Catégorie : En librairie

« Impasse Parole », un roman de Céline Malraux

Résumé : Victoire se demandait ce qu’elle devait faire des croyants. S’ils pensent aller au paradis, faut-il accélérer leur ascension ou au contraire prolonger la conscience qui leur est peut-être un grand bonheur de leur cheminement vers la sortie. « Tout dépend de leur état, conclut-elle, ce qui compte, c’est de ne pas souffrir. Enfin, de ne pas laisser souffrir, c’est presque pareil. Notre métier, c’est prendre le relais de Dieu. Le comble pour une athée comme moi ! On nous demande d’aller contre la fatalité de la vie quand elle n’est plus qu’une ombre, contre celle de la mort quand on peut encore la regarder de haut, contre celle de la souffrance quand la chimie lui est opposable. On nous demande de juger en notre âme et conscience, d’administrer le bon geste mais personne, personne ne peut savoir qui a raison ou qui a tort. Dans notre monde, il y a les vivants et les mourants. Autant de différences parmi les premiers que parmi les seconds… »

Prmières lignes :

Ce soir-là, Marc et Victoire dînaient chez le vieil Éloi.

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« Nan yon bat je » : traduction réussie de l’ « Espace d’un cillement » de J.S.Alexis en créole

— Par Renel Exentus, doctorant en études urbaines à l’INRS —

Le 25 mars 2023, deuxième journée du festival afro-urbain à la Maison d’Haïti à Montréal, a été marqué en soirée par la prestation des artistes de grands calibres, dont Wesli et Sherlee Skay. Leur production a mis en évidence un répertoire de rythmes et de mélodies éclectiques où des tonalités vodou sont agencées à celles du jazz, soul, hip-hop et afrobeat. Cette symphonie musicale a été introduite par un autre événement majeur. Il s’agit de la première vente signature de la traduction en créole du célèbre roman de Jacques Stephen Alexis : « L’espace d’un cillement ». Sous le titre de « Nan yon bat je », l’ouvrage est traduit par la linguiste et didacticienne Edenne Roc. Il ne s’agit pas d’un coup d’essai puisque cinq ans auparavant, elle a rendu Compère Général Soleil disponible en créole haïtien. Après avoir donné un second souffle au premier roman de J.S. Alexis, « Nan yon bat je » confirme une fois de plus son professionnalisme dans le domaine de la traduction.

Paru sur un fond d’azur, la couverture de l’ouvrage est illustrée par une peinture de Gladys Saint-Victor qui met en symbiose l’énergie féminine avec les forces de la nature.

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« Carnaval dans la République », un livre de Nika Yiyite

Présentation de « Carnaval dans la République« , une satire drôle et pertinente du système politique et électoral dans nos territoires. Mais aussi le récit palpitant d’une course au pouvoir.

Nika Yiyite a occupé des postes à responsabilités dans divers ministères, dont celui des Outre-mer, puis dans l’administration territoriale ultramarine. Curieuse des autres et de leur culture, Nika Yiyite a voyagé en Asie du sud-est, en Europe orientale et dans diverses républiques de l’ex-Union soviétique. C’est sa longue immersion dans « la France du large » qui lui donne envie d’écrire Carnaval dans la République, son premier roman

Ce roman oppose deux hommes politiques ambitieux, Béranger et Délhi qui rêvent d’occuper le fauteuil de Négus, – le vieux maire de Port-la-Rivière, la capitale de l’île-Volcan, – qui a décidé de quitter son poste.

C’est un brillant intellectuel, qui a écrit des ouvrages reconnus mondialement. Il a suffi qu’il décide de prendre sa retraite pour attiser la rivalité et provoquer le choc des ambitions entre Béranger et Délhi, deux hommes du même parti que Négus, qui s’appréciaient jusque-là et qui deviennent ennemis mortels parce qu’ils veulent tous deux s’emparer du poste du patriarche.

