Catégorie : Politiques

Bible de papier et bible de pierre

— Par Roland Tell —

Selon le mot de Victor Hugo, le genre humain a deux livres, deux registres, deux testaments : la maçonnerie et l’imprimerie. S’agissant de cette dernière, la Bible de Papier , l’édifice est colossal à la Martinique, par les oeuvres de nos écrivains, poètes, essayistes, linguistes, historiens, scientifiques, et autres économistes. A cet égard, la Martinique s’est révélée, telle la fourmilière des vérités utiles, des valeurs nouvelles, des mots neufs, depuis Zobel, Fanon , Césaire, Glissant, pour le droit à la pleine humanité, pour la naissance d’une réalité historique authentique, née comme le phénix mythique des cendres de l’histoire. A leur suite, debout sur les épaules de ces géants de l’esprit, qui sont leurs devanciers, Chamoiseau, Confiant, Bernabé, et bien d’autres, cherchent à articuler cette espérance de réalité historique, à la fois pour leurs ressources poétiques, romanesques, linguistiques, tout en cherchant à ouvrir un chemin nouveau, proclamant notre propre historicité. Toutes les oeuvres concernées sont les tranchées et les places fortes de notre culture, qui, non seulement, consiste à savoir, avec une passion intellectuelle ardente, et un amour de la vérité, mais qui consiste aussi à avoir su, notamment toutes ces horreurs de l’histoire, passées de notre mémoire, dans la moelle même de nos os !

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Disparition du père de la région monodépartementale

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Quelle empreinte aura laissé Emmanuelli sur le parti socialiste ? C’est la question posée ce matin après la disparition de l’ancienne figure du parti socialiste. Au moment où le passé de banquier d’un candidat à l’élection présidentielle anime la controverse, on rappelle que le dignitaire socialiste avait eu, lui aussi, de hautes responsabilités à la banque Rothschild avant d’embrasser une longue carrière politique. Sa réputation d’homme de gauche ne s’en sera trouvée nullement altérée. On pourrait également évoquer la condamnation judiciaire de l’ancien trésorier du Parti socialiste, sans pour autant lui reprocher sa probité personnelle. Mais pour un Martiniquais, le nom d’Henri Emmanuelli devrait avoir une consonance particulière.
En effet, s’il est vrai que le ministre de l’intérieur de l’époque, Gaston Defferre, est considéré en France comme le père de la décentralisation, c’est son jeune secrétaire d’Etat aux DOM, Henri Emmanuelli, qui a porté à bout de bras la régionalisation en outre-mer. L’étape inoubliable est la réaction de ce dernier suite au rejet par le conseil constitutionnel de son premier projet institutionnel qui consacrait le remplacement du département par une collectivité élue à la proportionnelle.

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Contre Marine Le Pen et le parti de la haine

— Appel des psychanalystes —

Le Front dit national réduit la nationalité aux ancêtres. Il en fait, non un choix de tous les jours, mais un héritage archaïque. Il est l’avatar actuel du séculaire courant contre-révolutionnaire qui naquit jadis de l’hostilité aux Lumières, gloire de la France. Ce courant d’idées a déjà été au pouvoir : ce fut, sous l’Occupation nazie, l’aventure de la Collaboration. Qui est tenté par une seconde expérience oublie ou ignore la nature abjecte de la première.

L’élection à la présidence de la République aura lieu les 23 avril et 7 mai. Les élections législatives se tiendront les 11 et 18 juin. Depuis plusieurs mois, tous les sondages d’opinion placent Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle. Nul ne peut exclure qu’elle l’emporte au second. Chaque jour nous entendons des voix que cette éventualité effraie, angoisse, indigne, révolte.

De fait, l’idéologie lepéniste menace les libertés publiques. Elle exacerbe les tendances qui portent à l’exclusion, la haine et l’affrontement. Dans un contexte européen et mondial qui voit s’étendre l’exploitation nationaliste des insatisfactions populaires, l’élection de Mme Le Pen fracturerait notre société, avec des conséquences désastreuses.

