Roland Sabra

Commémorer pour aller de l’avant

— Par Robert Saé —

insurrection_du_sud-3Nous pouvons nous réjouir du fait que les commémorations de l’insurrection du Sud commencent à prendre autant d’importance que celles de la révolution anti-esclavagiste de 1848. Ces dernières années, la dynamique de réappropriation de notre histoire s’est incontestablement renforcée et le regard que notre peuple a sur lui-même a favorablement évolué. On peut regretter, cependant, que les commémorations deviennent souvent un rituel servant à se donner bonne conscience ; qu’elles ne contribuent pas toujours à nous ancrer dans nos racines et ne débouchent pas suffisamment sur la volonté de bâtir un avenir commun. N’y a- t- il pas lieu de s’interroger sur cette véritable  schizophrénie   qui conduit certains à commémorer dans l’exaltation chaque 22 mai au cri de «  nèg pété chenn », pour, dès le lendemain, reprendre leur vie d’aliéné et accepter la soumission.

Schizophrénie qui permet à d’autres de chanter Lumina Sophie « fanm djok » et de s’adonner, dans le quotidien, à un machisme piétinant la femme martiniquaise.

Schizophrénie qui permet de s’enorgueillir de la dignité et du courage des insurgés de 1870, tout en s’engluant dans des pratiques de collusion avec le pouvoir colonialiste.

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Sacherie Capron : la première charette

— Par Félix Relautte —
capron« Voici en clair ce qu’on nous a dit – Ou vous partez volontairement avec une petite monnaie, oualors, sé déwô san ayen ! Ce qui est dur c’est de voir comment cette véritable machine à gagner del’argent a été vite démolie par quelques rapaces écervelés qui ont pillé et esquinté la boite ; et c’estnous qui faisons les frais… On s’étonnera après que des révoltés par l’injustice fassent n’importequoi… » Victime anonyme.
Un silence de mauvais augure
Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de bruit qu’il ne se passe rien. Au contraire. Alors que la menacede la fermeture du site Alstom de Belfort menaçant 400 emplois a provoqué la réactionimmédiate des politiques français au plus haut niveau, le licenciement sec de près d’un tiers dupersonnel de la Sarl Sacherie Capron se déroule dans un silence assourdissant et l’indifférencetotale des nôtres. Les différentes alertes médiatiques depuis que la majorité du personnel aadhéré à la CDMT auraient pourtant du suffire pour que les responsables s’interrogent sur lesconditions dans lesquelles une société ayant bénéficié de si importantes subventions publiques,en vient à licencier une dizaine de travailleurs, sans aucune garantie de sauver les restes.

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Barack Obama inaugure le Musée afro-américain de Washington

musee_natioanl_afro_usC’est un symbole qui se veut fort : Barack Obama a inauguré ce samedi 24 septembre 2016 à Washington un musée dédié à l’histoire afro-américaine. L’occasion pour lui d’esquisser la trace que laissera son passage à la Maison Blanche. Une cérémonie qui était donc très attendue.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

Ce fut une très belle cérémonie pour l’inauguration d’un musée souhaitée par les Afro-Américains depuis 1950 et dont la construction fut finalement autorisée par George Bush en 2003.

L’ancien président républicain figurait au nombre des invités aux côtés de nombreuses personnalités représentant le monde politique – Bill Clinton était là, mais pas Hillary, ni Trump d’ailleurs – mais aussi le monde artistique : Angélique Kidjo, d’origine béninoise avait ouvert les festivités. Stevie Wonder et Patti LaBelle ont également chanté.

Mais bien sûr le discours le plus attendu était celui de Barack Obama, premier président noir, qui a rappelé la large contribution des Afro-Américains à l’histoire des Etats-Unis.