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« Mistik Jaden » un roman-Conté de Malik Duranty

Il s’agit d’un livre écrit par Malik Duranty. Il y poursuit sa démarche d’écriture qu’il nomme Roman-Conté.
Dans ce dernier, il nous emmène dans une histoire qui conte le parcours, la rencontre et les relations de plusieurs personnes en lien avec le Jaden (le Mistik
Jaden).
C’est un livre qui traite du processus de transmission/appropriation au sein de la culture martiniquaise. Cela en mettant en lumière la relation intergénérationnelle sous diverses formes. Histoire de réifier et revitaliser la pertinence de cet réalité anthropologique.
L’idée de ce Roman-Conté est de valoriser le Jaden comme matrice de la culture martiniquaise en son acception populaire. Cela en faisant la promotion de la
culture des Nèg Zabitan. Ces derniers qui sont pour l’auteur le résultat de la métamorphose du Nèg Mawon.
Au sein de ce corpus de personnages, il est un groupe de jeunes issus de quartier urbain de l’anvil qui iront découvrir la culture des mornes. Là où, les nèg mawon se sont métamorphosés en nèg zabitan.
Il est un ancien des mornes qui croit toujours au koudmen. Ce dernier qui éprouve le besoin de transmission envers ses petits enfants et sa fille, fera tout pour se le permettre.

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« Par la racine », le dernier roman de Gérald Tenenbaum

— Par Michèle Bigot —

Par la racine, le dernier roman de Gérald Tenenbaum s’ouvre sur la tempête de décembre 1999 accompagnée de la mélodie des Neuf airs allemands de Haendel et se clôt sur l’Adagio pour cordes de Samuel Barber, la première scène annonçant la mort du père, Baruch, la dernière étant consacrée à l’inhumation de la boîte contenant le legs du père à ses enfants. La boucle est bouclée, comme le veut la machine romanesque dont la circularité est un mode essentiel de fonctionnement.

Revenons au début. C’est le fils cadet, Samuel qui est désigné par le père comme héritier de sa mémoire, en ce qu’il fait profession d’écrivain biographe. A ceci près que les biographies qu’il rédige sont imaginaires. A la mort de Baruch, le personnel de l’EHPAD remet à Samuel Une boîte en carton contenant les objets et documents épars, assortie d’une note manuscrite énonçant: « Pour Samuel, quand le temps sera venu. »

Au nombre des documents se trouve un papier mentionnant les coordonnées d’une certaine Luce, bibliothécaire de Troyes, responsable du centre Rachi, talmudiste médiéval.

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Une vie de Césaire illustrée à l’usage des jeunes générations

— Par Michel Herland —

Césaire est mort à 95 ans en 2008. Pour les lycéens martiniquais âgés aujourd’hui de quinze ans Césaire fait partie du monde d’avant, celui d’avant leur naissance, lorsque le poète-député-maire commandait de près ou de loin l’actualité de l’île. Le livre qui vient de paraître n’a pas été écrit spécialement à leur intention, il vise sûrement un plus large public. Il n’empêche que sa place paraît toute trouvée dans les chaumières martiniquaises – comme celles de la diaspora – pour apprendre aux jeunes générations qui fut ce grand homme qui a tellement compté localement.

Césaire fut également très important pour nombre d’intellectuels africains qui l’ont découvert par le biais soit du Discours sur le colonialisme soit de la poésie ou du théâtre. On ne peut que souhaiter que cet ouvrage bénéficie du programme des publications subventionnées à destination de l’Afrique francophone et qu’il y soit largement diffusé.

On ne cherchera pas dans ce livre bref, à la typographie aérée, avec des illustrations en pleine page une analyse un tant soit peu complète de la vie de Césaire, a fortiori de son œuvre. 

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« Mémoires d’une féministe radicalisée » : quand la révolution féministe rime avec chaos-monde.

