Catégorie : Psy_choses etc.

Les « exterminateurs familiaux », le narcissisme jusqu’à la mort

— Par Pascale Krémer 

meurtre3Le mot « familicide » n’existe pas dans la langue française, mais la réalité, régulièrement, impose l’usage de ce néologisme. Samedi 29 juin, en Guadeloupe, six corps étaient retrouvés dans quatre lieux d’un domaine familial près de Pointe-à-Pitre. Ceux de deux enfants, un garçon de 10 ans et une fille de 12 ans, leur mère, deux de leurs oncles et un cousin, tués par arme à feu. Le père, David Ramassamy, auteur présumé de cette tuerie, a été retrouvé mort, dimanche, vraisemblablement après s’être suicidé.

Les 24 et 25 juin, une femme de 29 ans, en instance de séparation, puis ses trois enfants de 8, 7 et 2 ans, étaient retrouvés morts, assassinés, à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme). Le père de famille est toujours recherché.

En janvier, un couple et ses trois enfants étaient découverts morts dans l’incendie de leur maison, dans le Gard. Quatre des victimes portaient des coups de couteau. A la fin de l’année 2012, deux autres familles étaient décimées, avec, à chaque fois, le père suicidé pour meurtrier présumé. En novembre 2011, un homme était retrouvé pendu dans un gîte rural des Ardennes, aux côtés de sa femme et de ses deux enfants, tous asphyxiés.

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Freud et l’homosexualité

— Par Victor Lina —

« Quelques mots écrits pour dire psy »

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FREUD, il y a un siècle, défendait une conception acquise de l’inversion ou de l’homosexualité contre celle d’une conception innée de cette orientation.
Il affirme aussi contre les thèses médicales dominantes de l’époque que l’homosexualité ne constitue pas une dégénérescence.
Il admettait que l’inversion pouvait rencontrer cette orientation sexuelle avec plus ou moins grande fréquence selon les coutumes, les races, voire les climats.
FREUD qui est néanmoins médecin cherche à donner une explication sur la nature de l’homosexualité en explorant des hypothèses biologiques à savoir celles qui ont trait à notre disposition, à notre virtualité bisexuelle ou hybride tant sur le plan anatomique que sur le plan physiologique et par extension sur le plan psychologique.
Malgré l’énoncé de diverses hypothèses FREUD ne tranche pas sur ce sujet et se contente de tirer les bénéfices de cette investigation en soulignant l’évidence de l’illustration du non appariement de la pulsion et de l’objet sexuel.
Qu’en dire aujourd’hui ? Il y a-t-il une explication ? Les esprits s’accommodent mal de plusieurs, de plusieurs pour dire que l’on parle peut-être de plusieurs modalités d’élaboration psychique quand on désigne l’homosexualité.

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Parents-enfants : travailler, leur poser et se poser des limites, sans « trop »de culpabilité.

— Par Béatrice Copper-Royer —

la_loiLa question des limites, qu’il est nécessaire de poser aux enfants afin qu’ils grandissent le mieux possible, est un peu galvaudée. Disons que l’on a en déjà beaucoup parlé ! Mais au fond ce n’est pas par hasard, puisqu’elle est une des premières fonctions de l’autorité et aide l’enfant à se construire en toute sérénité, en toute sécurité.

Je crois que le temps du « il est interdit d’interdire » est révolu, que l’on a compris, aprés les excés et les dérives des années 70, que si l’enfant était une personne à part entière, il n’était pas pour autant une « grande » personne, un décideur à part entière, capable de poser à l’infini ses propres choix, en faisant sa loi.
Mais pour autant, en recevant les familles et en les écoutant parler de leurs difficultés, on se rend compte que le rapport des parents à l’autorité est encore bien souvent ambivalent.

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« Bientôt on choisira son sexe le temps d’un séjour dans un club de vacances »

Selon le psychiatre Guy Maruani, en masquant la différence des sexes, la psyché collective tente de juguler la mort en attendant de la vaincre. Entretien.

gender_studiesL’évolution des techniques médicales a élargi les horizons des parents potentiels. Concernant les enfants, elle a brouillé les cartes : enfants de couples hétérosexuels, enfants adoptés par des couples de même sexe, enfants nés d’une PMA avec donneur et adoptés par l’épouse de la mère biologique, enfants nés d’une GPA qui ignorent l’identité de leur génitrice ou dont l’origine maternelle est fractionnée entre la femme qui les a portés, celle qui a donné ses ovocytes et celle qui les élève. Sans oublier les enfants nés d’une « aventure », non reconnus par un « père » (désigné comme tel par la mère) qui estime qu’il n’est pas le leur. Ceux-là disposent de l’arme de l’ADN pour faire établir leur filiation paternelle. À moins qu’ils ne soient adoptés par la future femme de leur mère… Mais, dans ce cas, ils pourraient un jour se retrouver avec trois parents… Ce n’est pas tout.

