles avec le sel , le tafia ,le tabac, le coton ,l’indigo, le café le cacao ,le rhum, le sucre …
Cette histoire ignorée, que nous avons retracée dans la 2ème partie de notre étude, est en premier lieu, celle du sel et celle de la chasse des lamantins, et de la pêche des esturgeons, des baleines dans la mer des caraïbes par les vikings ( le climat de l’époque beaucoup plus froid en Guadeloupe n’était pas le même que maintenant , idem pour les courants marins ),et la chasse voire l’élevage des racoons ( ratons laveurs) pour le commerce des fourrures , ainsi que l’exploitation des salines de la grande terre ( de Anse-Bertrand jusqu’à Saint François ) par les vikings pour la conservation de la nourriture. Et pour cause , le sel est utilisé traditionnellement depuis fort longtemps pour conserver les aliments. En effet, le sel est un élément qui empêche le développement des bactéries. Cette propriété du sel était fort utile aux vikings , qui n’avaient pas d’autres moyens pour garder, durant de longues périodes d’hiver , les aliments essentiels comme les viandes, les poissons et les fromages . Les Scandinaves de l’âge viking sont les premiers Européens à atteindre l’Amérique plusieurs siècles avant Christophe Colomb) à la recherche de sel et d’Ivoire de morses ainsi que de viande de lamantins .

D’ailleurs, avant et après le Moyen-Age, le sel était si précieux qu’on l’appelait « l’or blanc », c’est dire son importance et sa valeur. Très tôt dans l’histoire, le sel est une monnaie d’échange pour le commerce. Il servait aussi de moyen de paiement pour la rémunération des soldats, étant ainsi à l’origine du mot « salaire », du latin salarium.

Les vikings utilisaient en Guadeloupe plusieurs procédés de conservation qui emploient du sel : la salaison à sec, qui consiste à placer un aliment recouvert et entouré de sel dans un récipient conçu à cet effet ; la salaison par saumure, qui repose sur l’utilisation d’une eau salée dans laquelle on immerge des aliments comme les lamantins ou les poissons. Le sel était également utilisé pour sécher et conserver les fourrures des racoons. Ces procédés de conservation sont parmi les plus anciens connus dans le monde. D’ailleurs, pour l’anecdote, le mot créole koré ( coincer en français) d’origine caraïbe fait référence à la chasse aux lamantins pratiquée d’abord par les amérindiens puis les vikings. Le père Dutertre en porte témoignage, affirmant que le lamantin constituait l’essentiel de la nourriture carnée des premiers habitants blancs. Aujourd’hui disparu en Guadeloupe , le coré ou cohé était un oiseau qui fréquentait le fond des baies et signalait la présence de lamantins aux chasseurs qui pouvaient ainsi les coincer dans un cul de sac . Les lamantins qui évoluaient en nombre dans le Grand et Petit cul de sac marin étaient familièrement entourées par des colonies d’engoulevents que les caraïbes appelaient Cohé ou Coré. Corés et lamantins avaient la même niche écologique et c’est pourquoi on pense aussi que le terme ajoupa remonte à la même période de chasse aux lamantins par les vikings. D’aucuns parmi les historiens pensent que l’Ajoupa, était une paillote sommaire à un seul pan de toit dans laquelle Caraïbes et premiers vikings trouvaient un abri pour la pêche aux lamantins ou la chasse aux racoons.

Les Vikings ont installé des comptoirs uniquement dans les petites Antilles notamment à Antigua, Guadeloupe, Saint Martin, Saint Barthélémy, et ce à partir de la route maritime du Groenland jusqu’à la côte est des États-Unis , à partir de Boston via les Bahamas, jusqu’à la rencontre avec les caraïbes de Guadeloupe. Une question essentielle demeure toujours en suspension à savoir la nature des relations vikings/ caraïbes. Sachant que les Vikings ont été des marchands d’esclaves de premier ordre et ont déplacé massivement des peuples, à un point tel que ces trafics « ont changé la face de l’Europe », alors se pose légitimement la question de savoir qu’est-ce qui ressort de l’histoire esclavagiste de la présence vikings aux Antilles ?
Bref, peut-être un jour, l’archéologie nous en dira plus sur cette interrogation.
Quand à l’origine du rhum, il est question d’abord de son ancêtre à savoir le tafia des amérindiens caraïbes , une eau de vie à partir de la mélasse de la canne à sucre et qui contrairement à la légende n’a pas été introduite par Christophe Colomb, mais qui était une plante endémique de la Guadeloupe. En 1636, un Père dans une chronique énonce, en parlant des indigènes : « Ils aiment fort l’eau-de-vie, qu’ils appellent du tafia ». C’est là, la première référence française de consommation de rhum, dont l’appellation « Brûle ventre » fait échos à l’appellation « Kill-Devil » ( tue-diable) dans les Antilles anglaises notamment à la Barbade où il est fait mention des Irlandais et de la première distillerie connue dans l’histoire . C’est très probablement en Irlande que le whisky a été ‘inventé’ au XIIIe siècle.

