Catégorie : Littératures

Le Fonds national de l’éducation en Haïti, un système mafieux de corruption

Le Fonds national de l’éducation en Haïti, un système mafieux de corruption créé par le PHTK néo-duvaliériste

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’article de Jean Ronald Joseph paru en Haïti dans Le Nouvelliste du 16 avril 2024, « Le Fonds national de l’éducation dénonce une « campagne de dénigrement » et annonce des recours judiciaires », a surpris et estomaqué nombre de lecteurs. Cet article, bricolé à l’aune d’une molle paresse intellectuelle et dénué de la moindre perspective analytique, offre une tribune complaisante et à sens unique à Jean Ronald Joseph, l’actuel directeur du Fonds national de l’éducation (FNÉ), sans donner en contrepartie la parole aux voix autorisées de la société civile haïtienne, notamment celles des enseignants œuvrant dans le secteur de l’éducation. Installé en décembre 2021 par le PHTK à la direction du Fonds national de l’éducationJean Ronald Joseph a inauguré le 16 avril 2024, lors d’une conférence de presse, un plaidoyer en défense de l’« intégrité » de son institution et dénoncé une « campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux » contre sa personne et des cadres » du FNÉ.

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18e édition du Festival International « Lire et Dire pour le Plaisir »

Maryse Condé à l’honneur, du 22 avril au 4 mai en Martinique.

Du 22 avril au 4 mai, laissez-vous transporter dans un voyage culturel en Lecture Expressive !

Pour sa 18e édition en Martinique, le Festival « Lire et Dire pour le Plaisir » met à l’honneur Maryse CONDÉ, grande figure de la littérature caribéenne.

Ce spectacle unique de Lecture Expressive, mis en espace par Charline LUCAZEAU, vous invite à découvrir les mots et les univers de Maryse CONDÉ à travers les performances de cinq artistes exceptionnelles : Karen GEOFFROY, Julie MAURY, Kati ELIE-dit-COSAQUE, Egidia SOUTO et Virginie LAGARDE.

De bibliothèques en médiathèques, en passant par des établissements scolaires, le festival offre une expérience immersive de littérature vivante. Venez écouter, voir et ressentir les mots qui prennent vie sous les yeux émerveillés du public.

Chaque représentation dure environ une heure et est suivie d’un temps d’échange où vous aurez l’opportunité de partager vos impressions et vos réflexions avec les artistes.

Les matinées sont réservées aux rencontres en milieu scolaire, offrant aux étudiants une expérience enrichissante et interactive avec la littérature.

Ne manquez pas cette occasion unique de plonger dans l’univers captivant de Maryse CONDÉ et de découvrir la richesse des langues et des cultures caribéennes à travers la lecture, la musique et la danse.

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« Mortel Rafting! & « Résistance ! »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Mortel Rafting!

On ne remonte pas le cours du fleuve du temps…
Ce n’est pas un long fleuve tranquille
avec de hauts-fonds et des îles,
il s’écoule avec l’impétuosité du torrent :
on ne peut qu’en suivre le courant
en déjouant ses rapides, ses mortels tourbillons
mais on finira dans la mer de toute façon,
celle que les Bretons nomment “mor” avec une certaine justesse…
La vie est un frêle esquif qu’il faut écoper sans cesse,
manœuvrer pour éviter de sombrer dans l’oubli profond.
Les gens, les lieux et les années
défilent à vive allure sur les côtés,
laissant à peine le temps de les graver
dans la mémoire, trop vite effacés…
En un instant, le présent se fait passé,
dévoré par un futur trop pressé de se “présenter”!
Alors, on ne peut que se laisser flotter
à la surface, par le courant dérivé inéluctablement
vers la dissolution de l’océan…

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Réponse à « L’innovation sans crainte » de Patrick Chamoiseau et quelques autres (Madinin’Art, 18 mars 2024)

— Par Yvon Joseph-Henri (*) —

J’ai reçu, il y quelques temps déjà, dans la livraison de Madinin’art, un article de Patrick Chamoiseau au titre racoleur : « L’innovation sans crainte ». Apparemment l’article est de Patrick Chamoiseau, co-signé de deux sociologues dont on se demande ce qu’ils font là. S’agit-il de sociologie ? Je n’en vois pas la trace.

