— Par Roland Sabra —
Comme une épiphanie « All that glitters is not gold » est la dernière phrase qui s’affiche en fond de scène à la fin de « Kalakuta Republik » la superbe chorégraphie de la Cie Serge Aimé Coulibaly. Sur le plateau un désordre de chaises renversées dans la dévastation figurée d’un naufrage pluridimensionnel. Il y a ce blanchiment de l’espace et des objets qui transpirent par ce fait leur origine, il y a ce chef de troupe, la moitié du visage couverte d’un masque de pierrot lunaire, seul, désespérément seul, il y a des corps désarticulés et épars se défaisant de leurs oripeaux, à jamais perdus comme une illustration à la Durkheim de l’anomie. Le chorégraphe et danseur le criait et le répétait lancinant il y a peu sur le plateau :« Nous avons peur, peur de nous battre pour la justice, pour la liberté, pour le bonheur ». Et pourtant tout avait commencé dans un ordonnancement régi par un maître de cérémonie reconnu et adulé, objet vingt ans après sa mort d’une vénération sans bornes.

Création
Un spectacle conçu par François Bourcier d’après des textes et documents authentiques
D’un pays à l’autre, d’une famille à l’autre, d’une cuisine à l’autre. De la mélancolie au sourire retrouvé. Ainsi se tisse le chemin de Masato, jeune chef de Ramen auprès d’un père veuf et dépressif, et qui à la mort de ce dernier quitte le Japon. Mettant ainsi ses pas dans ceux de ce père parti autrefois à Singapour, où l’attendait celle qui deviendrait son épouse ; accomplissant ce voyage de retour vers le pays natal que jamais sa mère, exilée par amour au Japon après son mariage, la naissance de l’enfant, et le rejet par sa propre mère, n’eut l’heur de réaliser.
Avec Carloto Cotta, Cleo Tavares, Anabela Moreira
De Julien Faraut
Quand tu vas au cinéma, tu peux te laisser bercer par le défilement des images, te satisfaire de l’histoire qui au premier degré t’est racontée. Tu peux aussi, spectateur actif, chercher ce qui se cache derrière ces images, et que le réalisateur n’a pas choisi de te délivrer trop crûment. Pas à pas tu construis toi-même le sens. Petit Poucet des salles obscures, tu suis les cailloux semés sur le chemin, et qui te mènent au cœur même du propos. Le film alors te délivre sa « substantifique moelle » ! Il en va ainsi de deux productions récentes, vues en séance VO, l’une proposée par Madiana, l’autre par Tropiques-Atrium, l’une japonaise, l’autre luso-américaine, l’une traitée en dessin animé, l’autre sous la forme habituelle. Toutes deux présentes à Cannes 2018, l’une à La Quinzaine des Réalisateurs, l’autre à La Semaine de la Critique.
De Eric Khoo
Inspiré par Fela Kuti, l’inventeur nigérian de l’afrobeat, compositeur, saxophoniste, chef d’orchestre et homme politique contestataire, le chorégraphe originaire du Burkina Faso, crée un spectacle dans lequel la politique n’est pas seulement un accent dramaturgique vague. Sept danseurs sur scène, pour des variations infinies de figures et de mouvements comme des métaphores rageuses d’une urgence de vivre… Une réflexion politique qui passe par les corps. Un langage de mouvements marqué par le répertoire traditionnel, par les déhanchés de boîtes de nuit et par le jazz, mais surtout une toute nouvelle danse dont on ne connaît pas d’où elle vient.
Je le confesse . Le jeudi est mon jour de sortie préféré pour le théâtre. Après la relâche du dimanche soir et du lundi, la reprise du mardi et la toujours difficile deuxième, qu’elle soit de la série ou hebdomadaire, le meilleur du travail proposé est souvent là au mitan de la semaine. J’évite le week-end, surtout le samedi, par crainte de croiser un public, en sortie peu habituelle et aux réactions décalées. Et pourtant!
La Compagnie Comed’île a choisi de présenter pour la saison 2018 une pièce originale créée en 1997 par deux auteurs passionnés de théâtre : Dominique Ghesquière et Pascal Chivet.
Dans « Kanata », spectacle inabouti mais prometteur, le metteur en scène québécois entrecroise les temporalités et les récits.
Le festival des francophonies en Limousin est un festival de théâtre, danse, musique et autres arts sur le thème de la francophonie dans le monde, qui a lieu chaque automne en Limousin et principalement à Limoges (Haute-Vienne).
Vous ne le connaissez pas encore… Mais tendez l’oreille et surtout restez branchés ! Vous ne tarderez pas à entendre parler de lui.

— Par Michèle Bigot —
Il y a des artistes que l’on a plaisir à revoir, tel Yeung Faï qui nous a déjà rendu visite en Martinique, il y a trois ans, et qui est revenu vers nous à l’occasion de la Ribotte des petits, le festival des enfants organisé par Tropiques Atrium en ce mois de décembre. Yeung Faï est sympathique, les jeux de son visage très expressif font aussi partie du spectacle mais celui-ci vaut avant tout pour la virtuosité du marionnettiste né à Hong-Kong. S’il nous est difficile d’en juger exactement – les marionnettistes qui se produisent en Europe utilisant d’autres techniques – nous croyons volontiers le programme qui le présente comme un « virtuose » de son art.
Texte et mise en scène : Estelle Butin