Catégorie : Littératures

L’aménagement du créole en Haïti aux côtés du français et…

 en conformité avec la Constitution de 1987 : promouvoir un débat rigoureux et rassembleur

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Publiés d’abord en Haïti dans le journal Le National et quelques fois sur le site AlterPresse puis reproduits en outre-mer sur différents sites –Fondas kreyòl, Montray kreyòl, Madinin’Art (Martinique), Rezonòdwès (États-Unis) et Médiapart (France)–, plusieurs de nos articles exposent deux caractéristiques majeures de la configuration sociolinguistique d’Haïti. Nous avons mis en lumière d’une part l’usage dominant du français institutionnalisé dès la promulgation de l’« Acte de l’Indépendance d’Haïti » le 1er janvier 1804 (premier document historique du nouvel État, rédigé uniquement en français), et, d’autre part, nous avons fourni un éclairage analytique sur la minorisation institutionnelle du créole, langue usuelle de la majorité des locuteurs haïtiens. Ces deux caractéristiques sont à l’origine des rapports inégalitaires depuis lors institués entre les deux langues de notre patrimoine linguistique historique, le créole et le français. Les rapports inégalitaires entre les deux langues se sont consolidés au fil des ans dans différents domaines, notamment dans l’École haïtienne jusqu’à présent privée d’une politique linguistique éducative alors même que l’article 32 de la Constitution de 1987 consigne le droit à l’Éducation et que l’article 5 consacre la co-officialisation du créole et du français.

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Pef o peyi / Le pef et Césaire

Du 2 au 8 décembre 2023

Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente”.
Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, 1950.

“Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde”.
Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, 1950.

Le Parlement des écrivaines francophones (Pef) a été fondé en 2017 par Faouzia Zouari, journaliste et écrivaine tunisienne, lors des « Voix d’Orléans ». Le Pef rassemble aujourd’hui 151 écrivaines, dans le but d’appréhender le monde avec la plume. Il partage la passion d’écrire et une langue : le français, mâtiné de plusieurs langages.

Du samedi 2 au vendredi 8 décembre, plusieurs représentantes du Parlement des écrivaines francophones (Pef) seront en Martinique, afin de présenter leurs ouvrages et d’aborder les écrits d’Aimé Césaire, qui font partie de leurs sources d’inspiration.

L’idée

7 auteures du parlement des écrivaines francophones issues de pays et de cultures différentes viennent en Martinique pour dire ce que les écrits d’Aimé Césaire, poésie, essais, théâtre ont réveillé chez elles et pour présenter leurs ouvrages.

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Quelques repères pour contribuer à une exploratoire « archéologie de la littérature créole »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le 24 novembre 2023, le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol a fait paraître l’article « Le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, au rendez-vous de ses grands défis », qui comprend quelques repères en vue d’une exploratoire « archéologie de la littérature créole ».

Cet article s’éclaire d’une précédente publication parue en Martinique le 20 novembre 2023 sur le site Fondas kreyòl, « La problématique de l’aménagement et de la didactisation du créole dans l’École haïtienne : promouvoir une vision rassembleuse » (lien : https://fondaskreyol.org/article/problematique-amenagement-didactisation-creole-ecole-haitienne-promouvoir-vision).

L’article « Le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, au rendez-vous de ses grands défis », rassemble quelques repères en vue d’une exploratoire « archéologie de la littérature créole » et il est paru sur plusieurs sites :

1–Fondas kreyòl (Martinique : https://fondaskreyol.org/article/festival-entenasyonal-literati-kreyol-edition-2023-au-rendez-vous-ses-grands-defis)

2–Rezonòdwès (États-Unis : https://rezonodwes.com/?p=324127)

3–Médiapart (France : https://blogs.mediapart.fr/robert-berrouet-oriol/blog/251123/festival-international-de-litterature-creole)

4–Madinin’Art (Martinique : https://www.madinin-art.net/le-festival-entenasyonal-literati-kreyol-edition-2023-au-rendez-vous-de-ses-grands-defis/)

 

La présente synthèse, datée du 28 novembre 2023, consigne un rappel de quelques repères destinés à contribuer à une exploratoire « archéologie de la littérature créole ».

