Catégorie : Littératures

« Printemps créole » , un ouvrage de Kalimat

kalimatCeci n’est pas une préface,

Au commencement de tout était la parole.

Kalimat – le bien nommé – incarne la sienne, comme il incarne sa vision poétique d’Homme-archipel, naviguant entre tous les vents du nde, voguant îles en îles, à la rencontre de l’être, humain en lui. La poésie est un engagement, un chemin solitaire solidaire. Et Mathieu Marie-Eugénie est poète, dans le regard d’enfant et le geste artistique, la relation aux mots et le sens de l’Autre.

Dans ses silences aussi.

Printemps créole est une traversée identitaire et poétique, l’odyssée intérieure d’un garçon de lettres, moderne, ancré dans son époque.

Kalimat sème des poèmes sur son passage.

Peut-être pour ne pas s’oublier, dans le tourbillon du temps qui passe et nous efface. Peut-être pour ne pas perdre de vue les rêves, qui le fondent et font de lui aussi, un marcheur et un chercheur.

D’art.

Printemps créole est un texte fruité, aux saveurs de châtaignes, d’abricots et de mangues térébinthes, un livre aux battements d’ailes et fulgurances de lumière, sagesse et bonté.

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Atelier d’étude du créole martiniquais

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2016-2017

Sous l’égide du CIRECCA (Centre International Recherches Echanges Coopération Caraïbes Amériques), l’atelier d’étude du créole martiniquais ouvre de nouveau ses portes.
Cet atelier a comme objectif d’apprendre à lire et à écrire le créole martiniquais et d’en étudier le fonctionnement sur le plan lexical, grammatical et syntaxique.
Cet atelier s’adresse aux créolophones qu’ils soient natif-natal ou bien d’adoption ou d’option.
Ses séances, bi hebdomadaires, se déroulent, le soir, sur le Campus de Schoelcher et ce, réparties en deux niveaux : un niveau 1 destiné aux débutants, un niveau 2 aux personnes ayant déjà une pratique de la langue.
Ces séances sont animées par Daniel Boukman, écrivain, militant culturel martiniquais.

Pour tous renseignements complémentaires
0696 94 32 20
galta972@gmail.com.
cireccamartinique@gmail.com.fr
0696 73 68 28

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« La matière de l’absence » : Le grandiose de l’intime

la_matiere_de_l_absenceA l’occasion de la parution de dernier livre de Patrick Chamoiseau, « La matière de l’absence », l’Association Tout-monde a organisé une soirée poétique. Gérard Delver, président de l’association, s’est entretenu avec l’écrivain. Quelques extraits…

Gérard DELVER : Ton dernier ouvrage « La matière de l’absence » me semble ouvrir une nouvelle dimension dans la littérature de nos pays, je veux parler de « l’intime ». Nos littératures étaient souvent identitaires, à visée collective, essayant le plus souvent d’élucider un être-au-monde créole et pour le moins énigmatique, tant et si bien que l’intime que l’on trouvait dans les littératures européennes était très peu présent chez nous. Qu’est-ce qui justifie ta plongée soudaine dans l’intime de la mort d’une mère, de l’émoi d’un deuil ?

Patrick CHAMOISEAU : C’est vrai que le fondement de nos littératures, leur énergie profonde était l’élucidation identitaire. Nous avons de tout temps été confrontés à la nécessité d’explorer cette complexité créole inédite qui nous chahute au plus profond. Ce qui fait que notre manière d’écrire, mais aussi de lire, était souvent marquée du sceau de l’épique, c’est à dire de la construction communautaire : trouver les ressorts de nos peuples composites, les dynamiques de nos nations faites de diversités.

