Catégorie : Sciences Sociales

Approvisionnement en eau : il faudra encore attendre!

— Communiqué association PUMA — 

‘’Il n’est point besoin d’espérer réussir pour entreprendre’’

Bien qu’elle ne soit pas parvenue à convaincre de la justesse de sa position, l’association écologique PUMA, acronyme de ‘’ Pour Une Martinique Autrement ‘’ partage avec les populations de l’île sa fierté d’avoir saisi en référé la justice administrative du problème de l’approvisionnement en eau que rencontre, et, apparemment, rencontrera encore longtemps une grande partie des martiniquais.

Nous ne pouvons que regretter respectueusement cette décision de justice où, au nom du peuple français, le juge des référés estime, d’une part, qu’il n’y a pas d’urgence à réparer la canalisation de 800 à Séguineau et rejette notre demande sans prise en considération de l’ensemble de nos arguments, en particulier ceux soulignant l’impérieuse nécessité, en droit comme en fait, d’une réparation immédiate, d’autre part, nous condamne à rembourser à la CTM la somme de 750 € au titre de ses frais d’avocat pourtant déjà financés sur fonds publics via le budget de la collectivité. Maigre consolation : la demande de la CTM tendant à notre condamnation à une amende pour procédure abusive au taux maximal de 3000 euros a été rejetée. 

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Nommer son espace pour se l’approprier: À quoi servent les statues? 1. Matinik

— Par Véronique Hélénon —

Le déchoukaj des deux statues de Victor Schœlcher le 22 mai 2020 en Martinique par des militants, est révélateur de tensions profondes, issues des périodes esclavagiste et coloniale.A –

Le 22 mai 2020 les manifestations commémorant l’abolition de l’esclavage en Martinique ont été marquées par le déchoukaj de deux statues de l’abolitionniste français Victor Schœlcher par des militants, en dehors des célébrations officielles. Pour comprendre ces gestes, penchons-nous sur l’histoire coloniale et esclavagiste de la Martinique. 

L’anonymat comme instrument de domination coloniale

Doué de parole, l’être humain s’inscrit dans une lignée, nommant ses enfants, adoptant les noms de ses aïeuls, forgeant ainsi un arbre généalogique qui est la matrice de son histoire personnelle. L’apprentissage et la reconnaissance de son environnement exigent également un vocabulaire spécifique. Ce sont des actes fondateurs, permettant de se déployer au sein d’une famille, d’une collectivité, et marquer sa présence dans son environnement à travers les âges. 

Lire aussi : Martinique : Histoire & Mémoire

C’est ce que firent les colons français lorsqu’ils arrivèrent sur l’île aujourd’hui appelée Martinique. Désireux d’apposer leur empreinte sur des paysages qui leur avaient été étrangers, ils baptisèrent leur environnement de noms familiers.

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Entre « TERF » et « transactivistes », féministes et militants LGBT se déchirent sur la question trans

— Par Hadrien Mathoux —

L’exigence envers toujours plus d’inclusivité crée de fortes tensions entre certains défenseurs de la cause des transgenres et celles qui s’inquiètent de conséquences négatives sur les droits des femmes, accusées de transphobie. Jusqu’à conduire à des situations ubuesques.

Le sujet a débarqué aux yeux du public sous forme de quasi-blague. Rappelez-vous, c’était en juin 2018 : lors d’une émission d’Arrêts sur images, Arnaud Gauthier-Fawas, solide gaillard barbu, provoque la stupeur (et l’hilarité) d’une bonne partie d’Internet en réprimandant Daniel Schneidermann : « Je ne suis pas un homme, monsieur ! (…) Il ne faut pas confondre identité de genre et expression de genre, sinon on va déjà mal partir. Je suis non binaire, ni masculin ni féminin, et je refuse qu’on me genre comme un homme« .

Cette interpellation, qui peut sembler lunaire aux non-initiés, cache en fait une bataille politique et militante tellement passionnelle qu’elle peut dégénérer en affrontements violents dans les réseaux militants. Elle oppose des partisans de la cause des trans, désignés par leurs adversaires comme des « transactivistes radicaux« , à certaines féministes accusées par les premiers d’être des « TERF » : TERF, pour « trans-exclusionary radical feminist« , soit une militante qui exclurait les personnes trans de la cause féministe.

