Catégorie : Parutions

Le français n’est pas uniforme

francais_pas_uniformeLe français en liberté. Frenglish ou diversité, de Patricia Latour et Francis Combes. Le Temps des cerises, 165 pages, 12 euros.

Depuis deux ans, la journaliste Patricia Latour et le poète Francis Combes tiennent une chronique hebdomadaire dans l’Humanité sur la langue, le français en pleine transformation, souvent bousculé (notamment par l’afflux des anglicismes) mais bien vivant et riche d’une diversité souvent sous-estimée. Dans cette chronique où le sérieux se mêle à l’ironie et l’humour, ils s’attaquent à des effets de modes, souvent ridicules, mais cherchent aussi à repérer les nouveautés, les créations intéressantes et la vitalité de la langue parlée. Ils s’intéressent notamment à ce que les mots nous révèlent – bien souvent à l’insu de ceux qui les emploient – de notre vie en société. Le psychanalyste Jacques Lacan disait que l’inconscient fonctionnait comme un langage… Le langage fonctionne aussi comme un inconscient. L’inconscient collectif de la société. La langue n’est pas uniforme. Elle est aussi contrastée que peut l’être une société divisée en classes sociales et parfois même atomisée, comme l’est à certains égards la nôtre. La langue ne cesse d’évoluer.

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Politiques culturelles : 40 intellectuels dénoncent le bilan de François Hollande

le_livre_des_trahisonsLe 15 mai 2012, François Hollande était élu président de la République française. Depuis, avec l’aide de ses différents gouvernements, il n’a cessé de multiplier les actions, les lois et les déclarations contraires à ce qu’il avait annoncé – et, surtout, contraires à l’idée la plus élémentaire de ce que peut être la gauche. Quarante intellectuels et écrivains se sont donc réunis pour dresser la chronique de ces trahisons et pour raconter, à rebours de l’épilepsie médiatique favorisant notre amnésie, quelque chose de la condition politique du présent. Du programme présidentiel au projet de loi El Khomri, des déclarations de Manuel Valls contre toute tentative d’explication au passage en force de la constitutionnalisation de l’état d’urgence, de la gestion de la jungle de Calais, jusqu’aux dictateurs invités par l’Élysée, à la lutte contre les prostituées et à la démission de Christiane Taubira, ce sont quatre années invraisemblables qui viennent de s’écouler. Ce n’est pas la première fois que la gauche a trahi la gauche, mais celle-ci pourrait bien être la dernière.
Sous la direction de Laurent de Sutter

Contributions de Dorian Astor, Philippe Beck, Véronique Bergen, Félix Boggio Éwangé-Épée, Antoine Böhm, Gabriel Bortzmeyer, Fabrice Bourlez, Arthur-Louis Cingualte, Yves Citton, Balthazar Clamoux, Thomas Clerc, Jérôme Dittmar, Camille le Doze, Jean-Michel Durafour, Johan Faerber, Jean-Luc Florin, Barbara Formis, Aléric de Gans, Tristan Garcia, Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros, Mathias Kusnierz, Ariel Kyrou, Warren Lambert, Stéphane Legrand, Aurélien Lemant, Camille Louis, Patrice Maniglier, Jean-Clet Martin, Morgane Merteuil, Yann Moulier-Boutang, Frédéric Neyrat, Pierre Pigot, Stephen Sarrazin, Ivan Segré, Clément Sénéchal, Laurent de Sutter, Fanny Taillandier, Nicolas Tellop, Pacôme Thiellement, Marion Zilio

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Le livre des trahisons
Laurent de Sutter
Collection:
Hors collection
Discipline:
Société
Catégorie:
Livre
Date de parution:
07/09/2016

Lire dans Mariane :

Marianne : Comment décide-t-on de diriger un tel livre ?

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La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions

la_spirale_du_declassementDepuis trente ans, la France a sacrifié sa jeunesse plus que n’importe quelle autre économie développée pour conserver un modèle social que nous serons incapables de transmettre à nos enfants. Ce choix du passé au détriment de l’avenir est à la source d’une spirale de déclassement et d’inégalités nouvelles : en minant la « civilisation de classes moyennes » qui définissait le projet des démocraties modernes, il réduit à néant l’ambition de laisser à la génération suivante un monde meilleur. Pourtant, ces réalités criantes font l’objet d’un formidable déni : les classes moyennes, affirme-t-on, seraient relativement épargnées par la crise ; la paupérisation des jeunes serait quant à elle concentrée sur les moins diplômés et les solidarités familiales compenseraient les difficultés transitoires des autres. A partir de données et de comparaisons internationales inédites, Louis Chauvel récuse définitivement ces argumentaires convenus et dénonce les illusions qui les sous-tendent. Il ne s’agit pas de substituer aux inégalités de classes la fracture des générations, mais de montrer la complémentarité de leur dynamique : à raison du creusement des inégalités patrimoniales, les écarts au sein des nouvelles générations sont appelés à se radicaliser entre héritiers protégés par leurs « garanties » familiales et détenteurs de diplômes dévalorisés.