— Présentation par l’autrice, Marie Boniface —

Ah la révolution féministe… Pas la révolution féminine mais féministe ! Qu’on la hait ou qu’on l’aime, elle est bien présente et gagne du terrain au grand dame de l’homme ou du moins du macho, et de l’Homme avec un grand H… Car oui, Mémoires d’une féministe radicalisée met un bon coup de pied au féminisme et au machisme. Un monde dystopique où la masculinité et la féminité sont en péril. En péril pour le cycle de la vie sur Terre. Une guerre des sexes où un féminin masculinisé, pire encore, le potomitan l’emporte. Le mythe du potomitan qui se démystifie en devenant réel, sans coeur, et vengeresse. Une révolution qui écrase et broie une bonne fois pour toute les bijoux de famille du masculin.

LE prédateur qui entre par infraction dans le corps vierge de cette fille-femme et qui y laisse unetrace aussi ineffaçable que l’esclavage sur l’homme noir. Une femme, des femmes, des relations homme-femme en détresse dans un monde vacillant entre folie et folie tant celle-ci est omniprésente.Marie BONIFACE nous raconte avec un « je » d’humour et de réflexion cette transgression vers l’existence.

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« Le monde sans fin », livre le plus vendu en 2022 en France

Après Astérix en 2021, c’est une autre BD qui a été le plus gros succès de librairie cette année : « Le monde sans fin » de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain.

La BD « Le monde sans fin » a été le livre le plus vendu de l’année 2022, selon le palmarès publié par GfK – Livres Hebdo. Elle est l’œuvre conjointe du spécialiste du climat et de l’énergie Jean-Marc Jancovici et du dessinateur Christophe Blain. Sortie au dernier trimestre 2021, elle a été écoulée cette année à 514 000 exemplaires.

Viennent ensuite « L’affaire Alaska Sanders », de Joël Dicker (432 000 exemplaires) et « Le Grand Monde », de Pierre Lemaître (335 000 exemplaires), dont la suite sortira début janvier.

En 2021, c’était déjà une BD, « Astérix et le Griffon », qui était arrivée en tête, avec plus de 1,5 million de ventes. Le 40e album, dont Fabcaro sera le nouveau scénariste, doit sortir le 26 octobre 2023.

Petit cru pour le Goncourt

Si l’on regarde du côté des prix littéraires, le Goncourt ne pointe qu’à la 28e place.

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L’Arbre, une histoire d’inceste où la créativité n’a plus de limite.

Présentation par l’autrice —

L’histoire d’une martyre du XXIe siècle recherchant Lumière entre désespoir et inhibition du cœur. L’histoire d’une âme flânant entre obscurité et amour incestueux entre un père et sa fille. Un père qui aime sa fille plus que tout. Un père qui fait de sa fille sa maîtresse. Un père n’ayant aucune limite morale. L’histoire d’un triangle amoureux où la mère se porte garant d’accepter de ne rien dire, de nier l’évidence jusqu’à en devenir jalouse. L’histoire d’une société imaginairement vérité qui scrute les moindres détails de la psychologie humaine. Voici ce qu’est l’Arbre pour ne pas dire l’Âme.

Les mots en deviennent même complice de cette torture psychologique. Les mots violents qui surgissent dans maison et cabane du bonheur malheureux de la créativité. L’Arbre mourant d’inanition de mots, choisit de ne perdre cette dernière. Sa créativité qui la pousse à choisir son père plutôt que son bonheur personnel. Sa créativité qui la domine, la contrôle et la paralyse dans ses choix de vie.

Solitude, son fidèle ami, ne peut que l’écouter et lui conseiller. Le courage, ne faisant partie de sa nature, il se fait spectateur devant tant d’horreur poétisée.