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Clause Molière : «C’est une discrimination», accuse la commissaire européenne à l’emploi

Marianne Thyssen, commissaire européenne à l’Emploi, revient sur la polémique sur les travailleurs détachés et les mesures prises par certaines régions françaises pour contourner la directive.

La polémique sur la clause Molière s’est invitée dans la campagne présidentielle. Bernard Cazeneuve a fustigé une «clause Tartuffe», tandis que les présidents (LR) des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, Normandie ou Hauts-de-France voient dans le fait d’imposer la langue française sur les chantiers faisant l’objet d’un marché public un moyen de lutter contre le dumping social des travailleurs détachés. Mais cette mesure est-elle conforme à la réglementation européenne ? La commissaire européenne à l’Emploi et aux Affaires sociales, la Belge Marianne Thyssen, sort pour la première fois du silence.

Travailleurs détachés

Plusieurs candidats à la présidentielle menacent de ne plus appliquer la directive sur les travailleurs détachés en France. Que leur répondez-vous ?

Marianne Thyssen. Que ce n’est pas une bonne idée. Supprimer la directive, ce n’est pas supprimer le détachement des travailleurs, cela veut dire qu’il n’y a plus de règles. Les employeurs seraient alors libres de faire ce qu’ils veulent. Le marché sans règles, c’est le dumping social.

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Toujours changer d’avenir

— Par le Kolektif pou Sové Gwadaloup —

Après le choix majoritaire des Guadeloupéens en décembre 2015 de changer d’avenir, on dirait que les comportements du passé nous rattrapent. L’élection présidentielle de 2017 vient nous répéter que l’avenir de la Guadeloupe n’est pas à l’ordre du jour pour la France.

 Place à la compétition franco-française pour le contrôle du pouvoir d’Etat français ! Eternels supporteurs jamais acteurs… Mi sé sa ka sanm nou !

Nous cherchions à nous guérir du passé en construisant nous-mêmes un avenir différent de celui qu’on nous imposait depuis santanmilan de l’extérieur, voici que nous rechutons à la première injonction française. Entre notre propre avenir qui appelle notre intelligence de nous-mêmes et un passé sous tutelle, nous voulant incapables de la moindre démarche propre, nous voilà pris dans un dévitès !

En guise de justification, de beaux esprits nous sortent les mots de «pragmatisme» ou de «realpolitik », alors qu’il s’agit tout simplement pour certains de chercher « comment se placer du côté du plus fort »… Rien que pour la faveur d’être dans les petits papiers du futur président de France ou en Guadeloupe le relais de service.

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Besoin de Dieu

— Par Roland Tell —

Ce cri traverse notre temps, qui voit les religions se traquer les unes les autres, où tout entiers sont fanatisme et terrorisme.  Interrogez le Moyen Orient, pendant que l’Occident endoctrine de l’exception de son essence. La laïcité veut rire, quand elle regarde de haut le voile de la musulmane. Partout, à Ankara comme à Paris, la vie est pesante à porter. Ici ou là, des kamikazes, mentalement torturés, prêcheurs de vertu divine, et de perte de soi, dont la soif de rédemption sera à satiété au plus haut du firmament céleste, mettent l’enfer sur la terre, pour assoiffer leur âme.

      Partout, en Occident, ils ont émigré, en tenant haut la flamme lumineuse d’Allah, et, en arrière toujours, ils veulent aller vers l’intégration. Qu’importent de nouveaux conflits ! Le pays d’origine reste la bonne cause à encenser, quel que soit le tyran à la tête de l’Etat. De loin, à Paris, à Amsterdam, à Berlin, comme ce dernier les attire et les séduit encore, après tant d’années de vie dans cet Occident, où ils se nourrissent de toutes les choses terrestres.

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Au Brésil, Temer protège les esclavagistes

___ par Lina Sankari —

Près de six mois après sa prise de pouvoir, le putschiste Michel Temer, lié au lobby des propriétaires terriens qui dispose d’une solide assise au Parlement, refuse de publier le rapport recensant les entreprises pratiquant l’esclavage moderne.

Le président putschiste retarde la publication obligatoire de la liste noire des entreprises pratiquant toujours le travail forcé.