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« Liberté, parité, sororité », la République oubliée

sorcieres_de_la_republiqueDes choses, pas belles, se sont passées, en France, entre 2017 et 2020. Les femmes, par la main de déesses grecques surgies de l’Olympe, ont pris le pouvoir détenu par les hommes depuis des millénaires. L’Apocalypse, prédite pour décembre 2012, n’a pas eu lieu. Les déesses sont venues se mélanger à la société française. Le Parti du Cercle a imposé ses règles. L’expérience a très mal tourné. Mais comment faire la lumière sur ce règne éphémère et probablement sanglant, alors qu’une amnésie collective a été décidée par référendum au terme de cette page d’histoire, en 2020 ? Une amnésie appelée le Grand Blanc, approuvée à l’unanimité par la population. C’est pour juger cette douloureuse parenthèse que s’ouvre un maxi-procès dans ce qui fut longtemps le Stade de France et qui abrite désormais le Tribunal du Grand Paris. Nous sommes en 2062. À la barre, la Sibylle, prophétesse de la révolution des femmes. Pièces à conviction à l’appui, elle déroule le fil de sa mémoire, et la généalogie des événements. Petit à petit, on découvre la réalité de ces années très spéciales.

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L’Îlet aux sorcières, des contes pour petits et grands

– par Janine Bailly –

luneQu’elle fut belle, cette dernière après-midi de vacances, quand avant de reprendre, un peu nostalgique, le chemin de l’école, on a pu rêver encore et voguer dans l’imaginaire sous la houlette de Jean l’Océan ! Comme un sursis accordé, comme un dernier voyage immobile au pays des arbres et des sorcières, qui hantent les nuits noires et les forêts profondes.

C’est à la mairie de Sainte-Luce qu’en ce mercredi nous étions conviés au spectacle de la Compagnie Car’Avan, dans le cadre des animations rendues possibles par les subventions de la Direction des Affaires Culturelles (représentée ce jour par Madame Anny Désiré). Les plus petits, assis par terre au devant de la salle, les plus grands sagement disposés sur les chaises, ont fait un public attentif aux contes originaux fleurant bon l’enfance, dans ses joies, ses bonheurs et ses peines, dans ses peurs ancestrales aussi. Et si quelques bambins, trop jeunes peut-être pour une écoute tranquille, ont quelque peu déstabilisé le début de la représentation, la douce autorité, le savoir-dire et le charisme du conteur ont su faire jouer la magie de l’instant.

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Crépuscule du tourment, de Léonora Miano.

leonora_miano_crepusculeCrépuscule du tourment, de Léonora Miano. Grasset, 286 pages, 19 euros.

De nos jours, quelque part en Afrique subsaharienne, au Cameroun peut-être, quatre femmes s’adressent successivement au même homme : sa mère, la femme à laquelle il a tourné le dos parce qu’il l’aimait trop et mal, celle qui partage sa vie parce qu’il n’en est pas épris, sa sœur enfin.
À celui qui ne les entend pas, toutes dévoilent leur vie intime, relatant parfois les mêmes épisodes d’un point de vue différent. Chacune fait entendre un phrasé particulier, une culture et une sensibilité propres. Elles ont en commun, néanmoins, une blessure secrète : une ascendance inavouable, un tourment identitaire reçu en héritage, une difficulté à habiter leur féminité… Les épiphanies de la sexualité côtoient, dans leurs récits, des propos sur la grande histoire qui, sans cesse, se glisse dans la petite.
D’une magnifique sensualité, ce roman choral, porté par une langue sculptée en orfèvre, restitue un monde d’autant plus mystérieux qu’il nous est étranger… et d’autant plus familier qu’il est universel.

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La presse en parle :
Le Monde
« Crépuscule du tourment » de Léonora Miano, une œuvre féministe et postcoloniale
Par Françoise Alexander (Contributrice Le Monde Afrique)
S’efforcer d’affronter la réalité en face, dans toute son épaisseur, dans ses moindres recoins, fussent-ils peu engageants, quand bien même nous dévoileraient-ils la part sombre de nous-mêmes.

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Cancer des tropiques

— Par Muriel Steinmetz —

natacha_appanahLa Mauricienne Nathacha Appanah, dans son sixième roman, s’attache aux traces d’un enfant noir recueilli par une Blanche qui, à l’adolescence, rejette violemment le monde de sa mère adoptive.

Tropique de la violence, de Nathacha Appanah. Gallimard, 192 pages, 17,50 euros.