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Corruption: la Cour supérieure des comptes étrille le pouvoir haïtien

L’institution met en cause la gestion frauduleuse et souvent illégale de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.

La Cour supérieure des comptes d’Haïti déplore, dans un nouveau rapport publié lundi 18 août, la gestion frauduleuse et souvent illégale, par les divers ministères et administrations, de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.

Projets engagés sans une évaluation des besoins ou même une estimation des coûts, violations répétées des normes de passation de marchés publics: sur plus de 1000 pages, les juges n’épargnent aucune institution. «Les projets d’investissement et les contrats liés au fonds PetroCaribe n’ont pas été gérés en respectant les principes d’efficience et d’économie», accuse la Cour des comptes.

Mis en place à l’initiative de l’ancien président Hugo Chavez, ce programme a permis à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes de bénéficier de prêts du Venezuela dans le cadre d’un mécanisme de livraison de pétrole à des conditions préférentielles.

Les six gouvernements haïtiens qui se sont succédé depuis 2008 ont lancé pour près de deux milliards de dollars de projets sans, le plus souvent, se soucier des principes de base de la gestion de fonds publics, accuse l’audit.

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La Maison Rouge : une saison s’est achevée, une autre arrive à grands pas.

La Saison 2020/2021 de La Maison Rouge : Maison des Arts s’annonce sous les meilleurs auspices avec une reprise des activités prévue le 7 octobre. 

Pour tous ceux qui souhaitent ré-inscrire leurs enfants, ne perdez pas de temps, comme vous le savez les places sont limitées
Rendez-vous, dès aujourd’hui sur la page : www.weezevent.com/mrmda

COMMENT FAIRE ?  C’est très simple : 
Vous choisissez l’activité qui vous convient
Pour cela aidez-vous du planning joint. 
Vérifiez bien l’âge de votre ou vos enfants et l’atelier/ les ateliers qu’il(s) souhaite(nt) suivre. 

Remplissez le formulaire 
(nom, prénom, date de naissance, activité(s) suivie(s) la saison passée, la personne à prévenir en cas de problème, besoins spécifiques de l’enfant, nom et prénom des parents, numéro de téléphone et adresse des parents).

*Vous pouvez inscrire 1 enfant à plusieurs ateliers. 
Pour 2 ou 3 enfants, renouvelez l’opération pour chaque enfant. 
La somme payée à la réservation est un acompte, prévoyez le complément lors de la remise des pièces en septembre (2 photos d’identité, attestation d’assurance extrascolaire et certificat médical).

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À propos des langues d’Outre-Mer

— par Inès de Rousiers, le 16 juillet 2020, sur Le Portail des Outre-mer —

À l’occasion des vingt ans du rapport de Bernard Cerquiglini, intitulé Les langues de la France¹, la revue universitaire Glottopol (revue de sociolinguistique en ligne) a publié un dossier sur les langues régionales françaises. Véronique Bertile², juriste réunionnaise, y a signé un article sur le statut juridique des langues dans les Outre-mer.

Amoureuse passionnée des langues, Véronique Bertile (Maître de conférences en droit public, Université de Bordeaux) est tombée toute jeune dans la marmite de la diversité linguistique française. Née à La Réunion, elle a toujours connu deux langues : le créole réunionnais et le français. L’une est sa langue de cœur, l’autre celle de la sphère publique, intimement liée à la réussite sociale. Selon la juriste, les langues utilisées couramment en Outre-mer sont boudées par une France qui ne reconnaît qu’à demi-mot sa diversité linguistique. Une situation génératrice d’inégalités sociales.

Entretien : « Il faut arrêter avec le mythe d’une France unilingue »

►Quel rapport entretenez-vous avec les langues parlées en Outre-mer ?

Mon intérêt pour ces langues vient du croisement entre mon histoire personnelle et mes recherches.

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À propos des conséquences d’un traumatisme colonial

— Par Jeanne Wiltord, psychiatre, psychanalyste —

Cénacle du festival culturel de Fort-de-France Juillet 2020-07-02

Remerciements au SERMAC et à la municipalité de Fort-de-France.