La bourgeoisie revancharde brésilienne qui a fomenté le coup d’Etat contre la gauche et la présidente Dilma Rousseff peine à se départir des méthodes du 19e siècle. Près de six mois après sa prise de pouvoir, le putschiste Michel Temer, lié au lobby des propriétaires terriens qui dispose d’une solide assise au Parlement, refuse de publier la « liste sale » autrement dit le rapport recensant les entreprises pratiquant l’esclavage moderne. Depuis 2003, cette liste noire était rendue publique tous les six mois par le ministère du Travail et les sociétés incriminées se voyaient dans l’impossibilité de prétendre aux marchés publics ou aux prêts bancaires jusqu’à ce qu’elles paient leurs amendes. Dans un pays où la corruption mine tous les niveaux de pouvoir, une telle liste était particulièrement précieuse.

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Le TCSP se termine comme il avait commencé : par une menace européenne !

— par Yves-Léopold Monthieux —

On se souvient qu’au premier trimestre de l’année 2003, une réunion d’urgence des élus du conseil général et du conseil régional avait été fixée par le préfet Michel Cadot. Il s’agissait de répondre aux exigences de l’Europe qui trouvait long le temps de réaction des élus martiniquais à sa décision à prendre une part financière déterminante à la construction du projet de TSCP. En effet, la date limite pour la mise en place des procédures approchait et seul le préfet, apparemment, s’en était aperçu. Afin de déclencher les opérations, sous peine d’annulation du projet, le représentant de l’Etat prit l’initiative de réunir en toute hâte à la préfecture les élus des deux collectivités. La salle Félix-Eboué avait été préparée et équipée pour la circonstance du matériel de sonorisation et de projection nécessaire.

La séance allait débuter quand le président de la région prit la parole pour indiquer l’incongruité, selon lui, de la présence des élus martiniquais dans les locaux de l’Etat pour l’organisation de cette importante rencontre des élus martiniquais. Il invita sur le champ ses collègues des deux collectivités à se transporter au conseil général, à quelques centaines de mètres, pour continuer la séance de travail.

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La pieuvre fasciste étend ses tentacules

— par Robert Saé —

L’opinion publique est largement consciente des dangers que l’internationale des terroristes de DAECH et d’Al QAIDA fait peser sur les populations. Par contre, l’ampleur d’une autre menace, plus criante encore, qui plane sur le monde n’est pas prise en compte comme il se devrait. Il s’agit de l’instauration rampante de régimes d’essence fasciste, partout sur la planète, y compris dans l’Union Européenne*1.

De temps à autre, les médias occidentaux évoquent les faits et décisions condamnables de certains dirigeants « autoritaires » : « Le Président Duterte est responsable de l’assassinat de plus de 4000 personnes aux Philippines depuis son arrivée au pouvoir! ». «En Turquie le Président Erdogan a pris le contrôle des médias, licencié 125.000 personnes et jeté 40.000 autres en prison en réponse à une tentative de coup d’état.» « Sous l’égide du Président égyptien, 2000 condamnations à mort ont été prononcées et les opposants démocrates sont persécutés. »

On notera au passage que les journalistes labélisés n’accolent jamais le qualificatif de « dictateur » à ces dirigeants quand ils en parlent. Cela ne fait pas partie de leur mission : Il faut éviter de déstabiliser les alliés stratégiques.

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Fillon le catholique : la revanche de l’argent sur le sexe

— Par Bernard Laurent , professeur d’économie à l’Emlyon Business School —

Si l’électorat catholique présent dimanche (05-03-17) au Trocadéro pour soutenir le candidat de Les Républicains est hanté par les questions relatives aux mœurs, il entretient un rapport décomplexé à la financiarisation de notre monde et l’argent roi pourtant dénoncé par le pape François.