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Le psy et l’Indien des Plaines

— Par TOBIE NATHAN Professeur de psychologie clinique et pathologique, université Paris-VIII —

jimmy_pArnaud Desplechin revient à Cannes avec une œuvre (1) à la fois personnelle et multiple. C’est un film américain, presque un western, tant les passions humaines sont extirpées, exhibées, à vif. Un film d’amitié, comme ces grands films qui associent deux hommes que rien ne rapproche sinon leur humanité commune. On pourrait y voir aussi un film sur la psychanalyse, qui vient s’ajouter à une liste, à mon sens trop courte, une sorte de Hitchcock ou de Cronenberg à la française, c’est-à-dire, plus délicat, plus subtil. Un film d’une humanité rare, en tout cas, profond, vrai, au point d’en avoir les larmes aux yeux.

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Comment mesurer le désarroi humain ?

— Par Maurice Corcos Professeur de psychiatrie infanto-juvénile à Paris-V René-Descartes, chef de service du département de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte à l’Institut mutualiste Montsouris (IMM) —

folieLe Manuel statistique et diagnostic des troubles mentaux (DSM-5) vient de livrer sa dernière version, rendue publique cette semaine lors du congrès de l’Association des psychiatres américains, à San Francisco ( Libération du 8 mai). Un texte destiné à des psys en peine de nomenclature pour mesurer le désarroi humain. Les simplifications et les limitations qu’a introduites le DSM, d’abord aux Etats-Unis puis dans le monde, dans l’évolution des concepts, des désignations, des pratiques, et dans l’organisation des dispositifs de prévention et de soins sont majeures.

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DSM-5: une bible controversée

 

— Par Valérie Simard —

Alors que se déroule ici la Semaine nationale de la santé mentale, la controverse s’envenime aux États-Unis autour de la publication prochaine de la cinquième mise à jour du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) surnommée la «bible des psychiatres». Rédigé par l’Association américaine de psychiatrie (APA), le DSM-5 sera dévoilé en grandes pompes le 18 mai lors d’un congrès annuel de l’association. L’objectif de ce guide est d’établir un langage commun en matière de maladies mentales.

Deux semaines avant la sortie du DSM-5, l’Institut national de la santé mentale (NIMH), le plus important institut de recherche en santé mentale dans le monde, a annoncé qu’il n’endossait plus le manuel. Dans une charge publiée sur le site Internet du NIMH, son directeur Thomas Insel déclare que l’Institut ne financera plus les projets de recherche qui reposent uniquement sur les critères DSM.

« La faiblesse est son manque de validité, observe Thomas Insel. Contrairement à nos définitions de la cardiopathie ischémique, le lymphome ou le SIDA, les diagnostics du DSM sont basés sur un consensus sur des grappes de symptômes cliniques, sans aucune mesure de laboratoire objective.

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Miroir

La nouvelle édition de la bible de la folie paraît aux Etats-Unis et deviendra, comme les précédentes, le document de référence mondial de la psychiatrie. Elle dresse la nomenclature de tous les désordres mentaux : les anciens, les sérieux, les improbables, les carrément loufoques, qui en disent sans doute plus sur les médecins qui les inventent que sur les malades censés en souffrir. Une société se contemple au miroir de ses folies et cette somme peut se lire comme une plongée déroutante dans la psyché américaine, ce pays où l’extension du domaine du pathologique semble ne jamais devoir connaître de limite – même s’il commence à susciter des débats. A juste titre : comment, entre la première édition de ce livre en 1952 et la dernière, a-t-on pu passer de 60 à 450 troubles mentaux, doctement répertoriés ? Les progrès de la nosologie psychiatrique expliquent évidemment une partie du phénomène. L’émergence et la «prise en charge» de nouvelles souffrances, comme toutes celles liées au travail, interviennent également. Mais la pathologisation excessive de la vie quotidienne, y compris dans ses désordres les plus mineurs, est un symptôme inquiétant.