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Van-an

— Par Daniel M. Berté —

Van-an las bonmaten-an…
Sé pa kon lé venn-douz vvan

Ki za vini vizité lavi-mwen…

Van violan ki ka fè jen kon vié pran lavol
Van varian ka fè latjé poul panché vitman
Van visié ka vini a la-vites-gran-v

Van vantatè ka kouri présé a la vapè
Van vorien ka lévé wob lé vié fanm visiez
Van vakabon ka vadrouyé di Verpré o Voklen

Van vidjò ka lévé-fésé tousa ki vayan
Van voltijè ka vréyé valsé tousa ki ka vini
Van vòlè ka pran lavi lé vev kon lé vef

Van vache ka fè vasiyé tousa ki vertical
Van valdendjè ka fè alé-viré a tout vites
Van vwayou ka vandalizé la véjétasion

Piès sé van tala pa vini jòdi Vandrédi trez…
Sé an van féba flègèdè ek flapi ki vini
Van-an las bonmaten-an…

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« Arrêtons le massacre » & « Optimisme »

— Par Patrick Mathelié- Guinlet —

Arrêtons le massacre!

Si jadis pour un rien
on en venait aux mains
dans de menues bagarres,
aujourd’hui c’est bien pire,
ne prêtant plus à rire :
pour une peccadille
on se tue aux Antilles !

Pour un simple regard
ou un mot de travers,
à présent les ados
peuvent aussitôt sortir
de leur poche un couteau
et même un révolver…

Problème identitaire
ou manque de repères ?
La jeunesse se perd,
cultivant la violence
au mépris de prudence
la plus élémentaire,
et joue son existence
sur un coup de poker !

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« Le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, au rendez-vous de ses grands défis »

 — Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La Créolophonie compte environ 12 millions de locuteurs créolophones répartis dans différentes aires géographiques, de l’arc antillais à l’archipel des Mascareignes, d’Haïti à la Martinique, de La Réunion à Sainte-Lucie, des Seychelles à la Guyane, de l’Île Maurice à la Dominique. Haïti, la plus peuplée des aires géographiques créolophones avec ses 11 millions d’habitants, s’apprête à accueillir du 5 au 10 décembre 2023 la cinquième édition du « Festival entènasyonal literati kreyòl » (FEL). Cet événement majeur et singulier à l’échelle de toute la Créolophonie a été conceptualisé et mis sur les rails par le poète et opérateur culturel haïtien Anivince Jean Baptiste et il est désormais soutenu par des institutions telles que la Fondation Maurice Sixto et l’OMDAC (l’Organisation martiniquaise pour le développement des arts et de la culture). Devenu au fil des ans un incontournable rendez-vous littéraire, le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, a pour thème « Pou yon kreyolofoni solid e solidè ».

La riche programmation de cette année comprend une conférence inaugurale le 5 décembre 2023, « Ayiti, pi gwo kominote kreyolofòn nan mond lan : kisa reyalite lenguistik sa a ka pote pou peyi a ? 

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Le créole dans l’enseignement supérieur en Haïti : les pionniers, les publications-phare, les laboratoires de recherche

Entrevue avec le linguiste Moles Paul

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La créolistique, domaine des sciences du langage dédié à l’étude et à la description des créoles, est déjà vieille de plusieurs décennies. Ainsi, « Dans les années 1930, des linguistes tels que Schuchardt, Jespersen et Hjelmslev et des généralistes (« social scientists ») comme Herskovits et Reinecke proposent des définitions scientifiques des termes pidgin et créole. Une littérature créolistique commence ainsi à se constituer sur la question de la genèse des créoles de la zone Caraïbe ; un modèle génétique est élaboré et baptisé le « modèle du cycle de vie (« life-cycle model », Bloomfield, 1933, p. 474 ; Hall, 1962). « Les linguistes considèrent maintenant les pidgins et les créoles comme deux phases, voire simplement deux aspects d’un seul et même processus linguistique » [DeCamp, 1971, p. 13]. L’auteur précise que (…) lors de la première conférence sur les langues créoles qui s’est tenue en 1959 à la Jamaïque, les études sur les pidgins et les créoles ont été mises en évidence comme une discipline à part entière : « On peut dater la naissance du champ d’étude pidgin-créole à cet après-midi d’avril à la Jamaïque où Jack Berry a tout à coup remarqué : “Nous parlons tous de la même chose” » (Logambal Souprayen-Cavery et Jacky Simonin : « Continuum linguistique », paru dans « Sociolinguistique du contact – Dictionnaire des termes et concepts », Lyon : ENS Éditions, 2013).