C’est peu dire qu’une immense majorité de français a été choquée par les révélations du Canard enchaîné sur les emplois cachés, à défaut d’être fictifs, de l’épouse et des enfants de François Fillon. La réaction immédiate des catholiques a été de partager ce trouble. L’image que n’avait pas cessé de donner François Fillon de lui-même et de sa famille – jusqu’à le revendiquer dans son discours : «Je suis gaulliste et chrétien» – était celle d’un beau couple de catholiques, ayant fondé une famille nombreuse, avec une épouse restant au foyer pour veiller à la bonne éducation des enfants – «mère au foyer» avait-elle communiqué aux électeurs de Solesmes où elle a été élue aux dernières élections municipales – et entretenant un rapport distancié à l’argent – il se targuait de ne pas être imposable sur la fortune comme preuve de son désintéressement.

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Affaire Baupin : des femmes « fières » d’avoir témoigné sur des agissements « d’un autre temps »

L’enquête ouverte en mai 2016 pour agressions et harcèlements sexuels contre le député écologiste a été classée sans suite, les faits étant prescrits.

— Par Raphaëlle Besse Desmoulières —

Leur réaction commune est tombée en fin de journée. « La honte change de camp », se sont félicitées, lundi 6 mars, les quatre femmes politiques qui avaient mis en cause le député écologiste de Paris, Denis Baupin, pour harcèlement et agressions sexuels, malgré le classement sans suite de l’enquête par le parquet de Paris.

Dans l’après-midi, le procureur de Paris, François Molins, a en effet annoncé dans un communiqué qu’« il apparaît que les faits dénoncés, aux termes de déclarations mesurées, constantes et corroborées par des témoignages, sont pour certains d’entre eux susceptibles d’être qualifiés pénalement. Ils sont cependant prescrits ». Autrement dit, c’est le caractère ancien des faits qui a entraîné cette décision, et non le caractère infondé des accusations.

« Exposer le désarroi »

En mai 2016, Isabelle Attard, députée écologiste du Calvados, Sandrine Rousseau, dirigeante d’Europe Ecologie-Les Verts, Elen Debost, maire adjointe EELV du Mans, et Annie Lahmer, conseillère régionale EELV d’Ile-de-France, ainsi que quatre autres femmes qui avaient témoigné de façon anonyme, avaient dénoncé, dans Mediapart et sur France Inter, les agissements de M.

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Soldats du refus, soldats de la lutte

— Par Inès Pierre —

Chaleureuse ambiance, ce samedi 4 mars 2017, au siège du Secours populaire français, autour de quelques-uns – ils furent une quarantaine – des soldats français, la grande majorité d’entre eux communistes, qui refusèrent naguère de porter les armes contre le peuple algérien et qui le payèrent de l’enfermement dans les geôles de deux Républiques. On imagine leur émotion, car certains ne s’étaient pas revus depuis des années. C’est l’Association Agir aujourd’hui contre le colonialisme (ACCA) qui avait été à l’origine de cette rencontre. Et, comme un symbole, ce fut Julien Lauprêtre qui, naguère, mena tant et tant de luttes pour aider ces soldats et leurs familles, qui les accueillit, au nom de son cher SPF. Pour qui pouvait faire rapidement un calcul mental, en regardant ces hommes, il y avait là quelques dizaines d’années de prison pour la cause de l’indépendance de l’Algérie et, par delà, pour l’émancipation humaine. Mais aucun d’entre eux n’accepte ni n’acceptera le nom de « héros ». Ils ont fait, quand ils avaient 20 ans, ce que leur conscience d’hommes et de communistes (même si certains ne furent pas immédiatement compris par leur Parti) leur commandait.

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Les Antillo-Guyanais en France hexagonale et le temps politique aujourd’hui

 La foi comme support

— Par Pierre Pastel, sociologue, psychothérapeute —

Notre contribution, ici, revisite un parcours sur près de 40 ans dont nous avons été témoin actif soit à travers nos travaux de recherche, soit en tant qu’acteur participant à l’éclosion d’actions sociales, culturelles ou politiques ou d’actions de formation dans l’hexagone.

Faire entendre sa note dans le concert « communautaire »

Depuis que nous avons débuté (1978) notre observation du mode organisationnel de nos compatriotes en France hexagonale, les temps ont bien changé.

