L’éphéméride du 17 décembre

Le procès de Jean Galmot dans « l’affaire des rhums » débute le 17 décembre 1923

Le 17 décembre 2001, Aimé Césaire et « l’arbre de la Fraternité »

Jean Galmot (né le 2 juin 18791 à Monpazier en Dordogne – mort le 6 août 1928 à Cayenne en Guyane) est un homme d’affaires, aventurier et écrivain français. Il était un entrepreneur qui travaillait avec des idées sociales et progressistes dont ses ouvriers et employés ont fait l’expérience, bien avant les réformes sociales d’avant le gouvernement de Front Populaire de 1936. De plus, il ne se voyait pas comme un colon désireux de faire fortune en Guyane, mais plutôt comme un homme d’affaires et un aventurier qui respectait profondément les pauvres ou le petit peuple local constitué de Noirs (souvent issus de Marronnages), de Créoles, ou d’Amérindiens.

Élu député de la Guyane en 1919, il est impliqué et emprisonné injustement pour escroquerie dans « l’Affaire des rhums ».

Biographie

Ancien journaliste dreyfusard, il débarque en Guyane française en 1906 avec le titre de propriété d’une mine d’or, le Placer Élysée, non loin de Mana. Il y fait fortune grâce à l’aide des Guyanais. Il se fait mal voir des notables, car il associe davantage le petit peuple guyanais et lui garantit des prix d’achat (or et bois de rose en particulier, mais aussi bois de balata) proches des cours mondiaux. Il achète une plantation afin de produire du rhum et organise la collecte de la production des petits producteurs, encourant ainsi l’hostilité des autres exploitants, prêts à tout pour préserver leurs intérêts.

Élu député de la Guyane en 1919, il voit ses affaires péricliter brusquement. En avril 1921, il est impliqué injustement pour escroquerie dans « l’Affaire des rhums » après que son immunité parlementaire a été levée quatre jours après le déclenchement de l’affaire2, avec son accord3. Arrêté, il est emprisonné à la Santé pendant neuf mois. Au terme d’un procès à rebondissements où les plaignants retirent leurs plaintes en 1923, il est condamné à un an de prison avec sursis en l’absence de preuves sur des bénéfices illégaux. Alors qu’il se représente aux élections en Guyane, gagnées par la fraude électorale, et que son élection ne fait pas de doute, la proclamation des résultats donne la victoire au candidat du gouvernement venu de la métropole, Eugène Lautier. Il meurt brusquement le 6 août 1928. Le bruit court qu’il a été empoisonné, et des émeutes éclatent à Cayenne, donnant lieu en 1931 au procès des émeutiers de la Guyane4,3.

Homme d’affaires populaire investi dans la vie politique, il a quelque peu terni son image en s’associant avec des personnages sulfureux tels l’escroc Alexandre Stavisky (qu’il dénoncera à la police dans des circonstances curieuses) et le journaliste et romancier à la réputation de maître-chanteur Georges Anquetil[réf. nécessaire]. Jean Galmot est une personnalité au charme ambigu. Son caractère romanesque a fasciné des écrivains : Blaise Cendrars le compare à Don Quichotte et a séjourné à Monpazier, le village natal de Galmot, pour écrire sa biographie dans Rhum – L’aventure de Jean Galmot (1930). Louis Chadourne (1890-1925), qui fut son secrétaire, l’avait déjà évoqué dans Le Pot au noir (1922) et il s’était inspiré de lui pour écrire son roman Terre de Chanaan (1921).

Circonstances de sa mort

Sur ce sujet, les archives départementales de Guyane possèdent deux documents accessibles au public et particulièrement précis, les rapports des Dr Caro et Rivierez appelés au chevet de Jean Galmot le 5 août. Ils observent un tableau clinique très évocateur d’intoxication aiguë par l’arsenic, confirmé par l’analyse des vomissements, et en conséquence refusent de délivrer le permis d’inhumer et demandent une autopsie au procureur de la République. Celle-ci est pratiquée le 6 août par le médecin lieutenant-colonel Alfred Carmouze qui conclut à l’empoisonnement par un toxique. Aujourd’hui, après une nouvelle analyse des documents, ce diagnostic n’est pas reconnu dans le dernier ouvrage, biographie détaillée de Jean Galmot. Il faut aussi observer que ces documents portent sur des analyses pratiquées tardivement (1930) et sur des pièces dont l’origine peut être considérée comme douteuse à l’exemple du cœur disparu on ne sait où ni quand[réf. nécessaire]. Le procès des émeutiers de Cayenne tenu à Nantes en 1931 posait un réel problème à la justice. Accepter les preuves de l’assassinat c’était reconnaître une justification de l’émeute par la fraude et juger les émeutiers alors que l’assassin et ses commanditaires toujours libres et non recherchés échappaient à la justice, tandis que la mort naturelle ou le suicide permettaient de juger les seuls coupables réunis sur le banc des accusés.[réf. nécessaire]

Les archives départementales de la Loire-Atlantique ont proposé, du 9 février au 26 juin 2011, une exposition consacrée à la mort de Jean Galmot et aux émeutes qui l’ont suivie. Une large partie de l’exposition était également consacrée au procès des émeutiers tenu à Nantes en mars 19315.
Sa mémoire

Les efforts de la municipalité de Cayenne, qui lui a dédié une avenue et une statue dans un quartier populaire, entretiennent son souvenir toujours très présent de nos jours.