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La psychiatrie française s’élève contre les dérives « à l’américaine »

Des psychiatres et psychanalystes français s’opposent à la surmédicalisation des émotions prônée par la « bible » des troubles mentaux, le « DSM ».

>Par Anne Jeanblanc

C’est la bronca dans le monde de la psychiatrie ! En cause : la cinquième et nouvelle édition du Diagnostic and statistical manuel of mental disorders (DSM) – la référence unique et mondiale en matière de pathologies mentales depuis les années 1980. Établie par l’Association des psychiatres américains, la version à paraître de cette « bible » des troubles mentaux qui établit la distinction entre le normal et le pathologique suscite de vives critiques de la part des psychiatres et psychanalystes français.
De faux malades cibles des labos

« En trente ans, le nombre de maladies mentales répertoriées dans le DSM a été multiplié par presque trois (moins de 150 dans le DSM III à 400 prévues dans le DSM V) », dénonce Patrick Landman, psychanalyste et psychiatre, président de l’initiative Stop DSM. « Cette augmentation vertigineuse n’est liée ni à des progrès dans la connaissance scientifique ni à une aggravation des conditions de vie qui pourraient expliquer la survenue de nouveaux troubles mentaux, mais à la méthode du DSM qui induit une pathologisation extensive des comportements et des émotions humaines avec pour conséquences des pratiques de surdiagnostic, de surmédicalisation et de surprescription. 

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Des mensonges d’Etat

— Par SERGE HEFEZ psychiatre, psychanalyste. —

Dans cette immense révolution des valeurs que représente le passage à nos sociétés individualisées, notre référent ultime n’est-il pas l’Individu tout-puissant, contenant en lui-même l’humanité entière, incarnation de l’autonomie absolue ? Ne nous étonnons donc pas de voir fleurir ces dernières années toutes ces personnalités de droite comme de gauche doper le règne de l’individualisme, le culte de l’ego, le sentiment d’impunité, la fascination pour la puissance et l’argent. Elles savent utiliser leur mandat pour le convertir en jubilé ininterrompu, en ivresse d’elles-mêmes, en carburant pour mieux désirer et être désirées. Elles sont loin d’être les plus nombreuses, mais leur pouvoir de séduction n’en finit pas de nous ensorceler. Il suffit, pour qu’elles s’épanouissent, qu’aucune autorité ne vienne les limiter et les border.

Leur désir tient lieu de vérité, la cour des courtisans et des communicants qui les entoure galvanise leur toute-puissance, et l’exercice du pouvoir devient l’épreuve exquise de la tentation. La plupart du temps clivées entre la figure idéalisée et irréprochable à laquelle elles rêvent de s’identifier, et une autre partition raturée d’une multitude de mensonges, de bassesses et de faux-semblants, elles dépensent une énergie considérable à rassembler les morceaux d’elles-mêmes en un tout cohérent.

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Déficit linguistique de l’enfant et situation de la famille en Martinique

–-  Par George Huyghes des Étages —

 Au cours de plus de 30 ans d’exercice de la psychologie à Fort- de – France (en cabinet

privé et pendant plusieurs années en association à des orthophonistes et des rééducatrices en psychomotricité) et après le traitement statistique des données que constituent les résultats aux tests accumulés depuis tant d’années, j’ai pu  constater que la plupart des enfants qu’on m’amène pour difficultés scolaires souffrent d’un important déficit  verbal.

Ce déficit – en l’absence de tout trouble auditif  et quel que soit le milieu social d’origine –  porte électivement sur les connaissances acquises (vocabulaire et information). La grande majorité de ces enfants ont des capacités intellectuelles normales et même  « très supérieures » ( à mon avis, beaucoup de petits martiniquais peuvent être considérés comme surdoués : ils obtiennent des scores très élevés aux épreuves de raisonnement tant verbal que pratique mais leurs potentialités restent inexploitées car la plupart d ‘entre eux n’ont à leur disposition qu’un nombre restreint de mots et d’informations pour  comprendre ce qu’on leur dit ou ce qu’ils lisent et pour s’exprimer.)

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Ou sé ich ki moun, Sa ki papaw ?

 « Quelques mots écrits pour dire psy » —Par Victor Lina —

L’enfant arrivant sur la scène du monde est d’abord un étranger.