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Quand la sociologie se penche sur l’attitude « gayfriendly »

— Par Maud Picart —

actes_recherches_213ACTES DE LA RECHERCHE EN SCIENCES SOCIALES (n° 213). Éditions du Seuil, juin 2016. 16,20 euros.
Tous ceux et toutes celles qui ont un intérêt pour les sciences sociales et plus largement pour les phénomènes sociaux de notre monde contemporain peuvent se réjouir. Ils vont assouvir leur soif de connaissances grâce à ce numéro «varia» de la revue Actes de la recherche en sciences sociales. Fondée par Pierre Bourdieu en 1975, la revue publie des résultats de recherche en sociologie et autres disciplines liées. Ce numéro contient entre autres une analyse détaillée des facteurs entraînant une attitude dite « gayfriendly » en France. L’article balaie un large rang de facteurs sociologiques créateurs d’acceptation – ou d’exclusion – à l’égard de la communauté homosexuelle. On y retrouve également une publication confrontant la théorie des champs avec le milieu carcéral, initiant la construction du « champ pénitentiaire » en sciences sociales. Ce n’est là qu’un bref aperçu du contenu riche et détaillé, sondages et graphiques à l’appui, qu’offre la revue. Il est nécessaire d’avoir des connaissances de base en sociologie.

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Le labyrinthe théorique antisémite de Heidegger passé au crible de la critique

— Par Jérôme Skalski —

heidegger_&_le_golemHeidegger et le Golem du nazisme, de Maurice Ulrich. Éditions Arcane 17, 154 pages. 14 euros.

Pour qui s’aventure sur les chemins forestiers ­ Holzwege ­ que dessine la pensée de Martin Heidegger parmi la haute futaie de hêtres ou de pins de la philosophie allemande, les embûches sont nombreuses. Parmi elles, celles qu’il a lui-même dressées sur son passage. La méthode assure à ses prises de position théoriques la touche d’ésotérisme propice à attirer les esprits en manque de distinction ainsi que l’ambiguïté nécessaire à une pensée qui se camoufle pour mieux se dérober plutôt que de faire face à ses objecteurs. En publiant en cette rentrée son essai, Maurice Ulrich fait tout d’abord oeuvre utile en donnant aux non-spécialistes, aux jeunes lecteurs en particulier, l’indication de pistes critiques susceptibles de les détacher de l’atmosphère hypnotique des écrits du philosophe. L’auteur, qui se présente comme un non-professionnel en philosophie, prétend n’apporter d’originalité dans son propos qu’en tant que tel, en assumant le caractère personnel de son intervention, textes à l’appui.

« Les rapports de Heidegger au nazisme et à l’antisémitisme ne sont pas seulement une question de philosophie mais sont une interpellation adressée à chacun et à la conscience humaine », assène-t-il dès les premières pages de son ouvrage.

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« Crise grecque, tragédie européenne » de James K. Galbraith

crise_grecque_tragedie_europeL’enjeu de la crise grecque dépasse largement la Grèce. C’est l’avenir de l’Union européenne qui s’y dessine. Tandis que les Grecs avaient mandaté Alexis Tsipras pour rejeter les plans d’austérité et renégocier la dette, l’Europe a fait bloc pour refuser toute concession et imposer la poursuite d’une politique insoutenable. L’histoire de cette crise est une véritable tragédie européenne, que l’auteur met ici en évidence. Galbraith, ami de longue date de Yanis Varoufakis, a résidé en quasi-permanence à Athènes au cours des six mois clés de cette tragédie. Il a animé une équipe conseillant Tsipras et Varoufakis, accompagné ces derniers à Bruxelles et à Berlin. Ce livre donne à voir et à comprendre ce moment essentiel de notre histoire, en reprenant les analyses développées par l’auteur à chaque étape des négociations. On y découvrira comment la rationalité économique, soutenue par les Grecs, s’est trouvée anéantie par les calculs politiques de leurs partenaires, inconscients du fait qu’ils ruinaient ainsi le projet européen.