Autre bizarrerie, surtout portant la signature d’un écrivain prestigieux qui semble scandaleusement méconnu en Martinique, il m’a semblé que l’écriture était bien médiocre, au point que je me suis interrogé sur le fait de savoir si ce texte était bien de Chamoiseau ! Ce serait étonnant ; et puis, après tout, peu importe s’il endosse par sa signature la paternité d’un texte médiocre, d’une facture publicitaire tout aussi douteuse.

S’agit-il d’une confession, d’une pensée à bâtons rompus ou d’un article qui tente de convaincre un public qui n’est absolument ni convaincu par l’autonomie, ni convaincu par celui au plus haut chef qui porte cette idée ? Il n’y a bien entendu aucune perfidie à dire cela qui n’est au fond qu’un constat.

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Maryse Condé  doit être intégrée au Panthéon comme l’a été Aimé Césaire

— Collectif —

L’écrivaine guadeloupéenne constitue une personnalité « engagée et au-dessus de la mêlée », estime un collectif emmené par l’ancien président du Conseil représentatif des associations noires, Louis-Georges Tin. Elle y rejoindrait alors Joséphine Baker,Victor Schœlcher et Félix Eboué.

Géante de la littérature mondiale, ayant reçu le prix Nobel alternatif de littérature en 2018,Maryse Condé nous a quittés dans la nuit du 1er au 2 avril. Née en 1934 en Guadeloupe, elle a produit une œuvre abondante, faite entre autres de sagas, de romans, de pièces de théâtre,d’essais, de contes pour enfants et même de recettes de cuisine.
Ses ouvrages sont en général une invitation au voyage qui conduit le lecteur d’une rive à l’autre de l’Atlantique et fait le lien entre l’Afrique, l’Amérique et l’Europe. Sous sa plume, c’est la géographie, mais aussi l’histoire qui émergent, les petites histoires perdues au milieu de la grande, qu’il s’agisse des empires africains, de la période de l’esclavage, de l’époque coloniale ou du temps présent.
Se trouvant à la confluence d’Aimé Césaire, d’Édouard Glissant et de Frantz Fanon, elle a produit une œuvre universelle : on ne comprend pas bien le monde si on n’a pas lu Maryse Condé.

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Prolégomènes à l’élaboration de la base de données lexicographiques du créole haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Prolégomènes » (subst. masc. plur.) « Préambule, explication préliminaire, entrée en matière ». « Ensemble des notions préliminaires nécessaires à l’étude d’une science, d’une question particulière » (ORTHOlang, Centre national de ressources textuelles et lexicales, Université de Nancy).

Les études de nature linguistique portant sur le créole haïtien remontent aux années 1930. Il est en effet attesté que les deux œuvres pionnières de la créolistique, au sens moderne du terme, ont été élaborées par la linguiste anthropologue haïtienne Suzanne Comhaire-Sylvain et par son compatriote Jules Faine. Suzanne Comhaire-Sylvain est l’auteure de « Le créole haïtien : morphologie et syntaxe (Éditions Caravelle, Port-au-Prince, 1936 ; réédité à Genève, Slatkine Reprints, 1979). La même année paraissait le livre « Philologie créole » de Jules Faine (1ère édition Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1936). L’ouvrage de Jules Faine porte le sous-titre « Études historiques et étymologiques sur la langue créole d’Haïti ». Au cours des dernières décennies, la créolistique a fourni nombre d’études majeures sur la syntaxe, la phonologie et la morphologie du créole haïtien, et elle a également élaboré plusieurs études que l’on peut logiquement classer à la rubrique des outils théoriques capables d’éclairer la réflexion sur la méthodologie d’élaboration des dictionnaires et des lexiques créoles.