Ce n’est qu’en 1688 que le Rhum voit officiellement le jour à la Barbade. Dans ces écrits, le Père Labat qui a amélioré le processus de la distillation, fait référence au guildive, cette “eau de vie” des indigènes extraite des cannes à sucre.

Les amérindiens la surnomme Tafia, elle a la particularité d’avoir un gout amer et une odeur assez désagréable proche du vinaigre.

La base du Tafia était obtenu par la fermentation de gros sucres, des écumes et des mélasses de la canne à sucre .Un flibustier français resté anonyme (d’origine de Dieppe, Normandie) ayant bourlingué entre le Brésil, les Petites Antilles et le Mexique de 1618 à 1620, témoigne dans un récit que les indiens Caraïbes plantent quelques cannes à sucre dans leur jardin en plus du manioc, des patates ou de l’ananas; il indique aussi qu’ils savent la planter par bouturage, qu’elle pousse généreusement et qu’ils sont friands du jus qu’ils en extraient.

Le tafia des indigènes Caraïbes était destiné à être exporté en Europe dès le début de l’ére de la colonisation dans des barriques appelés KA ( mot d’origine vieux norrois langage des Vikings) pour lutter contre la maladie du scorbut qui faisait des ravages parmi les marins et populations européennes , et qui se traduit dans sa forme grave par le déchaussement des dents, la purulence des gencives, des hémorragies, puis la mort. Le scorbut fait aussi des ravages au XVIIe siècle pendant le blocus de la Rochelle (1628) exercé par Louis XIII puis au XIXe siècle durant la Grande Famine d’Irlande (1845-1846), ou encore quelques années plus tard, pendant le siège de Paris lors de la guerre franco-prussienne de 1870.

Longtemps craint des équipages de marins sur les bateaux en partance pour les Antilles , qu’il décimait, ce mal trouve son origine dans une alimentation dépourvue de vitamine C. Et le commerce dit « triangulaire » se trouvera tout autant vulnérable : le scorbut affectera les Africains transportés sur les bateaux pour devenir esclaves dans les Amériques.

Point besoin d’aller plus avant dans les détails macabres, n’est-ce pas?

Après tout, les atrocités commises ,et les nombreuses victimes lors des traversés pendant la traite des Noirs sont assez connues. Mais parlons de la traite des blancs aux Antilles !

Les rois Jacques Ier et Charles Ier ont entrepris de réduire des irlandais en esclavage, puis Oliver Cromwell a poursuivi cette pratique de déshumanisation des irlandais . La traite des Irlandais a commencé lorsque Jacques Ier vendit 30.000 prisonniers irlandais en tant qu’esclaves au Nouveau Monde. Sa Proclamation de 1625 ordonnait de les déporter outre-mer et de les vendre à des colons anglais dans les Indes occidentales (« West Indies » = Antilles]. Vers le milieu du XXVIIè siècle, les Irlandais représentaient le plus gros contingent d’esclaves vendus à Antigua et Montserrat. A cette époque, 70% de la population de Montserrat une île située à quelques encablures de la Guadeloupe était constitué d’esclaves irlandais. Un historien irlandais a publié un ouvrage où il raconte qu’environ 70 000 esclaves irlandais ont été déportés sur l’île de Saint Christophe et de la Guadeloupe . Certains historiens ont parlé de contrats d’engagement pour les Irlandais déportés aux Antilles françaises . C’est complètement faux pour l’écrasante majorité des autres auteurs, car ce qui était dit des engagés sur le papier n’était pas le reflet automatique de la réalité du XVIe siècle, surtout dans un pays étranger où tout était à faire, et où le taux de mortalité et les sévices étaient élevés. Ainsi, quand bien même contracter à l’époque un contrat d’engagement signifiait souvent ne pas recouvrer sa liberté. Dans le cas où un engagé survivrait à son temps de servitude, il avait le droit de réclamer des droits de liberté de la part de son maître. Ceux-ci étaient destinés à l’aider à s’établir en tant que colon libre, à acheter des terres, à élever du bétail et à planter du tabac , mais il convient de mettre en contraste ce qui était sur le papier avec les expériences réelles de cette classe d’esclaves Irlandais souvent oubliés, par l’histoire officielle …

