— Par José Alpha —
En écoutant André Lucrèce, écrivain et sociologue, le 31 mars dernier à l’Atrium de Fort de France en ouverture des Rencontres théâtrales 2009 en Martinique, sur « le Théâtre de Shakespeare et la cérémonie de la violence », la question de l’utilité de la représentation théâtrale dans notre société, s’est imposée à deux niveaux.
Le premier : comment expliquer la crise qui maltraite depuis trop longtemps le théâtre public en Martinique, comme ailleurs du reste ? Le second : quels ressorts permettront à la théâtralisation du drame humain de répondre au besoin de théâtre que la vie collective produit à une densité si haute ?
A travers la rencontre exposée par le conférencier entre la violence des situations, des intrigues et des personnages dans le Théâtre de Shakespeare et la « sauvagerie sociale que chaque société tend le plus souvent à surmonter en se lançant le défi dans des œuvres de civilisation comme le théâtre », deux écrivains témoins de leur époque, William Shakespeare et Antonin Arthaud, séparés par plus de 3 siècles, mais disparus tous deux à l’age de 52 ans, ont en effet raconté les actions des hommes et peint chacun à leur manière, les moeurs de leurs époques respectives.


Pourquoi n’existe-t-il pas une entreprise des métiers de la scène et du spectacle vivant en Martinique ? Une des nombreuses interrogations posées par de nombreux Martiniquais qui ont l’audace d’imaginer la production culturelle et artistique comme source de revenus et de développement pour la Martinique mais aussi comme vecteur dans le monde d’une culture insulaire caribéenne issue de notre métissage.




On connait bien Hervé Deluge . Il a travaillé ces derniers temps sous la direction de Lucette Salibur. Les résultats étaient inégaux, avec une question lancinante : qui du comédien ou du metteur en scène devait payer la facture? Le spectacle proposé les 20 et 21 novembre 2008 à l’Atrium donne une réponse en forme de pirouette. Hervé Deluge se met en scène lui-même. Avec un coup de main de Rudy Sylaire il est vrai. Le matériau central d »Un marmonneur providentiel » est tiré de « Cahier d’un retour au pays natal », « Et les chiens se taisaient » et aussi d’autres textes césairiens. Hervé Deluge connait son Césaire. Une des qualités de ce travail, il en a plusieurs, est de mettre en évidence une force d’interprétation du verbe du poète qui le porte à une telle incandescence que la forme se consume ne laissant subsister que le trait acéré qu’elle enveloppait. Hervé Deluge a fait une vraie lecture des textes de Césaire, en se les appropriant de façon charnelle, en leur faisant l’amour, et nous les restituant, transformés par la seule magie du dire, en une langue presque naturelle.










— Par Christian Antourel —