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Le dépeupleur

— Par Michèle Bigot —
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Pour Serge Merlin, ce n’est pas une première : il a déjà interprété ce texte de Beckett en 1978 dans le off d’Avignon, avec Pierre Tabard, puis avec Alain Françon à l’Odéon. C’est toujours avec A. Françon qu’il revient sur scène hanter cet endroit impossible, ce « cylindre surbaissé ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l’harmonie. Séjour où les corps vont cherchant chacun son dépeupleur. Assez vaste pour permettre de chercher en vain. Assez restreint pour que toute fuite soit vaine.»
Un petit peuple d’esclaves chercheurs arpentent sa base, circulent en rond, se cachent dans des niches et aspirent à rejoindre une sortie. Mais il n’y en a que deux, la première se dérobe au fond d’une niche mystérieuse et ne débouche que sur le néant, la seconde est au faîte du toit, mais totalement inaccessible. Un peu comme notre bas monde dont les deux seules issues seraient l’enfer hypochtonien ou le paradis de l’azur.
La mise en scène restitue l’angoisse engendrée par ce microcosme clos peuplé de captifs : une maquette creusée dans le sol reproduit à l’échelle cet univers carcéral, des petits sujets en bois y figurent les humains dans leur dérisoire activité, les cordes, les échelles, tout y est pour évoquer ce peuple de fourmis cherchant à sauver sa peau, et à échapper au « dépeupleur ».

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Parutions : nouveautés du 19 au 23 septembre 2016

parutionsCINÉMA ET FICTION
Essai sur la réception filmique
Michel Condé
Quels sont les processus mentaux que nous mettons en oeuvre pour comprendre et apprécier un film ? Le cinéma, pour sa plus grande part, relève de la fiction : comment interprète-t-on cet aspect  fondamental du cinéma ? Qu’est-ce qui, à l’écran, distingue la fiction de la vérité et comment fait-on  le partage entre les deux ? Quel plaisir, parfois paradoxal, tirons-nous de cet univers fictionnel ? (Coll. Champs visuels, 37,5 euros, 365 p., septembre 2016) EAN : 9782343100005 EAN PDF : 9782140018091  …..

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Des corps rebelles à la biennale de la danse

— Par Julie Briand —

biennale_danse-lyon_2016La 17e édition de la manifestation se déroule à Lyon et dans la région Rhône-Alpes jusqu’au 30 septembre. Une édition libre et engagée, à la croisée des danses savantes et populaires.

La Biennale de la danse entre dans sa dix-septième année avec la fougue de la jeunesse. Les élèves du Centre national de danse contemporaine d’Angers ont ouvert cette édition avec un « grand remix » de la mythique Messe pour le temps présent, de Maurice Béjart. Le chorégraphe Hervé Robbe et le compositeur Pierre Henry (88 ans !) ont travaillé main dans la main à cette recréation. De la cour d’Honneur du palais des Papes en 1967 à l’immense hall du musée des Confluences en 2016, la Messe a gardé toute sa subversive modernité. Après la fameuse séquence des jerks, Hervé Robbe a imaginé une variation chorégraphique sur les rituels contemporains. Les danses circulaires de Béjart ont laissé place à la solitude frénétique des rave-parties. Portrait en creux d’une génération où les forces sont toujours vives, mais atomisées. Parallèlement au spectacle, le musée propose de se replonger dans l’histoire de la danse contemporaine avec l’exposition « Corps rebelles », à voir jusqu’en mars 2017.

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Les éditions Les Échappés publient un superbe recueil, Cabu s’est échappé !.

— Par Caroline Constant —
cabu_s_est_echappeCabu était un énorme bosseur. Toute la semaine, il prenait des notes et dessinait sur tout ce que l’actualité lui inspirait. Les éditions Les Échappés publient une anthologie de mille dessins de Cabu. Mille dessins parus entre 1969 et son assassinat, à Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Sa veuve, Véronique Cabut, a donné accès à ses archives. Jean-François Pitet et Riss, le directeur de la publication de Charlie Hebdo, ont procédé à un choix, forcément frustrant, mais qui montre l’étendue de la palette et du talent de l’artiste. Ces dessins sont des « échappés », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas fait la une de l’hebdomadaire satirique. Voire, pour 30 % à 40 % d’entre eux, n’ont pas été publiés du tout. La sélection des dessins, rangés dans des pochettes thématiques, a été réalisée selon un critère simple : ses dessins, réalisés, pour certains d’entre eux, voici cinquante ans, résonnent encore avec l’actualité d’aujourd’hui. Soit un dessin qui crée « un rire intemporel », dit Riss.

