La Flore médicale des Antilles

Cadeau de Noël

— Par Michel Herland —

A-t-on suffisamment signalé, voici deux ans, la publication de cet ouvrage dont les illustrations et les commentaires constituent un véritable trésor historique, qui de surcroît peut se révéler encore utile de nos jours ?

Michel Étienne Descourtilz était médecin à Saint-Domingue au moment de la Révolution haïtienne. Curieux de botanique et de biologie, si ses collections furent toutes perdues lors de l’incendie de Port-au-Prince, il avait heureusement mis à l’abri à l’étranger les planches de sa flore médicale et put ainsi, de retour en France, entreprendre de les publier.

Cette publication s’étagea entre 1821 et 1829 sous forme de fascicules d’une dizaine de pages. Une deuxième édition intervint en 1833. La Flore médicale des Antilles recensait quelque six-cent planches en couleur, correspondant à autant de plantes, peintes par Jean-Théodore Descourtilz, le fils de Michel Étienne. Ce dernier, l’auteur des notices, a présidé le Société linnéenne de Paris ; il fut un botaniste reconnu et donna son nom à plusieurs espèces végétales.

L’ouvrage ne manque pas d’annotations pittoresques. C’est ainsi que l’auteur nous met en garde à propos du laurier rose ou « laurose », cette plante aussi commune qu’apparemment inoffensive. Sans nier ses propriétés stimulantes, il en déconseille l’usage en des termes choisis :

« Les feuilles de cette espèce mises en poudre sont un violent sternutatoire. Son effet est lent mais il se prolonge de manière à exciter des hémorragies nasales. Les priseurs de tabac eux-mêmes ne sont pas à l’épreuve de cette poudre héroïque. Aussi pensé-je qu’il faut en user avec la plus grande circonspection, et dans le cas seulement d’apoplexie, de léthargie et autres maladies qui réclament des moyens énergiques » (p. 123).

L’ouvrage publié à l’initiative de la Fondation Clément présente une sélection d’une centaine de plantes choisies à la fois parce qu’elles demeurent largement répandues, parce qu’elles peuvent être encore utilisées dans la pharmacopée traditionnelle, enfin pour leur esthétisme. Les autres planches ne sont pas totalement oubliées puisqu’elles sont reproduites en réduction, à raison d’une vingtaine par pages, in fine.

Michel Étienne Descourtilz et Jean-Théodore Descourtilz, Flore Médicale des Antilles, Avant-propos de Florent Plasse, Introduction de César Delnatte, « Collections de la Fondation Clément », HC Éditions, 2021, 246 p., 24,50 €.