De l’immigration massive à l’adaptation, de l’adaptation à l’interrogation, de l’interrogation au doute, du doute à l’installation malgré tout, de l’installation à l’observation, de l’observation encore et encore à l’organisation du groupe, voici venu le temps de la détermination à l’engagement politique et à la prise de sa pleine part dans la construction et la transformation collective.

Nous parlons bien ici de construction citoyenne et de transformation de la vie commune dans cette société à visée « démocratique », « égalitaire » et « fraternelle » où nous évoluons.

L’ère est manifestement à tenter la participation « naturelle » et à faire entendre sa note dans le concert communautaire (entendons ici la Communauté Nationale, la Communauté française) sans ne plus avoir à s’interroger sur sa légitime volonté à s’impliquer à tous les niveaux.

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Les partis politiques martiniquais doivent-ils ignorer Marine Le Pen ?

— ParYves-Léopold Monthieux —

Dans la chronique publiée sur divers supports, le 30 novembre 2015, je posais la question suivante : Que feront les martiniquais si Marine Le Pen devient présidente de France ? Je disais « des hommes politiques martiniquais, [qu’] ils seraient bien inspirés de se pencher sur la perspective de l’arrivée au pouvoir du Front national qui, comme l’explique l’historien François Durpaire, ne peut plus être considérée comme une vue de l’esprit. L’avenir de la Martinique mérite mieux qu’une ruée vers l’aéroport Aimé Césaire pour s’opposer à la descente de l’avion d’une présidente de la république ».

Nous sommes en mars 2017. « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Cette citation pourrait s’appliquer au rapport de Marine Le Pen aux Antillais. Si cette dernière n’est pas venue aux Antilles, des Antillais sont allés à elle, à la Foire agricole de Paris, où ils lui ont offert l’un des meilleurs accueils. Aux résultats de la prochaine élection présidentielle, il sera possible de mesurer le nombre d’électeurs martiniquais approuvant l’évènement. Si la présence de Juvénal Rémir n’a pas surpris, des martiniquais sont consternés par celle de Jean-Charles Brédas.

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Syndicat de la magistrature. Dans Etat de droit, il y a « droit »

—Communiqué du Syndicat de la magistrature —
Dans sa mise en cause de l’institution judiciaire, François Fillon franchit un nouveau palier. Avant-hier à l’occasion de l’annonce de sa convocation par trois juges d’instruction, il défigurait l’Etat de droit et la démocratie. Dans la foulée, il en appelait au peuple contre la justice, organisant ce dimanche une manifestation aux airs de coup d’Etat.
En invoquant tour à tour la violation systématique de l’Etat de droit, « l’assassinat » de l’élection présidentielle, la percussion violente de la liberté du suffrage et de la démocratie politique, François Fillon tonne pour impressionner, c’est-à-dire faire pression. Pour sa défense, il déploie un écran de juridisme, maniant éléments de faits et de droit également inexacts.

La vision de l’Etat de droit qu’il nous propose est toute personnelle : il s’agirait d’un système dans lequel un responsable politique ne devrait répondre que devant ses électeurs et non, comme tout un chacun, devant l’autorité judiciaire pour les infractions qu’il est susceptible d’avoir commises. L’Etat de droit se satisferait de cette impunité.

Le contresens est délibéré.

Dans un Etat de droit, la puissance publique se soumet au droit, à des normes hiérarchisées, contrairement à un pouvoir arbitraire.

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Elections présidentielles et Cie :ou « Qu’est-ce que la politique ? »

— Par Philippe Pierre-Charles pour le « Groupe Révolution Socialiste » — 
Pour une militante ou un militant politique digne de ce nom, la politique c’est le combat pour l’amélioration du sort du plus grand nombre au bénéfice des générations d’aujourd’hui et de demain. Pour une politicienne ou un politicien, la politique se réduit aux élections. Mais il y a pire : pour ce beau monde les élections n’auraient rien à voir avec la lutte des classes qui d’ailleurs n’existerait plus depuis le dix neuvième siècle !
Ainsi se trouveraient évacuées toutes les questions concernant la façon dont le petit peuple gagne sa vie, sa situation matérielle et morale. Or, en évacuant tout cela d’un revers de main aristocratique, que reste-t-il ? il reste les phrases creuses, les promesses démagogiques, le combat des égos, la lutte des places. Trop souvent le spectacle des empoignades pour ambitions personnelles ou politiciennes envahit tout l’espace, entrainant avec lui le dégout pour la chose politique. Mais dans les périodes de crise politique comme celle que vit en ce moment la France (et de façon moins spectaculaire, la Martinique), rien ne peut plus être caché sous les tapis.

