— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —
Aujourd’hui, la Guadeloupe est déjà confrontée à de nombreux challenges. Et demain? Quels seront les enjeux auxquels nous devrons faire face ?
Nous devons mieux comprendre les défis auxquels seront confrontées, dans leur diversité, les guadeloupéens dans les années à venir . La réflexion sur l’avenir et le développement de visions de demain revêtent une importance croissante à tous les niveaux. La connaissance des problèmes déterminera l’avenir de la Guadeloupe .
Rarement le débat public en Guadeloupe aura été à ce point dépourvu de fond, inapte à aborder les problèmes majeurs auxquels la société guadeloupéenne est confrontée et continuera de l’être dans les années qui viennent.Le monde actuel que nous connaissons est déja l’ancien monde. On est tétanisé car on essaie de sauver l’ancien monde de la départementalisation parce qu’on a peur du nouveau. Pour citer l’écrivain communiste italien Antonio Gramsci, « il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne parvient pas à naître ». En effet, le mode de vie de départementalisation inventé à la fin de la guerre 39-45 n’a rien à voir avec ce qui existait depuis des centaines d’années. En

Avec les assises de l’outre-mer envisagées par le gouvernement , s’achemine -t-on vers un nouveau type de modèle économique et social de développement ?
Une étude récente de l’Insee indique que 48% des jeunes mettent plus d’un an et plus pour trouver leur premier emploi stable et jusqu’en 2020, environ 1200 jeunes actifs de niveau Bac + 2 à Bac +5 devraient faire leur entrée chaque année sur le marché du travail de chacune des deux îles des Antilles. L’étude de l’Insee révèle par ailleurs que les natifs diplômés ou étudiants du supérieur sont très mobiles. En effet, plus de 61% d’entre eux résident dans une autre région que celle de leur naissance, contre 40% au niveau national. Aux Antilles en 2017, cette mobilité atteint les 49%. 


La prochaine décennie, marquée par une mutation vers l’économie numérique, va bouleverser la structure de l’emploi en Outre-Mer . Alors que le chômage est au plus haut, comment la jeunesse peut espérer se préparer au mieux pour l’avenir ?
La fracture entre deux France devient de plus en plus flagrante lors de cette campagne électorale des présidentielles . D’un côté, une France des grandes villes connectées à la diversité du monde ; de l’autre, une France qui souffre, marquée par les désertifications rurale et industrielle. Il n’y a pas de tâche plus urgente et plus impérieuse pour le prochain chef de l’État que de réduire cette césure qui se caractérise par le creusement en France d’une fracture sociale symbolisée par la montée du chômage . Depuis 1995, la fracture sociale s’est multipliée : elle est devenue territoriale, éducative, générationnelle, numérique, religieuse…Comment en est-on arrivé là ?
Comprendre le vote Front national en l’analysant localement car ce scrutin montre une poussée sans précédent du Front National mais aussi du Front de Gauche de Mélenchon dans tous les territoires d’outre-mer . Qui vote FN en outre- mer ? Et pour quelles raisons ? Comment expliquer l’enracinement électoral de ce parti dans les territoires d’outre- mer ?