Figure de l’économie hétérodoxe aux États-Unis, fils du célèbre John K. Galbraith, James Galbraith est professeur à l’université du Texas et notamment auteur de L’État prédateur et de La Grande Crise (« Économie humaine », Seuil).

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Comment mesurer la puissance de la musique ?

critique_mai-2016

De l’inventions des hymnes aux expressions du deuil national, de l’histoire de la censure et de la propagande aux effervescences de la mobilisation, des vociférations de la terreur aux chants de résistance et aux rythmes de la liberté… il existe une étonnante solidarité entre la musique et la politique – entre les puissances de la musique et la multiplicité des enjeux de la vie politique. Comme si la musique était, plus que tout autre art, bonne conductrice de collectivité, de soulèvement, de révolte, mais aussi bien de violence, d’oublis coupables et d’assujettissements. Comme si surtout, avec la musique, l’Histoire n’en avait jamais fini de gronder en nous.
Cette solidarité, d’où vient-elle ? De la musique elle-même, ou de ce que l’on en fait ? Vient-elle des appropriations, des instrumentalisations (c’est le mot), voire des confiscations du musical par le politique – par la symbolique nationale, notamment ? Vient-elle d’une volonté, dans tel ou tel dispositif musical, d’imiter (ou d’inquiéter) les rapports de pouvoir, de hiérarchie et d’autorité ? Vient-elle au contraire d’une « disponibilité » complète, qui va de pair avec une absence supposée de signification (puisque la musique est réputée ne rien signifier, ne rien « vouloir dire » et donc pouvoir tout accompagner, prêtant apparemment son intensité à toutes les causes) ?

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Antan lontan

Pineau GuadeloupeLa Guadeloupe et la Martinique à travers les cartes postales anciennes

Par Michel Herland

La réédition de deux ouvrages de Gisèle Pineau et André Lucrèce respectivement consacrés à la Guadeloupe et à la Martinique est l’occasion d’un voyage dans le passé riche d’enseignements. Les premières cartes postales ne ressemblent en rien à celles que l’on trouve aujourd’hui sur les présentoirs des boutiques pour touristes. Pas de paysage de rêve – mer bleue, sable blond et cocotiers –, pas de fleurs exotiques, pas de pin-up plus ou moins dénudée assortie d’une légende égrillarde. Il y a un siècle en arrière, on ne connaissait pas la photographie en couleurs, ce qui rendait sans intérêt les photos de paysages ou de fleurs. Quant aux jeune femmes et dames, elles se baignaient tout habillées – comme nous le montrent, justement, les cartes postales anciennes. Celles-ci nous apportent en effet un témoignage proprement irremplaçable sur la vie de nos ancêtres. Il y avait bien, à cette époque, le journal L’Illustration, mais ce dernier couvrait surtout les grands événements ; ses reporters ne visitaient pas les coins reculés et s’intéressaient peu à la vie sans grandeur des classes laborieuses.

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« Les Noirs dans le cinéma français », une étude pointue de Régis Dubois

noirs_ds_cinema_franceCet ouvrage poursuit deux objectifs. D’une part analyser l’image du « Noir » et son évolution dans l’imaginaire cinématographique français depuis un siècle. D’autre part, mettre en lumière la présence des Noirs et Métisses dans le cinéma hexagonal depuis les premières vues des frères Lumière jusqu’au triomphe d’Intouchables, en évoquant notamment les rôles interprétés par Josephine Baker, Habib Benglia, Darling Légitimus, Robert Liensol, Isaac de Bankolé, Firmine Richard, Jacques Martial, Alex Descas, Mouss Diouf, Aïssa Maïga, Edouard Montoute, Stomy Bugsy, Eriq Ebouaney, Joeystarr ou Omar Sy.

Ce livre consacre par ailleurs un chapitre au « cinéma noir français » pour essayer de comprendre pourquoi et comment s’est constitué un cinéma identitaire, pour ne pas dire communautaire, réalisé par des cinéastes afro-ascendants depuis une trentaine d’années.

Un dictionnaire regroupant les principaux acteurs et réalisateurs concernés parachève ce projet.

