Catégorie : Théâtre

« Sous ma peau ». De et avec Geneviève de Kermabon

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Éloge du petit format

— Par Selim Lander —

On a souvent regretté ici, tout en la comprenant, la multiplication des « seul en scène » au théâtre. On comprend les contraintes économiques. Ce qui n’empêche pas de regretter, autant pour les comédiens qui perdent des occasions de s’employer, que pour le spectacle qui se trouve dépourvu de ce qui a fait de tout temps la caractéristique principale du théâtre : l’interaction entre plusieurs personnages. Il faut néanmoins reconnaitre que, présentée dans un espace réduit qui lui convient, cette forme peut créer une connivence particulière avec le comédien et favoriser la naissance d’une émotion plus facilement que les grandes machines. Encore faut-il a priori que deux conditions soient réunies : un texte de qualité et une interprétation à la hauteur.

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Olivier Py: «Le théâtre reste le plus haut geste politique»

art_engagePour la première conférence de presse 68e du Festival d’Avignon, son directeur a dû annoncer l’annulation de la première représentation, Le Prince de Hombourg, dans la cour d’honneur du Palais des Papes..

Dans la cour de l’université des sciences, rebaptisée «site Louis-Pasteur de l’université», sous un dais digne de celui que Giorgio Strehler laissait flotter au-dessus de La Cerisaie, un Olivier Py, calme, ferme, spirituel, a donné la première conférence de presse du 68e Festival d’Avignon. Celle de la présentation de l’ensemble de la programmation des trois semaines – du 4 juillet au 27 juillet – de son premier festival comme directeur.

Homme de culture et de passion, il s’est toujours très bien exprimé. Il sait qu’il lui arrive d’employer des «grands» mots. Mais qu’a-t-il aujourd’hui à opposer au désir de destruction qui anime certains représentants de la Coordination nationale des intermittents et précaires. Il ne peut opposer que sa sincérité d’artiste incontestable et de directeur déterminé. Devant une assistance qui réunissait la presse internationale, nationale, régionale, télévisions, radios, journaux, il a parlé sans aucune note pendant une petite heure vite passée parce qu’il n’est jamais ennuyeux.

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L’éblouissement de Claudel

—Annie Chénieux —

annonce_faite_a_marieMagnifique clôture de saison aux Bouffes du Nord avec Judith Chemla, Violaine incandescente de L’annonce faite à Marie mise en scène par Yves Beaunesne.

S’il est un auteur qui inspire Yves Beaunesne, c’est bien Paul Claudel. Après L’échange et Partage de midi(à la Comédie-Française en 2007), sa mise en scène de L’annonce faite à Marie, dans la version de 1911, illumine l’étrangeté de cette pièce opaque, mystérieuse, qui voit l’humain être traversé par le divin. La représentation de ce 3drame de la possession d’une âme par le surnaturel3, comme le définissait l’auteur, porté par une langue hautement musicale et poétique, trouve ici une puissance magnifiée.
Judith Chemla, bouleversante de sensibilité

Comment aborder ce conte moyenâgeux qui voit une jeune fille, Violaine, promise par son père à un fiancé, être rejetée, devenir lépreuse, achever sa vie dans la sainteté? Pour accompagner le balancement de la pièce entre l’histoire concrète et le mysticisme, entre le charnel et le divin, le visible et l’invisible, Beaunesne offre en résonance la composition musicale de Camille Rocailleux toute en sonorités médiévales. La scénographie de Damien Caille-Perret s’inscrit dans l’enceinte des Bouffes du Nord, les lumières de Joël Hourbeigt jouant avec les ocres décrépis des murs.