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La problématique de l’aménagement et de la didactisation du créole dans l’École haïtienne : promouvoir une vision rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Au moment où nous écrivons ces lignes, le système éducatif national haïtien, où sont scolarisés environ 3 millions d’écoliers, est lourdement impacté par l’action violente des gangs armés partout au pays. Tel que nous l’avons exposé à la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, dans notre « Appel à l’UNESCO : non à tout appui au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti » (Rezonòdwès, 13 novembre 2023), « (…) plus de 500 sur 976 écoles évaluées sont dysfonctionnelles ou inaccessibles tandis que 54 d’entre elles sont complètement fermées depuis plusieurs mois, en grande majorité à cause des rivalités entre groupes armés, des affrontements entre les gangs et la police, ou des problèmes d’accès des enseignants dans ces zones » (voir le communiqué de presse paru le 23 juin 2022 sur le site officiel de l’UNICEF en Haïti, « Haiti : une école sur trois est cible de violence à Port-au-Prince »). Selon le site ONU Info, « Les actes de violence armée contre les écoles en Haïti, notamment les fusillades, les saccages, les pillages et les enlèvements, se sont multipliés par neuf en un an, alors que l’insécurité grandissante et les troubles généralisés commencent à paralyser le système éducatif du pays, a averti l’UNICEF jeudi.

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Festival en Pays Rêvé ! deuxième édition

Du 13 au 19 novembre 2023 en Martinique

— Présentation par Viktor Lazlo —

Chers amis du Festival en Pays Rêvé,

En novembre 2022 naissait le Festival en Pays Rêvé, métaphore de ce que la littérature peut apporter à un territoire qui en est une matrice, tantôt proche, tantôt lointaine de ce qu’il véhicule comme fantasmes. Les martiniquais, dans un élan enthousiaste, ont montré l’intérêt qu’ils portent à cette initiative qui réunit dans une véritable proximité, des auteurs martiniquais, afro-diasporiques et de toutes provenances. 

Novembre 2023 verra la seconde édition du Festival en Pays Rêvé accueillir encore plus d’écrivains et d’intervenants journalistes autour d’un motif on ne peut plus d’actualité :

Terre Mère

Cette thématique à large spectre permet d’interroger le vivant sous toutes ses formes, de provoquer l’humain sur sa relation à notre planète mais également sur les liens qu’il établit avec ses congénères dans son rapport nord/sud, homme/femme, puissant/défavorisé, dominant/dominé… 

Christiane Taubira, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice sous l’administration de François Hollande, femme de cœur et de tête, donnera, comme invitée d’honneur, le coup d’envoi du festival avec la mise en lecture théâtrale de ses « Frivolités » qui évoquent avec humour et gravité toutes les problématiques sociétales à travers un « chaudron » de parole féminine.

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« Carpe Diem III » & Rêver…

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

CARPE DIEM ! III

Quand pour toi vient cet âge
sombre de la vieillesse
qui précède la mort,
qu’elle courbe ton corps,
ride aussi ton visage
et la peau de tes fesses,

il est temps de songer
qu’alors chaque seconde,
chaque respiration
va un peu rapprocher
de l’heure du trépas,

de ce moment dernier
par l’homme redouté
auquel il te faudra,
hélas, quitter ce monde,
que tu le veuilles ou non…

Et tirer la leçon,
pour mieux en profiter,
de vivre intensément,
pleinement au présent
tout ce temps qui demeure
avant que tu ne meures…