Après un temps médiatique où nous avons pu voir une accumulation d’images et de vidéos du déboulonnage, le 22 Mai jour de la commémoration de l’abolition définitive de l’esclavage en Martinique, des statues qui représentaient Victor Schoelcher dans l’espace public martiniquais, le Cénacle du SERMAC nous propose un temps, nécessaire. Il s’agit de prendre en compte la complexité de ce que peuvent nous donner à lire ces déboulonnages des statues du personnage politique français qui a joué un rôle central dans le vote à Paris des décrets de l’abolition immédiate de l’esclavage en 1848. Avant même l’arrivée de ces décrets aux Antilles, de violentes émeutes d’esclaves avaient contraint le gouverneur de la Martinique à proclamer l’abolition immédiate.

D’autres déboulonnages de statues situées dans l’espace public ont suivi ceux de Victor Schoelcher depuis mon intervention. Donnés à voir dans le monde entier ils trouvent sur les réseaux sociaux une visibilité incomparable.

Les déboulonnages des statues de personnages liés à la colonisation et à l’esclavage, ont eu lieu dans plusieurs villes des anciennes puissances coloniales européennes après la mort de George Floyd, afro-américain étranglé par la violence d’un policier Blanc lors de son arrestation aux Etats-Unis.

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En Floride, les bébés noirs ont plus de chances de survivre quand ils sont soignés par des médecins noirs

— Par Aude Lorriaux —

Lorsque les nouveau-nés noirs sont soignés par des médecins noirs, leur taux de mortalité est réduit de moitié, une étude parue dans la revue « Proceedings of the National Academy of Sciences » (PNAS)

Aux États-Unis les nourrissons noirs ont deux fois plus de chances de mourir que les nourrissons blancs, et d’autant plus s’ils sont soignés par des médecins blancs. C’est le résultat d’une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 17 août, menée sur des milliers de naissances en Floride.

« Les résultats suggèrent que lorsque les nouveau-nés noirs sont soignés par des médecins noirs, le taux de mortalité dont ils souffrent est réduit de moitié, par rapport à celui des enfants blancs », indique l’étude.

Raisons multiples

Les chercheurs ont examiné les données concernant 1,8 million de naissances en Floride entre 1992 et 2015. Quand les nourrissons noirs étaient soignés par des médecins blancs, ils avaient trois fois plus de chances de mourir à l’hôpital que les petits enfants blancs.

De précédentes études avaient montré que les enfants noirs américains souffrent d’un taux de mortalité bien plus élevé que les enfants blancs.

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La pandémie de Covid va renforcer les disparités raciales et ethniques

— Par Pierre Cahuc(*) et Marie-Anne Valfort(*) —

La pandémie de Covid va renforcer les disparités raciales et ethniques Alors qu’en France les travailleurs originaires d’Afrique et d’Asie connaissent un taux de mortalité plus élevé, les deux économistes appellent à une « désinvisibilisation » des minorités dans la statistique publique La pandémie de Covid19 accroît les inégalités face à la mort de façon abyssale. L’Insee montre que, en France, entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020, les décès des personnes nées en Afrique du Nord ont crû de 54 %, et de 91 % pour celles nées en Asie. Pour les personnes nées en Afrique subsaharienne, l’augmentation atteint 114 % ! Dans le même temps, les décès ont augmenté de 22 % pour les personnes nées en France, ce qui est proche de la surmortalité observée pour celles originaires du continent américain, des autres pays européens ou d’Océanie.

On pourrait penser que la population issue d’Afrique et d’Asie est plus touchée parce que plus âgée. Ce n’est clairement pas le cas : elle est plus jeune que la moyenne nationale. En réalité, les décès ont augmenté de 96 % pour les personnes de moins de 65 ans nées en Afrique subsaharienne, alors qu’ils ont augmenté de seulement 3 % pour celles nées en France appartenant à la même classe d’âge.