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« Ô vous, frères humains », Théâtre des Halles, Avignon

— Par Michèle Bigot —

 o_freres_humains-1Théâtre des Halles, Avignon,
Ô vous, frères humains,
Adaptation théâtrale et mise en scène, A.Timar et Danielle Paume,
Avec : Paul Camus, Gilbert Laumord, Issam Rachyq-Ahrad,
Festival d’Avignon, théâtre des Halles, du 5 au 27 Juillet 2014

Revoici Albert Cohen, et son dernier texte revisité par A. Timar et D. Paume. C’est bien d’une adaptation qu’il s’agit, d’une juste adaptation au temps présent. Allégé de l’invocation lyrique au peuple juif, le texte ne perd aucunement sa force mais gagne une dimension universelle. Il est retravaillé, aménagé pour la scène : cette adaptation implique coupures, déplacements, choix et mise en relief. La structure dramatique requiert davantage de distance vis à vis de la linéarité. Des effets de rythme, de découpage, de changement de plan, de silence, d’intermèdes musicaux travaillent le texte dans le sens d’une profondeur inédite.
En outre, la mise en espace, l’incarnation dans le jeu des acteurs, le support du décor et de la lumière, les jeux de couleurs, le soulignement musical s’accompagnent ici d’une véritable interprétation contemporaine du texte. Texte vivant s’il en est, qui libère toute sa force grâce à cette lecture nouvelle.

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Un théâtre sur le toit du monde

— Par Marina Da Silva —

Festival international de théâtre au pied du Mont Fuji

spacReportage. « Le théâtre est une fenêtre pour regarder le monde », c’est la devise du Shizuoka Performing Arts Center (SPAC). Et quelle fenêtre ! Au pied du Mont Fuji, sur un site naturel d’une vingtaine d’hectares où les champs de thé dialoguent avec les plantations de bambou et les plus belles espèces d’arbres et de fleurs, le SPAC est un royaume.

« Le théâtre est une fenêtre pour regarder le monde », c’est la devise du Shizuoka Performing Arts Center (SPAC). Et quelle fenêtre ! Au pied du Mont Fuji, sur un site naturel d’une vingtaine d’hectares où les champs de thé dialoguent avec les plantations de bambou et les plus belles espèces d’arbres et de fleurs, le SPAC est un royaume.

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« Sous ma peau, le manège du désir » à l’Espace Camille Darsière, ce soir à 19h & 21h30

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Pièce intime et spectaculaire pour un personnage à visage multiple, écrite à partir d’interviews d’anonymes sur le désir amoureux et de fragments de récits de Grisélidis Réal, artiste et prostituée suisse.

A qui avouer qu’elle hésite à sortir le soir avec son amant parce-qu’elle sait qu’en rentrant, elle aura droit à la gâterie qui gâte tout ? Est-ce-que le désir de l’autre oblige (à passer à l’acte) ? C’est entre ce point de culpabilité de se croire pudibonde et de ras-le-bol de sa vie sexuelle que Charlotte est arrivée. Elle tombe sur une interview de Grisélidis Réal qui a alors 75 ans et qui, blessée de la fellation que son amoureux lui demande de faire « sous la pluie, dans le froid avec tout le monde qui peut les voir… ! » ; anecdote qui déclenche chez Charlotte une vraie remise en question.
Suis-je normale, se demande t-elle, et où se trouve son désir à elle ⋅⋅ Elle s’aperçoit en tout cas que le désir de son mari lui pourrit la vie⋅ Charlotte essaie de se situer, elle s’informe, elle cherche à savoir : comment se passe le désir dans les autres couples ⋅
Sa belle soeur lui fait peine⋅ Charlotte devine qu’elle aurait pu devenir comme elle, engoncée dans les convenances de son éducation : il y a des choses qui ne se font pas, qui sont sales⋅⋅⋅
Jean Louis, lui, la fascine⋅ Il pratique la liberté sexuelle tout azimut⋅ Elle voudrait avoir le courage d’essayer mais pourquoi ne peut-elle pas franchir le pas ?

