Refus du passé colonial, gêne des antiracistes… En France, on a du mal avec le mot « noir ».
— Par Jadine Labbé Pacheco —
Oumou, 20 ans, a un joli visage aux traits fins. D’origine sénégalaise et mauritanienne, la jeune femme est mannequin. Sa famille vit en France depuis deux générations.
C’est en mettant un pied dans l’univers de la mode qu’elle est confrontée pour la première fois au terme « black ». Dans son entourage proche, personne ne l’emploie. Elle rectifie :
« Je suis noire, pas black. »
Elle l’a entendu depuis, « des centaines de fois ».
« Souvent, pendant des castings, on me dit qu’on recherche des Blacks ou qu’au contraire je suis trop black. Ils pensent bien faire. »
Patiente, Oumou répond toujours poliment qu’elle est noire. Pas « black ». Elle reçoit des excuses à chaque fois.
« Il y a des Noirs en France »
Pour Louis-George Tin, ancien élève de l’Ecole normale supérieure (ENS), professeur de littérature à l’université d’Orléans et président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), il subsiste un malaise autour du terme « noir ».