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Édouard Delépine : une intelligence et un caractère

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La rigueur et la recherche permanente de la vérité conduisaient souvent Edouard Delépine à l’insatisfaction et l’autocritique. On pourrait lui appliquer le mot de Benjamin Constant : « constant dans l’inconstance ». Les anticolonialistes qui n’ont jamais voulu remettre en question les vérités de leur jeune âge n’ont pas compris l’évolution politique d’Edouard Delépine. Ils ne se sont pas aperçus qu’en gardant les utopies des années soixante, ils n’avaient pas cessé d’être eux-mêmes de parfaits assimilationnistes. Cette évolution rappelle la décision de Christiane Taubira, en 1983, de tourner le dos à l’indépendance. La future garde des Sceaux prenait acte de l’évolution de la société, des échecs de la décolonisation en Afrique et de l’avènement de la décentralisation en outre-mer.

Un cluster au Lycée Schoelcher : amoureux d’histoire et militants politiques

Homme politique, Edouard l’était jusqu’au bout des ongles et ne s’était pas privé de l’être déjà lorsque, jeune professeur, il forçait l’admiration de ses élèves par la qualité de son enseignement, certes, mais aussi par la force de ses convictions qu’il savait communiquer. On ne parlait pas encore de fan, mais il en est résulté un véritable cluster au Lycée Schoelcher où vit le jour une génération de jeunes amoureux d’histoire et de politique.

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Lettre ouverte aux pasteurs de mon pays

— Par Steve “Fola” Gadet —

Je reconnais votre travail, votre engagement pour la santé spirituelle et le bien-être des membres de vos églises. Je sais que le pays aurait été différent sans votre engagement spirituel. Je crois que beaucoup d’entre vous ont fait une différence dans la vie de nombre de familles. D’ailleurs, je garde à l’esprit que si je suis encore là, dans cette vie, c’est en partie grâce à vos soins, vos conseils, votre confiance, votre patience avec moi dans des moments où j’en avais grandement besoin. Je suis aussi conscient de la difficulté de votre mission et je suis persuadé que vous n’êtes pas tous indifférents à ce qui se passe dans le pays.
Je sais également que nous sommes le fruit de gens qui se sont révoltés, ont travaillé, milité contre des ordres injustes, pour que nous soyons mieux traités. Sans leur combat, sans leur engagement, leur travail, nous n’aurions pas été dans notre position actuelle. La mémoire s’efface avec le temps qui passe, elle s’éloigne. On a alors tendance à tout spiritualiser sans comprendre que nous sommes autant des êtres spirituels que des êtres politiques.

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Le coût de la rentrée scolaire devrait fortement augmenter, selon la confédération des familles

Une hausse de 6,2% par rapport à 2019 est évoquée.

Une reprise «pas sereine pour les familles» : à l’approche d’une rentrée des classes encore lourde d’incertitudes sanitaires, la Confédération syndicale des familles (CSF) a alerté ce mardi sur l’augmentation des dépenses de rentrée scolaire, évaluée à 6,2% par rapport à 2019.

Cette évolution ne prend pas en compte les dépenses pour des produits sanitaires, comme les gels hydroalcooliques ou les masques. Or cela représente «un coût important» alors que, «pour le moment, nous n’avons pas de propositions permettant de dire que l’Etat a envie de prendre en compte ce coût supplémentaire», a tancé Aminata Koné, secrétaire générale de l’association, évoquant une «reprise qui n’est pas sereine pour les familles».

Nombreuses incertitudes

Selon la CSF, l’augmentation du coût de la rentée 2020 peut s’expliquer notamment par l’envie de «vouloir effacer le mauvais souvenir du confinement» en faisant plaisir aux enfants avec des fournitures un peu plus onéreuses, par l’augmentation exceptionnelle de l’allocation de rentrée scolaire de 100 euros qui «a peut-être incité les familles à être moins regardantes sur les prix», par l’envie de privilégier des produits provenant de France, ou encore par l’anticipation de «besoins éventuels» en cas de reconfinement.

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«Les problèmes sociaux des Noirs ne sont ni éternels ni naturels»

, Par Sonya Faure et Catherine Calvet —

La modernité de Du Bois fut de penser les «races» comme une histoire de rapports de pouvoir inégaux, et non comme une donnée biologique, retrace son traducteur, Nicolas Martin-Breteau.