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Tony Chasseur et son Giltony’k le 03 août à l’Habitation Dillon

tony_chasseur— By wikipedia —

Tony Chasseur fait ses premiers pas en musique dans les pianos-bars de Fort-De-France où il rencontre et collabore avec des musiciens renommés de l’île (Francisco, Marius Cultier). Suite à ces rencontres, il fait ses premières apparitions dès les années 1984-86, sur plusieurs albums (Crystal, La Perfecta, JM Harmony), en tant que choriste ou chanteur⋅ Un premier succès radiophonique en 1984 avec le titre « Solange » paru sur l’album « Reste avec moi ». Il effectue ainsi plusieurs prestations avec différents groupes durant ces années, en tant que chanteur du groupe de Créole Jazz Madjumbé, et même les derniers bals de la période avec JM Harmony⋅

En 1986, Tony part pour Paris afin d’y poursuivre des études de musicologie, mais quitte très vite l’université, appelé par le guitariste Simon Jurad pour une tournée hexagonale qui passera par l’Olympia. Il rencontre Edith Lefel et Jean-Luc Alger à l’occasion de cette tournée.

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« Le Rebelle » au Parc… Floral : une nation en proie au lyrisme

Le Rebelle (2)–Par Selim Lander –

En fait, la césairomanie n’ayant aucune borne chez nous, il n’y a plus de Parc Floral mais un Parc Aimé Césaire. Le culte du grand homme a ses côtés ridicules, comme lorsqu’on se croit obligé de donner son nom à tous les lieux publics : aéroport, parc, salles de spectacle (oui, au pluriel et dans la même ville de Fort-de-France)… Il manque encore un lycée (à moins que nous ne soyons mal informé) mais gageons que la future université de Martinique qui naîtra sur les cendres de l’UAG sera baptisée promptement, elle aussi, Aimé Césaire. Le culte du grand homme peut cependant recéler des effets merveilleux lorsque le héros local n’est pas un conquérant belliqueux mais plutôt un littérateur. Car il ne faut pas se leurrer, que Césaire ait dominé sans partage la vie politique martiniquaise pendant un demi-siècle n’aurait pas suffi à en faire un personnage aussi universellement admiré et révéré, s’il n’était pas l’immense poète que l’on sait.

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« Le retour du rebelle » par Joseph Jos, un oratorio en hommage à A. Césaire

Mercredi 25 juin, à 19 h, au Grand Carbet du Parc Aimé-Césaire. Entrée gratuite.

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Joseph Jos, auteur, propose son Oratorio, œuvre lyrique dramatique à sujet profane et historique. en hommage à Aimé Césaire, intitulé « Le retour du rebelle » , pièce en trois actes présenté sur une mise en scène de Michelle Boclé, Josette Hilaire et Jean-Claude Duverger .

Synopsis : « Les «enfants perdus de Panama » retrouvent, après un exil de 70 ans, leur pays natal et s’engagent dans son développement.
Histoire : Au lendemain de l’éruption de la Montagne Pelée, pour fuir chômage et faim, des dizaines de milliers de Martiniquais et Guadeloupéens ont émigré à Panama, participer au percement du Canal, sous gestion américaine. Ils ont subi, outre les avanies du travail lui-même, les sévices et humiliations du racisme américain. En 1914, le Canal, grâce à leur travail, a été mis en eau. En violation du contrat signé, 65000 travailleurs ont été abandonnés sur place sans argent, ni indemnités, ni pension.

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« Macbeth » de William Shakespeare,

— Par Michèle Bigot —

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Jusqu’au 13 juillet puis de nouveau à partir du 8 octobre 2014, mise en scène Ariane Mnouchkine, musique de Jean-Jacques Lemêtre, Théâtre du soleil, Cartoucherie de Vincennes