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Inauguration de la faculté Jean Bernabé ce mardi 16 avril 2024

À 8h30, à l’amphithéâtre Michel-Louis, sur le campus de Schœlcher
— Par Sarha Fauré —

Jean Bernabé, né le 31 juillet 1942 au Lorrain en Martinique et décédé le 12 avril 2017 à Schœlcher, est une figure incontournable de la linguistique et de la pensée créole. Sa vie et son œuvre témoignent d’un engagement profond envers la langue et la culture créoles, ainsi que d’une contribution majeure au développement des études dans ce domaine.

Dès ses débuts, Jean Bernabé s’est distingué par sa passion pour la linguistique et sa volonté de valoriser le créole. Agrégé de grammaire, il a consacré de nombreuses années à l’étude approfondie des langues créoles, en particulier celles de la Guadeloupe et de la Martinique. Sa thèse de doctorat d’État en linguistique, intitulée « Fondal Natal : Grammaire basilecticale approchée des Créoles guadeloupéen et martiniquais », publiée en 1983 chez l’Harmattan, marque un tournant important dans la recherche sur les langues créoles.

En tant que cofondateur du Groupe de recherches et d’études en espace créole et francophone (GEREC-F) à l’université des Antilles et de la Guyane, Jean Bernabé a joué un rôle central dans le développement d’une approche académique dynamique et novatrice des études créoles.

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Poésie d’Haïti : Faubert Bolivar, Witensky Lauvince

— Par Michel Herland —

Mémoire des Maisons closes

Le poème est chose étrange, mon ange
Écoute, en mon cœur, il traîne les pattes et me griffe

Le Temps des Cerises a eu la bonne idée de rendre accessible au public français ce recueil (1) publié originellement en Haïti (éd. Bas de Page, 2012) qui se compose de deux ensembles, Marelle et Alphabet, écrits, nous dit l’auteur, respectivement dans la « maison close » de ses parents à Port-au-Prince et celle de son premier domicile conjugal à Kingston, suivis d’un Supplément. Né en 1979 en Haïti où il occupa un moment la fonction de directeur du Livre, Faubert Bolivar enseigne désormais la philosophie à la Martinique. Il est non seulement un poète, auteur en particulier de la prose poétique Sainte Dérivée des trottoirs (2014), mais encore un dramaturge récompensé par plusieurs prix.

Les deux premières parties sont composées de textes brefs, sans titre, on vient de lire le plus court qui se résume à deux lignes. Des poèmes qui disent souvent les affres de l’amour :

Déchire-moi
chiffonne-moi
je suis douleur

Amour et écriture se conjuguent chez le poète (Tu joues dans mes mots / et mes ombres…) bousculant, s’il le faut, la syntaxe :

je n’ai rien d’autre que l’amour
mais, la langue morte des nuits vieillissant la bouche
en quatre morceaux de murmure…

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« Osmose » & « Crépuscule »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Osmose

Pourquoi sommes-nous condamnés
d’à la surface demeurer ?
Pour l’homme épris de vérité,
difficile de pénétrer
l’essence invisible des choses !

Parfois l’esprit ayant sa dose,
devenu beaucoup plus léger,
parvient alors à s’immiscer
au-delà de ces portes closes
et l’on se sent comme en osmose…

Est-ce une vision du réel
dont l’état de grâce est la cause
ou bien n’est-ce qu’un simple rêve
donnant à Icare des ailes,
le temps d’une illusion trop brève ?

