Garder le cap de l’unité face à l’ennemi commun

— Par Alain Limery, porte-parole du CNCP —

le Mardi 28 mars la police nationale française et un escadron de gendarmerie mobile ont procédé à l’évacuation des militants anti-chlordécone qui, depuis janvier 2023, occupaient la cour de l’ancien « Palais de justice » de Fort-de-France, rebaptisée « Lakou kont non-lieu ». Les militants entendaient en faire un lieu de résistance face à l’arrogance et au mépris des autorités qui tentent d’étouffer à tout prix le scandale de l’empoisonnement de notre peuple et de notre pays par les pesticides. La présence de ce lieu de contestation alertait tous les étrangers traversant la capitale quant à ce crime commis par les autorités françaises et la caste des grands planteurs de banane.

L’arrêté pris par le Maire de fort-de-France pour interdire l’accès aux lieux, après des tentatives avortées de concertation, a offert au pouvoir colonial l’opportunité de poursuivre l’offensive de persécution qu’il mène contre les militants anti-chlordécone depuis plusieurs années. Provocations policières, gardes à vue, procès à répétition n’ont jamais cessé. L’opération d’évacuation de « Lakou kont non lieu » a été suivie de l’arrestation de trois militants et de procès. Le Maire de Fort-de-France, tout en justifiant sa décision par son intention de mettre fin à des nuisances et des problèmes de sécurité, a réaffirmé sa dénonciation du non-lieu lié au scandale de l’empoisonnement.

Le CNCP regrette que le piège de la division, une fois de plus, vienne faire obstacle à notre cause commune. Comme chaque fois que c’est le cas, c’est une défaite collective que nous subissons pendant que le pouvoir colonial et la caste dominante, nos véritables ennemis, se frottent les mains.

Le sentiment de révolte que nous inspire l’impunité des criminels laisse place insidieusement à l’accentuation des divisions au sein de notre peuple : ceux qui ne peuvent se mobiliser sont accusés d’inconséquence ou de lâcheté, des journalistes – dont on ne connaît pas les conditions de travail- sont rendus responsables des errements des médias, tous les élus martiniquais sont jetés de façon indiscriminée dans le sac des traîtres et des corrompus. Et puis revient à la mode le fameux débat « d’accord sur le fond mais pas sur la forme des luttes ! »

Le CNCP réaffirme que, sans une solide unité entre tous ceux qui défendent la cause, nous ne parviendrons pas à obtenir Justice et Réparation. Il considère légitimes toutes les formes de lutte mises en œuvre par les militants pour exiger justice et réparation et plaide pour que nous les fassions converger dans le cadre d’une stratégie globale. Le CNCP exhorte tous nos compatriotes à choisir la voie de la concertation pour dépasser les contradictions au sein de notre Peuple.

01.04.2023

Pour le Bureau, le Porte-Parole,

Alain Limery