Régis Dubois est enseignant en histoire du cinéma et a déjà publié de nombreux ouvrages sur le 7e art, dont Images du Noir dans le cinéma américain blanc (L’Harmattan, 1997), Le Cinéma des Noirs américains, entre intégration et contestation (Le Cerf/Corlet 2005), Une histoire politique du cinéma (Sulliver, 2007) ou Hollywood, cinéma et idéologie (Sulliver, 2008).

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Les résistances à l’esclavage en Guyane XVIIe-XIXe siècles

— Par Jacqueline Zonzon, Sarah Ebion, Lydie Ho Fong Choy Choucoutou, Sidonie Latidine —

resistances_esclavages_guyaneFidèle à son projet d’œuvrer pour la diffusion du savoir historique, l’Association des professeurs d’histoire-géographie de Guyane (aphg-g), en partenariat avec le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement (ccee) de Guyane et le soutien du Rectorat Guyane et de la Région Guyane, organise la deuxième édition du concours du Jeune historien guyanais. Il s’adresse aux élèves des écoles primaires, des collèges et des lycées de l’académie de Guyane.

Cette initiative vise à s’inscrire tout naturellement dans les deux missions de l’institution scolaire : la transmission des connaissances et l’éducation à la citoyenneté, telles que nous les avons développées lors du premier concours en 2013-2014.

La deuxième édition du concours du Jeune historien guyanais porte sur les résistances à l’esclavage en Guyane, du xviie au xixe siècle. Cette thématique vise à faire découvrir un aspect méconnu de l’histoire ­l’esclavage, et à montrer que la lutte pour la reconquête de la liberté est ­universelle.

Ce dossier pédagogique est un outil dans lequel l’enseignant trouvera des documents écrits propres à la Guyane – conservés dans les archives guyanaises et hexagonales – et une iconographie empruntée à l’aire de l’Amérique des plantations.

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La police des Noirs en Amérique et en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles

la_police_des_noirsXVIIe et XVIIIe siècles, la France est une puissance colonisatrice qui prospère en outremer.
Face la domination blanche, les esclaves se livrent au marronnage de toutes parts, entreprennent la destruction des intérêts de leurs maîtres, attentent même à leur propre vie compromettant ainsi l’objectif qui fut à la base de l’occupation des territoires.
Pour enrayer les nombreuses révoltes noires et contenir ses insoumis, le pouvoir français se voit dans l’obligation d’adapter, de réorganiser totalement ses institutions judiciaires et son système policier.
Cette étude minutieuse et fort bien documentée aborde une tranche de l’histoire de l’esclavage sous un angle nouveau, celui du rapport complexe régissant la justice, le pouvoir des hommes blancs et les Noirs, asservis ou libres.

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Introduction
on a beaucoup écrit sur la condition des noirs vivant aux Antilles et en Guyane sous l’ancien Régime. aucun ouvrage n’aborde pourtant la police 1 de ce groupe, qui était une réalité, même si l’on peut relever ici et là quelques réflexions sur la question.

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« L’esclave avait-il donc une âme ? La fête servile à la Martinique » par Albanie Burand

esclave_avait_il_une_ameHistoire

Le thème de la fête servile nous offre de découvrir un aspect de la vie des esclaves que les études et recherches avaient négligé. La connaissance de ce groupe social s’en est trouvée lourdement déformée et aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui croient que la vie de l’esclave ne s’est résumée qu’au travail avec ses corollaires de souffrances, de privations et toutes les cruautés qui font que la mort semblait pour un grand nombre l’issue la meilleure.

Le discours actuel sur le sujet exprime souvent toute l’émotion d’un peuple en quête de réhabilitation. La justification du besoin de compensation de la population contemporaine conduit à procéder, de façon inconsciente peut-être, à la sélection des faits étudiés, occultant ceux qui ne soutenaient pas leur plaidoyer.

L’histoire de l’esclavage n’est alors devenue, dans c et esprit , qu’un moyen de reconnaissance identitaire. La fête servile ne deviendra- t-elle pas un instrument que le groupe dominant utilisera pour instaurer, sinon rappeler une distance effective entre colons et esclaves ? Ne deviendra-t-elle pas un élément d u code de détermination du statut des groupes ?

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Sociétés marronnes des Amériques

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Te yu koko yu futu, san di meki yu kaï no de na fesi, a de na yu baka

En marchant, l’homme qui bute sur un obstacle et trébuche ignore la raison de sa chute s’il ne se retourne pas pour en connaître la cause. Elle peut s’expliquer par la présence d’une motte de terre, d’une pierre, d’une souche d’arbre sur le chemin ou provenir de l’individu lui-même.