Crépuscule

Le fantôme d’un malfini
et le rauque écho de son cri
planent encor sur les manguiers
baignés de lumière dorée
par un soleil à son coucher…

On s’approche à présent de l’heure,
si pleine de mélancolie,
où l’on se sent en empathie
avec ce jour las qui se meurt
alors que triomphe la nuit…

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Le monothéisme juif, l’autre versant de l’Occident

Streitti, La confrontation (Lémistè IV) Monchoachi

Vient de paraître et disponible en librairie, le dernier ouvrage de Monchoachi intitulé STREITTI, et sous-titré La confrontation. Après une courte présentation dans laquelle l’auteur pointe l’Occident, nous citons, « comme vecteur et véhicule du néant, opérant par l’anéantissement des choses (ba-gaye, les dons égayés) auxquels il substitue les objets déchets (prend-jeté) : toute chose s’absente laissant place au « réel » », Monchoachi poursuit : « le nihilisme pointe derrière la négation de la chose, sa dissolution en un conglomérat d’atomes, la chose que beauté seule préserve qui, en le scintillement de son articulation à l’espace, libère là une claicie ». De la numérotation de la lettre en l’ère informatique, le monde se vitrifie en se commuant irrésistiblement en nombre. Le nombre qui implacablement uniformise ».

Se pose alors la question suivante à partir de laquelle l’ensemble de l’ouvrage va quêter en d’inlassables cheminements : «  le dit « homme » aujourd’hui a-t-il encore assez parole répondre à l’adresse de l’ère qui présentement s’installe ? A-t-il encore assez parole, « l’homme », pour se retourner, s’éjecter hors du renfermement dans un espace-temps propice à son essor, jointé à toutes les dimensions et à toutes les énergies de son coté prope  (…) .»

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« Les mots de l’information / 60 termes clés – 2023 », un remarquable outil rédactionnel à la portée de la presse en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

À la mémoire d’André Vilaire Chery, rédacteur d’ouvrages lexicographiques

de haute qualité scientifique et auteur

du Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti

(tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002).

Au cours du mois de janvier 2023, la Commission d’enrichissement de la langue française a publié « Les mots de l’information / 60 termes clés – 2023 », un livret de 33 pages dont le contenu lexicographique était déjà accessible sur le portail France Terme. En raison de ses grandes qualités lexicographiques, cette publication pourrait être mise à contribution au titre d’un efficace outil d’aide à la rédaction –en particulier sur le registre de la traduction français-créole–, parmi les journalistes haïtiens, les professionnels de diverses disciplines, les rédacteurs de manuels scolaires, les enseignants et les étudiants. « Les mots de l’information / 60 termes clés – 2023 » a été publié sous les auspices de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), l’un des opérateurs de la Francophonie scientifique et technique. La Commission d’enrichissement de la langue française mène des travaux de terminologie de concert avec d’autres instances de la Francophonie, notamment la Commission de terminologie de l’Office québécois de la langue française.

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Ma bien chère Maryse.

— Par Max Rippon(*) —

Je ressens ce matin un immense besoin de t’écrire. Ces paroles simples dont je saupoudre ton corps encore tiède, tu les liras avant moi car c’est dans l’encrier commun que je trempe ma plume.

Dans ce concert de voix élogieuses qui balisent ta route vers ces lieux de silence d’où l’on ne revient pas.

Je veux garder bien au chaud l’œuf fais de ton souvenir, tiède et doux et qui a peur d’éclore avant que ne se lèvent les tapis de rosée qui pavent les déserts

Voilà que je m’adresse à toi avec le regard soumis du temps de nos enfances, les paupières lourdes de chagrin.

Pour moi, outre tes qualités d’auteur et de femme engagée, je viens ici te remercier de m’avoir accompagné, innocent, bras tremblants, mains gantées de blanc, sur les fonds baptismaux de l’oraliture, et de publier mes audaces

J’ai pu mesurer ton attentive écoute et ta douce générosité de coach convaincu de l’utilité à ne pas distraire ma voix créole de l’urgence de parler de nous

Ce 28 février, il pleuvait, je me souviens de mes pas hésitants à l’entrée de Chez Jasor, et la parenthèse de tes bras autour de mon cou, comme un silencieux tchenbé rèd, tout en présentant Raphaël Confiant, invité par tes soins à conforter mon tutorat d’écrivain face au publique.