L’enfant est un étranger que l’on naturalise, c’est un inconnu que l’on reconnaît, c’est une énigme que l’on est conduit à résoudre, car si la mère accouche de l’enfant, l’enfant amène la question : de qui ? La question du père.

En 1981, Dany DUCOSSON, psychiatre guadeloupéenne évoque le rapport de l’enfant et de la loi dans la revue CARE à travers son article « La Mère et la Loi ». A partir de préalables socio-historiques, l’auteur souligne certaines conditions ayant pu déterminer un type singulier de rapport du sujet à la loi par l’intermédiaire maternel. Partant de son expérience clinique auprès de familles en Guadeloupe, elle souligne que « s’il y a eu évacuation du père réel, il n’y a pas de relation mère-enfant excluant totalement le père au nom d’une loi édictée par la mère, fixant les interdits en fonction de ses désirs à elle. Le père est toujours présent dans le discours de la mère, le cherchant là où il n’est pas, là où elle et l’enfant ne peuvent rencontrer que le maître.

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Infanticide : des mères dans une «grande misère affective»

INTERVIEW- Psychiatre expert près la cour d’appel de Paris, le Dr Gérard Lopez revient sur la découverte des corps de nouveau-nés congelés à Ambérieu, dans l’Ain. La mère est actuellement en garde à vue.

Deux fœtus congelés ont été retrouvés dimanche au domicile de leur mère, à Ambérieu. Placée en garde à vue, celle-ci avait déjà été condamnée en 2005 à quinze ans de prison, après avoir tué son nouveau-né. Ce soupçon de récidive étonne le Dr Gérard Lopez, psychiatre expert près la cour d’appel de Paris. Dans son dernier livre Enfants violés et violentés, le scandale ignoré, paru en janvier chez Dunod, il se penche sur le drame de la maltraitance et pointe un problème majeur de santé publique.

LE FIGARO. – L’infanticide semble appartenir à un autre temps. Les cas sont-ils nombreux?

GÉRARD LOPEZ. – Bien plus qu’on ne le pense! Un enfant meurt tous les jours sous les coups de ses parents. Pour ce qui est du néonaticide (un infanticide réalisé le jour même de la naissance du bébé, NDLR), le Dr Anne Tursz, de l’Inserm, a estimé sa fréquence à 2,1 pour 100.000 naissances dans ses travaux contre 0,39 dans les statistiques.

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L’enfant-nom *

Par Victor Lina

« Quelques mots écrits  pour dire psy »

       L’enfant comme énigme était le thème de notre propos précédant.

En considérant l’enfant comme objet d’étude, c’est un artifice qui consiste à faire de l’enfant un objet isolable voire à s’y intéresser « morceau » par « morceau », élément par élément.

C’est par exemple privilégier, l’aspect cognitif, les capacités motrices ou décrire plus largement, les conduites, leur évolution dans le temps.

Parler de l’enfant aujourd’hui implique de considérer les parents, d’évoquer une génération, un lien, voire une relation.

Dans la langue créole, ti anmay désigne de manière impersonnelle cet autre comme destinataire d’une parole. Ainsi même un familier voire un parent peut interpeller l’enfant de la façon suivante : « ti manmay, sòti anba soley la ! » ou « sòti anba soley la, tjanmay !». Bien entendu, l’enfant est aussi nommé. Il est appelé par son prénom.

Il y a une trentaine d’année, il était courant qu’il le soit par l’intermédiaire de son « nom de savanne ». Seulement, une fois arrivée à l’école, c’était son patronyme qui était utilisé prioritairement.

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Qu’est-ce qu’un enfant ?*

Par Victor Lina, psychologue-clinicien,

« Quelques mots écrits  pour dire psy »

–Apparue depuis quelques décennies dans l’espace social aux Antilles, malgré quelques initiatives individuelles dans les médias ou quelques rares manifestations publiques, une journée portes ouvertes en 1995, l’organisation des premières rencontres des psychologues de la Caraïbe en Martinique en 2003, ou encore, la sortie de la revue MIBI en 1996, cette discipline demeure encore timidement présente. Aussi, cette initiative revêt l’ambition de s’adresser au plus large public et d’inscrire dans la durée une pratique d’écriture et de réflexion dans le domaine de la psychologie.

