Entreprise de démolition délibérée des régimes de retraite

Lycéens, Etudiants, jeunes scolarisés ou pas: La CGTM Educ’Action s’adresse aux futurs salariés que vous êtes

Depuis de nombreuses années, la « réforme des régimes de retraite » reste l’obsession des différents gouvernements. Mais le terme « démolition » est celui qui convient le mieux pour expliquer leur objectif. De Balladur en 1994 à Borne aujourd’hui, en passant par Raffarin en 2003, ils ne cessent de dresser un tableau catastrophique ou apocalyptique de la situation financière des caisses de régime de retraite pour justifier les mesures draconiennes qu’ils préconisent et qui sont autant d’attaques. Ces dernières consistent à toujours faire reculer les droits des travailleurs : recul de l’âge de départ, allongement de la durée de cotisation pour bénéficier d’une pension à taux plein, suppression des régimes dits « spéciaux ». Le gouvernement Macron-Philippe s’était inscrit également dans cette démarche fin 2019, début 2020, avec en particulier un objectif : le remplacement du « système par répartition » par un « système par capitalisation ». Son projet de réforme des retraites ciblait, outre les salariés, un certain nombre d’autres catégories telles que les avocats, les médecins, les professions paramédicales et libérales. Au nom de l’unification du système de retraite sous l’expression de « régime universel par points », ce sont plus de 30 milliards d’euros que l’État voulait leur « piquer ». Certaines de ces catégories s’étaient mobilisées et le gouvernement leur avait promis de garantir leurs droits. La pandémie du corona virus et la mobilisation des travailleurs avaient mis un terme au processus malgré le recours à l’article 49-3 en février 2020.

La gestion de la pandémie l’occupant, Macron n’a pas insisté pour remettre sur le tapis cette réforme jusqu’à la fin de son premier quinquennat. Mais il n’a jamais renoncé à son entreprise, sachant qu’il postulerait pour un second mandat en 2022. Il est donc revenu à l’attaque lors de la présidentielle de mai 2022 en inscrivant dans son programme le recul de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, déclarant qu’il ne reculerait pas. En effet, il ne peut pas prétendre à un troisième mandat!

FONCTIONNEMENT DE SYSTÈME PAR RÉPARTITION

Le principe de la répartition a été adopté en 1945 avec la mise en place du régime général de la Sécurité sociale pour tous les salariés du secteur privé.

Dans un système de retraite par répartition, les salariés payent, par leurs cotisations versées à des caisses de retraite, les pensions des personnes déjà en retraite. Et grâce aux cotisations qu’ils versent, les salariés actifs acquièrent des droits qui leur permettront, à leur tour, quand ils auront atteint l’âge départ à la retraite, de bénéficier d’une pension de retraite financée par les générations d’actifs suivantes. Le système de retraite par répartition est donc, par principe, un système basé sur la solidarité intergénérationnelle (relations entre générations).

Aujourd’hui, la base de calcul de la retraite, ce sont les vingt cinq meilleures années dans le secteur privé et les six derniers mois dans le secteur public. Dans ce système, le montant de la pension de retraite auquel aura droit un travailleur sera déterminé en fonction du nombre de trimestres ou d’annuités cotisés. L’âge légal de départ à la retraite est actuellement fixé à 62 ans. Mais l’âge légal ne garantit pas de toucher la retraite à taux plein si tous les trimestres requis n’ont pas été cotisés.

La condition du nombre de trimestres nécessaire n’est plus imposée à 67 ans, autrement dit, à l’âge légal du taux plein dit automatique.

FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME PAR CAPITALISATION.

La système par capitalisation fonctionne sur le principe du versement régulier, mensuel par exemple, par chaque salarié d’une somme qui sera bloquée (une épargne) et qui devrait permettre de constituer un capital pour financer les pensions de ces mêmes travailleurs une fois à la retraite.