« C’est Mayotte, ici et toi tu dis c’est la France. Va chier ! La France c’est comme ça ? En France on voit des enfants traîner du matin au soir comme ça, toi ? En France il y a des kwassas (embarcations de fortune dans lesquelles s’entassent les clandestins – NDLR) qui arrivent par dizaines comme ça avec des gens qui débarquent sur les plages et certains sont déjà à demi morts ? En France il y a des gens qui vivent toute leur vie dans les bois ? » Ces imprécations sont tirées de Tropique de la violence, dernier roman de Nathacha Appanah, née à Mahébourg (île Maurice) en 1973. L’action se situe à Mayotte, seule île française de l’archipel des Comores (qui comprend aussi Grande Comore, Mohéli et Anjouan). ­Mayotte, dont on parlait récemment dans les journaux et à la télévision, constitue un des postes avancés du processus de déconstruction en jeu dans les pays encore sous tutelle.

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Hampâté Bâ, gardien de la mémoire collective

— Par Caroline Constant —

Sayouba Traoré présente sur RFI depuis le lundi 9 août une série estivale sur les grandes voix littéraires africaines. Aujourd’hui, Amadou Hampâté Bâ est à l’honneur.

«En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui meurt. » La citation, très célèbre, est souvent prise à tort pour un proverbe. Elle émane pourtant d’un écrivain malien, Amadou Hampâté Bâ. Cet après-midi, les auditeurs de RFI auront le bonheur de pouvoir à nouveau se régaler de la voix de cet auteur, décédé en Côte d’Ivoire en 1991. Car RFI possède de nombreuses interviews d’artistes africains. La station a décidé, le temps du mois d’août, de les mettre à disposition du public. L’écrivain et journaliste Sayouba Traoré a été chargé de leur mise en ondes.

La série s’appuie sur les archives très riches de Radio France Internationale. « À RFI, un service se chargeait de former les journalistes africains. » Qui devaient, pour le coup, « fournir des émissions clés en main à des radios africaines », raconte Sayouba Traoré. Ainsi, de 1974 à 1992, la station a archivé sur des disques vinyles et CD des voix d’écrivains, enregistrées au fil de ces entretiens et des années.

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Décès de Françoise Mallet-Joris, romancière féministe

francoise_mallet-jorisDISPARITION – L’auteure notamment du Rempart des béguines est morte à l’âge de 86 ans.

Romancière populaire et exigeante, Françoise Mallet-Joris, auteure notamment du Rempart des béguines, est morte à l’âge de 86 ans, laissant derrière elle une oeuvre féministe et engagée où elle a peint son époque avec réalisme et subtilité. L’écrivain franco-belge est décédée samedi matin dans un hôpital de la région parisienne, a précisé à l’AFP son fils Daniel Amadou.

Jurée du prix Femina de 1969 à 1971, la romancière avait ensuite siégé de 1971 à 2011 à l’Académie Goncourt, qui décerne chaque année le célèbre prix littéraire éponyme.

«Françoise avait vraiment une sensibilité» qui a incité «les académiciens (du Goncourt) à lire des livres vers lesquels ils ne seraient pas allés spontanément», a expliqué l’écrivain et journaliste Pierre Assouline, qui lui avait succédé chez les Goncourt.

Née à Anvers le 6 juillet 1930, fille de la première femme avocate de Belgique, Suzanne Lilar, et d’un ancien ministre belge de la Justice, Albert Lilar, Françoise publie ses premiers textes (Les poèmes du dimanche) à Bruxelles à tout juste 15 ans.

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Jean Genet, l’échappée belle

— Par Marc Sagaert —

jean_genet_echappee_belleÉdition publiée sous la direction d’Emmanuelle Lambert avec la collaboration de Philippe Artières, Patrick Autréaux, Arno Bertina, Sonia Chiambretto, Albert Dichy, Emmanuel Pinto et Oliver Rohe

Coédition Gallimard / Mucem

Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Mucem, consacre depuis quelques mois une exposition à Jean Genet, « Jean Genet, l’échappée belle », qui s’inscrit dans une double commémoration : le 30e anniversaire de la mort de l’écrivain, survenue dans la nuit du 14 au 15 avril 1986. Et le 50e anniversaire de « la bataille des Paravents ».
L’exposition a été réalisée avec le concours de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, Imec. Le commissariat général a été assuré par Albert Dichy, directeur littéraire de l’Imec, créateur du fonds Genet, et aujourd’hui spécialiste majeur de son oeuvre dont il a fait publier l’oeuvre posthume aux éditions « l’Arbalète » Gallimard, et à qui l’on doit entre autres l’édition du Théâtre complet, qu’il a codirigée avec Michel Corvin, dans « la Bibliothèque de la Pléiade ». Ainsi que par la romancière Emmanuelle Lambert, auteur d’une thèse de doctorat sur l’oeuvre théâtrale de Genet.