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« Célestine », un roman de Sophie Wouters

« Cette nuit, j’ai lu Célestine. Ton texte m’a bouleversée, je n’ai pas pu m’arrêter. Je te dois une nuit blanche. »

Amélie Nothomb

Célestine est le premier roman de Sophie Wouters, artiste-peintre vivant à Bruxelles, qui démontre ici son talent à peindre l’âme humaine… avec des mots.
Nous sommes au tout début des années soixante, dans un village de la France profonde où le destin de Célestine se dessine dès sa naissance. Elle naît un 14 juillet sur le bord de la route où ses parents viennent d’avoir un accident de voiture. Recueillie par de lointains parents qui n’avaient jamais voulu d’enfants, elle va grandir auréolée de sa beauté extraordinaire et de sa grande intelligence. Mais alors que démarre le récit, Célestine a dix-sept ans et comparaît devant la cour d’assises des mineurs. Jugée pour meurtre, elle a décidée de garder le silence.
Publié en Belgique en 2021, Célestine a rencontré un très grand succès ; elle a reçu le prix Chapel 2021 et le Manneken-Prix de l’auteur bruxellois 2022.

Sophie Wouters
Artiste-peintre, Sophie Wouters vit à Bruxelles. Pendant plus de vingt ans, son travail, essentiellement axé sur l’être humain, son regard, sa solitude, son individualité, s’est traduit dans la peinture.

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« L’Imposture du théologico-politique », de Géraldine Muhlmann

Présentation
Le « théologico-politique », c’est l’idée selon laquelle au « fond » des choses politiques, il y a toujours quelque chose de religieux : quelque chose ayant à voir avec notre rapport au sacré. Même à l’heure où la politique moderne s’est « sécularisée » (séparée des pouvoirs religieux) et où les références religieuses, parfois présentes en elle, ont infiniment moins de poids que par le passé, la pensée théologico-politique est formelle : le fond de l’affaire serait encore et toujours « religieux ».

Depuis une trentaine d’années, le théologico-politique est en plein triomphe dans la philosophie contemporaine. Très au-delà de la mode « Carl Schmitt », c’est une vague qui passe par Giorgio Agamben, Charles Taylor, le dernier Jürgen Habermas, le dernier Richard Rorty… et qui fait revivre, aussi, certaines œuvres du passé : celles de Jacob Taubes et d’Eric Voegelin, ou certains écrits de Karl Jaspers. Toute une myriade d’auteurs contemporains la nourrit (Gianni Vattimo, Marcel Gauchet, Luc Ferry…), non sans échos à un air du temps général (dont témoigne, par exemple, le succès des thèses de René Girard).

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Fortenel Thélusma, de la linguistique à la fiction romanesque : un pari et de grands défis ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

La littérature haïtienne a en partage avec les autres littératures à travers le monde une caractéristique de premier plan : les forgerons de la fiction appartiennent la plupart du temps à des champs d’activités qui n’ont pas à priori grand-chose à voir avec la littérature. Il en est ainsi de Jacques Stephen Alexis et Joël Des Rosiers, médecins ; de Marie-Célie Agnant, traductrice ; de Lilas Desquiron, ethnologue ; de Ketly Mars, gestionnaire ; de Jan J. Dominique, communicatrice ; de Georges Anglade, géographe ; de Michel Soukar, historien ; de Gérald Bloncourt, photographe et peintre ; de Faubert Bolivar, philosophe, etc. Il est toutefois attesté que nombre d’écrivains puisent dans leur expérience professionnelle la matière première de leurs œuvres de fiction. C’est notamment le cas du neurologue et linguiste Jean Métellus. À la suite de « Une eau forte » (Gallimard, 1983), qui marquait une première prise de distance à l’égard des clichés du roman haïtien, l’auteur s’attache dans « La parole prisonnière » (Gallimard, 1986) à l’étude de certains troubles du langage.

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« Créole Blues », de Jean-Marc Beausoleil