Dans ce système, les annuités et les trimestres actuels seront remplacés par des points. En clair, la partie du salaire brut correspondant aux cotisations retraite sur la fiche de paye sera convertie en points. Au moment du départ en retraite, les points accumulés tout au long de la carrière sont convertis en un montant de pension.

Avec la retraite par points, la base de calcul, ce sera toute la vie active, y compris les emplois mal payés, les petits boulots, etc.

Le montant de la pension baissera donc mécaniquement.

Voilà ce que déclarait le 9 mars 2016 François Fillon, premier ministre de Sarkozy, devant un parterre de patrons de la Fondation Concorde, ravis et séduits par ses propos (https://www.youtube.com/watch?v=N3dD20OcAQg) « Il y a trop d’hommes politiques qui jouent avec l’affaire des retraites, et qui font miroiter des réformes formidables, par exemple ce qu’on appelle les retraites par points. Le système de la retraite par points, j’y suis favorable. Mais il ne faut pas faire croire aux Français que cela va régler le problème des retraites. Le système par points, cela permet en réalité une chose qu’aucun homme politique n’avoue. Cela permet de baisser chaque année le montant des points, la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions ». Edouard Philippe, membre du même parti que Fillon à cette époque, et Macron

prétendaient pourtant en 2019 que le régime de retraite par points serait plus juste.

LE PROJET MACRON DE 2019

L’essentiel de la réforme reposait sur « l’unification » des régimes de retraite, la mise en place d’un système par points.

Autrement dit, le basculement du système par répartition vers celui par capitalisation.

Voyant venir la réaction des salariés, le gouvernement a cherché à diviser ces derniers et prétendu que seuls les régimes spéciaux seront concernés. Il a ensuite introduit la « clause du grandpère », qui consisterait, pour faire accepter la réforme, à ne l’appliquer qu’aux nouveaux embauchés. En clair, à tous ceux qui arriveront bientôt sur le marché du travail. Donc à vous jeunes qui êtes aujourd’hui au lycée et à l’université. Du pur cynisme ! La « clause du grand-père » arrivait après une autre « astuce » du gouvernement, celle dite de « l’âge pivot ».Selon ces messieurs, comme on vit de plus en plus longtemps, il faudrait allonger la durée de cotisation, notamment parce qu’avec un âge de plus en plus tardif d’entrée dans la vie active (c’est le cas des étudiants) et des carrières hachées par la précarité, les actifs les plus qualifiés et les plus précaires vont devoir travailler au-delà des 67 ans. En fait, tout cela a pour but de rapprocher fin de carrière et fin de vie et servir le moins longtemps possible des pensions de plus en plus riquiqui.

LA MÉTHODE MACRON

Macron et Borne reviennent à l’attaque en faisant semblant d’avoir abandonné le système par capitalisation et en prétendant vouloir sauver le système par répartition en portant l’âge de départ à 65 ans au lieu de 62 ans actuellement. Voilà ce que disait Macron en 2017 : « Dans les 5 ans à venir, je ne propose pas de décaler l’âge de départ à la retraite ». Et en 2019, il enfonçait le clou : « il ne faut pas reculer l’âge de la retraite. Ce serait hypocrite. Arriver à 55 ans ce n’est déjà pas facile. Vous ne retrouvez déjà pas un emploi quand vous avez perdu votre travail. Alors après 62 ans ». (https://www.youtube.com/watch?v=KGyxcYvcjTk).

Ces gens-là ne sont pas à un retournement de veste près. Voilà quelques-unes des déclarations de Macron en 2020 et 2021 avant qu’il ne décide le 12 juillet 2021 d’imposer l’obligation vaccinale avec des sanctions à la clé:

« Je veux aussi être clair : je ne rendrai pas la vaccination obligatoire », 24 novembre 2020.

« Je ne suis pas favorable à la vaccination obligatoire pour ce vaccin. Je crois beaucoup plus au travail de conviction par la transparence » Interview chez Brut, début décembre 2020.

