« Et coule la rivière chagrin », un roman de Frantz Succab

Ce roman débute par l’annonce de l’assassinat d’un propriétaire de terres, membre éminent du syndicat patronal. Un ouvrier de sa plantation, immédiatement appréhendé, avoue en être l’auteur. La rédaction de l’article concernant ce fait divers est confiée à Kamo, un vétéran de
l’hebdomadaire La Clameur. Le journaliste, proche de la retraite, est peu intéressé par une affaire déjà résolue. Il rédige sans originalité l’article attendu.
En revanche, il se pose de nombreuses questions sur le lieu-dit Nòlfòk où s’est déroulé le drame.
Il profite de sa retraite pour aller au contact des habitants de ce dernier. On pourrait s’attendre à un polar, mais le narrateur s’ingénie à dévier son propos. Il mêle roman, témoignages de vies et récit, dans une polyphonie où s’entrecroisent des voix multiples. De la Guadeloupe à Paris, une galerie de portraits contrastés se dévoile. …Et coule la rivière chagrin, tel un personnage à part entière, traverse le récit en nous embarquant dans son lot de malheurs et de joies.

Au fil des pages…

Un chant matinal de pipirit, ça change du radioréveil. De la douche trop froide au bar du port de pêche, Kamo savourait sa bonne idée d’attendre un ou deux jours avant de contacter Sadvi. Il était fort possible que ce dernier le devance, histoire de lui montrer qu’il était informé à la seconde de tout ce qui se passait de nouveau dans sa commune. En attendant, cette première promenade serait toujours ça de pris.
Les secrets de Nòlfòk lui terbolisent déjà la cabèche, à bonne heure du matin, dans le kabolo du port de pêche. Huit heures du matin et des poussières…
Frédo le tenancier lui sert un café approximatif avec une méfiance certaine dans le regard. Non, pas de pousse-café à cette heure ! Pas de sandwich à la morue non plus ! Un oeuf dur, volontiers… Le type dit que ce sont les oeufs de ses poul’genm à lui et demande à Kamo comment se porte la Martinique. « Je suis Guadeloupéen. » Frédo s’excuse :
— C’est que vous avez un faux air d’un que j’ai connu à l’armée… Konparézon comme pas un.
Au lieu de mal réagir devant cet inconnu qu’il soupçonne d’être un peu provocateur, Kamo décide de laisser couler jusqu’à ce qu’il y ait une vraie conversation. Il apprend que l’habituelle clientèle arrivera entre dix et onze heures. Quand les canots seront rentrés, les pêcheurs auront soif. C’est tout ce qu’il veut savoir pour l’instant.
Frédo sort les bouteilles, découpe quelques quartiers de citron vert. Kamo le trouve sec et ridé comme un hareng saur. La comparaison est fort à propos : hareng saur, morue salée, maquereau en boîte, servent de base à la préparation de petits « de quoi » à se mettre sous la dent, pour accompagner « le boire. ». Du poisson en conserve importé, un comble pour les pêcheurs d’ici.

Quatrième de couverture
« Quelque part, dans un pays qui cache son jeu autant que ses douleurs, entre l’Habitation Duchanoine et le bourg de Nòlfòk, il y a une rivière. Les habitants l’appellent Rivière Chagrin.
On dit qu’elle est faite de toutes les larmes anciennes. Beaucoup de larmes. Sans fin. Elle les canalise entre ses berges pour les conduire à la mer, pour que la vie continue. Aux habitants les rires d’aujourd’hui qui couvrent l’oubli du temps d’avant, à la rivière le grondement incessant du passé.
Ici, les fantômes sont discrets. Et s’ils hantent parfois la parole et le geste, faut-il encore les reconnaître… »

Code ISBN : 979-10-203-6224-7
Format : 15 x 21 cm – 340 pages
Prix de vente : 23,00 €

Frantz Succab
Auteur résidant à : Capesterre-Belle-Eau, Guadeloupe
Journaliste, pamphlétaire et dramaturge né en 1947 en Guadeloupe, Frantz Succab se définit comme un esprit indépendant. Il est l’auteur de plusieurs oeuvres théâtrales et essais littéraires.

Roman
Commandes libraires : Hachette Distribution (Dilicom), commandes fermes Éditions Baudelaire, commandes en dépôt