Réalisée par l’association des amis de Jean Galmot, une exposition permanente dans les anciennes écoles de sa ville natale, Monpazier, à l’Atelier des Bastides, relate sa vie.

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Rhum : L’Aventure de Jean Galmot est un ouvrage de Blaise Cendrars (1887-1961) paru chez Grasset en 1930. Il recueille en volume « L’Affaire Galmot », un reportage publié en feuilleton entre le 8 octobre et le 17 décembre 1930 dans l’hebdomadaire Vu dirigé par Lucien Vogel.

Rhum est une vie romancée de Jean Galmot (1879-1928), homme d’affaires à la réputation sulfureuse. Devenu député de Guyane, il est accusé de spéculation dans « l’affaire des rhums » qui éclate en 1919. Au cours du procès dont il fait l’objet en 1923, Galmot se présente comme un entrepreneur généreux en butte aux manœuvres hostiles des grands groupes financiers du monde parisien, tout en proclamant son amour du peuple guyanais, dont il jure de défendre la liberté jusqu’à la mort. Il est condamné à un an de prison avec sursis en l’absence de preuves sur des bénéfices illégaux.

En 1928, Galmot se présente à nouveau aux élections guyanaises qui provoquent des émeutes. Il meurt subitement, dans des conditions controversées. A-t-il été empoisonné ? Rhum, écrit en 1930, s’achève sur cette incertitude. Le procès des émeutiers de Cayenne a lieu quatre ans plus tard en présence de Cendrars et il se conclut par un acquittement général.

Cendrars a dédié « cette vie secrète de Jean Galmot aux jeunes gens d’aujourd’hui fatigués de la littérature pour leur prouver qu’un roman peut aussi être un acte ». Dressant le portrait d’un homme idéaliste et comme lui épris de liberté, il le compare à Don Quichotte. La réalité du personnage était sans doute plus complexe. Historiquement, Galmot a été un des grands défenseurs de la cause noire, aux côtés de Marcus Garvey.

Avant Rhum, la figure fascinante de Galmot a inspiré deux récits de Louis Chadourne qui fut son secrétaire, Terre de Chanaan (1921) et Le Pot au noir (1922).

 

Le 17 décembre 2001, Aimé Césaire et « l’arbre de la Fraternité »

Le 17 décembre 2001, Aimé Césaire plantait, à l’Habitation Clément, à l’invitation de Bernard Hayot, un courbaril, dont il rappelait la symbolique : « Le courbaril, la démarche lente, mais résolue vers l’avenir ». 12 ans plus tard, le mardi 17 décembre 2013, Bernard Hayot et Serge Letchimy rappelaient le sens de cet acte et les leçons à en tirer. Un geste plus que symbolique pour eux… Et tout un débat.

La plantation d’un courbaril !
22 juillet 2008 Actualités créoles, Un peu d’histoire

Aimé CESAIRE
Voici le texte historique lu par Aimé CESAIRE le 17 décembre 2001, à l’occasion de la plantation d’un courbaril symbolique à l’habitation Clément, à l’invitation de Bernard HAYOT.

La plantation d’un courbaril !
Un des plus beaux arbres martiniquais, menacé et sans doute en voie de disparition.
Merci à vous d’essayer de le sauver et d’en rappeler toute l’importance.
Importance réelle, économique sans doute.
Importance sociale, mais à mes yeux, plus encore importance symbolique.
Le courbaril, c’est à dire l’enracinement dans le roc s’il le faut, mais vainqueur grâce à l’entêtement et au vouloir vivre.
Le courbaril : l’appui sur la profondeur du sol pour l’élan médité et patient.
Le courbaril, la démarche lente, mais résolue vers l’avenir.
Ce sont toutes ces valeurs que nous rappelle la cérémonie que vous avez organisée ce matin.
Ce qui est valable pour l’arbre est valable pour l’homme.
Merci de le rappeler à notre communauté, elle aussi en péril.
Mais pourquoi être pessimiste ?
Le courbaril est là pour nous l’interdire.
Avec ses feuilles. Non. Avec sa feuille, une feuille double et pourtant une.
Regardez-la.
Ici la bi-foliation se fait intime et partenariale.
Une particularité botanique sans doute, mais dans laquelle je me permettrai de voir un symbole.
Le symbole de la solidarité indispensable à notre peuple, en cette époque de survie.
Aimé CESAIRE
François, le 17 décembre 2001