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« Furie divine » de José Rodrigues Dos Santos

furie_divineMayak, complexe nucléaire en Russie.
Au coeur de la nuit, un commando tchétchène fait irruption dans l’un des entrepôts du site et s’enfuit avec deux cargaisons d’Uranium hautement enrichi. Le nouveau cauchemar de l’Humanité commence.
Tomás Noronha est en vacances aux Açores lorsque Frank Bellamy, directeur des Sciences et de la Technologie de la CIA, prend contact avec lui. Le jeune et talentueux cryptologue portugais doit les aider à déchiffrer un message d’Al Qaïda qu’ils ont intercepté et qui pourrait être une menace planétaire.
Quarante ans plus tôt, en Égypte, Ahmed est un jeune garçon pieux et particulièrement brillant. Il a 7 ans lorsqu’il est présenté au cheik Saad qui lui enseignera le Coran et les fondements d’un Islam modéré et pacifique.
Ahmed grandit, il étudie dans l’une des plus grandes universités islamiques du Caire et se lie d’amitié avec un professeur charismatique qui lui présente un autre Islam, celui du Djihad et de la guerre contre les infidèles. Le petit garçon est devenu un jeune homme. Son âme reste partagée entre les discours de ses deux maîtres spirituels, jusqu’au jour où il décide de prendre le chemin de la radicalisation.

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« Manuel d’exil. Comment réussir son exil en trente-cinq leçons » de Velibor Čolić

manuel_d_exil«Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992.
Je suis accueilli par une dame aux énormes lunettes. Elle parle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je saisis que je vais avoir une chambre simple, pour célibataire, que la salle de bains et la cuisine sont communes et que j’ai droit à un cours de français pour adultes analphabètes trois jours par semaine.
Je suis un peu vexé :
– I have BAC plus five, I am a writer, novelist…
– Aucune importance mon petit, répond la dame. Ici tu commences une nouvelle vie…»
Après avoir déserté l’armée bosniaque, le narrateur se retrouve sans argent ni amis, ne parlant pas le français, dans un foyer pour réfugiés. Dans une langue poétique, pleine de fantaisie et d’humour, Velibor Čolić aborde un sujet d’une grande actualité et décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre.

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« L’exil » de Çiler Ilhan

Prix de l’Union Européenne pour la littérature 2011

l_exil_ciler_ilhanIls ont subi toutes sortes de violences. Ils n’ont le droit d’exister ni dans leurs corps ni dans leurs âmes. Se conformer à leur âge, parler leur propre langue dans leur propre pays ou épouser la personne qu’ils aiment leur est interdit. Leur enfance et leur intimité leur ont été volées, comme leur a été refusé le droit de vivre leur vie.
Quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, on les reconnaît tous, ces gens ordinaires dont le destin peuple les pages glacées des magazines. Ils disent à la fois l’exil, le crime, la vengeance, les pleurs ou le retour. Avec ce récit universel, intime et bouleversant, sans concession, dans la lignée de Hakan Günday, la jeune auteur turque Çiler İlhan, qui, avec ce livre, a reçu le prix de l’Union européenne pour la littérature 2011, donne un visage et une voix aux victimes de l’exil et de l’injustice, sans jamais perdre espoir en l’humanité.
L’AUTEUR
Née en 1972, Çiler İlhan a étudié les relations internationales et les sciences politiques à l’université du Bosphore.

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Décès de l’écrivain et philosophe Elie Wiesel

elie_wieselLe prix Nobel de la paix et rescapé de la Shoah Elie Wiesel est mort samedi à l’âge de 87 ans, après avoir consacré sa vie à perpétuer la mémoire de l’Holocauste.