Le jugement, sans appel, semble déjà rendu : La société Antillaise se sent mal,et pourtant , d’un point de vue matériel, elle va nettement mieux qu’avant les années 60/70. L’espérance de vie est passée de 61 ans en 1960 à plus de 80 ans aujourd’hui, les Guadeloupéens et Martiniquais sont plus diplômés ( environ 40 % ont le baccalauréat, contre 5,5 % en 1962), plus riches (le salaire annuel moyen était de 28.000 euros en 2015, contre 4300 euros en 1950) et mieux équipés (par exemple, tous les ménages ont un réfrigérateur, contre 5 % en 1958). L’amélioration du niveau de vie est incontestable ,mais aujourd’hui nous vivons la fin du cycle idéologique du progrès économique et social d’après-guerre, celui qui a porté l’État-providence. Notre logiciel y était fondé sur la réparation : laisser le capitalisme produire la richesse et corriger a posteriori les inégalités qu’il génère, à travers la redistribution de l’État-providence. Nombre d’économistes estiment qu’il ne faut pas réduire l’État Providence à la simple protection sociale car « l’on met de côté les trois autres piliers de l’État social: les services publics, 30 % des emplois en France, c’est absolument colossal, le droit du travail et puis toutes les politiques économiques, budgétaires, monétaires, commerciales, politiques de revenus qui se sont développées au cours du XXe siècle . Il
Quel aveu ! le taux record d’indécis en Guadeloupe et Martinique aux présidentielles n’est-il pas la plus éloquente preuve que dans les situations difficiles, les Guadeloupéens et Martiniquais ne comptent absolument pas sur les politiques pour les tirer d’affaire ? De nombreux observateurs envisagent d’ailleurs un taux d’abstention record aux Antilles – Guyane . Pourquoi une telle indécision ? La société Antillaise , épuisée par plus de 50 ans de départementalisation , ne fait plus confiance aux institutions, se méfie des politiques , Oui, le nombre de personnes certaines d’aller voter au premier tour est faible par rapport aux précédentes élections. En général, aux élections présidentielles, l’abstention en Guadeloupe et Martinique oscille autour de 40 %. Actuellement, seuls 38 % des personnes interrogées sont sûres d’aller voter – bien moins que lors des dernières élections à une semaine du scrutin. Ce chiffre risque de monter pendant les derniers jours, mais on risque d’avoir un taux de participation plutôt bas en Guadeloupe et Martinique. A ce jour , on observe une opinion publique toujours défiante , et un électorat indécis concernant les présidentielles d’Avril et Mai 2017.
Plus de deux guyanais sur trois considèrent que la situation économique de la Guyane s’est « plutôt dégradée » depuis 2009, contre 9 % pour qui elle s’est « améliorée » ; 24 % pensent qu’elle est restée inchangée.Presque dix ans de crise larvée depuis 2009, persistance d’un chômage de masse, nombreuses fractures sociales et une masse de problèmes non réglés – vis-à-vis des infrastructures comme du social -,des questions sécuritaires ou migratoires : le pays est sous tension . Car plus le temps passe, plus la Guyane devient inflammable. Les économistes parlent d’« équilibres multiples » : on peut très vite passer de l’un à l’autre, comme on l’a vu naguère en Grèce ou en Argentine. Le hiatus entre un pessimisme global et un optimisme personnel est une donnée souvent constatée. Ce n’est pas le cas ici : 58 % des Guyanais estiment que leur situation économique et financière s’est détériorée, contre 12 % pour qui une amélioration est relevée. Cette position est à la fois rassurante et inquiétante. Rassurante, parce que tout continue comme avant, et qu’on ne vit pas si mal dans une partie de ce pays Guyane .
Depuis le 27 mars dernier, la Guyane vit au rythme d’une grève qui semble près de se terminer en eau de boudin . Entre revendication d’un peuple dans la tourmente et proposition du gouvernement , il semble que la Guyane se dirige dans une impasse .
François Hollande a annoncé, jeudi 1er décembre en direct de l’Elysée, qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle en 2017. Dès le départ, il y avait un vice de forme. L’élection de François Hollande devait assurer la convergence des gauches, elle sera une machine à produire de la divergence !
Le modèle économique et social Français, sous sa forme actuelle, habitue les citoyens de Martinique et Guadeloupe à un train de vie qui n’est virtuellement plus abordable car il est financé à crédit depuis 1974, date du dernier budget voté à l’équilibre. Depuis, la dette à littéralement explosée et pourrait alors devenir insoutenable. La solution ne peut être que radicale : la poursuite de réformes structurelles lourdes tout en continuant à marche forcée la réduction des déficits.
Quel projet porte François Fillon et qui risque de mettre à mal les Guadeloupéens et Martiniquais ?
La Guadeloupe et la Martinique vont connaître fin 2017 une période charnière de leur histoire entre un monde qui se meurt et le nouveau qui se cherche. La capacité de nos pays à s’adapter à ce changement déterminera grandement leur avenir économique, démographique, social et sociétal.