 Pourquoi lire Du Bois aujourd’hui ? Pour sa définition magistrale, car très moderne pour la fin du XIX, e,  siècle, de la question raciale. Nicolas Martin-Breteau, maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis à l’université de Lille, a traduit et préfacé , les Noirs de Philadelphie,,  l’un des grands livres du sociologue et militant africain-américain, paru en 1899 aux États-Unis et pour la première fois traduit en France.

Écouter sur France Culture :  Le « problème des Blancs avec les Noirs », à propos de W.E.B. Du Bois

Comment , les Noirs de Philadephie, , paru il y a plus de cent ans, s’inscrit-il dans la France d’aujourd’hui ?

Du Bois est l’un des plus grands penseurs des questions raciales. Or, la France est traversée par des tensions dangereuses sur ces questions à propos desquelles nous aurions besoin d’une analyse apaisée et rationnelle.

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Du Bois, l’œuvre au noir

— Par Sonya Faure 

Près de 120 ans après sa parution aux États-Unis, le classique de l’enquête sociologique «les Noirs de Philadelphie» est enfin traduit par Nicolas Martin-Breteau. Fondateur oublié de la sociologie aux côtés de Durkheim et Weber, Du Bois est un précurseur des «black studies» ou de l’intersectionnalité.

C’est un peu comme si, pendant près d’un siècle, on était passé à côté de Max Weber ou de Durkheim. Penseur de la question raciale dans les États-Unis de la ségrégation, arpenteur de ce qu’on n’appelait pas encore les «ghettos urbains», l’intellectuel noir américain William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963) a de son vivant été négligé par l’université, rarement cité par ses confrères, puis oublié des grands manuels de sciences sociales. Ses travaux scientifiques ont longtemps été éclipsés par son engagement militant pour les droits civiques. Pourtant ses idées avant-gardistes n’ont cessé d’infuser la sphère intellectuelle. Dès 1900, il prophétisait, lors de la première conférence panafricaine, à Londres : «Le problème du XXe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs.»

«Il ne fait aucun doute que s’il avait été blanc, Du Bois aurait été considéré d’emblée comme un fondateur de la sociologie», estime l’historien spécialiste des États-Unis Nicolas Martin-Breteau. 

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Violences conjugales : 146 femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon en 2019

Les chiffres officiels rendus publics ce lundi par la Délégation aux victimes montrent une hausse de 21% des féminicides par rapport à 2018. Cela représente quasiment un décès tous les deux jours.

— Par Vincent Gautronneau —

Érigée « grande cause du quinquennat », la lutte contre les violences sexistes et sexuelles peine encore à produire des résultats concluants. Selon les chiffres dévoilés ce lundi par la Délégations aux victimes, 173 personnes sont mortes en 2019 sous les coups de leur partenaire ou leur ex-partenaire. Un chiffre en hausse de 16 % par rapport à l’année précédente (149 personnes décédées). Sans surprise, une grande majorité des victimes sont des femmes. 146 ont été tuées en 2019 dans un cadre intrafamilial. 88 % l’ont été par un homme. Elles étaient 26 à avoir déjà porté plainte pour des violences conjugales.

Si le Grenelle des violences conjugales, organisé en septembre dernier, doit éviter ce genre de drame, le système ne semble pas encore infaillible. Vendredi, une femme a été poignardée par son compagnon dans les Côtes-d’Armor. Le suspect avait été condamné en juin 2020 à 10 mois de prison ferme pour des violences sur sa compagne commises au cours du mois d’avril.

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« Non, la jeunesse n’est pas irresponsable »

— Collectif —

« Le rebond de l’épidémie de coronavirus aura entraîné avec lui une nouvelle flambée d’un mal auquel la jeunesse française n’est que trop habituée : il fallait manifestement un bouc émissaire, les jeunes feront bien l’affaire. Depuis quelques jours, on endure alors tribunes et interventions qui condamnent la jeunesse, se complaisent dans des commentaires faciles ou se targuent de la raisonner, oubliant manifestement que les jeunes aussi lisent les journaux et regardent la télévision. Qu’on nous permette aujourd’hui une réponse à nous, jeunes gens qui soufflons pour la plupart nos vingt-cinq premières bougies et qui, malgré la diversité de nos profils et de nos fonctions, sommes ces jeunes, si souvent jugés responsables des maux de notre société.