Cet adage bushinengue appelle à la vigilance sur le passé pour construire le présent.

Le colloque Marronnages et leurs productions sociales et culturelles dans les Guyanes et le bassin caribéen du XVIIe-XXe siècles : bilan et perspectives – Mémoires, patrimoines, identités et histoire, organisé par des descendants de Marrons dont les actes sont publiés ici, s’inscrit dans cette démarche.

Jusqu’à une époque récente (1960-1970), l’histoire du marronnage n’avait pas droit de cité dans le contexte surinamien, guyanais, antillais (Martinique, Guadeloupe) car elle rappelait le souvenir d’individus qui s’étaient dressés contre l’ordre établi, qui avaient refusé la « civilisation » pour s’enfuir dans la forêt.

Les plus grands spécialistes de ces rété sizé (ceux qui sont restés assis et muets), c’est-à-dire les groupes socio-culturels en marge de l’histoire officielle ou globale, nationale ou régionale sont ici réunis pour déloger le passé esclavagiste et marronniste de son enveloppe émotionnelle, catégorielle, clanique, familiale, individuelle ou collective afin de favoriser un dialogue des cultures et de redonner au terme « marron » sa dimension historique, culturelle et géographique en mettant en lumière la personnalité et les pratiques de ces esclaves qui avaient décidé de prendre leur destin en main.

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Dieu dans tous ses états

— Par Nicolas Dutent —

citrus_dieuAprès le football, les faits divers et le sexe, c’est au tour du divin d’occuper subtilement les pages de Citrus, revue thématique interdisciplinaire de la jeune et innovante maison d’édition L’Agrume.

« Est-ce que Dieu existe ? » La réponse de Siri – ­l’assistant vocal intégré au iPhone – est invariable : « Bonne question. » Si la ­formulation change pour « Dieu existe-t-il ? », on obtient en revanche : « Pour moi, les religions sont un grand mystère. » C’est de cet embarras anecdotique et millénaire dont s’amuse Chloé Pathé, rédactrice en chef de Citrus, dans l’éditorial du quatrième numéro de la revue graphique, réussite qui mêle harmonieusement textes et dessins, signatures expertes et talents émergents, raffinement et rigueur. « Que Dieu soit une réponse ou une question, la réflexion se nourrit d’abstractions qui relèvent d’une poétique des sentiments. L’évidence qui se dégage, c’est que le sublime est un sublime mystère », confirme Arnaud Gaillard dans l’article « CE qui nous ­rassemble », illustré par Yasmine Gateau. Parti à la rencontre de jeunes athées, l’auteur retrouve dans la bouche de Némésis ces sentiments contrastés : « D’un côté, Némésis dénonce un Dieu social-traître laissant se propager des violences, des tortures et tout un cortège d’injustices.

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Pour une écologie des petits matins tranquilles (et pas des Grands soirs chimériques)

— Par Frédéric Denhez —
pour_1_mde_meilleurÀ la demande de France Nature Environnement, j’ai écrit cette France de demain en dix propositions d’actions et de transformations, dix actes concrets, simples, qui sont autant de leviers pour changer le pays en changeant notre rapport à la nature et au temps. Dix propositions pour le citoyen… et dix propositions pour les élus. Cela fait vingt, en fait un peu plus. Dix chapitres…

… dix thèmes transversaux sur notre place dans la nature, notre rapport à l’énergie, le rôle fondamental des collectivités, la gouvernance de l’eau comme exemple à suivre (en l’améliorant…), l’importance de l’éducation à l’environnement et de la bouffe etc. Dix chapitres rédigés à partir des documents internes de FNE, des discussions avec ses bénévoles et salariés, de mes propres réflexions. Un livre pas facile à rédiger, car il a dû se frayer un chemin entre les nombreux réseaux et membres de la plus grande fédération d’associations de protections de la nature de France. Mais le voilà, il est beau comme une feuille de route à partir de laquelle tous les prétendants à la Présidentielle devrait développer leur vision de l’avenir.