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Appel à l’UNESCO : non à tout appui au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La parution le 10 novembre 2023, sur le site Rezonòdwès.org, de notre article « Le remarquable discours de la « superstar » du PHTK néo-duvaliériste Nesmy Manigat à la 42ème Conférence générale de l’UNESCO », a été suivie le 12 novembre 2023 d’une correspondance spéciale adressée à Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO. Dans le contexte de l’amplification de l’insécurité au pays mise en œuvre par les bandes armées plus ou moins liées au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste au pouvoir en Haïti, alors même que la survie de l’École haïtienne où sont scolarisés plus de 3 millions d’élèves est en jeu, notre correspondance spéciale à Mme Audrey Azoulay s’avère être d’intérêt public. Par la publication de cette correspondance, nous apportons aux lecteurs un regard citoyen sur le naufrage avéré du système éducatif national que tente de camoufler et de banaliser une institution –le ministère de l’Éducation nationale d’Haïti– et son actuel titulaire, le ministre de facto Nesmy Manigat. Les enjeux sont énormes, il faut en prendre toute la mesure : la survie de l’École haïtienne est menacée, la scolarisation de plus de 3 millions d’élèves est gravement compromise, et la société civile organisée doit en se mobilisant inventer une réponse solidaire et rassembleuse à la catastrophe éducative en cours.

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L’éphéméride du 14 novembre

Parution à compte d’auteur du premier tome du roman de Marcel Proust, Du côté de chez Swann le 14 novembre 1913.

Du côté de chez Swann est le premier volume du roman de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Il est composé de trois parties, dont les titres sont :

Combray ;
Un amour de Swann ;
Noms de pays : le nom.

Publication
Proust commence à rédiger Combray de façon suivie fin mai, début juin 1909. Quatre extraits de Combray parurent dans Le Figaro entre mars 1912 et mars 19131. Le premier tome de La Recherche fut refusé par plusieurs éditeurs, dont Gallimard2, avant d’être publié par Grasset à compte d’auteur le 14 novembre 1913.

Combray
Dans Combray, le narrateur raconte son enfance à Combray, sa relation avec sa mère dont il réclame la présence le soir avant de se coucher. Selon Antoine Compagnon, « Combray, c’est en quelque sorte l’enfance perverse, celle-là même dont parle Freud, contemporain de l’auteur ». Il évoque ses premières lectures, notamment François le Champi de George Sand. On voit se dessiner l’univers culturel et affectif d’un personnage dont on va suivre la vie et l’évolution pendant le reste de la Recherche.

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« Haïti – L’oeil de la parole », un livre de Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue canadien originaire d’Haïti, spécialiste de l’aménagement linguistique, Robert Berrouët-Oriol a longtemps travaillé à l’Office québécois de la langue française où il a contribué à l’analyse, au stockage, à la mise à jour et à la diffusion des vocabulaires scientifiques et techniques de la Banque de terminologie du Québec (aujourd’hui dénommée Grand dictionnaire terminologique). Par la suite il a enseigné la linguistique et la terminologie à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti. Depuis avril 2021, il est membre du Comité international de suivi du Dictionnaire des francophones, le DDF. Auteur depuis plusieurs années d’articles de vulgarisation linguistique parus en Haïti dans Le National, il a publié en 2011 le livre collectif de référence «L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions» (Éditions de l’Université d’État d’Haïti et Éditions du Cidihca).

Il a fait paraître en 2018 le livre «Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou dwa lenguistik ann Ayiti» (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca). Également, il a coordonné et co-écrit le livre collectif de référence, «La didactisation du créole au coeur de l’aménagement linguistique en Haïti» (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca, 382 pages, mai 2021).

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Le remarquable discours de la « superstar » du PHTK néo-duvaliériste Nesmy Manigat à la 42ème Conférence générale de l’UNESCO

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La littérature haïtienne contemporaine connaît depuis plusieurs décennies des avancées qualitatives sur plusieurs registres (poésie, roman, fresques historiques, essais, etc.) et elle a acquis une notoriété internationale attestée par l’attribution de prestigieux prix. Alors même qu’elle a autrefois été, sauf très rares exceptions, une littérature à dominante francophone, elle se caractérise depuis nombre d’années par l’élaboration à flux constant d’œuvres diverses en créole. Le poète, critique littéraire et dramaturge Jean Durosier Desrivières, l’un des meilleurs spécialistes de l’œuvre de Georges Castera et doctorant en littérature comparée à l’Université des Antilles en Martinique, évoque avec hauteur de vue la dimension désormais multilingue de la littérature haïtienne contemporaine. Ainsi, il expose que « Compte-tenu de l’ensemble des œuvres publiées depuis deux décennies par des auteurs haïtiens, tant en Haïti qu’à l’étranger, on peut aisément soutenir l’idée que la littérature haïtienne s’écrit dans plusieurs langues aujourd’hui : français, créole, anglais, espagnol (…). Il précise que nous sommes désormais en présence « d’une littérature qui s’écrit dans les deux langues officielles du pays, à savoir le français et le créole.

