Catégorie : Disparitions

Mort du jazzman Jon Hendricks

Al Jarreau était un de ses admirateurs, Bobby McFerrin fut un de ses élèves: le chanteur et compositeur américain Jon Hendricks, une des toutes premières voix qui ont compté dans le jazz chanté, est mort mercredi à New York à 96 ans, a annoncé jeudi sa fille Michele. Jon Hendricks, un des précurseurs du « vocalese » qui consiste à mettre en paroles et en voix des solos instrumentaux de jazz, s’est éteint dans un hôpital de New York, a ensuite indiqué son agent publicitaire, sans préciser la nature du décès.

Spécialiste du scat, il s’était rendu célèbre dans les années 1950 avec le trio Lambert, Hendricks & Ross et l’album « Sing A Song Of Basie » (1957), une version vocale du big band de Count Basie. Fils de pasteur, né à Newark (New Jersey) le 16 septembre 1921, il a grandi à Toledo (Ohio), où il interprétait des spirituals et des hymnes à l’église. Vocaliste hors pair, il a 11 ans lorsqu’il chante à la radio avec le pianiste Art Tatum.

Engagé pendant la Seconde guerre mondiale, il participe au débarquement en Normandie le 12 juin 1944.

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Théâtre : la mort de Robert Hirsch

Le comédien était âgé de 92 ans. Amoureux du théâtre, membre de la Comédie-Française, il avait reçu un molière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

Il était l’un des derniers monstres sacrés du théâtre français. Robert Hirsch est décédé jeudi à 92 ans à Paris, a annoncé le producteur de ses pièces, Francis Nani, directeur du théâtre du Palais-Royal. Le comédien, qui disait ne jamais vouloir prendre sa retraite et avoir le théâtre pour «  religion  », était encore à l’affiche ces dernières années de pièces à succès comme Le Père de Florian Zeller, après 65 ans de carrière, dont un quart à la Comédie-Française. Il avait d’ailleurs reçu un molière en 2014 pour cette pièce après avoir reçu en 1992 un molière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Une chute à son domicile
Robert Hirsch était hospitalisé depuis 48 heures après une chute à son domicile et son cœur «  fragile a probablement lâché  », a indiqué Jeoffrey Bourdenet, comédien et metteur en scène, qui était à ses côtés. Il disait avoir « horreur des vacances » et « haïr la retraite ».

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La mort de l’ethnologue et anthropologue Françoise Héritier

Le jury du prix Femina lui avait remis la semaine dernière un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. Elle était âgée de 84 ans.
 
Professeur honoraire au Collège de France où elle a succédé à Claude Lévi-Strauss, elle avait inauguré la chaire «  d’étude comparée des sociétés africaines  ». Elle a également dirigé le Laboratoire d’anthropologie sociale travaillant toute sa vie sur la construction de la hiérarchie entre le masculin et le féminin. Elle a été membre du Conseil consultatif national d’éthique et présidente du Conseil national du sida. Le jury (exclusivement féminin) du prix Femina lui avait remis la semaine dernière un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. Elle venait de publier Au gré des jours, où elle se confiait et faisait partager, selon son éditeur, «  son amour des mots et son goût de vivre  ».
«  Françoise Héritier, que j’aimais tant, nous a quittés cette nuit. Au-delà de ma tristesse, je garderai en mémoire le souvenir d’une femme d’exception : grande intellectuelle, mais sensible, modeste et profonde. Elle était une amie. Elle était et restera un modèle  », déclare l’éditrice Odile Jacob sur son compte Twitter.

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Héros postcoloniaux

— Par Joël Des Rosiers —

Pour moitié sont morts mes amis.
Je t’en ferai de nouveaux, dit la terre.
Non, rends-les moi, comme ils étaient, plutôt,
Avec leurs fautes et tout le reste, je pleurais.
Sea Canes(1), Dereck Walcott

J’écris cet hommage pour saluer la mémoire de deux penseurs qui viennent de disparaître. Et aussi pour vaincre l’immense peine qui m’étreint chaque fois qu’il y a à l’œuvre le rappel de l’enfance. Je ne raconterai pas ce que je sais de Bernard Labrousse ou de Maximilien Laroche. Mais ce que leur disparition laisse en moi d’humanités contuses. Si le premier est de ma génération, cela signifie-t-il que je sois moi-même en sursis et que désormais la mort puisse frapper sans préavis comme un huissier, un de ces jours insaisissables où s’éteint la lumière du jour ? Mon métier m’a appris au cours d’une longue fréquentation à côtoyer la mort, la fin irréfutable tant qu’elle n’est pas encore là, la grande amie, l’ennemie intime. Laroche m’avait dit un jour que les médecins regardent les hommes avec les deux yeux : l’un regarde la vie, l’autre la mort.