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Konprann sa leksikografi kreyòl la ye, kote l sòti, kote l prale, ki misyon li dwe akonpli

— Par Robert Berrouët-Oriol, lengwis-tèminològ —

Onè respè pou Pradel Pompilus,

pyonye leksikografi kreyòl ann Ayiti,

otè premye « Lexique créole-français » (Université de Paris, 1958).

Onè respè pou Pierre Vernet,

fondatè Fakilte Lengwistik Aplike nan Inivèsite Leta d Ayiti,

premye lengwis ki plede pou kreyòl ak fransè mache ansanm

Onè respè pou André Vilaire Chery,

otè « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti »

(tòm 1 ak tòm 2, Edisyon Édutex, 2000 ak 2002).

Atik sila a, « Konprann sa leksikografi kreyòl la ye, kote l sòti, kote l prale, ki misyon li dwe akonpli », pral rive jwenn divès kalte kreyolofòn ann Ayiti osnon nan lòt peyi. Mwen ekri li pou m bay bon jan esplikasyon sou sa syans lang, kidonk lengwistik, rele « leksikografi », espesyalman « leksikografi kreyòl ». Pi fò moun k ap sèvi ak yon diksyonè osnon yon leksik pa konnen kouman leksikograf ki se espesyalis nan domèn leksikografi ekri yo, ki pwotokòl syantifik yo sètoblije swiv pou fè liv sa yo. Ann Ayiti, pi fò pwofesè lekòl osnon pwofesè kreyòl pa menm konnen gen yon aktivite syantifik ki koumanse lan peyi a depi lane 1950 yo lè Pradel Pompilus pibliye « Lexique créole-français » li a (Université de Paris, 1958).

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Maryse Condé : Un héritage littéraire et humain incommensurable

— Par Sarha Fauré —

La nuit du lundi 1er au mardi 2 avril 2024 a vu s’éteindre une étoile littéraire, Maryse Condé, à l’âge de 90 ans. Son départ laisse un vide immense dans le monde de la littérature, mais son héritage, lui, est aussi vaste que son talent. Originaire de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, Maryse Condé a consacré sa vie à l’écriture et à la lutte pour la reconnaissance des cultures africaines et antillaises.

Origines et enfance

Née le 11 février 1934 dans une famille de huit enfants, Maryse Condé a grandi dans un environnement imprégné de culture française, mais ignorant ses racines africaines. C’est cette dualité qui a marqué ses premières années et façonné sa vision du monde. Son père, Auguste Boucolon, commerçant et fondateur d’une banque, et sa mère, Jeanne Quidal, institutrice, ont élevé leurs enfants dans l’amour de la culture française, mais sans leur transmettre l’histoire et les traditions africaines.

Éducation et engagement social

C’est à l’adolescence que Maryse Condé découvre sa vocation littéraire. À 16 ans, elle intègre l’hypokhâgne du lycée Fénelon à Paris, où elle est confrontée au racisme et à la discrimination.

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Hommages à Maryse Condé

Johnny Hajjar, député
« J’apprends avec une grande tristesse le décès de Maryse Condé, une grande dame des lettres guadeloupéennes et universelles. En 2018, elle avait obtenu la consécration avec le prix Nobel alternatif de littérature. Passionnée par l’histoire et l’émotion de nos cultures croisées, elle a parcouru les imaginaires africains, guadeloupéens, caraïbéens et américains en nous rappelant que la force et la grandeur de l’humain est dans l’humilité de la fraternité et la faiblesse de l’amour. Son œuvre de renommée mondiale la hisse parmi les grands écrivains de langue française et elle est une fierté pour nous tous. J’adresse mes sincères condoléances à son époux, ses enfants, ses proches et ses amis en Guadeloupe et dans le monde entier. »

Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la CTM
« Nous avons perdu une voix inégalée, une plume incomparable : Maryse Condé, l’écrivaine guadeloupéenne de renom, s’est éteinte à l’âge de 90 ans. Aujourd’hui, nous pleurons la perte d’une légende, mais nous célébrons aussi la vie d’une femme exceptionnelle qui a bravement partagé sa vision du monde avec nous. Son œuvre reste, un trésor inestimable, continuant d’inspirer et de challenger nos esprits.