Cabu riait de tout, mordait souvent le trait, mais Cabu était avant tout un homme de convictions, rappelle Riss.

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Un destin exceptionnel

— Par Georges-Henri Léotin —

anton_wilhelm_amoUn docteur en philosophie africain, noir, aux universités de Halle (Prusse) et de Wittenberg (Saxe), dans les années 1727/1734 : cela pourrait être une aubaine pour un ouvrage de Serge Bilé, ou un titre d’un magazine à sensation en quête de destins hors du commun. Nous voulons parler d’Anton Wilhelm Amo. Lilian Thuram lui consacre 4 pages dans Mes étoiles noires (collection « Points »), entre le général en chef de l’armée impériale russe Hannibal et le Chevalier de Saint-Georges. C’est à ce parcours effectivement exceptionnel que la revue « Philosophie-Magazine » de ce mois de septembre consacre un intéressant dossier, à lire absolument, croyons-nous, pas seulement en raison de l’aspect extraordinaire de ce destin, mais aussi pour les réflexions qu’il peut inspirer.

Pour ce qui concerne la vie et l’œuvre d’Amo, nous renvoyons à l’excellent dossier de « Philosophie Magazine ». (On peut remarquer que son nom africain, Amo, pourrait être considéré comme prédestiné puisqu’il signifie en latin : j’aime, je désire, et correspond en grec à « philo ».) .

Ce sur quoi nous voudrions faire méditer, c’est le sens de la réussite universitaire d’Amo, ce qu’on pourrait tirer comme enseignement de ce parcours : de quoi Amo est-il le nom, pour paraphraser Alain Badiou.

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Ça ira (1) Fin de Louis : 1789 comme au premier jour !

— Par Roland Sabra —

ca_irai_fin_de_louisELLE est constitutive de notre imaginaire collectif. ELLE est là tapie au fond de nos mémoires, silencieuse quand tout va bien, faisant retour insistante et omniprésente dans les périodes de crises. ELLE a donné au théâtre quelques uns de ses plus beaux monuments : au 19ème siècle Georg Büchner (1813-1837) nous fit don de « La mort de Danton », au 20è siècle le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine nous offrit 1789, en ce début de 21 ème Joël Pommerat nous gratifie de Ça ira (1) fin de Louis. ELLE va advenir d’une crise financière (1787) à laquelle s’ajoute un sur-endettement de l’État proche de la faillite. ELLE, la Révolution, française par son lieu de naissance, universelle par son interrogation centrale autour de la démocratie est encombrée de représentations, de figures qui prennent le pas sur ce qu’elles ont aujourd’hui encore à nous dire et nous empêchent ainsi de les entendre. C’est sans doute pourquoi Joël Pommerat dans le travail collectif d’écriture et d’improvisation anonymise les personnages à l’exception de Louis XVI et de Marie-Antoinette respectivement dénommés Louis et la reine.

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Les médias complices de la haine zemmourienne ?

— Par Pascal Jouary et Audrey Loussouarn —
zemmour_charlieChaque passage du polémiste dans une émission vaudrait une condamnation. En quête d’audience, les journalistes continuent à l’inviter, reprenant à peine ses inepties.

Les conférences d’Éric Zemmour, au moment de la sortie de son nauséabond Suicide français, ont fait le plein en 2014. De studios de radio en plateaux de télévision, les médias lui ont déroulé le tapis rouge. Nouveau livre, même schéma. Et pour Un quinquennat pour rien, à chaque passage, la même observation : le polémiste crache son monologue anti-islam sans quasiment aucune reprise, par manque de préparation des journalistes ou tout simplement par recherche du buzz potentiel.

Premier exemple, le 6 septembre, dans C à vous sur France 5. Anne-Sophie Lapix, entourée de son équipe, a bien du mal à lui opposer des arguments solides : la journaliste le provoque sur l’islam, cherchant mine de rien à lui faire dire le pire. Pari gagné. Dans ses propos, rien de moins que des appels à la haine et une réinterprétation du Coran et de l’histoire, invérifiables parfois. Face à lui, Patrick Cohen est décontenancé.

