« La Sentence », roman de Louise Erdrich

Louise Erdrich, lauréate du Prix Pulitzer en 2021 pour son roman « Celui qui veille », nous transporte dans un univers envoûtant avec son dernier ouvrage, « La Sentence ». Ce roman captivant se déroule à Minneapolis, dans le Minnesota, un État où la culture autochtone amérindienne est particulièrement présente. Au cœur de l’histoire se trouve Tookie, une femme d’origine amérindienne, dont la vie a été marquée par un crime lié au trafic de stupéfiants, l’envoyant derrière les barreaux pour soixante ans.

La rédemption et la résilience sont au centre de cette intrigue palpitante. Après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle, Tookie trouve refuge dans une librairie spécialisée en cultures autochtones, dirigée par Louise Erdrich elle-même. Ce lieu empreint de mystère et de sagesse devient pour Tookie bien plus qu’un simple lieu de travail. Il devient un sanctuaire où elle explore sa passion pour les livres tout en découvrant un amour sincère avec Pollux, son « ami tribal », un ex-policier qui l’a épousée à sa sortie de prison.

Cependant, la quiétude de cette nouvelle vie est brisée par l’apparition inattendue de Flora, une cliente décédée de la librairie. Flora est une « indigénophilopathe », une personne obsédée par l’idée de devenir autochtone, malgré ses origines non autochtones. Son fantôme hante Tookie et les autres libraires, provoquant une série d’événements mystérieux et troublants. Ce phénomène surnaturel sert de toile de fond à un récit qui explore les profondeurs de la culture autochtone, de l’âme humaine et des cicatrices laissées par la colonisation.

Louise Erdrich utilise son talent narratif extraordinaire pour nous plonger dans le passé douloureux et la fierté résiliente du peuple autochtone amérindien. Elle mêle habilement l’histoire de Tookie, les secrets de Flora et la réalité troublée de Minneapolis, qui fait face à l’assassinat de George Floyd et à la pandémie de COVID-19. À travers son écriture vibrante, l’auteure expose les fantômes d’une nation marquée par la violence, le racisme et l’intolérance, montrant que ces démons ne hantent pas seulement les Blancs, mais tous les Américains.

« La Sentence » est bien plus qu’un simple récit. C’est une exploration profonde de l’identité autochtone, de la lutte pour la survie culturelle, et de la recherche de la vérité et de la rédemption. Erdrich inscrit également son récit dans l’actualité, évoquant la crise sanitaire et l’assassinat de George Floyd, montrant comment ces événements ont secoué une Amérique déjà troublée par son passé tumultueux.

Au cœur du roman se trouve la librairie Birchbark, un lieu où les livres sont bien plus que des objets inanimés. Louise Erdrich les considère comme des porteurs de conscience, des entités vivantes qui murmurent des vérités essentielles entre leurs pages. Cette vision magique des livres se reflète dans le roman, où les rayonnages de la librairie sont décrits comme un rassemblement de consciences, chacun enfermé dans un assortiment de mots entre deux couvertures cartonnées.

« La Sentence » nous invite à réfléchir sur l’importance de la littérature et de la culture dans la construction de l’identité. C’est un hommage poignant à la résilience du peuple autochtone amérindien, une déclaration d’amour aux livres et à leur capacité à guider nos vies, et une méditation sur les cicatrices profondes laissées par l’histoire de l’Amérique. Louez ce roman pour sa profondeur, sa complexité et son pouvoir de nous transporter au-delà des frontières de la réalité.

« La Sentence » est bien plus qu’un simple roman. C’est une expérience littéraire qui nous fait réfléchir, ressentir et découvrir l’âme tourmentée et fière de l’Amérique autochtone. Il nous rappelle que, malgré les épreuves et les douleurs du passé, la recherche de la vérité et de la rédemption peut illuminer même les moments les plus sombres de notre histoire.

M’A.