Né le 30 septembre 1928 à Sighet, en Roumanie (alors Transylvanie), Elie Wiesel est déporté à 15 ans à Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée par les nazis, où sa mère et sa plus jeune soeur sont assassinées. Son père meurt devant lui à Buchenwald (Allemagne) où ils ont été transférés. A sa sortie du camp, en 1945, il est recueilli en France par l’OSE (oeuvre juive de secours aux enfants) et y vit jusqu’en 1956. En 1986, le comité Nobel a salué en lui « l’un des plus importants leaders et guides spirituels à l’époque où la violence, la répression et le racisme continuent à dominer le monde ». En France, où il a suivi ses études de journalisme à la Sorbonne, Elie Wiesel a été décoré en 1984 de la Légion d’honneur, avant d’être fait Grand-officier en 1990, puis Grand-croix en 2001. « Elie Wiesel était l’élégance même, la grandeur, la générosité », dit Jack Lang, ancien ministre de la Culture, dans un communiqué.

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« Ce qui désirait arriver » de Leonardo Padura

leonardo_padura_juin_2016Titre original : Aquello estaba deseando ocurrir
Langue originale : Espagnol (Cuba)
Traduit par : Elena Zayas

En quelques mots, on y est. Cuba, La Havane, comme un regret sans fond, comme la musique d’un vieux boléro. Un doigt de rhum Carta Blanca (quand il en reste), soleil de plomb, solitude. Magie des décors qui n’ont pas besoin de description, ou si peu.
Les héros de Padura sont des tendres ; ils se heurtent à la société, au destin, au temps qui passe ; à ce désir qu’ont les choses, souvent, d’arriver contre notre gré, sans nous consulter. Ainsi, les toits qui s’effondrent, les pénuries de rhum, le départ intempestif d’êtres aimés.
On trouve de tout dans ce recueil de nouvelles, amours bêtement gâchées, soldat en fin de mission à Luanda, archange noir, nuits torrides, jeunes gens désœuvrés, fonctionnaires désabusés, souvenirs cuisants…

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« Padura, Cuba du siècle » de Philipe Lançon (Libération)

— Par Michel Porcheron —

Leonardo PaduraLe journaliste et écrivain Philippe Lançon a retrouvé pour Libération Leonardo Padura à Paris trois ans après leur dernière rencontre, à La Havane. « Le romancier semble égal à lui-même : discret embonpoint, ironique prudence et chaleur distanciée ». Il clope toujours, « ici comme là-bas »

L’écrivain cubain, 60 ans, est en France pour présenter un recueil de nouvelles « Ce qui désirait arriver » (Ed.Métailié), composé de textes écrits entre 1985 et 2009, une époque où il n’était pas encore romancier, « ou pas encore connu ». Ces nouvelles ont été écrites « avant, pendant et après la naissance de Mario Conde, son flic mélancolique, devenu vendeur de livres » .Le Conde a été imaginé en 1989.

L’article du « conocedor » Philippe Lançon couvre deux pages de Libération dans son n° du jeudi 9 juin, avec pour titre « Padura, Cuba du siècle ».
« Padura, Cuba du siècle » de Philippe Lançon (Libération)

Posté par Michel Porcheron

Rencontre de Philippe Lançon (photo) avec l’écrivain cubain dont l’œuvre incarne l’histoire de son pays, depuis la disparition du « parrain » soviétique jusqu’au récent rapprochement avec l’ancien ennemi américain.

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Breleur total !

Arpenteur des ombres et servant de l’éclat

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— Par Patrick Chamoiseau —

Dans la vie d’un artiste, une exposition n’est jamais quelque chose d’anodin. Ce n’est pas seulement une circonstance où il se montre à son public, et partage le degré de questionnement auquel il est parvenu. C’est surtout l’instant où, d’une certaine manière, l’œuvre s’éloigne du créateur et commence à vivre, loin de lui, une vie autonome, dans ce que Saint John Perse appelait un grand « verger d’éclairs ».