La Guadeloupe a fait l’objet d’une exploitation intensive de citronelle , vanille, roucou et bois de merisier à usage de parfum et teintures exportés vers l’Europe au 17ème et 18ème siècle. Les aromates produits à Terre-de-Bas et à Marie-Galante à l’époque étaient utilisés en France pour masquer les odeurs corporelles. En effet, les médecins de l’époque trouvaient que l’eau pouvait jouer un rôle dans la facilitation de l’absorption de microbes par les épidermes de la peau. Donc ,à cette époque, les gens en France ne se lavaient pas à l’eau, mais se tournaient, ainsi, vers les matières parfumées pour cacher les mauvaises odeurs. Le français préférait les linges imbibés d’alcool , et les parfums, au détriment de l’eau qui, à l’époque, faisait peur.
A cette époque de la fin XVIIe et début XVIIIe siècle , l’hygiène n’avait pas la même signification que celle que nous lui accordons de nos jours.
L’eau pour se laver n’était pas forcément nécessaire pour les contemporains de Louis XIV. En effet, il existait une «peur», qui laissait penser que l’eau était potentiellement vectrice de maladies. Ils avaient également leur propre conception de la propreté.

On adoptait alors la «toilette sèche» sans eau. Une toilette à base de beaucoup de linge propre blanc et d’une multitude de parfums. La condition était de sentir bon et d’avoir les parties du corps visibles impeccables. L’on raconte que même Louis XIV était lavé avec du linge imbibé d’alcool et de parfum en provenance de la Guadeloupe ,d’autant que sa favorite madame de Maintenon qui fût plus tard son épouse secrète ( mariage morganique ) fut élevé à Marie-Galante .
En outre, il faut noter que le mot “parfum” ne connaîtra une utilisation dans la langue française qu’à partir du 17ème siècle et 18ème siècle. Les essences notamment de bois d’inde étaient expédiées par voie maritime à partir du port de Basse-Terre dans des poteries.

D’ailleurs , l’on compte encore à l’île de terre de bas de nombreuses essences aromatique et tincturiales d’arbres comme le merisier et le roucou dans la forêt de terre de bas. La production de parfums, teintures et poteries, avec la main d’œuvre servile des irois , c’était la principale richesse de l’île de Terre-de-Bas , de la désirade et de Marie-Galante .D’ailleurs à signaler que depuis très longtemps, le sel est employé artisanalement dans les productions de teinture où il est utilisé pour fixer les pigments de teinture.

Mis à part dans des colonies extrêmement brutales (comme la Barbade qui a accueilli les premiers esclaves blancs d’origine irlandaise), le taux de mortalité des irois était souvent supérieur à celui des esclaves noirs . C’est particulièrement vrai dans les grands fonds du Moule, par exemple.

On estime que dans cette région, seul deux irois sur dix arrivaient à vivre décemment après l’abolition sans se mettre au service d’un autre à la fin de leur Indenture. (White Servitude)

https://www.facebook.com/Martinique.fr/photos/xviie-si%C3%A8cle-la-traite-des-irlandais-esclaves-blancs-vers-les-plantations-des-we/541121365923304/

Il y a donc bien eu des formes identiques d’esclavage des noirs et des blancs en Guadeloupe, mais également sur les indiens en provenance de l’Inde .
Quant à la question de cette fable du statut d’engagement des travailleurs indiens de l’Inde, elle repose, selon plusieurs sources d’historiens de l’île de la Réunion qui ont étudié la question, , sur plusieurs idées assez fausses.

D’après les historiens Réunionnais, les travailleurs venant de l’Inde et convoyés en Guadeloupe, étaient en fait des esclaves héréditaires dans l’ Inde du Sud appartenant à la caste des intouchables . Depuis 3000 ans, les Intouchables sont réduits à l’esclavage de manière héréditaire. Il n’existait aucun moyen pour eux de quitter leur caste et d’envisager un avenir meilleur. Leur déshumanisation ne pourrait un jour cesser que par l’abolition du système des castes. Condamnés dès la naissance à la misère du statut d’esclaves , les intouchables ont peu de marge de manoeuvre. Car en Inde, on nait et on meurt dans une caste, une transmission héréditaire qui se justifie par l’idée selon laquelle les hommes sont fondamentalement inégaux en droits, conséquences d’actions bonnes ou mauvaises dans leurs vies antérieures. Autant dire qu’il n’y a pas d’échappatoire dans cette impasse structurelle où la mobilité sociale reste figée.

