(Suite du chapitre XIII)
LES ÉCHANGES
Tout d’un coup, Richard l’emporta sur Silas. La main de sa conscience ébranlée, de son cerveau perturbé, de son esprit troublé, le tout plongé dans un bassin de confusion caustique, corrodante, depuis sa fuite héroïque, désempoigna cette rampe de tergiversation qui lui faisait dandiner à la manière du bateau de Rimbaud. Richard se sentit éjecter de sa caverne de scepticisme. Les ombres s’évaporèrent. L’univers intelligible, comme dans un conte de fée, s’ouvrit devant ses paupières froissées. Un frisson de révolte, de la tête à la nuque, traversa son corps aminci et momifié. Il venait de découvrir « les chemins de la liberté » : cette route véritable capable de conduire les pas des pauvres jusqu’aux écluses de la régénérescence spirituelle et matérielle. Richard enleva son chapeau de paille, qui ressemblait à un canotier de montagnard, et exposa ses cheveux courts et bouclés au soleil des revers de l’existence humaine. Ses regards, pareils à un panoramique effectué au moyen du kinétographe de Thomas Edison et William Kennedy Dickson, exécuta un mouvement célère de la droite vers la gauche.

— Par Michel Pennetier —
… Et il pleuvait encore du sang et des larmes!
Publication du roman inédit Kokliko, du premier roman de l’ancien rédacteur en chef de France Antilles Martinique Rudy Rabathaly.
Le 27 février 2025, les parents, les collègues et les lecteurs de
Après le règne en montagne russe du président Blondinet, l’Américanistan le remplaça par John Fitz-Ken, un vendeur de cacahuètes, qui annonça clairement sa politique
Après le passage tumultueux à la Maison dite Blanche du président Blondinet, dont le patronyme trompeur fait penser à un gamin folâtre, l’Américanistan en eut assez de l’entendre vociférer contre le monde entier, le menaçant sans cesse de lui infliger des droits de douane exorbitants, ou encore d’accaparer le Canada, Gaza, le Groenland et le canal de Panama. Et c’est ainsi que tout sembla changer avec la venue d’un certain John Fitz-Ken, marchand de cacahuètes de son état et dont le discours d’investiture fit l’effet d’une brise fraîche :
« Saut-D’Eau »
Rien ne remplacera les années 60. J’ai eu la chance de vivre Mai 68 aux premières loges, habitant au 34 de la rue Gay-Lussac, à l’endroit même où fut érigée la première barricade. Je revois encore Dany le Rouge passant devant chez moi et haranguant ses troupes. Dans mon appartement, se trouvaient plusieurs de mes amis ainsi que des habitants de l’immeuble dont une fille que nous appelions Tête de Poisson, une communiste endurcie qui nous chantait des airs de balalaïka. Mon copain Bobby Labrousse, alias Brebis Galeuse, enfonça rageusement dans le nez de Jules Badeau – autre surnom – une plume qu’il tira d’un coussin, n’en pouvant plus de l’entendre déconner. Ce soir-là, Jean-Claude O’Garro resta dormir chez nous de peur d’être arrêté par les CRS. Je dus le faire asseoir sur une chaise n’ayant pas assez de lits. Soulignons que, juste en dessous de chez moi, vivait mon amie, Madame Paul Fort, la femme du poète, qui me parlait des célébrités qui venaient autrefois la visiter, tels Paul Valéry ou Georges Brassens.
Le vendredi 10 janvier dernier, la médiathèque de Sainte-Luce accueillait une rencontre littéraire autour de l’œuvre de Suzanne Césaire proposée par le Club Soroptimist Diamant les Rivières et accueillant l’universitaire Anny-Dominique Curtius, auteure de l’ouvrage « Suzanne Césaire. Archéologie littéraire et artistique d’une mémoire empêchée ». Un moment riche d’enseignements et de partage autour d’une œuvre et d’un patrimoine qui subjugue et passionne de plus en plus et qui tend, au fil des études et des recherches, à retrouver sa place dans le panthéon littéraire martiniquais.
Écœuré par la lâcheté et l’imposture qui règnent en France de nos jours, j’aimerais faire un retour aux années 60. Depuis le départ du Général De Gaulle, la France s’enfonce de plus en plus jusqu’à toucher le fond avec Emmanuel Macron. Les massacres quotidiens perpétrés à Gaza ne dérangent ni les hommes politiques, ni les journalistes français qui répètent tous en chœur les mêmes litanies mensongères, et gare à celui qui sortirait des rangs. Seules quelques rares exceptions sauvent l’honneur, tels Rony Brauman ou Dominique de Villepin.