Avec nos amis, nous avons toujours essayé de ritualiser le moment du décrochage. Il est pour nous bien plus important que celui du vernissage. Après l’exposition, le cordon ombilical achève de se rompre, l’œuvre se retrouve pour ainsi dire « lâchée » comme on le ferait d’un animal sauvage. Elle commence non pas une vie décidée par l’artiste, mais véritablement un marronnage dans la matière du monde, tout comme une extension imprévisible dans les consciences et les imaginaires qu’elle a pu confronter. Il est précieux pour un créateur de voir le sillage de ce qu’il a créé. Quand l’œuvre est considérable, ce sillage est tissé d’effervescences, de déclenchements, de germinations, d’émergences de toutes sortes.

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Haïti – Littérature : René Depestre, Lauréat du Grand Prix SGDL 2016

rene_depestreLa Société des Gens De lettres (SGDL) a dévoilé le mois dernier les lauréats de ses différents Prix. Cette année, le Grand Prix SGDL de littérature a récompensé le poète et écrivain haïtien René Depestre pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la parution de son dernier livre « Popa Singer », publié aux éditions Zulma et notamment connu pour « Hadriana dans tous mes rêves » récompensé par le prix Renaudot en 1988.

Le jury présidé par Corinna Gepner, était composé des auteurs membres du comité : Mohammed Aïssaoui, Gérald Aubert, Christiane Baroche, Jean Claude Bologne, Mathieu Brosseau, Belinda Cannone, Evelyne Châtelain, Georges-Olivier Châteaureynaud, Sophie Chauveau, Fabrice Colin, Edith de Cornulier, Chantal Danjou, Christophe Deleu, Pierrette Fleutiaux, Françoise Henry, Emmanuelle Heidsieck, Mathias Lair, Dominique Le Brun, Laure Limongi, Véronique Ovaldé, Marie Sellier, Mathieu Simonet, et Carole Zalberg.

Palmarès :

Grand prix SGDL de littérature pour l’ensemble de l’œuvre : René Depestre, Popa Singer (Zulma)
Grand prix SGDL de poésie pour l’ensemble de l’œuvre : Michel Butor, Ruines d’avenir (Actes Sud/Ville d’Angers)
Grand prix SGDL du roman : Monica Sabolo, Crans-Montana (JC Lattès)
Grand prix SGDL de l’essai : Jean-Claude Guillebaud, Le tourment de la guerre (L’Iconoclaste)
Grand prix SGDL de la nouvelle : Gilles Verdet, Fausses routes (Rhubarbe)
Prix de poésie Charles Vildrac : Anne-James Chaton, Elle regarde passer les gens (Verticales)
Prix Paul Féval : Bénédicte des Mazery, Les oiseaux de passage (Anne Carrière)
Grand prix SGDL de la fiction radiophonique : Caroline Guilea Nguyen, Antoine Richard, Alexandre Plank, Le Chagrin, Jules et Vincent (France Culture, 2015, 55’)

Dotés de 1,500 à 6,000 euros, les Prix SGDL seront remis à l’hôtel de Massa, le mardi 21 juin à 19h30.

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« Planète migrants » de Sophie Lamoureux et illustré par Amélie Fontaine

planete_migrantsUn livre indispensable pour comprendre un des principaux enjeux du monde d’aujourd’hui.

Depuis la fin du XXe siècle, les flux de migrations se sont multipliés. Aujourd’hui, on estime qu’un humain sur trente a quitté son pays de naissance. Pour des raisons économiques, politiques, climatiques… il n’existe plus un endroit sur Terre qui ne soit pas concerné. Ces mouvements de population suscitent de nombreux débats dans les pays d’accueil comme la France. Pourtant, la France est traditionnellement un pays d’immigration massive. Ce documentaire clair et précis propose un rappel historique de ce phénomène et détaille les questions et enjeux actuels auxquels les pays développés doivent répondre.

Journaliste de formation, Sophie Lamoureux a travaillé pour plusieurs médias avant de se consacrer essentiellement à l’édition jeunesse. Aux éditions Actes Sud Junior, elle est l’auteur de plusieurs documentaires dans la collection “À petits pas”, L’Immigration, La Politique, La Presse, Les Indiens d’Amérique, Les Grandes découvertes ainsi que Le Livre des jeux, Sur la piste du soldat inconnu, Sur la piste des héros de l’ombre et Planète migrants. Elle vit dans le Sud-Ouest.