Le texte de Macbeth est joué dans la traduction d’Ariane Mnouchkine, coédité avec les Éditions théâtrales. Il s’agit donc non seulement d’une nouvelle traduction, mais d’une véritable relecture. ,Et pour fêter le cinquantenaire de la troupe du soleil, auront lieu, les 26, 27 et 28 septembre 2014 : trois représentations exceptionnelles du King Lear de Shakespeare, joué – seul en scène – par Wu-Hsing Kuo, acteur de Taïwan⋅
La tradition littéraire fait de Macbeth un drame où se mêlent les accents métaphysiques et la note poétique⋅
Certes la note tragique n’est pas perdue ; voici comment Hélène Cixous appréhende Macbeth (Ayaï ! Le cri de la littérature)) « Done, en anglais, le participe passé du verbe to do, faire, c’est fait⋅ C’est : c’est fait, c’est fini⋅ I am done, je suis fait⋅ Je suis cuit⋅ Foutu⋅J’en ai terminé⋅Done c’est le coup de glas, le tocsin mental de Macbeth⋅ What is done is done⋅ It cannot be undone⋅ Peut-on défaire ce qui est fait, peut-on dé-mourir, « désachever », dé-défaire ⋅ Non⋅Mais si⋅ La littérature peut refaire de la vie avec des cendres⋅ De la vie autre⋅ De la vie suivie, poursuivie⋅
L’inéluctable , inscrit dans la vie nourrit la veine de la tragédie, non moins que le deuil et toutes les pertes ; et pourtant, le tumulte de la vie, avec sa part de pragmatisme, d’ambitions, de désirs, sages ou débridés réclame ses droits dans cette lecture.

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Avignon: le retour au texte

— Véronique Giraud —

cour_d_honneurRiche et alléchante, la programmation du nouveau directeur du festival s’étend du 3 au 27 juillet. Avec un retour aux textes.

C’est avec Le Prince de Hombourg de Kleist, mise en scène par Giorgio Barberio Corseti, que s’ouvre le festival. Cette pièce, que Jean Vilar avait montée avec Gérard Philippe et Jeanne Moreau, est un signal fort adressé au public qui ne peut mettre en doute la filiation d’Olivier Py avec le créateur du festival. Vingt-sept ans après le mythique Mahâbhârata de Peter Brook, c’est celui d’un Japonais, Satoshi Miyagi, que l’on pourra découvrir dans la Carrière Boulbon. De ce texte universel, quinze fois plus long que la Bible, Miyagi a choisi un seul épisode pour un spectacle de moins de deux heures. L’intégrale de la trilogie de Shakespeare, Henry Vl, montée par le jeune Thomas Jolly, requiert en revanche dix-huit heures !
Du texte donc. À plus de 90 ans, Claude Régy invite la poésie dans la salle de Montfavet avec Intérieur de Maurice Maeterlinck, spectacle qu’il a créé au Japon  Marie-Josée Malis, la nouvelle directrice de la Commune à Aubervilliers, montera Hypérion de Hölderlin, pièce dont la matière est le désarroi politique.

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Royal de Luxe, toujours géant !

— Par Géraldine Kornblum —

royal_deluxe_grd-mere[Royal Deluxe à Nantes le 7 juin 2014. AFP] La compagnie Royal de Luxe poursuit sa saga des géants ; avec sa nouvelle création, « Le mur de Planck », c’est l’arrivée de la grand-mère qui a fait l’événement à Nantes du 6 au 9 juin. Grandiose.

Sur le pont Tbilissi de Nantes, sous le soleil de plomb du samedi début d’après-midi, la tension est à son comble. Le long des berges du fleuve, dense et compacte depuis plus d’une heure, la foule familiale et fervente n’attend qu’une chose ; l’arrivée de la grand-mère  Enfin la voilà, mi-bretonne et mi-irlandaise, les cheveux grisonnants montés en chignon, la robe bleue à fleurs, les charentaises aux pieds et, surtout, le regard si doux Elle cligne des paupières, elle est belle. « Posé ! Pied gauche levé, posé ! Pied droit levé, posé ! » ; répondant aux ordres donnés à la criée, une nuée de lilliputiens en livrée rouge s’active, jouant des palans et filins pour la faire avancer Il faut dire que cette grand-mère, dernière née dans l’imaginaire démesuré de Jean-Luc Courcoult, auteur et metteur en scène, mesure près de 7,40 mètres.