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Sauvons Gaza, Au nom de Salomon, J’en a appelle à la résistance

— Par Yves Untel Pastel —

 » Israël, nation que jadis ma main a épargnée,
Pourquoi me persécutes-tu ? »
Vois comme ta main est lourde
À l’heure de ta sombre vengeance !

Pourquoi verses-tu au centuple le sang des Gazaouis ?
Oublies-tu qu’ils sont aussi tes frères ?
Oublies-tu que ceux de Palestine,
Comme tous ceux de la race humaine sont aussi mes fils ?
Israël toi qui bombardes, tues et colonises
De quel dieu tiens-tu ta foi ?
Est-ce de moi, Dieu de David et de Salomon le sage ?
Ou est-ce du dieu de l’orgueil, prince assoiffé de sang,
Celui-là même qui sème les divisions et les tribulations ?

Souviens-toi de tes jours de malheur,
D’Auschwitz, de Dachau, de Buchenwald, Mauthausen…
Et, souviens-toi de la compassion des peuples de la terre
Lorsque, pour toi, de partout, ils accoururent
Offrant bravement leurs vies innombrables
Aux bûchers ardents des champs de bataille
Pour arracher à la barbarie des nazis
Ton salut, ta dignité, ta liberté
Et tout ce qui professe
Ton inviolable humanité !

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Ténèbres de clartés énamourachées.

— Par Myrna Nérovique —

La clameur de mon cœur,
M’intime ce doux bonheur.
La douceur de nos baisers,
S’irrite de nos divines clartés.

Et, l’oracle du destin,
Fredonne ce refrain.
L’amour guide nos pas,
Suite à un mets de chocolat.

L’outrage du bonheur ultime ,
Renchérit ces quelques rimes.
Détruis ces immenses jouissances.
La clarté de la nuit demeure rance.

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Un Lévé-fésé au marché du Lamentin

— Par Patrick Chamoiseau —
Soirée samedi Gloria.
Appel du tambour.
Marché du Lamentin.

Danmyé.

Le Major en tricot vert répond à la ronde de défi du premier. Il effectue alors sa « montée au tambour » et il salue le tanbouyé. Moment important, car si le tanbouyé se met à soutenir l’un des deux, l’autre est perdu.

Le la-ronde peut alors commencer.

Chaque geste est un coup potentiel. Chaque mouvement est une menace cachée. Les piétinements invoquent des forces telluriques. Les bras appellent la légèreté du vent et la science de l’oiseau. Les balancements du torse et les arrêts subits bandent petit à petit la force du taureau.

Les deux danses fonctionnent comme des armures et comme des têtes chercheuses. Elles testent les défenses de l’adversaire, guettent une ouverture, cherchent à la provoquer. Les corps sont offerts à la grâce selon des lois précises. La plus belle danse peut déclencher une préférence du tanbouyé. Ce qui (Jésus-Marie !) serait terrible pour celle qui se verrait abandonnée.

On s’aplatit de tout son poids pour ne pas être soulevé. Il faut devenir aussi lourd que l’usine du Robert.

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L’esprit des lucioles

— Par Patrick Chamoiseau —

J’aime bien l’idée de lucioles car elle ne fait qu’ouvrir des possibles, des lignes de fuite, des capacités à simplement imaginer, à réenchanter et à s’enchanter soi-même. C’est plus sain que d’allumer de grands projecteurs ou de dessiner un horizon radieux. De trop vastes lumières élimineraient toutes les ombres et nous feraient basculer dans une pensée de système avec tous les risques de totalitarisme que cela suppose.

Des milliers de personnes meurent en méditerranée, et en face, nous avons quoi ?