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Aux assises de la présidentielle

— Par Roland Tell —

Quoi faire pour dérouiller la vieille politique du culte sauvage et féroce de l’argent ? C’est la dernière infirmité de l’Etat, dont la Justice souhaite se défaire, en l’examinant avec attention, à travers deux candidats présidentiels de poids, sur l’un et l’autre des plateaux de sa balance. Mais voilà ces derniers, qui se promulguent soudain des clauses dérogatoires au droit commun, destinées à établir des limites et des empêchements à l’intervention des juges ! La justice pour le citoyen ordinaire n’est-elle pas une charité pour eux, bien plus que partout ailleurs, notamment en période de vote populaire, exercice civique de sélection par le suffrage universel – autorité souveraine, dont aucun autre pouvoir ne saurait lui être correctement superposé, fermant, pour ainsi dire, toutes les procédures de déstabilisation. Ces dispositions naturelles, car non écrites, constituent autant de déterminations nouvelles pour la finalité recherchée, c’est-à-dire parfaire sa propre personnalité, pousser celle-ci vers un surcroît, une gloire, se manifestant alors dans la plénitude de l’actualité électorale. A dire vrai, le candidat présidentiel n’est-il pas à la fois perfection intérieure et amour du bien commun ?

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Retour sur l’affaire Fillon

RÉCAP – Alors que le candidat de la droite a confirmé ce mercredi qu’il était convoqué par les juges en vue d’une mise en examen dans l’affaire des emplois présumés fictifs de Penelope, la femme de François Fillon, et de ses enfants, un point s’impose sur la chronologie de cette affaire. Un scandale qui met à mal la campagne de l’ancien Premier ministre à l’élection présidentielle.

Episode après épisode. Comme un mauvais feuilleton qui donne une image négative du monde politique ou des médias – tout dépend de quel bord on se place -, chaque jour, chaque semaine, « l’affaire Fillon » connaît un rebondissement. Au grès des révélations du Canard Enchaîné et des autres, ou du calendrier judiciaire, l’échéance électorale approche, et cette élection, qui dépend tout de même beaucoup du sort de François Fillon, semble toujours aussi incertaine. Alors, pour vous aider à y voir plus clair dans ce qui au départ était appelé « l’affaire Penelope Fillon », voici un petit retour en arrière sur ce feuilleton politico-judiciaire.

25 janvier : la bombe du Canard
Le Canard enchaîné révèle dans son édition du 25 janvier que Penelope Fillon a été rémunérée, entre 1998 et 2007, comme attachée parlementaire de son mari ou de son suppléant Marc Joulaud, sur l’enveloppe réservée à cet effet pour les parlementaires.

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Là maintenant, il faut choisir !

— Par Jean Abaul, Alain Limery, Robert Saé —
A l’approche des échéances électorales, chacun de nous doit être conscient de la responsabilité personnelle qui lui échoit. Est-il imaginable que nous puissions par notre vote, continuer à avaliser des orientations politiques et des candidatures qui, se cachant derrière des considérations budgétaires fallacieuses et brandissant l’étendard de l’austérité, pour accroitre les profits des banques, des multinationales et des spéculateurs, piétinent les acquis sociaux des travailleurs, bafouent leur simple droit à la vie ? Toute « prospérité » économique qui sème sciemment misère et détresse au sein des populations est éthiquement inacceptable et relève du crime contre l’humanité.

Allons-nous cautionner la folie du productivisme, du consumérisme et de la compétitivité ou, au contraire, conscients des menaces et des dangers qu’ils entrainent, rallierons-nous le camp des peuples qui luttent contre ces fléaux ? Allons-nous alimenter les virus de la xénophobie et du « chacun pour soi » ou serons-nous de la famille des humains qui, communiant avec les exploités, les opprimés, les discriminés, s’engagent dans la construction d’un monde d’équité et de partage ?