Après le demi-siècle de rattrapage économique et social qu’a connu la zone Antilles des années 1960 aux années 2000, nos régions de Martinique et Guadeloupe connaissent aujourd’hui des difficultés économiques inédites, dans un contexte hexagonal Français dépressif et un environnement mondial toujours plus incertain, caractérisé par un ralentissement de la croissance, y compris dans les pays émergents.
Et si le but ultime du dessein secret de François Hollande, et la raison d’être de sa stratégie actuelle pour redresser la France, était de déconstruire idéologiquement le parti socialiste pour recomposer le paysage politique de la France .
A l’ère de la réduction de la dépense publique et du tout numérique…
Le sort des classes moyennes aux Antilles devra occuper une place centrale dans le débat public. Elles seraient sur le déclin et menacées de paupérisation, entend-on souvent.
La Guadeloupe est en crise et la Martinique n’avance pas car elle est en panne : Nos régions se vident de leurs forces vives , nos villes débordent de manifestations quotidiennes de violence et notre cohésion sociale est mise à mal .La crise sociétale actuelle en Guadeloupe et la crise larvée en Martinique mettent en lumière un phénomène préoccupant : l’exil des jeunes diplômés couplé avec la délinquance d’autres jeunes restés au Pays . Avec cette crise de société , c’est un fait, de plus en plus de jeunes sont tentés par la délinquance et l’oisiveté alors que d’autres préfèrent aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Depuis les années 2000, l’expatriation des Guadeloupéens et Martiniquais est ainsi en croissance régulière, de l’ordre de 5 à 6% chaque année . La première des grilles d’analyses relève de la sphère économique. Nos pays respectifs ont incontestablement une difficulté avec leur jeunesse.La faute est à cet exode des jeunes qui a commencé au milieu du 20e siècle avec le BUMIDOM et qui s’est poursuivi pendant les années de crise avec nos jeunes qualifiés .La
Tous les indicateurs montrent aujourd’hui que la Guadeloupe et la Martinique ne vont pas bien et cela peut inciter en effet la masse croissante des laissés-pour-compte, des précaires, des jeunes aux diplômes dévalorisés, des éternels stagiaires, à cesser d’attribuer leurs échecs à des causes personnelles ou psychologiques, pour les rapporter à des évolutions collectives découlant des prochaines élections présidentielles en France hexagonale . Il va falloir moins de 2 ans pour mettre clairement en évidence cette nouvelle dynamique de déclassement de la classe moyenne en Guadeloupe et Martinique , non encore installée dans les réalités objectives , et que notre capacité de déni nous empêche de voir clairement . Ce retournement dynamique apparaît aujourd’hui dans un contexte où, pendant des décennies, la classe moyenne a fait figure de maillon le plus solide et le plus dynamique de la société Antillaise . Elle est considérée comme une classe de confort avec le bonus de salaire des 40% de vie chère , protégée et choyée, stable, située fort loin au-dessus de l’écume des difficultés des classes populaires en maîtrisant son destin social et partageant une culture de sécurité et de confiance dans l’avenir .
Incroyable ! A les entendre tous aujourd’hui et ces derniers jours,la société Guadeloupéenne serait menacée d’implosion du fait de la violence ambiante !Le pire, c’est qu’ils sont aujourd’hui tous sincères dans leur lamento et leurs cris d’orfraie pour réclamer la visite urgente du ministre de l’intérieur , comme si cela pouvait changer la donne tant il est vrai que c’est la Guadeloupe qui est malade d’elle même de ses politiques et intellectuels .La Guadeloupe menacée ? La Martinique en panne ? Oui, ou pire encore… Avec la crise économique qui persiste et qui va aggraver le phénomène de l’accroissement des inégalités , celle en vue de la révolution numérique , la violence des jeunes , ces désastres qui vont mettre , l’un après l’autre , à mal l’idée même du projet guadeloupéen et de gran samblé en Martinique , la situation est sans précédent , avec pour couronner le tout une image d’impuissance de nos intellectuels !