Écrire sur la psychologie aux Antilles, sur la psychologie en Martinique puisque c’est en ce lieu que nous sommes et que nous exerçons, n’a rien à voir avec une promenade de santé pourrait-on se dire.

Mais marchons, s’il s’agit de tenter d’avancer et voilà que nous rencontrons un enfant accompagnée de sa mère. Un enfant, mais qu’est-ce qu’un enfant ?

Pourquoi questionner des évidences tout le monde sait ce qu’est un enfant, non ?

Pas si sûr. Déjà, la question se pose : est-il ?

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A une grande dame de la psychanalyse : Lucette Descouyette (1935-2013)

 

 

 

Luce Descoueyte a vécu une quarantaine d’années à la Martinique et son nom est inséparable de l’aventure de la psychanalyse à la Martinique et du GAREFP[1], dont elle fut un des membres fondateurs en 1975.

Née dans les Vosges, elle a exercée d’abord comme psychologue scolaire, puis au CMPP  « La Rencontre » et aussi comme psychanalyste en libéral.

Sa détermination, son opiniâtreté, son éthique sa grande culture lui ont permis, contre vents et marées de tenir le cap de la psychanalyse au GAREFP avec quelques autres.

Ne pas céder sur son désir, soutenir un désir d’analyste, transmettre, telle est la voie qu’elle a ouverte.

Nous la citons « …être sujet de sa parole à l’intérieur d’une culture donnée. Ce passage obligé par la culture ne nous autorise pas à en faire un modèle explicatif du Sujet, mais c’est dans le tissage de la culture, de la langue et de la dimension unique, singulière de chacun, que peut se révéler le statut de l’inconscient… »[2]

C’est dans cette trace que le GAREFP continue d’inscrire son travail.

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Le livret de famille, c’est fini

Par Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste

–Il est impossible d’installer les bouleversements liés aux nouvelles méthodes de procréation médicalement assistée (PMA) à l’intérieur de l’ancienne organisation familiale, dont le cadre législatif avait été conçu pour donner aux enfants nés en son sein un père cumulant les fonctions de géniteur présumé, d’éducateur privilégié et de donneur de nom.

Vouloir fabriquer des livrets de famille en faisant apparaître un « parent 1 » et un « parent 2 » paraît dérisoire au regard des enjeux, notamment du fait de l’augmentation d’enfants nés par PMA, par dons de spermes, d’ovocytes et, de plus en plus, d’embryons.

LA LEVÉE DE L’ANONYMAT DES DONNEURS

Rappelons donc d’abord un préalable : toute réforme de la parentalité commence par la levée de l’anonymat des donneurs. Il est heureux de constater que les adversaires traditionnellement les plus résolus de cette levée y arrivent petit à petit, face aux dangers potentiels que pourrait représenter le fait que deux femmes ou deux hommes élèvent un enfant dans le déni de la place de l’homme ou de la femme qui aurait pris une part à sa conception.

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Lettre ouverte à Monsieur Guaino sur les mariages

Le psychanalyste Jacques-Alain Miller répond au député UMP des Yvelines et ex-conseiller de Sarkozy qui a publié un plaidoyer contre le mariage gay.

Paris, le 29 janvier 2013

Monsieur,

Suétone rapporte dans sa Vie des douze Césars que l’empereur Caligula s’écria un jour : « Plût au ciel que le peuple romain n’eût qu’une tête ! » Je souhaitais de même qu’un texte parût qui réunisse les arguments prodigués contre le mariage gay. Ce voeu, vous l’avez exaucé. Dans une prose dont on connaît et la force et l’éclat, vous avez ourdi une lettre tramée de tous ces arguments, et vous en avez ajouté d’autres de votre cru. Rien ne pouvait m’agréer davantage.

Une lettre ouverte ne s’adresse pas seulement à son destinataire, elle est pour tout le monde. Vous souffrirez donc, Monsieur, que je réponde notamment votre croisade sur Le Point.fr contre le mariage gay. J’aurai plaisir à débattre avec un esprit qui ne cache pas ce qu’il doit à nos grands poètes.

Monsieur le Député,

« Avez-vous lu Freud, avez-vous lu Jung, Monsieur le Président ? 