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« La Veuve et le lettré » de Zeng Jingping

— Par Michèle Bigot —

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Le théâtre de Liyuan, venu de Quanzhou, ville portuaire jadis décrite par Marco Polo, est un genre , vieux d’une tradition pluriséculaire. Il s’agit d’une forme théâtrale reposant sur des chants, des évolutions chorégraphiques et un récitatif qui déroule une histoire. Le spectateur occidental, habitué à marier théâtre et dialogue, est tout étonné devant cette quasi absence de répliques, et découvre, non sans stupeur qu’une intrigue peut être menée sans dialogue, reposant pour l’essentiel sur des monologues de personnages qui décrivent leur action et leurs sentiments tout en la mimant par des danses, une gestuelle et une évolution dans l’espace soulignée par la musique délicate du Nanyin.
Mêlant le code issu de cette tradition théâtrale et les innovations dignes de la création contemporaine, la troupe, brillamment menée par l’actrice vedette de Chine, Zeng Jingping réussit un véritable renouvellement du genre : miraculeusement épargné par le révolution culturelle, cet art ancestral revit dans un répertoire revisité et dans une forme sublimée par des lumières et une disposition scénique remarquables. L’auteur de cette Veuve et le lettré, Wang Renjie, considéré aujourd’hui comme l’un des auteurs du théâtre chanté (Xiqu) les plus en vue, écrit pour le style du Liyuna tout en lui apportant le souffle d’une modernité : il en modifie profondément la morale, retourne les idées reçues et se fait l’apôtre de l’émancipation féminine.

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Hernani à la Comédie Française

Par Selim Lander – La programmation de la Comédie Française permet d’assister en ce mois de juin à deux pièces de Victor Hugo : une occasion unique de (re)visiter le théâtre du Prince des poètes sous deux formes complètement différentes.

Contrairement à Lucrèce Borgia qui a fait l’objet d’une nouvelle production, Hernani est une reprise de la saison dernière. Les partis pris de la mise en scène sont à l’opposé : autant celle d’Éric Ruf, dans Lucrèce, déploie tous les fastes du théâtre sur la grande scène et dans les ors de la salle Richelieu (1), autant celle de Nicolas Lormeau adopte pour Hernani la carte minimaliste sur la scène aux dimensions réduites du Vieux Colombier. Grande « machine » d’un côté, dispositif scénique réduit à presque rien, de l’autre : qui peut le plus peut le moins, c’est aussi cela la magie du théâtre.

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Sous ma peau, le manège du désir

Le samedi 05 juillet à 19h & 21h 30 à l’Espace Camille Darsière. Foyal.

sous_ma_peauConfidence brutale du plaisir et de la frustration. Grand cirque de la passion, cabaret du sexe, manège du désir, Sous ma peau explore le fantasme et la réalité amoureuse dans tous ses états. L’Amour… Faire l’amour… et les autres, comment font-ils ? Que se cache t-il dans ma tête et dans mon ventre, d’inavoué, de trouble, de sulfureux ? Suis-je normale ? Charlotte ne sait pas, Charlotte ne sait plus. Mais qui, sait ?

L’histoire
A qui avouer qu’elle hésite à sortir le soir avec son amant parce-qu’elle sait qu’en rentrant, elle aura droit à la gâterie qui gâte tout ? Est-ce-que le désir de l’autre oblige (à passer à l’acte) ? C’est entre ce point de culpabilité de se croire pudibonde et de ras-le-bol de sa vie sexuelle que Charlotte est arrivée. Elle tombe sur une interview de Grisélidis Réal qui a alors 75 ans et qui, blessée de la fellation que son amoureux lui demande de faire « sous la pluie, dans le froid avec tout le monde qui peut les voir… !

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Rideau ! Sur une déception.

— Par Roland Sabra —

chanteuse_lyriqueAu théâtre A. Césaire de Foyal, la dernière pièce de la saison très en deçà des attentes.