La seule corrélation que l’on peut faire n’est pas en rapport avec le statut d’esclaves des indiens de l’Inde arrivés en Guadeloupe qui ne savaient ni lire ni écrire le tamoul ou l’hindi et encore moins le français pour comprendre et signer un contrat d’engagement , mais avec le système de castes et d’esclaves héréditaires en Inde qui a permis la déportation d’esclaves indiens en Guadeloupe .

Toujours , d’après les historiens, la société indienne est construite autour d’un système de caste qui se divise en 4 classes. EIle privilégie les blancs au sommet, les noirs au bas de l’échelle et détermine les droits et devoirs que chacun aura durant sa vie. Encore aujourd’hui ,certains vont jusqu’à qualifier d’« apartheid caché » et de violations graves des Droits de l’Homme, les discriminations que subissent au quotidien les noirs Indiens : les Dalits. Un « Intouchable », d’après la tradition hindoue, est une personne qui dans sa vie antérieure aurait commis un grand nombre de pêchés. De ce fait, elle ne mériterait pas sa place auprès des autres indiens et devra exercer les tâches les plus dégradantes. Gandhi les appelait les «harijans. Ces esclaves indiens de la caste des intouchables de Guadeloupe sous la régie de la compagnie des Indes ,venaient de la Côte de Malabar,du Bengale et des comptoirs français de Pondichéry, etc…

Par ailleurs, les cas de résistances à la situation de quasi esclaves des hindous est avéré dans l’histoire en Guadeloupe par des cas d’empoisonnement de colons par le biais de certaines plantes toxiques amenées par les hindous , et relatés par des chroniqueurs qui citent plusieurs affaires d’empoisonnements de maîtres par des hindous à Capesterre et Petit Bourg . Les esclaves africains , ayant eux interdiction de voyager sur les bateaux négriers avec des plantes médicinales ou non !
Ce qui me permet de rebondir sur la vraie réalité de l’origine de notre pharmacopée créole, et des plantes médicinales endémiques à la Guadeloupe, et qui sont toutes sans exception uniquement et exclusivement d’origine endémique des amérindiens caraïbes.

La situation du métissage des irois dans le sud Basse-Terre en Guadeloupe, attestant une coexistence avec les derniers caraïbes peut-être des quelques métis Awawak ou Kalinas de la Guadeloupe , et des noirs d’origine africaine, notamment dans les communes de Bouillante , vieux habitants , Pointe noire et Deshais.

En raison de la concentration des plantations de tabac et cotons , 60% de la population locale était blanche dans ces zones en 1769 .

Le fait que les irois étaient blancs ne les a pas empêché d’être déshumanisés par les autorités françaises.
L’attitude idéologique de certains historiens Guadeloupéens est pathétique dans le déni de réalité. Pourquoi continuer à nier l’histoire d’esclaves blancs aux Antilles, malgré l’existence de nombreux éléments probants sur l’esclavage des blancs en Guadeloupe ?
Et ce , alors même , que la traite des esclaves blancs d’origine européenne en Afrique du Nord dès le 15ème siècle est parfaitement avérée par nombre des historiens contemporains, et que le servage qui était un esclavage de fait, a persisté en France jusqu’à 1779 .
Dans une chronique, l’historien Samuel Touron évoque un pan de l’histoire peu étudié : la traite des esclaves blancs en Barbarie qui concerna entre 1,3 millions et 2,5 millions de personnes dont une partie du Sud de la France, l’actuelle Provence et le Languedoc.

https://www.letemps.ch/culture/esclaves-blancs

Alors que la mémoire coloniale française revient régulièrement dans l’actualité, nos compatriotes Guadeloupéens er Martiniquais devraient se pencher avec le plus grand intérêt sur cette période de l’esclavage des blancs.

« EVE PASYANS OU KA VWE LONBRIK A PIS « 
– traduction littérale : avec patience on voit le nombril des puces.
– morale : La patience nous aide à mieux voir les choses !

« An ja vwè van vanté, koko vèt tonbé, koko sèk rété an pyé »

Jean Marie Nol économiste et chroniqueur de l’histoire de la Guadeloupe