Permettez-nous, bien chers vieux, de commencer par récuser le vocabulaire : pas plus que vous n’apprécierez l’apostrophe, il nous est difficile de souffrir cette réduction sous une formule qui confine à l’amalgame. Qu’entendez-vous par jeunes ? Sont-ce ces étudiants en médecine et en école d’infirmier ou ces professionnels de santé de moins de trente ans, qui, nombreux d’ailleurs dans les services d’urgences, furent en première ligne pendant le gros de l’épidémie ?

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Il y a 15 ans le vol YH 708 de la West Caribbean…

Le vol 708 West Caribbean Airways (code : YH 708) de la compagnie aérienne colombienne West Caribbean était un vol charter, affrêté par l’agence de voyages martiniquaise Globe Trotters de Rivière-Salée. Après avoir décollé de l’aéroport international de Tocumen (PTY), à Panama le 15 août 2005, il était en route pour Fort-de-France quand il s’est écrasé dans une région montagneuse de l’ouest du Venezuela, appelée serranía de Perijá, aux premières heures du mardi 16 août 2005. Les 160 personnes à bord, 152 passagers martiniquais qui rentraient d’une semaine de vacances au Panama et les huit membres d’équipage colombiens ont été tués. Cet accident fait partie de la « série noire » de l’été 2005, au cours duquel un autre accident aérien majeur, celui du vol 522 Helios Airways, s’était produit en Grèce, le 14 août.

Avion
L’avion concerné était un McDonnell Douglas MD-82 enregistré sous le numéro HK-4374X [archive]. Il est sorti d’usine en 1986. Son premier propriétaire a été la compagnie aérienne Continental Airlines. Après les attentats du 11 septembre 2001, à la suite de la crise traversée par le transport aérien, il a été parqué dans le désert de l’Arizona, comme de nombreux appareils de compagnies américaines.

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Crise du Covid 19 : faut-t-il avoir peur de l’avenir aux Antilles ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Alors que l’économie mondiale subit une récession très marquée sous le signe du Covid-19, l’institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) publiait à fin juillet des résultats économiques décevants pour la croissance de la Martinique et de la Guadeloupe.
À l’heure où de nombreux pays resserrent leurs mesures de confinement, la reprise économique n’est peut-être pas pour tout de suite. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que cette crise mondiale aura des conséquences désastreuses à travers le monde.
« Hors-norme », « brutale », « violente », « historique », « record », « terrible »…les qualificatifs se multiplient ces derniers mois pour décrire la récession que traverse actuellement l’Europe. Et les dernières statistiques officielles viennent confirmer ce marasme. D’après la dernière livraison d’Eurostat rendue publique ce vendredi 14 août, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a plongé au cours du second trimestre de -12,1% par rapport au premier trimestre (-3,6%). Dans l’Union européenne, la croissance a reculé de -11,7% contre -3,2% entre janvier et mars.

La récession a frappé de plein fouet les pays du Sud de l’Europe qui risquent de subir pendant longtemps les dégâts colossaux de cette pandémie.

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Néoféminisme : « La morgue de Mazarine Pingeot ne nous tuera pas »

— Par Camille Froidevaux-Metterie, philosophe —

La philosophe Camille Froidevaux-Metterie considère, dans une tribune au « Monde », que le féminisme universaliste défendu par les autrices Mazarine Pingeot et Belinda Cannone est en retard d’un monde.

Tribune. Dans de récentes tribunes (Le Monde du 29 juillet et du 1er août), Mazarine Pingeot et Belinda Cannone se désolent que le féminisme contemporain ne soit pas politique mais moral, enfermé dans « le ressentiment » et « la vengeance », incapable de mener les (vrais) combats. La première donne à sa déploration la forme d’une rageuse anaphore, déroulant « ce mortel ennui » que lui procure « une certaine jeunesse sans désir mais pleine de colère ». La seconde déroule les faits (affaires Darmanin et Girard) pour rappeler que « faire de la politique », ce n’est pas « se contenter du rôle de la victime enivrée de colère ». On leur reconnaîtra d’avoir repéré l’intensité de ce sentiment qui, loin d’être une « passion triste », constitue le moteur puissant des luttes féministes actuelles.