Une bonne idée, même chevillée au corps ne suffit pas à faire un bon spectacle. « Rideau! » en fait la démonstration. Le travail de Gladys Arnaud sur un texte de Laurent Bernat, aussi intéressant soit-il manque un peu de souffle. Ce qui est un comble pour un opus qui se situe entre chant et théâtre.
Restée, pendant la représentation, dans la loge de théâtre d’une célèbre chanteuse de boléro, son habilleuse laisse se dérouler de façon rétrospective le fil des circonstances et des sentiments qui l’ont conduit à renoncer à sa propre carrière pour s’attacher corps et âme à l’artiste. Sujet magnifique qui convoque une myriade de sentiments contradictoires; admiration, partage , dévouement, amour, sacrifice, haine, rancœur et jalousie. « Elle », c’est le nom de l’habilleuse, fredonne les airs de boléros, les chante, se glisse dans les habits de scène, s’imagine prendre la place de la vedette et donc inconsciemment l’éliminer, peu avant que celle-ci ne soit victime d’un malaise sur scène.

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Projet de comédie musicale SEGPA-DRASED

orfeo_negroProjet financé par le Fond Social Européen
Collège Mont des accords – St Martin
Année 2013/14

Ce projet financé par le fond social européen répond à la volonté de l’éducation nationale de proposer aux élèves les plus “décrocheurs” du système scolaire, des activités autres que celles du cursus habituel, pour leur redonner confiance en eux mêmes et ainsi le goût d’apprendre.
Madame Confiac, chef d’établissement et Mme Dormoy qui s’occupe de ce type d’élèves au collège du Mont des accords ont eu l’idée de contacter Denis Thuleau ( artiste plasticien qui a mené en 2012-13 le projet “Art du recyclage” dans les écoles primaires de St Martin) pour élaborer un projet basé sur l’art.
Ce dernier a répondu positivement en proposant de monter un spectacle vivant dans le genre comédie musicale base sur le film “Orfeu negro”. Il s’est alors entouré des artistes locaux suivants pour mener à bien ce projet:
Artistes intervenants
Choisy Cindy – costume
Le masque, la peinture textile, la récupération, le détournement, la création d’un personnage par son costume.
Moreno Sebastien – théâtre
Expression corporelle et orale, l’écriture de textes, la théorie du jeu, l’adaptation de texte originaux.

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Molières : une cérémonie réussie

— Annie Chénieux —

les_molieresNicolas Bedos a été le brillant présentateur d’une soirée des Molières joyeuse et enlevée.

La soirée des Molières, retransmise lundi soir [02/06/14] en léger différé sur France 2, a réuni 1,1 million de téléspectateurs, soit 8,2% de part de marché. Pour une seconde partie de soirée, le score est honorable, auquel il faut ajouter les nombreux internautes heureux de visionner la soirée. Dès son texte d’introduction concocté avec une joyeuse dose d’humour second degré, et après avoir chanté sa peur devant la tâche qui lui incombait, Nicolas Bedos, présentateur d’un soir, a désamorcé les clivages d’un claquant « Bonsoir le théâtre privé, bonsoir le théâtre public », saluant d’un côté la photo de Sacha Guitry, de l’autre, celle de Jean Vilar.

Brillant, drôle, l’animateur avait remisé sa casquette de provocateur irrévérencieux et adopté un ton allègre, menaçant non seulement d’introduire une musique tonitruante si les remerciements étaient trop longs, mais d’égorger un, voire deux adorables chatons exhibés au public. Il avait promis la venue « de stars, mais aussi d’acteurs de théâtre », et il y en eut… jusqu’à Jean Dujardin, débarquant sur scène à côté d’Emmanuelle Devos, « parce qu’il aime bien les cérémonies », mais renvoyé aussitôt par le présentateur.