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Man plen

— Par Daniel M. Berté —

Man wè ek man tann trop
Man boufi épi mové nouvel
Man ni asé, man plen
Ek man ka débòdé

Ki anlè lé jounal oben télé-radio
Asou radio-fey-chou o lé rézososio
Mové nov ka fann tet-mwen
Ek ka sivotjé-mwen

Nou sibi lakovid, anba sargas woté
Klordékòn prézonnen, kansè sé pa palé
Brim-de-sab san manman, ladeng ka dékalé
Nou ka sòti an sann pou tonbé an difé

Lé migran ka néyé an Méditèrané
Larisi ek Likrèn fè an ladjè pété
Yo pòkò négosié pou yo sa fè lapé
Amas ek Israel ka fè lé zanm palé

Lè sé pa laséchres ki ka limen difé
Sé lapli ek siklòn ka krazé ka brizé
Adan Lamazoni YO ka ratibwazé
Tanpérati mondjal ka monté ka grenpé

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Deux romans distingués par le Prix Médicis étranger : Misericordia et Impossibles adieux

Le 09 novembre 2023 le prestigieux Prix Médicis étranger a été décerné ex aequo à deux œuvres littéraires exceptionnelles : Misericordia de Lidia Jorge et Impossibles adieux de Han Kang. Cette récompense, attribuée chaque année depuis 1970 par le jury du Prix Médicis à un roman étranger paru en traduction française, met en lumière la richesse et la diversité de la littérature mondiale.

Le roman primé Misericordia, écrit par la talentueuse romancière portugaise Lidia Jorge, offre une plongée poignante dans l’univers de l’Ehpad, rebaptisé avec ironie « l’hôtel Paradis ». Au cœur de cette institution dédiée aux personnes âgées, le personnage principal, Donna Maria Alberti, âgée de près de 100 ans, captive les lecteurs avec ses réflexions enregistrées sur un magnétophone. Lidia Jorge, touchée par la perte de sa mère au début de la pandémie de Covid-19, livre un récit empreint d’émotion, transcendant la réalité par une prose poétique d’une puissance incantatoire.

D’autre part, Impossibles adieux de Han Kang, déjà récompensé par le Prix international Man Booker en 2016 pour « La Végétarienne », explore les cicatrices laissées par le massacre de civils sur l’île coréenne de Jeju en 1948.

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Choisirai-je un camp?

— Par Yves Untel Pastel —

Et quand sifflent les bombes, choisirai-je un camp ?
Quand les boules de feu enflamment les écoles, 
Choisirai-je un camp ?
Quand on s’empoigne et s’étrangle aux frontières, 
Choisirai-je un camp ?
Entre deux estropiés de camps opposés 
Qui brandissent leurs béquilles
Et s’insultent, choisirai-je un camp ?
Quand la bataille diplomatique fait rage
Pour étouffer la voix du camp ennemi,
Choisirai-je un camp ?
Quand un forcené haineux se lance
Dans une expédition vengeresse
Et réduit à néant une réconciliation fragile,
Choisirai-je un camp ?
Et quand, à la morgue reposent côte à côte
Deux corps nus méconnaissables,
Quand désemparée, 
Chaque famille s’incline
Devant chaque dépouille
Avec la même ferveur,
Et quand, brisées de douleur,
Les mères élèvent vers Dieu
Une même poignante prière,
Choisirai-je un camp ?

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« Veiller sur elle » : Jean-Baptiste Andrea remporte le Prix Goncourt 2023

— Par M’A —

Le monde de la littérature française laisse éclater sa joie alors que le quatrième roman de Jean-Baptiste Andrea, intitulé « Veiller sur elle, » est couronné du prestigieux Prix Goncourt 2023 lors du 14e tour de scrutin. Ce roman publié par les éditions L’Iconoclaste nous emmène dans une épopée artistique et amicale à travers l’Italie de l’entre-deux-guerres aux côtés de Michelangelo Vitaliani, surnommé « Mimo, » un sculpteur de génie.