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« Amitiés créoles »

— Par Patrick Singaïny, essayiste —

La dernière fois que j’ai échangé avec mon ami Roger de Jaham, c’était en février dernier, à La Réunion, où je suis retourné vivre en 2009, après 10 années passées en Martinique. Il n’était plus chef d’entreprises, je n’étais plus journaliste pour l’hebdomadaire Antilla. Il se rendait régulièrement dans l’Océan Indien, et nous trouvions toujours un moment pour savourer un repas au cours duquel nous confrontions nos points de vue et analyses, à travers différents sujets.

Le ton était toujours très amical et enjoué. Habituellement, il commençait par me raconter longuement et avec plaisir ce que j’étais supposé avoir raté des dernières nouvelles martiniquaises. Puis il se mettait dans la peau du président de l’association « Tous Créoles » auquel j’avais consacré un article dès sa création, dont les propos de l’époque étaient partagés entre vifs enthousiasme et petits doutes. Février dernier à la fin d’un long petit-déjeuner pendant lequel nous nous étions réjouis des changements profonds dans le cours de nos vies respectives, l’ami a voulu s’adresser davantage à l’essayiste. Roger de Jaham disait préférer une bonne conversation avec un spécialiste plutôt que la lecture de son livre.

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Roger de Jaham, un combattant de la Réconciliation, n’est plus !

— Par Serge Romana, Président Fondation Esclavage et Réconciliation —

Nous avons appris avec stupéfaction et douleur que Roger de Jaham, s’est brutalement éteint le mardi 13 juin en début de soirée en Martinique.
Nous présentons nos condoléances les plus attristées à sa famille, à ses nombreux amis et aux membres de l’association « tous créoles» dont il était la figure de proue.
Roger souhaitait participer à la construction d’une Martinique plus unie où les « descendants des colons esclavagistes pourraient avec les descendants d’esclaves s’asseoir à la table de la fraternité ».
C’est ce rêve qui l’a poussé en 1998 à faire des centaines de Békés signés un manifeste reconnaissant l’esclavage « crime contre l’Humanité », bien avant que la République ne le fasse.
C’est également ce rêve qui l’a conduit à participer à la création de la Fondation Esclavage et Réconciliation en mai 2016.
Déterminés à guérir nos sociétés des maux nés dans l’esclavage fondateur, nous nous sommes engagés pour réconcilier les descendants des esclaves et des colons. Nous savons ce combat difficile, car les contradictions héritées des 17e, 18e et 19e siècles sont encore très actives dans nos sociétés de la Martinique et de la Guadeloupe.

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Roger de Jaham, un créole d’exception

—Communiqué de presse Tous Créoles ! —

Faire de nos différences une œuvre collective. C’était l’obsession de Roger de Jaham, une obsession qui l’a animé toute sa vie, qui a inspiré ses plus beaux combats, qui l’a conduit à créer l’Association Tous Créoles !

C’est en 2007, qu’avec Gérard Dorwling-Carter, il réunit des hommes et des femmes de bonne volonté. Des hommes et des femmes convaincus que les différences sont une chance, et non un risque. Des hommes et des femmes qui se sont engagés avec lui pour faire bouger les lignes, faire reculer les pensées racistes, et construire une communauté Créole apaisée. Il y a mis toute sa passion, son courage, son charisme. Il y a mis sa force. Il y a mis son amour de Martinique. Il a ouvert la voie d’une vision nouvelle de notre société. Une vision qu’il nous laisse en héritage.

Les membres du Conseil d’Administration et les adhérents de Tous Créoles rendent hommage à l’action de ce grand précurseur. Ils présentent leurs sincères condoléances à sa famille.

Contacts :

Erick DEDE : 0696 234 777

Marie-Line MORMIN : 0622 48 83 74

Le 14 Juin 2017

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Adieu, Émile Désormeaux, mon Ami.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Ce samedi de week-end de la Fête des Mères, il est seize heures trente, dix-sept heures. Je me retrouve au quartier Grand-Case chez mes amis Patrice et Sylvia, dans leur jardin. Nous sommes tout à coup attirés par deux silhouettes qui avancent plutôt gaillardement sur la voie intérieure du quartier, peu passante. Plus surprenant, je suis interpellé par les gestes appuyés de la main en notre direction, de l’un d’entre eux, souriant, en qui je crois reconnaître Émile Désormeaux.
C’est bien lui. Émile habite non loin. Je le sais malade.
Dans un instant d’inconscience je suis épaté qu’il me reconnaisse, surtout à une telle distance. Je me précipite vers lui, l’entoure de mes bras. Puis, ramené à la réalité, je lui fais une bise sur le front et, réprimant une larme, invite les deux hommes à poursuivre la promenade.
Il nous quittera le surlendemain.
En réalité, ses beaux gestes et ses sourires étaient destinés à tous. N’étaient-ce pas ses derniers adieux au Monde ?
  

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