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« Martinique des mornes » par Philippe Bourgade

Archiver la tendresse…

— Par Raphaël Confiant

Il y a d’abord cette rondeur maternelle, l’impression d’être en permanence sous mille regards bienveillants et à mesure-à mesure que l’on suit la montée de la trace, entre goyaviers sauvages et halliers aux noms inconnus, la certitude d’être vivant, là, au beau mitan du pays.

Le Morne est donc éternité impassible.

Il charroie avec allégresse – ô têtue ! – des fragments de lumière, des éclats argentés et tout un scintillement infini que capte miraculeusement l’objectif de Philippe Bourgade. Ce sont rigoles, ravines, torrents, rivières, tout ce qui nous ramène au royaume enchanté de l’enfance. Fugacement. La lessivière au bord de l’eau, accroupie dans l’eau, devient négresse féerique. Elle invente un chanter muet, des gestes qui subjuguent l’homme revenant de son jardin créole. Et lui de kokiyé les yeux de tendresse.

Car l’entre-jambes de la négresse, assise sur une roche, n’est point du tout obscène, pas plus que n’est hilarante la traversée, bas du pantalon relevé et jupe remontée, du couple de vieux-corps, qui brave les gués faussement calmes pour s’en aller prier à l’église.

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22 mai : poèmes de Patrick Mathelié-Guinlet

le_22_mai22 MAI 1848

I

L’or rouge de l’Afrique a menotté mes yeux
pour toujours obsédés par le son du tambour.
Ces mains battant la peau de joie ou de douleur
dont déborde le cœur des hommes de couleur
conjurant tous les dieux des jungles et des cieux
pour oublier le poids de leur destin trop lourd,
racontant l’épopée d’un trajet sans retour,
d’un exil au delà des terres des ancêtres,
subissant sous le joug insensible de maîtres
cruels l’injustice du légal code noir
qui fait dans la terreur d’un monde sans amour
l’espérance de vie rimer au désespoir.
C’est pourquoi aujourd’hui vient le besoin d’écrire,
d’exorciser enfin le triste souvenir
afin que désormais avec moi puisse dire
tout homme sensé : “L’ESCLAVAGE, JAMAIS PLUS !”

II

Mon île n’est pas née de nébuleuses
mais bien plutôt de la mer houleuse.
22 Mai ! Ce beau jour
vit se briser les chaînes…
N’est-ce pas le bon jour
pour enterrer les haines ?
Et si sont remisés
et les fouets et les fers,
c’est pour qu’enfin jaillisse
aujourd’hui la lumière.
22 MAI 1848

Si se sont libérés
les poignets et les pieds,
cela n’est pas assez
pour crier : « Liberté !

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Bob/ Des ombres et des lueurs/ Mon ami Pierrot

Nassuf Djailani, Criss Niangouna, Faubert Bolivar

livre_tarmacTrois pièces. Trois pays. Trois auteurs. Les Comores. Le Congo-Brazzaville. Haïti. Et pourtant, non pas la même histoire, mais la même question : la violence est-elle le dernier recours contre l’injustice politique ? Ces trois auteurs y répondent chacun à leur manière, en traitant des faits les plus tragiques de l’actualité récente de leurs pays, mais en n’oubliant pas ce que le théâtre peut opposer à la barbarie engendrée par le chaos : le langage, la poésie et le logos comme un long chant destiné à témoigner, à faire réfléchir, à faire agir.

Bob de Nassuf Djailani, Des ombres et des lueurs de Criss Niangouna, Mon ami Pierrot de Faubert Bolivar : des écritures neuves, nécessaires et essentielles, pour appréhender les bouleversements de l’aire francophone en ce début de XXIe siècle.