Le récit, s’étalant sur 590 pages, nous plonge dans la vie tumultueuse de Mimo, né nain en France. Orphelin de père, il est envoyé en Italie chez un oncle sculpteur sans talent, qui l’exploite sans relâche. C’est en raison de ses dons artistiques exceptionnels que Mimo est chargé de la rénovation du château de la famille Orsini, les dirigeants de la région. C’est là qu’il rencontre Viola, la fille unique de la famille, et une amitié profonde et un amour pur se développent entre ces deux enfants que tout sépare. Cependant, ce lien se tisse en contraste avec la montée du fascisme et l’arrivée au pouvoir de Mussolini en Italie.

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La « pensée lamayòt », la « lexicographie lamayòt »…

alias la « lexicographie borlette » au rendez-vous de la réflexion critique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques, volume 74, 2015/1).

Le site Rezonòdwès.org a publié le 4 novembre 2023 notre article titré « L’Akademi kreyòl ayisyen et la persistance du culte de la « pensée lamayòt » conjointe à la « pensée gadget ». Dans cet article nous avons mis en lumière, de manière documentée, l’existence avérée de la « pensée lamayòt » à l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) et démontré à l’aide de références datées les mécanismes de son mode de fonctionnement idéologique à contre-courant des sciences du langage.

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Ann Scott remporte le Prix Renaudot 2023 pour « Les Insolents »

— Par M’A —

Le mardi 7 novembre, Ann Scott, la romancière de 58 ans, s’est vu décerner le prestigieux prix Renaudot 2023 pour son roman « Les Insolents ». Ce livre, publié par Calmann-Lévy, raconte l’histoire d’une quadragénaire nommée Alex qui décide de quitter Paris pour se réinventer. La protagoniste, compositrice de musique de films, aspire à vivre « ailleurs et seule », et son périple constitue le cœur de ce récit captivant. Ce roman, qui dépeint la beauté de la solitude choisie, a rencontré un franc succès depuis sa publication.

Le personnage d’Alex dans « Les Insolents » est en réalité un double fictionnel de l’autrice, Ann Scott elle-même. La romancière a également choisi de quitter Paris pour s’installer en Bretagne, où elle réside désormais. Ann Scott, née d’une mère russe photographe et d’un père français collectionneur d’art, a vécu une vie riche et variée. Elle a grandi à Paris avant de s’installer à Londres à l’âge de 17 ans. Au cours de sa vie, elle a exploré divers domaines, devenant mannequin, puis batteuse dans un groupe punk, et fréquentant assidûment le milieu underground des nuits parisiennes.

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« Triste Tigre » : Neige Sinno remporte le Prix Femina 2023 pour son œuvre poignante

— Par M’A —

Le lundi 6 novembre, Neige Sinno, l’autrice du bouleversant ouvrage « Triste Tigre », a été couronnée par le prestigieux prix Femina 2023. Ce roman, publié par les éditions P.O.L, mêle récit intime et réflexions sociétales sur les violences sexuelles, abordant un sujet délicat : l’inceste dont l’autrice a été victime pendant son enfance. Le jury exclusivement féminin a été conquis, lui attribuant neuf voix sur douze dès le premier tour, démontrant ainsi l’impact puissant de ce livre.

Neige Sinno, 46 ans, finaliste du prix Goncourt 2023, a exprimé sa fierté d’être récompensée par un jury féminin en déclarant : « Cela me rappelle ma soutenance de thèse où il n’y avait aussi que des femmes dans les professeurs. (…) C’est une fierté, en plus, d’être encouragée ». Elle a également souligné que le sujet de son livre n’appartient ni aux femmes ni aux hommes, mais à l’humanité tout entière.

« Triste Tigre » est un récit bouleversant, mais il va bien au-delà de l’histoire personnelle de l’autrice. Il explore les méandres de la psychologie humaine et questionne notre fascination pour la violence.

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Saisis l’instant ! (Carpe diem !)

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

I
J’ai voulu tuer le temps…
C’est le temps qui m’a tué !
En naissant déjà vieux,
on ne peut éviter,

retarder le moment
où l’on doit dire adieu…
D’aucuns ont beau tenter
de freiner l’entropie

par un tas de moyens,
leurs efforts restent vains !
N’en demeure pas moins
que l’on n’a qu’une vie
dont il faut profiter !