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« Le métro fantôme » de Amiri Baraka

Adaptation et mise en scène de José Alpha avec Elisabeth Lameynardie, Eric Bonnegrace et Frédéric Philippy

— Par William ROLLE Sociologue, Professeur de Lettres au Lycée Lumina Sophie —
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Adaptation et mise en scène de José Alpha avec Elisabeth Lameynardie, Eric Bonnegrace et Frédéric Philippy

On ne dira jamais assez que le théâtre doit être consommé vif, comme les huîtres .Ce vif s’entend cependant de plusieurs sortes : la lecture à voix haute, l’exercice d’une mise en scène pour mettre en situation et surtout la représentation théâtrale, dans un lieu, qui a toute son importance.

Être dans le métro dans un petit théâtre à l’italienne foyalais, et en perspective de la mise en scène de José Alpha les stations, les quais du métro parisien qui défilent sur un écran ; arrêt, marche, monter descendre, apparaissent les anonymes voyageurs aussitôt qu’ils disparaissent des regards, d’une fenêtre à l’autre, la rame reprenant son immuable déplacement. Juste parfois le fugace sentiment qu’une brève rencontre aurait pu avoir lieu.

C’est ce qui se joue sur la scène entre deux personnages, Lula, une femme métis, et Clay, un homme noir ; mais là, dans cette violence des gestes et des paroles lors d’une étrange parade funèbre on croit saisir que chaque station, où il serait possible de descendre , n’est qu’illusoire.

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À la Comédie Française : Lucrèce Borgia, somptueuse et perdue

Lucrèce Borgia3Par Selim Lander – La Comédie Française, comme on sait, a comme première mission de faire vivre les textes du répertoire qui font l’histoire et la grandeur de notre théâtre. Cela ne l’empêche pas, bien sûr, d’excursionner à l’occasion vers des horizons plus modernes, ni de montrer de l’audace dans la manière de montrer les classiques. En montant Lucrèce Borgia (1), Denis Podalydès n’a cherché pourtant qu’à faire de la belle ouvrage et nous lui sommes reconnaissant de nous reposer de tant de tentatives ratées de la part de ceux qui veulent se montrer originaux à tout prix.

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Hugo, mélo, travelos

Guillaume Gallienne joue la Lucrèce Borgia de Victor Hugo au Français, dans une mise en scène de Denis Podalydès. Un travestissement convaincant.

— Par Gilles Costaz —

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Dans l’œuvre de Victor Hugo, y a-t-il mélo plus mélodramatique que Lucrèce Borgia ? Peut-être pas, tant les personnages y sont spectaculairement criminels. Mais sans être tout à fait odieux. C’est l’un des génies de l’auteur que d’avancer sans gêne sur la ligne vertigineuse des antithèses et d’accoler sans artifice le blanc et le noir, le pur et l’impur, le ciel et l’enfer.

Cette pièce est dans l’air et les goûts de notre temps, en témoigne le nombre de mises en scène de Lucrèce Borgia. Il y eut celles de Lucie Berelowitsch (avec Marina Hands) et de Jean-Louis Benoit (avec Nathalie Richard) ; il y aura celle de David Bobée (avec Béatrice Dalle) qui sera donnée aux Fêtes nocturnes de Grignan dès la fin juin. Et il y a celle de Denis Podalydès pour la Comédie-Française. Salle Richelieu, on a choisi la difficulté et le paradoxe : le rôle de Lucrèce est tenu par un acteur de sexe masculin, Guillaume Gallienne, et le rôle de Gennaro (un amant, un fils de Lucrèce ?

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Etat de siège : une re-création

camusPar Selim Lander – Lors de sa création, en 1948, par Jean-Louis Barrault, avec vingt-cinq comédiens, L’Etat de siège (avec l’article défini) ne remporta pas le succès escompté. La version de Charlotte Rondelez (sans l’article défini), raccourcie et condensée sur treize personnages et six comédiens, rencontre pour sa part un durable succès. Si 2013, l’année du centenaire de la naissance d’Albert Camus, n’a pas permis de revisiter son théâtre comme on eût pu l’espérer (1),
il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il est donc encore temps de saisir l’occasion de ce qui sera, pour la plupart des spectateurs, une découverte de Camus auteur de théâtre.