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Le « rangement du paquet » *

par Victor LINA, psychologue-clinicien
–Dans le film de Sarah Maldoror « Eia pour Cesaire »2009, Aimée CESAIRE évoque une angoisse martiniquaise, un malaise martiniquais qu’il associe à l’histoire d’un peuple qui souffre d’avoir été déraciné, la quête martiniquaise serait de retrouver des racines ou de refaire racine. Cette thématique se retrouve chez Edouard GLISSANT dans sa conceptualisation de l’identité qui va de la racine au rhizome.
En regardant ce film, un détail surprend, l’homme CESAIRE est interrogé à Basse-Pointe puis semble-t-il à Grand-Rivière et répond assis sur des rochers donnant le dos à la mer quand soudain ce geste anodin, ce « rangement du paquet » est spontanément effectué par cet homme qui signe son appartenance au peuple, au genre humain.
De nos jours, ce « tic » a quasiment disparu. De quoi s’agit-il ? Il n’était pas rare en effet, il y a quelques dizaines d’années et moins, qu’un homme se touche le sexe en public au cours d’une rencontre entre amis, assis ou debout, tout continuant à participer à l’activité qui motivait ce rassemblement, discussion, jeu, palabres, repas etc.

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Du père… *

par Victor LINA, psychologue-clinicien

–En 1972, Germain BOUCKSON psychiatre et Bertrand EDOUARD psychologue, ont produit un ouvrage intitulé : « Les Antilles en question. ».
Tous deux ont exercé leur métier respectif à l’hôpital psychiatrique de Colson, encore situé sur la route de Balata. Auparavant ces deux hommes avaient exercé dans l’enceinte embryonnaire de ce même hôpital à l’endroit où se trouve l’actuel palais de justice de Fort de France. Suite au déménagement de l’institution psychiatrique aux limites de Balata, pendant des années ce lieu surtout connu sous la synecdoque 118, abrita seule la prison de la capitale ouvrant sur la rue Victor SEVERE.
A quelques années près la folie et le crime avaient été domicilié dans les mêmes espaces. La folie, par un artifice allégorique, avait sa route qui s’ouvrait sur la « redoute » mais sa place n’était manifestement pas au centre-ville.
BOUCKSON et EDOUARD affichaient l’ambition d’analyser l’évolution du mode d’être du Martiniquais dans sa relation à l’autre en vue de réaliser une étude de la relation transculturelle.
Premier acte : une agression verbale accusatrice qui peut s’entendre comme un reproche venant masquer une demande.

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Tomber en dépression est-il inscrit dans les gènes ?

Quand des épidémiologistes se sont intéressés à la dépression, ils ont, en décortiquant les données, découvert une composante familiale forte, comme si ce trouble de l’humeur était héréditaire. Cela s’appuie notamment sur le fait que de vrais jumeaux, qui partagent le même matériel génétique, ont nettement plus de chances d’être tous les deux dépressifs que deux membres non jumeaux d’une fratrie, lesquels ne possèdent pas un ADN identique. D’où l’idée, présente maintenant dans les esprits depuis plusieurs années, que la dépression a pour partie une base génétique, ainsi que l’a souligné une méta-analyse publiée en 2000. Partant de ce constat, les psychiatres ont donc naturellement voulu identifier les gènes impliqués dans la maladie, à une époque où l’on croyait pouvoir trouver toutes les réponses dans l’ADN. L’heure est aujourd’hui à un premier bilan et même si on nous a, dans un passé récent, plusieurs fois annoncé la découverte des fameux gènes, il a souvent fallu déchanter.

L’exemple le plus connu est probablement celui de ce retentissant article publié en 2003 dans Science : la découverte fut par la suite bien difficile à reproduire.

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Homoparentalité : « psys, taisons-nous ! »

 

Par Sylvie Faure-Pragier, auteur des « Bébés de l’inconscient : le psychanalyste face aux stérilités féminines aujourd’hui » (PUF, 2003)

Depuis que se profile le vote de la loi sur le mariage pour tous, une efflorescence d’articles psychanalytiques envahit les médias. Au coeur du débat : l’homoparentalité. Ces articles font-ils état d’une expérience clinique des problèmes rencontrés par les enfants des couples homosexuels ?
Aucunement. Les données publiées dans les pays où cette possibilité existe depuis suffisamment de temps pour que ces enfants soient devenus adultes sont superbement ignorées. Les informations et les études pourtant précieuses des auteurs américains, australiens, israéliens, belges et autres sont disqualifiées.
BIEN DES A PRIORI
En France, ces articles s’appuient essentiellement sur les théories issues de l’analyse de sujets dont les parents sont hétérosexuels. Avoir deux parents de sexes différents serait indispensable à la reconnaissance des sexes.
L’identification d’un garçon à un homme serait empêchée s’il n’avait pas de père. Du coup, certains psychanalystes en ont déduit bien des a priori sur l’homoparentalité. Selon eux, la conception hors différence des sexes abolirait le fantasme d’engendrement en réalisant le rêve d’autoreproduction qui serait au coeur de la psychose…
Pour ces psychanalystes, le symbolique est tributaire de la réalité.