Plutôt que d’entrer dans le détail d’arguments oscillant entre aigreur et anathème, je préfère déduire de ces réactions ce qu’elles nous disent de l’inédit et de l’irrésistible du moment féministe où nous sommes.

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Lettre à Édouard

— Par Dominique Taffin, Ancienne directrice des Archives de Martinique —
Quelques mots, quelques touches de souvenirs, qui s’accrocheront peutêtre à la mémoire que tant de Martiniquais qui t’ont bien mieux connu que moi garderont, je l’espère, longtemps. Bizarrement, c’est un tutoiement qui me vient, alors que nous nous sommes dit vous tout au long des quelque trente années qui mesurent l’écart entre notre première rencontre et la dernière, début 2018. Pardonnez-moi d’abandonner la neutralité professionnelle de l’archiviste et de naviguer entre les deux ! C’était, je crois, à la fin des années 1980, aux Archives d’outre-mer où, jeune conservatrice, je rencontrais un petit homme, à l’œil clair et au ton sans réplique qui exigeait d’avoir accès sans délai et sans restriction à toutes les archives concernant Césaire. Il aura fallu que je vienne travailler en Martinique pour que je comprenne les tenants et aboutissants de ce comportement péremptoire qui m’avait tant indisposée à l’époque : au-delà d’un trait de caractère forgé par ton parcours individuel et par la haute idée de ta mission, c’était aussi une posture d’attaque face à la culture du secret qui pesait sur tout ce qui relevait de l’histoire contemporaine de la Martinique.

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Non à la répression des militants anti-chlordécone ! Jugez les empoisonneurs ! Indemnisez les victimes !

— Déclaration du CNCP —

Que notre cri soit unanime ! Qu’il soit puissant ! Il est temps de mettre fin au scandale. Sous la houlette de l’État colonial français, des tonnes de poisons ont été sciemment déversés sur notre sol et ont provoqué une catastrophe sanitaire qui concerne 95 % de notre peuple. Les appels à justice et réparation ont été mis au placard par leurs tribunaux depuis plus de trente ans. Des ouvriers agricoles ont été tués et blessés par les balles de leurs forces armées en 1974 alors qu’ils réclamaient l’interdiction des produits toxiques dans les bananeraies. Et aujourd’hui, pour avoir exigé que les coupables de l’empoisonnement soient jugés, des militants pacifiques sont gazés, matraqués, raflés, gravement violentés, poursuivis par leurs tribunaux ! Nous devrions accepter cela sans taper du poing sur la table ? Quel que soit le prétexte qu’on pourrait prendre, se tapir dans le silence reviendrait à se faire complices des empoisonneurs.
Le jeudi 27 août, le pouvoir colonial a décidé de tenir un énième procès de la honte. En exerçant leur violence policière et judiciaire contre des militants anti-chlordéconne, choisis arbitrairement, le gouvernement français et la caste qu’il protège, veulent détourner l’attention de la cible principale.

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Le bel hommage à Édouard Delépine

Parmi tous les hommages rendus à Édouard Delépine, l’un des plus émouvants est sans doute celui que Raphaël Confiant publie sur son « Bloc-notes », dans Montray Kreyol, ce mercredi 12 août.

« Édouard Delépine, l’empêcheur de penser en rond

Il fut le professeur d’histoire de bon nombre d’entre nous au lycée Schoelcher dans les années 1960-80.

Tant de vitalité et d’acuité d’esprit, de culture surtout, dans un si petit corps nous enchantait tout comme nous étonnait le bleu de son regard. Il essayait d’inculquer à nous autres, fils de la petite-bourgeoisie (l’établissement n’était pas encore mixte à cette époque), des rudiments d’analyse marxiste, cela sans dogmatisme ni bourrage de crâne. Son humour décapant, féroce même par moments, clouait le bec aux petits prétentieux qui, comme c’était mon cas, osaient émettre quelques doutes. Sans dévier du programme car nous avions le bac à présenter, il trouvait toujours une occasion d’élargir son propos aux grandes causes qui le passionnaient : la révolution prolétarienne et le bloc soviétique, la décolonisation en Afrique noire, dans le monde arabe et en Asie, dans la Caraïbe mais aussi et surtout dans notre Martinique.