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« Le métro fantôme » dans le sombre tunnel de la dépendance / contre-dépendance

Le Métro fantôme les 30 et 31 mai 2014 à 19h 30 au Théâtre A.Césaire de Foyal

— Par Roland Sabra —

A la lecture de Leroi Jones on peut penser, sans se tromper que la binarité est sœur de la gémellité. L’auteur ne s’embarrasse pas de nuances. Il y a les bons et les mauvais, les noirs et les blancs. Comme le genre est aussi binaire il compose quatre catégories, quatre stéréotypes. Le « mâle » noir est bon s’il est militant, nationaliste culturel, musulman, fier d’être noir, black conscious,. C’est un modèle à suivre. La « femelle » du bon noir est une noire, bien sûr, qui représente la terre nourricière africaine dont elle porte les symboles vestimentaires, la coiffure. Mère avant toute chose elle accepte la domination de son homme devant lequel elle va jusqu’à se prosterner ( Madheart, Leroi Jones). Le « mâle » blanc est mauvais, fondamentalement pervers, c’est souvent un impuissant. La « femelle blanche » est souvent une garce, une putain castratrice ( Lula dans le Métro fantôme) qui n’hésite pas à tuer l’homme noir quand celui-ci ( Clay dans Le Métro fantôme) tente de s’évader de son rôle d’objet sexuel.

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« Feu Tante Amélie » une comédie de Dominique Eulalie au Vert-Pré

par la Troupe PVKS ( Pa Vini Kon Sa) de Trinité le 29 mai 2014 à 17h 30

pkvs_feu_tante_amelieFeu Tante Amélie une comédie en quatre actes de Dominique Eulalie à la Salle Miroir du Vert-Pré
avec Joëlle Agricole, Rose Séjean, Iris Ramathon, Marlène Martot, Hervé Poilvé, Justin Amar.

La compagnie amateure « Pa Vini Kon Sa » (PKVS) reprend « Feu Tante Amélie » qu’elle avait présentée l’an dernier au Festival de Trinité et qui avait reçu deux « Sucre »  d’interprétation celui d’or et d’argent. Rappelons que ce festival est le seul en Martinique à faire concourir les troupes qui participent et à décerner des prix avec le concours de l’usine du Galion, les fameux « Sucre » d’or, d’argent, de bronze et d’orge. La compagnie PKVS fête cette année ses dix ans d’existence. Créée au moment ou Bérard Bourdon s’éloignait de Trinité, elle a depuis initié et développé un travail de quartier avec une exigence de qualité. Chaque mois de janvier elle offre une représentation de son travail de l’année précédente aux malades hospitalisés pour une longue durée à Trinité.

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« Le métro fantôme » de Amiri Baraka

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Amiri Baraka, Miami Book Fair International, 2007 – ©Wikimedia common

Mise en scène par Jose ALPHA avec Elisabeth LAMEYNARDIE et Eric BONNEGRACE
Le poète et essayiste Amiri Baraka (alias Le Roi Jones, New Jersay, 7 octobre 1934) est mort le 9 janvier 2014 à Newark. On lui doit entre autres The Blues People. Negro music in white America (trad. fr. Le Peuple du blues, disponible en Folio-Gallimard ) et la pièce “Dutchman (fr. Le Métro fantôme).
Le Métro fantôme (Dutchman) est une pièce de théâtre écrite sous le nom de plume de LeRoi Jones. Elle a obtenu en 1964, à New York, l’Obie Award, récompense décernée à la meilleure pièce de l’année et a rallié à Paris la quasi-unanimité de la critique. Voici l’argument : c’est, dans l’obscurité « ferraillante » d’un tunnel de métro new-yorkais, une nouvelle traversée du Vaisseau fantôme de Richard Wagner. Clay, le noir, en est le nocher (celui qui conduit une embarcation), condamné lui aussi à errer jusqu’au jour où il sera délivré par l’amour : la Senta de ce Daland noir est blanche et de leur rencontre dépendra, un instant, la rédemption du jeune homme.

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