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Il n’existe pas d’homme ou de femme providentiels.

— Par Collectif —

Nous, signataires de cet appel, ne croyons pas que les responsables politiques seuls ont le pouvoir de transformer la société. Il n’existe pas d’homme ou de femme providentiels.

Pour que les responsables politiques et économiques engagent des changements, ils ont besoin d’être portés, accompagnés, contraints parfois, par un mouvement puissant, par des millions de personnes qui s’unissent et s’engagent dans leur quotidien.

Nous sommes face à un choix historique.

Choisir le monde dans lequel nous vivrons dans les décennies qui viennent ou ne pas choisir et laisser les événements suivre leur cours.

Ce qui, au regard de l’écrasante majorité des données scientifiques que nous connaissons, ressemblera à peu près à cela : disparition d’une grande part des animaux sauvages, des forêts, de milliers d’espèces sur terre et dans les mers, augmentation des sécheresses, des inondations, des tornades, des typhons, territoires submergés, millions de réfugiés lancés sur les routes à la recherche d’un endroit où vivre, de moins en moins d’eau, des émeutes de la faim, des conflits pour s’approprier les ressources naturelles, une aggravation des inégalités, des tensions sociales et géopolitiques, des violences de toutes sortes parmi lesquelles le terrorisme, une explosion de la dette, des chocs économiques à répétition, du chômage… Inutile de continuer, et de dire où pourrait nous conduire cette litanie.

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Où mène ce chemin !

— Par Lucien Cidalise Montaise —
La bouleversante actualité : Présidentielles, Agressions Théo, Pénélopegate, etc… nous irrite les neurones. L’événement qui s’annonce pour beaucoup désastreux « les Présidentielles » se termine dans quelques mois après avoir semé sur son passage ruines morales, déceptions, écœurement de tous. Ces élections confirment deux choses essentielles. D’abord la désunion de la Gauche française qui entraîne de facto celle de la Gauche dite martiniquaise. Par symbiose et culture politique( !) ou par suivisme ? Ensuite la démonstration de la présence effective de Marine Le Pen au premier tour avec de fortes chances d’être élue au deuxième tour ! c.-à-d. recueillir les voix de la majorité du peuple français ? Avons-nous besoin de signifier à qui veut l’entendre ce que cela cache ? signifie ? et nous inspire ? le Fascisme, le Racisme, ces désastres seront à la mode et risquent d’être demain les principaux axes de la Gouvernance en France. Le mépris affiché par cette idéologie conduira fatalement à une douloureuse division des Peuples.
Suivez avec attention cette démoniaque séquence historique.
Quel sort sera réservé aux autochtones de l’Outre Mer ? La désillusion violera toutes les consciences et arrivera l’heure de l’accablement pour ceux qui croient encore aux valeurs de la Démocratie- Violation permanente des lois sociales voulues par la République.

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Macron aura-t-il un destin national ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Je vous adresse une communication en deux parties que j’ai fait paraître sur mon mur facebook les 9 et 10 janvier 2017. Au moment où j’écris ce courrier, les deux textes ont été lus respectivement 201733 et 201716 fois. Ils m’ont été inspirés par trois idées.

La première est que la ligne de partage gauche-droite est obsolète (c’est manifeste en Martinique) et que s’y accrocher relève d’une forme de conservatisme voire de paresse. C’est ainsi que le repli identitaire remplit le vide de la pensée politique avec ses relents d’ostracisme et de xénophobie. Ce recul est classé à l’extrême-droite en métropole, à gauche en Martinique, preuve de la vacuité de ces notions.

Deuxième idée : la 5ème république est sur le point d’atteindre le record de longévité détenu par la 3ème république, 70 ans. Or elle s’essouffle : les modifications qui lui ont été apportées, le retour de la prépondérance des partis politiques ainsi que la détérioration des mœurs et des pratiques en ont altéré l’esprit et l’efficacité.