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« La Martinique à travers la carte postale ancienne » d’André Lucrèce

la_martinique_lucreceLA MARTINIQUE
À travers la carte postale ancienne
André Lucrèce
Iconographie : 400 cartes postales anciennes

« Il faut épier le réel, ces existences surgies de tous les écarts, ces signes dans les regards qui s’accordent une espérance, cet outre-soi qui n’abdique pas, tout cela restitue l’identité de l’ île, terre mouvante entre des passages orphiques, terre convoitée par les battements de l’histoire, terre de grands cris et de non-dits qui chacun ont leurs mystères, d’ où soudain nous parvient le pays, jusqu’alors caché entre deux failles qui communiquent. »

Au fil de 400 cartes postales du dОbut du XXe siècle, André Lucrèce nous embarque à bord d’ un taxi-pays au départ de Fort-de-France pour parcourir la Martinique. On retrouve la ville de Saint-Pierre avant la catastrophe de 1902, lorsqu’elle est encore le « Petit Paris des Antilles », on plonge dans l’ effervescence de Fort-de-France, alors en plein essor, on se laisse transporter à travers les différents bourgs de l’île, Le Lamentin, Sainte-Marie, Rivière-Pilote… On rencontre celles et ceux qui ont fait la Martinique : marchandes, pêcheurs, coupeurs de canne ou quimboiseurs…

André Lucrèce

Écrivain, critique littéraire et sociologue, André Lucrèce est l’auteur de plusieurs livres et de très nombreux articles consacrés à la poésie, au théâtre, à la peinture.

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«Rejeter un accent, c’est toucher à l’identité de l’être»

glottophobie-1Le premier livre à dénoncer la glottophobie, discrimination par le langage.

Le langage est dans notre société un instrument de pouvoir puissant et méconnu : accents et tournures langagières sont les cibles d’une discrimination généralisée, appelée glottophobie. Rejeter une personne pour sa façon de parler, c’est la même chose que la rejeter pour sa religion, la couleur de sa peau ou son orientation sexuelle, autant de discriminations punies par la loi en France.

Pourtant, les discriminations fondées sur la langue sont ignorées alors qu’elles affectent des milliers de personnes, méprisées ou rejetées pour leur accent ou leur vocabulaire. La domination s’exerce en effet aussi par le langage. Les « élites » imposent leur manière de parler comme la seule légitime.

Le livre donne un nom à ces discriminations linguistiques –la glottophobie – et attire l’attention sur leurs conséquences humaines et sociales, profondes et massives. Linguiste, son auteur démonte, exemples à l’appui, les mécanismes de la glottophobie pour mieux la révéler, la dénoncer et ainsi la combattre.

Philippe Blanchet est professeur de sociolinguistique à l’université Rennes 2. Il est spécialiste de la diversité linguistique et culturelle dans le monde francophone et expert en politique linguistique et éducative pour de grands organismes.

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RCI est les Antilles : une histoire mêlée

— Dossier de presse —

rci_carnets_secretsVous allez lire un livre passionnant.
La radio est un média magique : la musique fait partie de nos vies; les voix des journalistes et des animateurs parlent à l’intimité des auditeurs. La radio est partie prenante de la société.
Les radios sont aussi des entreprises, elles connaissent les difficultés économiques des entreprises.
Et puis la radio est un moyen d’influence, elle suscite les stratégies des politiques. Peut-être plus encore dans les outre mer, parce que des décideurs parisiens, gauche et droite confondues, recherchent surtout des créneaux d’emprise, ou de manipulation.
C’est tout cela que l’on retrouve dans ces Carnets secrets, sous la plume précise et alerte d’André Berthon, qui fut lui-même un pionnier de la captivante histoire de RCI Radio Caraïbes.
C’est l’Histoire, avec un grand H, des Antilles.
Ce sont aussi les petites histoires qui font la vie d’une radio, où les auditeurs retrouveront mille anecdotes, drôles ou tendres, sur les personnes qu’ils ont connues à l’antenne, sur leurs techniciens, leurs patrons.
L’auteur de cette préface s’est souvenu, dans ses années-lycée, avoir entendu souvent, sur Radio-Tanger, Michel Ferry, le fondateur de ce qui deviendrait RCI.