Bonne philosophie,
qui nous met à l’abri
des regrets, de l’ennui :
en vivre chaque instant

la même intensité
que s’il s’était agi
du premier ou dernier,
tenez-vous-le pour dit…

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L’Akademi kreyòl ayisyen et la persistance du culte de la « pensée lamayòt » conjointe à la « pensée gadget »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Depuis quelques années, le mois d’octobre est consacré à la célébration de la langue et des cultures créoles dans toutes les aires géographiques regroupant des locuteurs créolophones. Des instances gouvernementales, des associations culturelles et des individus interviennent sur des sujets en lien avec le créole, son histoire, son enseignement et ses défis. Ainsi, à Montréal, le KEPKAA (Komite entènasyonal pou pwomosyon kreyòl ak alfabetisasyon) a organisé différentes activités ciblées, notamment sa deuxième Foire du livre Québec-Caraïbes-Océan Indien qui a eu lieu le 22 octobre 2023 dans le magnifique édifice du Conseil des arts de Montréal. Aux États-Unis, au Center for Latin American & Caribbean Studies de Duke University, la célébration s’est déroulée le 27 octobre 2023 sur le thème « Our language, Our voice » / « Lang nou, vwa nou ». Le linguiste haïtien Jacques Pierre, cheville ouvrière de cette activité, a eu l’excellente idée d’inviter le romancier et lexicographe martiniquais Raphaël Confiant à titre de conférencier de l’événement. Rattaché à la structure de recherche « Haiti Lab » de Duke University, Jacques Pierre est l’auteur de la traduction créole de la Déclaration d’indépendance d’Haïti parue dans la revue Journal of Haitian Studies (vol.

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L’éphéméride du 5 novembre

Naissance, sur un bateau, entre Cayenne et Fort-de-France de René Maran, le 5 novembre 1887.

René Maran, né à Fort-de-France (Martinique), le 5 novembre 1887, mort à Paris 13e le 9 mai 1960, est un écrivain français, lauréat du prix Goncourt en 1921 pour son roman Batouala, dont la préface dénonce le colonialisme.
Biographie
René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui mène ses parents guyanais à la Martinique. Sa naissance est déclarée à Fort-de-France le 22 novembre 18871. Ses parents, partis au Gabon (où son père, Léon Herménégilde Maran, occupait un poste administratif colonial), le mettent en pension, dès l’âge de sept ans, au lycée de Talence puis au lycée Michel de Montaigne de Bordeaux. Il y rencontre Félix Éboué.

René Maran débute en littérature en 1909 dans la revue lilloise de Léon Bocquet : Le Beffroi. Il quitte Bordeaux en 1910, après des études de droit, et devient administrateur d’outre-mer en Oubangui-Chari en 1912. Il écrit des poèmes, puis son roman Batouala – Véritable roman nègre – qui décrit la vie d’un village africain du point de vue du chef éponyme–, encouragé en cela par son ami Philéas Lebesgue qu’il vient rencontrer à Beauvais dès 1915.

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Dominique Barbéris : Une reconnaissance bien méritée pour « Une façon d’aimer »

L’Académie française a décerné son prestigieux Grand Prix du roman à Dominique Barbéris pour son œuvre « Une façon d’aimer ». Ce roman, salué par la critique, a été choisi dès le premier tour de vote par 14 voix, mettant en lumière le talent exceptionnel de cette auteure dont la « reconnaissance officielle » était depuis longtemps attendue.

Dominique Barbéris, née au Cameroun en 1958, normalienne et agrégée de Lettres modernes, a enseigné la littérature pendant quatre décennies à l’université de la Sorbonne, à Paris. Elle est l’auteure de plusieurs romans, mais c’est « Une façon d’aimer » qui a finalement captivé le jury de l’Académie française et le public littéraire.

Le roman plonge le lecteur dans l’histoire de Madeleine, une jeune fille de 16 ans à l’époque de la Libération. Sa mère, veuve, gère une boutique de confection. Madeleine, discrète et provinciale, se marie avec Guy, un homme solide et dévoué. Le couple part au Cameroun où Guy a trouvé du travail, mais leur vie prend un tournant inattendu lorsqu’ils croisent le chemin d’un séducteur pendant leur séjour à Douala.

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