Troisième idée : au moment où des phénomènes politiques bousculent l’Europe et l’équilibre du monde, il m’est apparu que la France ne pouvait pas demeurer quasiment le seul pays occidental où il ne se passerait rien d’important au plan de son organisation politique.

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« Quand les mots du politique sont brouillés et dénaturés, c’est la démocratie qui perd »

— Par Cécile Alduy —

Dans cette année électorale à hauts risques, la campagne pour l’élection présidentielle présente un niveau d’incertitude inédit, sous lequel se dessine une reconfiguration profonde du champ politique. S’y greffent « la confusion des signes et le brouillage de la parole politique », observe Cécile Alduy.

Professeure de littérature française à Stanford University (Californie) et chercheuse associée au Cevipof (Sciences-Po), elle « ne s’intéresse pas au ballet des personnes, mais à la dynamique des discours ». Alors pour savoir « Ce qu’ils disent vraiment » – titre de son récent ouvrage –, elle a appliqué à l’expression publique, de 2014 à 2016, des candidats Le Pen, Fillon, Mélenchon et de ceux qu’ils ont supplantés – Hollande, Sarkozy, Juppé – une analyse scientifique utilisant programmes informatiques et grille de lecture sémiotique fine. Afin de « dégager les structures profondes et la vision du monde et de la société française des principales figures qui façonnent le débat politique ». Elle en présente ici les principaux enseignements et enjeux.

Rarement bataille pour l’élection présidentielle aura été une équation à autant d’inconnues.

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« Théo, Mohamed » : communiqué de la LDH Guadeloupe

Deux nouvelles affaires de violences policières sur des jeunes Noirs avec insultes racistes et homophobes se sont récemment déroulées à Aulnay-sous-Bois.

Au cours de son interpellation par un groupe de 4 policiers, le 2 février 2017, Théo, 22 ans, a eu une déchirure anale qui lui a « valu » 60 » jours d’Interruption Temporaire de Travail. Le policier mis en cause a déclaré qu’il n’avait pas eu l’intention de le sodomiser avec sa matraque télescopique.

Une semaine auparavant, soit le 26 janvier 2017, dans cette même cité d’Aulnay-sous-bois, le jeune Mohamed, 22 ans lui aussi, a été passé à tabac et insulté par un groupe de policiers. Le visage particulièrement tuméfié, il s’en est sorti avec plusieurs blessures au corps et 5 jours d’ITT.

Mohamed aurait reconnu parmi ses agresseurs l’un des policiers auteur ou complice du viol de Théo.

Nous observons que :

– Même si une grande majorité de policiers continue d’effectuer ses missions dans le respect des lois de la République, en France les violences policières assorties d’insultes racistes et de propos homophobes contre les jeunes Noirs se multiplient et tendent à se banaliser

– Le représentant d’un syndicat de police a déclaré sur les médias que, concernant Théo, la sodomisation était involontaire.

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Races* humaines – Races* sociales

— Tribune de Roland Tell —

Récemment, Emmanuel MACRON a soulevé la question morale des maltraitances et des souffrances, infligées autrefois aux peuples colonisés. Après les Africains, pendant des siècles de colonialisme européen, et du commerce des esclaves, les Algériens, il y a plus de cinquante ans, se levèrent, un bon matin, réfugiés sur leur propre sol, et à partir de là, victimes de toutes les formes d’aliénation, pendant que les Colonisateurs bénéficiaient de tous les avantages – la terre, les conditions de vie, de travail, de progrès. La vraie question morale, posée en fait, est de savoir si une race avait le droit de maltraiter une autre, et puis, décolonisation oblige, de s’en tirer indemne ailleurs, après des années de barbarie, de pillages, de conquêtes, pour chercher à légitimer en 2017 l’oppression du passé, et réaliser une force idéologique subversive, née des cendres de la décolonisation.
Plus d’un demi-siècle après, sur la terre de France, ils restent incapables de penser de manière communicative, et, même par leur descendance métropolitaine, ils continuent d’être des monstres de l’intolérance et du racisme. Et pourtant, et pourtant, la société multiculturelle est de plus en plus une évidence dans la France d’aujourd’hui !

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