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Langue française : le chagrin et la passion

critique_avril-2016L’avilissement de la langue française est un leitmotiv du discours décliniste. Voyez comme elle est déchue, nous répètent essayistes et gazetiers ! Malmenée, maltraitée, outragée par les Français eux-mêmes ; et de par le monde, délaissée, de plus en plus ignorée, de moins en moins désirée.
Nous avons voulu rompre avec cette antienne. Car il suffit de s’éloigner du mur des lamentations médiatiques pour constater qu’il y a aujourd’hui des écrivains, des linguistes, des philosophes, des sociologues, des historiens, en France et hors de France, qui posent de manière neuve la question du français, de son état et de son statut. Ils, elles le font sans complaisance ni masochisme. Sans renier, ni dénier la part d’émotion qui colore leur rapport à cette langue, mais sans céder non plus aux mirages nostalgiques ni aux déplorations pathétiques.
Entre Alain Borer et Xavier North, Jean-Marie Klinkenberg et Laurent Jenny, Michèle Causse, Katy Barasc et Thierry Hoquet, Pascale Casanova et Tiphaine Samoyault, ce numéro ouvre non pas un, mais des dialogues – complices, complexes, critiques, polémiques.
Avec pour point commun le beau souci de ne pas parler du français sur un ton chagrin.

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Comment peut-on aimer le sport ?

— Par Thierry Blin, maître de conférences en sociologie —
sport_&_philo-1Sport & philosophie Yves Vargas. Éditions le Temps des cerises, 300 pages, 17 euros.

Le sport, vous en mangez à tous les repas : télévision, sortie au stade, transpiration personnelle, etc. S’il est un enthousiasme universel, c’est bien celui-là ! Disséquée par les mains érudites d’Yves Vargas, la passion collective change et livre une ossature pleine d’idées philosophiques et sociales. Quel est l’ADN du sport ? L’œil ! Le sport, c’est l’œil : l’exhibition athlétique chronométrée, mesurée, comptabilisée sous toutes les coutures. Pas étonnant qu’il soit le roi des spectacles. D’autant plus qu’il est simple, reposant. Il ne nous assomme pas de manifestes, déclarations, dissertations, etc. Il s’expose en évidence. Le drame de l’incertitude réduit à l’équation de la simplicité, de l’immédiateté, ici et maintenant. Dans le geste sportif : pas de signifié derrière les signifiants, de cause derrière les effets : la transparence causale. D’où une hostilité constitutive aux subtilités de l’herméneutique, qui explique d’ailleurs qu’il ne puisse être, en lui-même, livré en fiction. Pour faire un film, il faut rajouter tout ça.

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Honoré, l’humanité par le dessin

— Par Caroline Constant —

la_mort_apres_la_retraitePetite anthologie du dessin politique, d’Honoré. Éditions de la Martinière, 25 euros. Hélène Honoré Hélène Honoré, avec les éditions de la Martinière, sort une anthologie politique de l’œuvre de son père, assassiné le 7 janvier 2015 à Charlie Hebdo. Une œuvre puissante et originale.

Il avait un trait reconnaissable entre tous, en noir et blanc, nimbé d’élégance et de férocité. Il avait aussi une signature très originale, les six lettres de son prénom, Honoré, réunies dans un petit carré. Philippe Honoré est mort assassiné, le 7 janvier 2015, à Charlie Hebdo avec les journalistes et dessinateurs qu’il côtoyait depuis la recréation du journal, en 1992. Les éditions de la Martinière ont sorti hier un très bel ouvrage, une Petite anthologie du dessin politique, préfacé par François Morel. Et surtout par sa fille, Hélène Honoré, qui affirmait dans nos colonnes, une semaine après le drame, sa volonté de « faire connaître son travail, pour que les gens s’en emparent avec leurs yeux ».

Quel bonheur de parcourir, de 1995 à 2015, tous les dessins de cet artiste.

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« Black-Label ou les déboires de Léon-Gontran Damas », un essai de Kathleen Gyssels

black-labelCaen, Passage(s), 2016, « Essais ». ISBN : 979-10-94898-01-7. 308 p. 20 €.

En 1956, le « troisième homme de la négritude » publie son troisième recueil de poésie, Black-Label. Dans cette œuvre, qui retint peu l’attention des critiques, Damas se montre particulièrement élusif tout en reprenant la thématique qui lui tient à cœur. Anti-clérical t anti-bourgeois, pacifiste et anti-assimilationniste, le Guyanais s’y révèle aussi comme un poète hypersensible, livré à des crises profondes liées à son existence nègre et son expérience d’un Antillo-guyanais toujours en exil.

Entre amour et dépression, engagement politique et danses afro-cubaines, la poétrie métissée de Damas s’imprègne du jazz et du blues pour raconter les déboires d’un être complexe, laminé par des souvenirs d’enfance et, pourtant, toujours prêt à l’exaltation. Tenant compte du contexte socio-culturel de l’époque où il paraît, le recueil de Damas est ici analysé à l’aune des affiliations esthétiques et éthiques du poète proche, entre autres, de Richard Wright, Langston Hugues et Claude Mc Kay, mais aussi d’Apollinaire, Ghérasim Luca ou Robert Desnos.