Un imaginaire politique européen, voire mondial, qui accepte cet état de fait et qui, pire, n’est même pas en mesure d’avoir une réaction simplement humaine. On laisse mourir comme si ceux qui sont en train de mourir n’appartiennent ni à ce monde ni au genre humain. Et pire : on laisse mourir comme si les opulences régnantes n’ont aucun rapport avec les drames, les guerres, les crimes, les déraillements qui propulsent ces personnes en souffrance. La nuit se trouve là : quand la décence, la compassion, l’humanité sont invalidées, s’amenuisent ou disparaissent de la conscience internationale.

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Ponce Pilate songe et se lave les mains.

« Ecce homo » de Victor Hugo, dans son recueil posthume La fin de Satan (1886) :

« C’était, le jour de Pâque, une coutume
Fort ancienne, où les juifs et Rome étaient d’accord,
Que le peuple, parmi les condamnés à mort,
Choisit un misérable auquel on faisait grâce.

Prés du palais, lieu sombre où la foule s’entasse,
Se pressait, comme autour des ruches les essaims,
Le peuple de la ville et des pays voisins
Qu’un licteur contenait du manche de sa hache.
Les paysans, menant par la corde leur vache,
Les femmes apportant au marché leurs paniers,
Devant le seuil, gardé par douze centeniers,
S’arrêtaient, éclairés par l’aurore vermeille.
La rumeur de la fête avait depuis la veille
Vers les quatre coteaux de Sion dirigé
Les habitants d’Aser et ceux de Bethphagé,
Ceux de Naim et ceux d’Émath; et sur la place
Chaque faubourg avait versé sa populace;
On y voyait aller et venir, sans bâton,
Gais, l’oeil joyeux, des gens qui jadis, disait-on,
Blêmes, et mendiant aux portes des boutiques,
Etaient aveugles, sourds, boiteux, paralytiques,
Et que l’homme appelé le Christ avait guéris.

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« Bra lévé »

— Par Daniel M. Berté —

Maché-kouri an bra lavi
Kouri-maché bra lévé

adan Sité lapli
adan danjé lari
adan violans lavi
adan virilans lelmi
adan tè Louvèti

Maché-kouri an bra lavi
Kouri-maché bra lévé

vansé vitman présé
vansé zantray maré
vansé bonda séré
vansé janm tranblé
vansé tet angwasé

Maché-kouri an bra lavi
Kouri-maché bra lévé

adan Soley-sité
adan diplisité
adan konplosité
adan rapasité
adan latrosité

Maché-kouri an bra lavi
Kouri-maché bra lévé

douvan movezté ganngé
douvan britalité ganngé
douvan violman ganngé
douvan vanjans ganngé
douvan dékalans ganngé

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À propos du livre de Jean-Robert Placide, « Ayisyanite ak kreyolite »

Le livre « Ayisyanite ak kreyolite » ressuscite-t-il l’indigénisme racialiste duvaliérien sous les habits artificieux du « nouvo endijenis an evolisyon » ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Établies à Randolph, une ville du Comté de Norfolk dans l’État du Massachusetts, les Éditions JEBCA ont publié en 2023 le livre de Jean-Robert Placide, « Ayisyanite ak kreyolite », qui porte en sous-titre la mention « Mouvman kreyòl ayisyen | Sosyete Koukouy yon nouvo endijenis an evolisyon ». Jean-Robert Placide a auparavant été co-rédacteur de l’ouvrage du GRAHN, « Yon amenajman lengwistik pou devlopman pèp ayisyen : de lang ofisyèl ak valorizasyion kreyòl la » / « Un aménagement linguistique pour le développement du peuple haïtien : bilinguisme équitable différencié » (Presses internationales polytechniques, Montréal, 2012). L’annonce de la parution de cet ouvrage figure dans le Bulletin du GRAHN (volume 2, numéro 2, août 2012), mais l’on a noté que de 2012 à 2024 le sous-comité des langues du GRAHN qui a élaboré le livre n’a pas fait état d’éventuels travaux consécutifs à sa parution et n’a pas non plus communiqué sur son hypothétique diffusion en Haïti et en outremer…

Le livre « Ayisyanite ak kreyolite » de Jean-Robert Placide doit être lu avec attention et les idées qu’il véhicule, sur les registres de l’histoire et de l’idéologie, méritent d’être soumises à une évaluation critique objective et au débat public.

