— par Roland Sabra —
Deux chorégraphies de Christiane Emmanuel
De la lecture d’un spectacle on oublie trop souvent la scénographie, le travail des lumières, l’environnement technique. Injustice. Mais que l’on se rassure ce fâcheux oubli est impossible après avoir vu les deux chorégraphies Choc(s) et Art-Rose qui nous a proposé Christiane Emmanuel les 19 et 20 novembre au Théâtre de Foyal. A moins d’être totalement aveugle. La chorégraphe a eu la belle idée de faire appel aux talents de la plasticienne Valérie John et la réussite était au rendez-vous. L’ouverture du rideau se fait sur un mur de chemises pendues à des cintres éclairées de telle sorte que l’évocation d’une lointaine Pétra bariolée, comme l’étymologie sémitique du lieu le soutient — Reqem, La Bariolée– vient immédiatement à l’esprit du spectateur. Le travail de Dominique Guesdon aux lumières est ici remarquable, on y retrouve ce souci qui est le sien de se mettre au service d’une œuvre qui n’est pas la sienne et de faire par la-même œuvre lui-même. Pure beauté plastique qui va porter le regard d’un bout à l’autre de deux prestations qui relèvent de champs problématiques que l’on aurait pu croire croire similaires mais qui se révèleront hétérogènes.




— Par Christian Antourel —
Edito du 20/10/2007

Raconter l’histoire multimillénaire d’un peuple à travers sa musique, ses chants et ses danses tel est le pari magnifiquement réussi de deux femmes sud-africaines, Thelmi Nyandemi, ancienne danseuse étoile d’un spectacle renommé « Ipi Ntombi » et Todd Twala, chorégraphe qui dans les vingt dernières années du vingtième siècle décidèrent d’unir leur forces et de mettre au service d’une noble cause : sortir les enfants des boulevards qui mènent au crime et leur offrir une possibilité de s’approprier leur histoire niée par le régime de l’apartheid. Umoja nous conte une histoire éternelle, universelle, parce que très précisément inscrite en un lieu géographique, historique, ethnographique on ne peut plus précis, celui du peuple Zoulou. A travers toutes les vicissitudes de l’histoire, mais aussi ses moments flamboyants, dans les rites de la naissance, de l’initiation, des mariages, de la mort des proches et des ancêtres UMOJA nous rappelle que l’ histoire de l’humanité n’est rien d’autre que l’histoire des hommes et des femmes, de leurs amours, de leurs rivalités, de leurs différences irréductibles, et de leurs rencontres possibles et impossibles.