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Antoine et Cléopâtre

— Par Michèle Bigot —
antoine__cleopatreTiago Rodrigues, teatro nacional D. Maria II
14/09-8/10
Avec Sofia Dias et Vitor Roriz
Nouveau directeur artistique du Théâtre National Dona Maria II à Lisbonne, Tiago Rodrigues est acteur, dramaturge, metteur en scène et producteur. Auteur, il écrit des scénarios, de la poésie et des chansons. Au théâtre, on le voit dans les créations du collectif belge tg STAN. En 2003, il fonde la compagnie Mundo Perfeito avec Magda Bizarro et est remarqué pour son approche nouvelle de la dramaturgie. Tiago Rodrigues a également monté les textes d’une génération émergente d’auteurs portugais.
Antoine et Cléopâtre, sa dernière création a été présentée au festival d’Avignon 2016, au théâtre Benoît XII. Quoique le motif soit puisé chez Plutarque, dont Shakespeare réalise la première adaptation pour la scène, suivi de Mankiewicz pour le cinéma, T. Rodrigues en propose une création originale, dont le texte ne rappelle Shakespeare que de loin et par bribes. Toute une tradition relatant l’impossible amour des deux héros trouve ici son aboutissement et l’héritage est assumé dans une forme théâtrale novatrice. Mettant à profit la caractère débridé et atypique de la pièce shakespearienne, T.

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L’Avenir du Grand Saint-Pierre :Un Grand Problème. Un Petit Débat.

— Par Lucien Cidalise Montaise —

grd_st_pierrePour servir L’Histoire

Comment écrire sereinement dans une époque qui a la manie de la polémique, bien que beaucoup d’entre nous en ait la nausée ? Il y a polémique lorsqu’il y a mauvaise foi et absence de preuves dans ce qui se dit. Dans ce qui est écrit là, il y a une montagne d’évidences .

La vie professionnelle de l’architecte dont l’activité consiste à mettre en pratique ses conceptions s’est dégradée à tel point qu’elle n’intègre plus les rêves de culture que véhiculait , il y a peu de temps, cette profession .

La Preuve : l’Interview accordée par le Prix Goncourt P. Chamoiseau au journal F.A du 18/04/2011 et la réponse à la question de Rudy Rabathaly : « pourquoi avez- vous été choisi comme chef de projet pour le Grand St Pierre et non un architecte ou un urbaniste ? »

Pour notre part, nous avons retenu les comportements qui s’inscrivent dans les écrits de l’ écrivain. Il oublie volontairement ou il feint de l’ignorer que la mission première , essentielle même, de l’Architecte est d’imaginer ( tiens !

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De la violence et de l’exil des jeunes antillais

— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —

questionnementbLa Guadeloupe est en crise et la Martinique n’avance pas car elle est en panne : Nos régions se vident de leurs forces vives , nos villes débordent de manifestations quotidiennes de violence et notre cohésion sociale est mise à mal .La crise sociétale actuelle en Guadeloupe et la crise larvée en Martinique mettent en lumière un phénomène préoccupant : l’exil des jeunes diplômés couplé avec la délinquance d’autres jeunes restés au Pays . Avec cette crise de société , c’est un fait, de plus en plus de jeunes sont tentés par la délinquance et l’oisiveté alors que d’autres préfèrent aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Depuis les années 2000, l’expatriation des Guadeloupéens et Martiniquais est ainsi en croissance régulière, de l’ordre de 5 à 6% chaque année . La première des grilles d’analyses relève de la sphère économique. Nos pays respectifs ont incontestablement une difficulté avec leur jeunesse.La faute est à cet exode des jeunes qui a commencé au milieu du 20e siècle avec le BUMIDOM et qui s’est poursuivi pendant les années de crise avec nos jeunes qualifiés .La

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Henri Guédon : Trace(s) Mythologie Écritures

— Par Christian Antourel  & Ysa de Saint-Auret —

quato_-bdC’est sur un ton  bon enfant, enjoué même, émaillé de quelques  anecdotes que Laetitia la fille d’Henri Guédon a commenté l’exposition. Mais la solennité réservée aux héros était  bien là. Henri Guédon n’a pas cherché  à convoquer son destin et toutes ces vibrantes émotions  lui sont advenues à la bonne fortune d’une vie d’artiste passionné.