Un roman polyvocal sur les terres enneigées du Québec

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

Sur les terres vêtues de neige au Québec, de Pointe-Calumet à Chibougamau, de l’Abitibi au Saguenay-Lac‑Saint‑Jean, il n’est pas rare d’entendre parler créole au détour d’une rue… Dans les couloirs d’une école secondaire de Montréal comme dans une épicerie desservant des locuteurs du créole à Montréal-Nord, le créole poursuit sa lente mais sûre entreprise de métissage sur plusieurs registres, de l’univers symbolique à celui des mutations langagières. Le vénérable quotidien montréalais Le Devoir s’en est fait récemment l’écho dans un article de la série « Le français sous influence » daté du 20 août 2022 et dont le titre est « Un français appelé à évoluer à Montréal ». L’auteure de l’article, Sarah Rahmouni, note de manière tout à fait pertinente combien le créole haïtien arpente différents lieux de vie : « On les entend dans la rue, dans le métro ou sur les bancs d’école depuis plusieurs années : des mots provenant du créole haïtien et de l’arabe maghrébin se sont peu à peu ajoutés à l’argot de Montréal, venant bouleverser la traditionnelle dichotomie entre le français et l’anglais.

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Le Goncourt des lycéens 2022 attribué à Sabyl Ghoussoub pour « Beyrouth-sur-Seine »

Le Goncourt des lycéens 2022 a été attribué jeudi à Sabyl Ghoussoub pour son roman Beyrouth-sur-Seine.

Le Goncourt des lycéens 2022 a été attribué jeudi à Sabyl Ghoussoub pour son roman Beyrouth-sur-Seine, publié chez Stock, a annoncé le jury composé de lycéens de toute la France.

Dans son deuxième roman, le journaliste franco-libanais de 34 ans propose une réflexion sur la famille et l’immigration, en questionnant ses parents venus s’installer en 1975 à Paris alors que la guerre va ravager leur pays.

Le vote de 2 000 élèves

Le jury de la 35e édition du Goncourt des lycéens a annoncé son verdict depuis la mairie de Rennes (ouest), berceau de ce prix, après plus de deux mois de lecture assidue des 15 ouvrages sélectionnés.

Réunis jeudi matin à huis clos, douze jurés lycéens étaient appelés à départager les quatre romans finalistes lors d’ultimes délibérations.

Petit frère du Goncourt, le plus prestigieux prix littéraire français, le Goncourt des lycéens se déroule chaque année de septembre à novembre et permet à quelque 2 000 élèves des lycées généraux, technologiques, professionnels et agricoles, de la seconde au BTS, de découvrir la littérature contemporaine et de susciter le goût de la lecture.

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« Des rêves pour un regard », un premier roman de Myrna Nérovique

Lorsque son regard croise celui d’Armand par une belle matinée au lycée de Bellevue, Saphir tombe immédiatement sous le charme du jeune homme. Les jours suivants, elle le recroise à de nombreuses reprises dans les couloirs. Pour elle, c’est le coup de foudre, une véritable attirance la lie à lui.
Mais ses sentiments sont-ils réciproques ?
Qu’en pensent les amies de la jeune lycéenne ?
Voient-elles cette passion naissante d’un bon oeil ?
Dans ce roman young adult, Myrna Nérovique nous remémore les papillons dans le ventre des premières amours adolescentes…

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La vue sur l’océan était merveilleuse ce matin-là, depuis le lycée de Bellevue. Il n’y avait pas un nuage à l’horizon. Le ciel était d’un bleu parfait. Nous étions regroupés, à l’époque, près de l’ancienne vie scolaire, afin d’attendre les transports scolaires qui devaient nous conduire à Madiana.
Quand elle eut fini l’appel pour notre seconde, elle se dirigea vers un groupe d’élèves qui paraissaient un peu plus âgés. Et c’est là que je l’ai vu, j’ai à peine tourné la tête et mon regard s’est posé instantanément sur lui.

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« Ti-prince », d’Emmanuel de Reynal : un roman « cri du cœur »

— Retour de lecture de Yvon Joseph-Henri —

Ti Prince, d’Emmanuel de Reynal est, dirons-nous, un roman. L’auteur ne choisit pas la forme de son ouvrage et c’est déjà une manière d’ouvrir la réflexion du lecteur. « C’est l’histoire d’un petit garçon… » nous dit-on en présentant le livre. Si c’est une histoire, c’est soit un conte, soit une nouvelle, soit un roman.