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Procréation médicale assistée et savoir psychanalytique

Par Hervé Glevarec, directeur de recherche CNRS

 

Lecteur de l’œuvre de Lacan, je me pose depuis quelque temps cette question : le savoir psychanalytique, de type lacanien, n’est-il pas théoriquement bousculé par les nouvelles formes de filiation et de famille issues de la procréation médicalement assistée (PMA) ? Métaphore paternelle, Désir de la mère et Nom-du-père conviennent-ils encore quand il y a trois mères, deux pères, absence de père ou absence de mère ? Ces trois termes centraux dans la conception lacanienne du sujet humain sont-il indifférents à ces nouvelles configurations ? Ou, dit autrement, quel est le savoir que la psychanalyse possède qui l’autoriserait à caractériser un changement ou une permanence ? Disons ici que pour ce qui concerne la réalité du dispositif analytique ça ne change rien pour qui croit à l’inconscient, c’est-à-dire au désir inconscient.

Sans entrer dans des définitions de l’inconscient qui feraient sans doute désaccord, on peut s’en tenir à ceci que les psychanalystes tiennent le sujet humain pour divisé. Est-ce tout ? La psychanalyse a, bien entendu, quelque chose de plus que le sujet divisé (l’inconscient qui le divise), elle a un savoir qui concerne la filiation, qui n’est par exemple pas celui de la socialisation (les parents transmettent leur culture aux enfants).

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Non à un monde sans sexes !

Par Monette Vacquin, psychanalyste, auteur de « Main basse sur les vivants » et Jean-Pierre Winter, psychanalyste, auteur d' »Homoparenté »

 

Les mots de père et mère vont être supprimés du code civil. Ces deux mots, qui condensent toutes les différences, puisque porteurs à la fois de celle des sexes et de celle des générations, vont disparaître de ce qui codifie notre identité.

Il faudrait être sourd pour ne pas entendre le souffle juvénile qui parcourt tout cela. Le coup de balai idéologique capable de renverser des siècles d’usage et de supprimer les mots auxquels nous devons la transmission de la vie doit s’appuyer sur des ambivalences inconscientes bien archaïques, et largement partagées, pour avoir la moindre chance de s’imposer et… de bientôt faire la loi.

Cette violence, déflagratrice, n’est bien sûr pas seulement le fait d’une minorité d’homosexuels demandeurs du mariage. Sans échos collectifs du côté de la question de la perte ou du refus de tout repère transmis, cette violence aurait suscité au mieux le rire ou le malaise, pas la satisfaction pure et simple. Cet événement est cependant agi par une ultra-minorité, avec le recours indispensable d’un langage qui fait la ruine de la pensée : le politiquement correct.

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 » Les psychanalystes doivent écouter leurs patients et non dire la norme »

 par Caroline Thompson, psychanalyste et thérapeute familiale, service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de la Pitié-Salpêtrière

 

 –Comment interprétez-vous cette « guerre des psys » qui a lieu autour de l’homoparentalité ?

Les psys se sont retrouvés un peu pris au piège par cette manie de concevoir les questions de société en termes de « pour ou contre ». Or, une des forces des psychanalystes, c’est d’avoir une position de retrait par rapport à l’alternative du « pour ou contre ».

Quand on écoute ce que nous dit un patient, on n’est pas pour ou contre, mais dans une neutralité par rapport au contenu de ce qu’il peut dire. On peut entendre des choses très choquantes, des propos racistes, sexistes ou des fantasmes d’une grande violence… On n’est pas là pour dire « Ce n’est pas bien » ou « C’est bien ».

C’est la spécificité de notre métier : ne pas être dans une norme. Les psys ont été attirés comme des aimants vers ce qu’ils considéraient être de leur ressort, à la fois le bien-être des enfants et la structure de la famille, et la manière dont cette structure mettait en place l’univers psychique et de l’enfant.

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