À l’heure où Christine Taubira scande devant l’Assemblée cet oublié de la littérature francophone, il convient de relire sa poésie qui transgresse toutes les lignes / frontières (ethniques, sociales, linguistiques et genrées).

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« L’identité, c’est la guerre », de Roger Martelli

roger_martelliEéditions Les liens qui libèrent, 205 pages, 18,50 euros.

Sur tout le continent européen, l’extrême droite a imposé l’idée que l’identité serait l’enjeu crucial des sociétés contemporaines. Le mouvement des hommes, stimulé par l’actuelle mondialisation, serait en train de bouleverser l’équilibre des cultures installées. La nation, l’Occident, la chrétienté, nous dit-on, sont menacées : il nous faut donc désormais défendre notre identité, ou la retrouver si nous estimons qu’elle est perdue. « Nous ne sommes plus chez nous » devient un credo de plus en plus lancinant. Et quand on n’est plus chez soi on finit par ne plus savoir qui on est…

La peur de l’autre est en passe de devenir le pivot exclusif de nos imaginaires. À quoi s’ajoute une autre conviction, qui veut que les sociétés occidentales soient en « état de guerre ». Le choc des civilisations opposant l’Occident et l’Islam avait été annoncé dès le début des années 1990. Après l’attentat du World Trade Centre, il est devenu une guerre contre le terrorisme, qui justifie les mesures les plus sévères, aux confins de l’état d’exception. La crainte de l’identité perdue et la hantise de la menace se conjuguent ainsi, au risque de toutes les clôtures et de tous les affrontements.

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« Pour la démocratie martiniquaise » : décapant, amusant et instructif

cla_3_courants_ploitiquesChristian Louise-Alexandrine, que des générations d’élèves connaissent bien pour avoir suivi des cours de Sciences Economiques et Sociales et que quiconcque s’interesse un tant soit peu à la vie politique de la Martinique connait pour ses engagements, publie une contribution au débat qui s’intitule « Pour la démocratie martiniquaise ». Après un très rapide apperçu de ce qu’a été la vie politique ces dernières années, il propose un schéma synthétique des différents positionnements possibles à partir des de ce qu’il identifie comme étant les trois courants qui structurent la vie politique du pays. Economiste de formation il reprend le célèbre schéma de Freyssinet du « halo du chômage »et substitue aux notions initiales celles d’intégrationnistes, autonomistes et indépendantistes. On obtient donc sept positionnements politiques qui vont des plus tranchés aux plus flous. Le résultat est d’autant plus intéressant qu’au-delà du positionnement individuel au moment d’aujourd’hui on peut se poser la question de ce qu’il en était lors des scrutins précédents et reconstruire ainsi un parcours poilitique.
Mais là où l’ouvrage de Christian Louise-Alexandrine devient jubilatoire c’est quand il applique ce schéma au personnel politique de la Martinique.

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Benjamin Stora : « La gauche doit défendre les minorités et cesser de se cacher derrière un universalisme abstrait »

— Entretien réalisé par Elsa Sabado —

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La France n’en a pas fini avec son passé colonial. Il a imprégné les imaginaires et a constitué un socle idéologique sur lequel le Front national s’est construit. C’est ce Transfert d’une mémoire, de l’Algérie coloniale vers la métropole, qu’avait décrit Benjamin Stora en 1999. Cet ouvrage analysait déjà les raisons historiques pour lesquelles les questions difficiles de l’immigration ou de l’Islam en France seraient au cœur du débat public.

C’était également le sujet du roman d’Alexis Jenni, L’Art français de la guerre. Un dialogue inédit entre l’historien et l’écrivain permet ici d’éclairer la nature de cet imaginaire colonial et son actualité, dans une France secouée par les grands défis qui surgissent après le « Choc de janvier 2015 ».

Face aux crispations identitaires, cet échange passionnant invite à mener une bataille culturelle décisive pour sortir de la violence des mémoires et à affronter enfin, par une prise en compte sereine de l’Histoire, les enjeux du présent.

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Pour l’historien Benjamin stora, si la parole s’est libérée en France sur la guerre d’algérie, cela s’est fait en ordre dispersé, faisant craindre une guerre de « mémoires ».

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