Le roman est une histoire ou un ensemble d’histoires lorsqu’il s’agit par exemple du roman de Renard. En même temps, le roman est comme on l’a dit un genre sans loi, « lawless », écrit selon une partition multiple et complexe. La complexité la plus évidente de ce roman est dans l’épilogue qui nous ramène à la réalité et à la morale de notre monde.

Somme toute, le Ti-Prince d’Emmanuel de Reynal s’inscrit dans une forme extérieurement limpide : parcours d’un enfant handicapé de la naissance à la mort. L’autre parcours, concerne une famille rayonnante et aimante dont la force d’amour transforme le rejet habituel des individus ayant un handicap en les intégrant au groupe « normal » parce qu’ils sont innocents, en les faisant reconnaître comme des humains avec tout ce que cela signifie.

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« L’impossible oubli » – 11 questions autour du lien social aux Antilles

Le 09 Novembre à 18h à la Bibliothèque Schoelcher de Fort de France

École Régionale de ALI – Antilles (Association Lacanienne Internationale) vous invite à la présentation du livre de Mme Dany DUCOSSON (psychiatre guadeloupéenne)

« L’impossible oubli» rassemble ici les fils constants de son questionnement sur le lien social aux Antilles françaises, en Guadeloupe :

– Le poids de la violence des origines de la société guadeloupéenne au regard de la traite et de l’esclavage : comme si l’origine traumatique de cette société rendait difficile tout processus d’individuation, entrainait une omniprésence du sentiment de persécution et la nostalgie des Origines.
-L’empêchement de penser, conséquence de l’idée de malédiction qui protège de la folie…
-Une passion folle de l’égalité qui en vient à équivaloir à un Tous Pareils, Tous Héros ou Tous Victimes.
-Le poids de la couleur noire, obstacle à penser et réserve permanente de haine ordinaire.
Ce qui constitue la richesse de cette société est plutôt de l’ordre d’un processus sans fin de bricolage ; la pureté rêvée dans le combat identitaire est de l’ordre du tri, de l’exclusion et du refus de l’altérité.

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Six nouveautés poches chez Caraïbéditions pour cette fin d’année !

Raphaël Confiant, Miguel Duplan, Marie-Reine de Jaham et Viktor Lazlo pour la collection « Îles en poche ».
Pour rappel, cette collection accueille l’ensemble des romans grand format déjà parus au sein de notre maison d’édition ainsi que des romans parus en grand format chez des éditeurs hexagonaux tels que Gallimard, Grasset, Plon, Albin-Michel, Robert Laffont ou Le Seuil mais jamais publiés en format poche ou abandonnés depuis.
 
Bernard G. Lagier et Gaël Octavia pour la collection « Didascal’îles ».
Le principe de cette collection théâtre est de présenter des textes d’auteurs de la Caraïbe connus et reconnus qui ont déjà été joués sur scène.

– Titre : Les tremblements essentiels
– Auteure : Viktor Lazlo
– Date de sortie en librairie : 21 octobre 2022
– Collection : Îles en poche
– ISBN : 9782373111309
– Prix TTC métropole :  8,60 €
– Public : Tout public
– Format :   110 X 179 mm
– Paginations :  256 pages
– Résumé : Qui était vraiment Alma Sol, cette beauté caraïbe devenue une star de la chanson ? Pourquoi a-t-elle disparu du jour au lendemain ?

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Dans l’atelier du « Vent du Nord »

Patrick Chamoiseau présente son dernier ouvrage : « Le vent du nord dans les fougères glacées »

ASSOCIATION TOUT-MONDE : J’aimerais approcher du cœur de votre processus créatif en considérant votre dernier ouvrage qui me semble très important. On dit que vous n’aimez pas trop parler de vos livres ?

Patrick CHAMOISEAU : Un peu. Je suis toujours un peu embarrassé quand il faut parler d’un livre. Pour moi, un texte est le résultat d’une cérémonie émotionnelle qui produit quelque chose que je ne comprends pas totalement. Je préfère idéalement laisser le contact, la perception, s’effectuer librement entre le lecteur et le texte. J’ai donc tendance à considérer que ce que je peux dire n’a pas grande importance. Donc, vous avez raison, le plus utile pour tout le monde est que je puisse en donner quelques éléments d’échafaudage.