Né à Port-au-Prince en 1979, Faubert Bolivar est poète, dramaturge et essayiste. Récipiendaire en 1996 du Prix Jacques Stephen Alexis pour sa nouvelle Faux-Lit, il a reçu en 2013 le Prix Marius Gottin d’ETC-Caraïbe pour sa troisième pièce en créole Mon ami Pyero. ( lire le compte-rendu de lecture publique ici)

Journaliste et écrivain, originaire de Mayotte dans l’archipel des Comores, Nassuf Djailani collabore régulièrement à des revues littéraires telles que Po&sie, Mange Monde, Riveneuve Continents ou Ubu – Scènes d’Europe.

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« Le bout du monde est une fenêtre  » d’Emmelie Prophète

—Par Alexis Viardot —

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Prix Carbet des Lycéens 2016. Critique primée.

Le bout du monde est une fenêtre est un roman écrit par l’haïtienne Emmelie Prophète. Je dois avouer qu’après avoir lu la quatrième de couverture, je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de lire une histoire avec des « dialogues sans mots ». Mais Le bout du monde est une fenêtre est un roman bien plus profond que cela : il regorge de symboles. L’implicite et le non-dit dominent largement. L’auteur semble vouloir nous laisser naviguer entre nos propres interrogations et interprétations : c’est réussi. Chaque élément du livre a un sens, une signification à déchiffrer et rien ne nous laisse nous cantonner à la première impression. Le livre montre plus qu’il n’en dit et apprécier ce livre à sa juste valeur, c’est savoir lire entre ses lignes et déchiffrer les messages que l’auteur a placés avec subtilité. La plume et l’écriture d’une justesse inouïe nous inondent de détails sur la vie des personnages, sur les lieux, les habitudes des habitants et tant d’autres informations, véritable oasis pour notre imaginaire.

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L’enfant et le quimboiseur, roman de Véronique Lordinot

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Dans le huis clos d’une maison de campagne, un petit collégien est maltraité par sa mère. À quelques mètres de chez eux, vit un vieil homme taciturne et énigmatique, Monsieur Zouti. Son refuge : une case minuscule délabrée et à moitié engloutie par la forêt.
Un soir après la classe, l’enfant découvre dans les bois un étrange spectacle. Le vieux Zouti seraitil l’artisan de cette mise en scène insolite au parfum de rituel occulte ? Pour élucider le mystère, le petit collégien bouscule les conventions, dans un monde rural qui s’efforce de passer sous silence son héritage magico-religieux.

Entre peur et fascination, le narrateur livre au lecteur un récit à la fois empreint de tendresse, de souffrances et d’éveil à la vie sur fond de vérités révélées et révélatrices…

Véronique Lordinot, originaire de Sainte-Marie en Martinique, signe ici son tout premier roman. Cette passionnée de l’écriture et de l’image a exercé, pendant une vingtaine d’années, le métier de journaliste sous le pseudonyme de Véronique Malidor.

Très tôt, elle séduit un lectorat choisi, à qui elle dévoile sa plume en rédigeant des portraits et des nouvelles centrés sur la vie de ses lecteurs.

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Les derniers jours d’un condamné mort pour ses idées

— Par Sophie Joubert —

de_nos_freres_andrasPrix Goncourt 2016 du premier roman, Joseph Andras retrace les derniers jours de Fernand Iveton,le seul Européen guillotiné pendant la guerre d’Algérie, qui fut militant communiste.

De nos frères blessés, de Joseph Andras. Éditions Actes Sud, 144 pages, 17 euros. Fernand Iveton n’a tué personne. Il avait tout juste 30 ans lorsqu’il a été torturé et condamné à mort pour avoir posé une bombe dans son usine. Nous sommes à Alger, en 1956. La guerre sans nom a commencé deux ans plus tôt. Français d’Algérie anticolonialiste, délégué CGT, membre du Parti communiste algérien rallié au FLN, il veut alerter l’opinion sans intention de tuer. L’explosif est désamorcé, ne faisant ni dégât ni victime. Fernand Iveton est mort le matin du 11 février 1957, avec deux de ses camarades algériens, après une journée de procès sommaire et une demande de grâce rejetée par le président René Coty et François Mitterrand, alors garde des Sceaux. « Iveton demeure comme un nom maudit (…). On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça », écrivent l’historien Benjamin Stora et le journaliste François Malye dans François Mitterrand et la guerre d’Algérie, cité en exergue.

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