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La Martinique parle le présent

— Par Monchoachi
« A travers l’action RVN (Rouge Vert Noir) de ces dernières semaines, la Martinique parle le présent. Elle le parle doublement : elle parle le présent de son histoire coloniale. Elle parle en même temps le présent de la terre entière dont l’espace est au même titre dévasté par un technicisme productiviste débridé et le temps embrigadé dans l’historiographie, pressuré par l’exigence d’un développement (d’un progrès) dont la seule destination est la marchandisation complète du monde, son nivellement et son engloutissement dans le totalitarisme technologique. Elle le fait dans un langage qui lui est propre faisant écho à un contexte qui lui est propre : celui d’un colonialisme qui s’exaspère avec la cristallisation de deux phénomènes parallèles : d’un côté une jeunesse émigrée massivement, en quête d’emplois vers la métropole coloniale (un peuple une nouvelle fois déraciné, désertant sa terre, mué en ombre) ; d’un autre côté, une active colonisation de peuplement qui ne cesse de se renforcer depuis deux décennies. S’ajoute à cela, le resserrement colonial d’un encerclement administratif et répressif.

Par conséquent, s’entêter de renvoyer à tout prix à l’histoire et à ses chères études ce qui parle le présent avec une telle insistance, c’est, contre toute évidence, prendre option de tourner la tête, de se voiler la face pour ne pas voir la présence de ce présent certes suffoquant, continuer de s’abuser à bon compte et préférer en quelque sorte se raconter des histoires.

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Profanation de la statue de Gandhi

— Par Pierre Catayée —
Dimanche 26 juillet 2020… Quelle triste journée ! Après avoir démantelé les statues de Joséphine et de d’Esnambuc, des manifestants « activistes », en se dirigeant vers le Parc Aimé-Césaire, ont profané la statue de Gandhi en la piétinant et en y inscrivant des insanités du genre « Gandhi, le négrophobe ! »

Comment peut-on écrire une telle ineptie quand on sait que Gandhi a mené une lutte sans concession contre le colonialisme britannique, une campagne nationale pour l’aide aux pauvres, pour la libération des femmes, pour la fraternité entre les communautés de différentes religions ou ethnies, pour la fin de l’intouchabilité et de la discrimination des castes ! Et pour parvenir à ce but, il s’est fait l’apôtre de la non-violence : « Je suis prêt à souffrir n’importe quelle humiliation, n’importe quelle torture, un ostracisme absolu et la mort même, pour empêcher ce mouvement de devenir violence ou précurseur de violence…

La profanation de sa statue en ce dimanche de juillet n’est rien moins qu’une hérésie, un nonsens. En réalité, à travers cet acte répréhensible, nous mesurons tout le mépris et la haine que certains affichent et entretiennent (encore !)

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La valorisation du patrimoine amérindien : Un enjeu de l’intégration régionale caribéenne

 — Par , Sébastien Perrot-Minnot, , Consul Honoraire du Guatemala à Fort-de-France, , Archéologue —

La « Grande Caraïbe » a la pouvoir de susciter des initiatives passionnées sur le thème de l’intégration régionale. Cette vaste aire culturelle réunit des régions riveraines et proches de la mer des Caraïbes : les Antilles, les Bahamas, les îles Lucayes, le nord de l’Amérique du Sud, l’Amérique Centrale, le Mexique et le sud-est des États-Unis. Elle constitue le cadre de plusieurs organisations régionales, notamment l’Association des États de la Caraïbe (AEC), la Communauté caribéenne (CARICOM), l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECO) et le Système de l’Intégration Centraméricaine (le SICA qui inclut, rappelons-le, la République Dominicaine). Ces dynamiques d’intégration sont motivées par une géographie de laquelle découlent des intérêts et des défis communs ; mais elles sont aussi inspirées par de puissants liens qui se sont tissés, au fil du temps, à travers et autour de cette mer des Caraïbes qu’Alexander von Humboldt qualifiait, il y a plus de deux siècles, de « Méditerranée américaine ».

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