L’échafaudage est tout ce qui il y a autour d’une construction, en l’occurrence ici, autour de l’acte de création. C’est l’intention, c’est tous les dispositifs qui aident au geste créateur, à l’écriture, ça je peux vous en parler. Cela vous donnera une idée de ce que j’avais dans la tête quand je me suis lancé dans cette alchimie particulière que représente chaque livre.

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J’ai lu « Ti-Prince » de Emmanuel de Reynal.

— Par Aurore Holmes —

Ti Prince, un récit se déclinant en intensités émotionnelles, celles qui sans crier gare, vous étreignent à la gorge. Dès la première page, la première ligne, les premiers mots, les premiers instants, le premier souffle de vie, notre regard de lecteur, étrangement surpris, se confond avec celui d’une mère aimante et anxieuse qui en donnant la vie, s’inflige un combat contre la mort, et désormais, une lutte contre l’intolérance.

Le roman s’impose d’emblée non seulement par sa rareté thématique mais aussi grâce à l’angle par lequel l’auteur, Emmanuel de Reynal, nous invite à percevoir l’intériorité d’un enfant, puis d’un adulte marqué du syndrome de Down. Une intériorité bousculant nos certitudes, nos logiques cartésiennes parfois formatées et souvent ballottées dans un monde ensauvagé laissant si peu de place aux élans d’empathie et d’affection. Le monde des « gens normaux » est en question. Ils ont érigé le quotient intellectuel comme référence absolue de la valeur d’un être humain, référence implacable et glaciale dont nous avons pourtant conscience de l’absurdité et de l’inconsistance.

Ti-Prince est un roman troublant par la force d’amour qui s’en dégage, troublant par ses protagonistes qui se densifient par la relation d’affection nouée avec le personnage principal, ou bien à l’opposé sont rendus insignifiants, basiques, caricaturaux lorsqu’ils se campent sur un comportement de mépris, d’indifférence ou de haine.

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« Ti-Prince », un roman d’Emmanuel de Reynal

Ti-Prince
« Je suis entré dans la vie sans avoir l’intention d’y rester. Je n’avais rien à y faire, j’étais sans arme, incapable d’illusion. Mes sens étaient vides, mon cœur battait à peine. Mon corps flottait, d’une sinistre mollesse. J’étais plus que nu, entièrement dépossédé, absolument inutile. »

« Ti-Prince » relate l’histoire d’un petit garçon atteint du syndrome de Down. Au départ fragile, souvent différent, il va pourtant franchir tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin, posant calmement son regard franc et rempli d’amour sur bien des situations. Ce récit inspiré d’une histoire vraie apporte un éclairage intéressant et des questionnements bienvenus sur une condition qu’on ne connaît que trop peu.

L’AUTEUR : Emmanuel de Reynal

Emmanuel de Reynal est un acteur engagé dans la vie économique et sociale de la Martinique. Né en 1965 à Fort-de-France, il fait carrière dans la publicité régionale et se montre actif dans les associations de son île. Il est l’auteur de « Ubuntu, ce que je suis », aux éditions l’Harmattan, de « Recta Linea » et d’« Une Minute » aux éditions du Panthéon.

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« Ladjè-a », de Louis-Ferdinand Céline (traduction du roman « Guerre », par Raphaël Confiant)

Quelques mois après sa publication, plus de soixante ans après la mort de son auteur, du roman Guerre (Éditions Gallimard), à l’occasion du mois du créole et à l’occasion de la sortie de Londres (la suite de Guerre) : publication de Ladjè-a (Éditions Caraïbéditions), la traduction de Guerre en créole.

Ladjè-a comporte une préface détaillée de Raphaël Confiant sur l’art et la méthodologie de traduire les classiques de la littérature française en créole et plus particulièrement sur les difficultés rencontrées pour traduire Céline et son style unique si particulier.