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« L’Homme qui voulait peindre des fresques » de Michel Herland

— Par Dana Shishmanian (1) —

Faire « préfacer » son recueil de poèmes (2) (qui n’est en l’occurrence pas tout à fait le premier car Michel Herland a vu publier en 2020 Tropiques suivi de Miserere, livre de poèmes choisis et traduits en roumain par Sonia Elvireanu, paru en édition bilingue en Roumanie – voir notre chronique là-dessus dans le numéro 176, mars-avril, 2023 de Francopolis), par un « manifeste poétique » (même si « petit »), peut paraître, et certainement est, dans la plupart des cas, un pari extrêmement risqué. Celui, notamment, de faire lire votre poésie par le prisme de votre conception de la poésie – en faussant ainsi, délibérément (ou peut-être seulement involontairement, par la naïve croyance en la cohérence de votre esprit) la réception génuine et spontanée de votre écriture dans l’esprit du lecteur. Pour ne plus parler de la prétention qu’un « manifeste » peut s’arroger, celle de frayer des voies, et particulièrement celles supposées empruntées par vous-même en tant qu’auteur ! Autrement dit, vous vous donnez en exemple… tout en vous enfermant dans un modèle procustien assumé de plein gré, pour vous couper les ailes !…

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« Voyage de rêve » &  » Vol de nuit »

— de Patrick Mathelié-Guinlet —

Voyage de rêve

Rêver comme on part en voyage
à l’improviste et sans bagage,
juste pour s’échapper de la cage
d’un quotidien banal anthropophage…

Avançant au hasard
sans savoir où l’on va,
oubliant d’où l’on vient,
nomade de passage
sans âge et sans visage,
rêver afin de tourner la page…

Si prétend un adage
que forment les voyages,
les rêves les plus fous
font les hommes plus sages…
Rêver est alors un simple voyage aller
quand on fait de son rêve une réalité !

Vol de nuit

Chaque matin, l’affreux réveil
sonne le glas des illusions !
Moment où les rêves s’en vont
lorsque se lève le soleil…

Pour une autre longue journée
on redevient ce prisonnier
de l’espace et de ses frontières
et du temps menant la matière
à la mort sans retour arrière…

Si la vie est une érosion,
les rêves sont une évasion !
Quand librement l’âme s’envole
et qu’on ne joue plus aucun rôle,

la merveilleuse apesanteur
nous affranchit de toute peur
durant la nuit, pour quelques heures
donnant l’impression du bonheur…

Patrick Mathelié-Guinlet

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L’innovation sans crainte

La différenciation des politiques publiques : Enjeu du XXIème siècle

— Par Patrick Chamoiseau, Serge Domi, Hector Élisabeth , Danielle Laport, Philippe Palany (Atelier des Socios) —

atelierdessocios.martinique@gmail.com

Dans sa relation avec la France, la Martinique s’est construite à la fois sur l’extermination, la colonisation, la départementalisation dont l’une des caractéristiques a été l’exode des Martiniquais vers la France, la régionalisation et la territorialisation.

En 2017, la loi sur l’égalité réelle pour l’outre-mer et « son plan de convergence » illustrent les limites et difficultés de l’application des droits issus de la départementalisation. La régionalisation, pour sa part, tente timidement et à la marge de donner un droit à l’initiative locale à travers les habilitations avec la complexité et les limites constatées. La territorialisation, issue du choix de fusionner les conseils régional et général, n’amène rien de substantiel en termes de droit à l’initiative. Il s’agit tout simplement des mêmes compétences déployées par une seule collectivité.

Ces évolutions statutaires et institutionnelles sont le résultat d’une logique fondée sur l’ordre colonial ; cette logique descendante qui impose un cadre dans lequel doit « se mouvoir » la Martinique sans réelle prise en compte de son identité, de ses enjeux, ou de la possibilité d’un quelconque devenir.

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