« Si l’on veut que la nation reprenne une vie normale, il faut qu’un maximum de gens se vaccinent. Mais je respecte la vie de chacun, c’est pour cela qu’on ne l’a pas rendue obligatoire. Je préfère marcher par la conviction », fin mai 2021.

Et voilà ce qu’il déclarait le 12 juillet 2021 : « Pour nous protéger et pour notre unité, nous devons aller vers la vaccination de tous les français. Car c’est le seul chemin vers le retour à la vie normale. Dans un premier temps, pour les personnels soignants et non-soignants (…), la vaccination sera rendue obligatoire sans attendre. A partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés et des sanctions seront prises ».

Voilà enfin un extrait de sa déclaration le 24 avril 2022 après sa réélection « Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Je veux ici les remercier et leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir ». Moralité? Macron est un menteur, un récidiviste qui cherche à endormir ceux qu’ils voient comme ses victimes pour mieux leur porter le coup fatal.

MACRON RECONVERTI AU SYSTÈME PAR RÉPARTITION ?

Macron ne parle plus de système par capitalisation (parait-il) et prétend vouloir sauver le système par répartition. Il entonne donc pour cela la vieille rengaine galvaudée du déficit des caisses de retraite pour progressivement porter l’âge de 62 ans à 65 ans. Les 65 ans sont devenus 64 ans (provisoirement) pour bénéficier du soutien du parti de droite « Les Républicains » et faire passer le projet au Parlement en utilisant les astuces de la Constitution

(https://www.youtube.com/watch?v=5yj1x_ouON4).

Le gouvernement et ses soutiens, notamment dans les médias, affirment

qu’un déficit annuel de 15 milliards d’euros mettrait en péril le système.

FAUX ! Ils font référence au rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) pour étayer leur argumentation. Or ce dernier énonce clairement que le système n’est pas en péril à moyen et à long terme.

Le système par répartition n’est pas en danger (https://www.youtube.com/watch?v=Mb9x5CkxgSU;

https://www.youtube.com/watch?v=BHYvIe8Dflc

; https://www.youtube.com/watch?v=IPQes6kRCrk).

Et si danger il y a, il vient de gens comme Macron, le patronat, Medef en tête, et de fonds de pension comme Blackrock. Ce dernier lorgne sur les plus de 340 milliards d’euros versés annuellement aux retraités. 15 milliards sur 340 représentent moins de 5%. La CGT (elle n’est pas la seule) a fait des propositions qui montrent que le système pourrait être largement excédentaire (voir page 4).

En réalité, Macron et tous ceux veulent démolir le système par répartition agissent par pure idéologie. Fervent défenseur des gros capitalistes et de leur système, il agit ainsi pour faire respecter une de ses lois fondamentales : gaver les actionnaires, les spéculateurs, gonfler toujours plus, les bénéfices, plus-values, dividendes.

La contrepartie, c’est bloquer les revenus des travailleurs, voire les faire reculer, leur supprimer des droits ou au mieux les réduire.

De manière très cynique, Macron affirme que son entreprise de démolition qu’il appelle « réforme », a pour but de sauver l’avenir des régimes de retraite. Mais de quel avenir parle-t-il? Un avenir sans retraite? Un avenir où les bénéficiaires du RSA et les privés d’emploi seront contraints d’accepter n’importe quel emploi pour bénéficier de quelques miettes en guise de revenus? Un avenir où la précarité, les bas salaires, la pauvreté seront la règle pour la grande majorité de la population? Un avenir où tout sera fait pour permettre aux capitalistes d’accroitre sans limite leurs profits?

Le gouvernement essaie de nous diviser entre privé et public, entre jeunes et anciens. En réalité, il veut empêcher que tout le monde se mobilise.

La CGTM Education appelle les lycéens, les étudiants, les jeunes, scolarisés et non scolarisés, à se joindre à l’ensemble des travailleurs (public/privé), actifs et retraités, chômeurs. Tous mobilisés pour imposer le retrait pur et simple du projet de réforme des retraites et contraindre le gouvernement à battre … en retraite.