– Titre : Ladjè-a (traduction du roman Guerre)
– Auteur : Louis-Ferdinand Céline
– Traducteur : Raphaël Confiant
– Résumé : Traduction en créole de Guerre : Adan sé maniskri Louis-Ferdinand Céline la éti yo viré-touvé a té ni an boul dé-san-senkant fey-papié ki sé an roman ki ka pasé adan Les Flandres pannan Bidim Ladjè a. Epi transkripsion maniskri-tala ki pa ritravay, ki matjé apochan dé lanné apré Voyage au bout de la nuit (1932) té paret, an mòso fondal-natal adan ev matjè-a ka tijé gran jou. Davwè Céline, ant rakontaj-lavi ek liv imajinasion, ka lévé an vwel asou lespérians fondal lekzistans-li : dépotjolay kò’y ek lespri’y la asou larel-goumen an, adan « labatwè toutwonlatè a ki vini dekdek la ».

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« Il n’y a pas de Ajar », de Delphine Horvilleur

Après « Vivre avec nos morts », la femme rabbin revient avec un livre contre les assignations communautaires. 

L’étau des obsessions identitaires, des tribalismes d’exclusion et des compétitions victimaires se resserre autour de nous. Il est vissé chaque jour par tous ceux qui défendent l’idée d’un « purement soi », et d’une affiliation « authentique » à la nation, l’ethnie ou la religion. Nous étouffons et pourtant, depuis des années, un homme détient, d’après l’auteure, une clé d’émancipation : Emile Ajar.
Cet homme n’existe pas… Il est une entourloupe littéraire, le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer qu’on n’est pas que ce que l’on dit qu’on est, qu’il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu’offre le texte de se glisser dans la peau d’un autre. J’ai imaginé à partir de lui un monologue contre l’identité, un seul-en-scène qui s’en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment.

Dans le texte, un homme (joué sur scène par une femme…) affirme qu’il est Abraham Ajar, le fils d’Emile, rejeton d’une entourloupe littéraire.

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Philippa C. Jabouin : Le minimalisme littéraire à son apogée.

— Par Jean-Robert Léonidas —

Short shorts on family, c’est le premier livre écrit en anglais par cette auteure polyglotte, petite fille d’un grand poète haïtien. Je me suis laissé dire que c’était un recueil facile à lire et digérable en un rien de temps. Rien n’est moins vrai.

Le livre, un ensemble de 30 histoires succinctes, pourrait donner une fausse impression de facilité. Mais la couverture en impose par sa gravité, elle offre à notre regard une œuvre d’art suggérant un puzzle titré Sulphurous Exchange. Ce n’est donc point de l’eau de rose. Nous sommes en face de croquis, de réflexions qui, plongeant dans l’âme humaine, obligent à cogiter en profondeur sur les choses, les hommes, leur nature, leur travers. Point de longs discours dont l’auteure est certainement capable vu sa préparation académique et son expertise. De petites histoires de famille qu’il ne faut pas prendre comme une confession d’un enfant du siècle, mais plutôt comme une tactique d’écriture pour se révéler à soi-même et au monde. D’autres sujets semblent provenir du lieu de travail. L’auteure, par pudeur, garde une difficile distance par rapport à l’intimité et maintient une éthique professionnelle, même quand elle a décroché volontiers de ses occupations antérieures.

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Rencontre avec Virginie Despentes : « J’aime les gens qui posent problème »

« Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris. »

Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines.
Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaines…

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Virginie Despentes écrit comme on monte sur un ring. Avec « Cher Connard », elle chausse le roman épistolaire, sur fond de confinement, pour jouer des points de vue et, finalement, faire l’éloge du dialogue et de la distance. Une confrontation 2.0 qui déborde de punchlines mais aussi de tendresse. Brillant et percutant. Entretien.

— Par Michaël Mélinard —

Virginie Despentes a longtemps été à la marge.

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