Laetitia Guédon porte un éclairage sur des entreprises artistiques et poétiques sans les réduire  à une seule perspective et donne quelques repères pour s’orienter dans l’effervescence  de pratiques diversifiées en privilégiant « la globalité triomphante…dans un  espace de libération  de la pluralité » « Magicien des sens, Henri Guédon nous   mène dans un monde où les sculptures sont sonores, où la peinture est rythmée, où la musique est couleur… il apprivoise le son et la lumière, l’espace et la matière » Voilà tout est dit et comment ! mais que l’on se rassure, tout au long de l’exposition, on trouve de multiples façons d’aborder le travail de l’artiste, ne serait-ce que par la diversité des regards et des ressentis de chacun auxquels faisait et fait toujours  appel  l’artiste : La pulsion scopique est quelque chose de puissamment formidable ce qui nous amène subséquemment à sa production dont nous dirons quelques mots, car qui ignore que Henri Guedon fort de ses racines martiniquaises, africaines par extension, a su exploser les clivages qui l’enfermaient dans un genre  exotique, pour s’affirmer de plus en plus en artiste universel?

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Qu’est-ce que le matérialisme ?

Patrick Tort, penser le matérialisme

le_materialisme— Par Lilian Truchon Philosophe —
L’importante somme proposée par le directeur de l’Institut Charles-Darwin est un ouvrage de référence qui examine les rapports entre sciences, croyance et pouvoir dans l’histoire des sociétés.

Pour Patrick Tort, il existe une histoire naturelle de la morale, comme il existe une histoire naturelle de la conscience et de la liberté. De même que les organismes les plus simples sont dotés d’une conscience (que Tort redéfinit contre la métaphysique), la liberté passe par différentes étapes d’autonomisation dont la conquête du symbolique demeure un pivot. Ces énoncés sont autant de conséquences d’un continuisme naturaliste qui implique l’existence chez l’animal d’ébauches de qualités dont l’homme s’est longtemps considéré comme le détenteur exclusif. Ils heurtent les oppositions rigides telles que Inné/Acquis, Déterminisme/Contingence, Nécessité/Liberté, Nature/Culture, entretenues par le discours philosophique et ses exercices ordinaires.Le matérialisme, selon Tort, n’est pas une « option de la philosophie », mais « la condition de possibilité et l’outil de la connaissance objective. Historiquement, il se confond, de fait, avec l’élaboration de la science moderne s’affranchissant graduellement des contrats de parole qui l’asservirent longtemps à la métaphysique et à la théologie ».

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« On devrait tous les f*utre en prison »

— Par Steve Gadet, sociologue —
trap_music« Tout ce que je fais c’est du rap. Mon plus gros crime c’est de parler fort, de ne pas fermer ma gueule » . Ce sont les paroles de Tupac alors qu’il se tenait à l’extérieur du tribunal où son procès avait lieu courant 1994 ou 1995. Il a aussi dit : « Je sais être responsable de ce que j’ai fait mais je ne sais pas être responsable des actes de tous les hommes noirs au Etats-Unis. Ce n’est plus mon procès. C’est le procès du rap, de ma personnalité » .
Récemment, RCI a fait un sujet pertinent sur la Trap Music. Il y a eu plusieurs réactions. Les fans et les artistes Trap ont balayé d’un revers de main ce qu’ils considéraient comme une intrusion et des critiques inutiles de la part de gens qui ne comprennent rien et qui leur veulent du mal, des « haters » . De l’autre côté, on a vu des gens dire « On devrait interdire cette musique et tous les foutre en prison. Cette mauvaise graine n’apporte rien de bon au pays » .

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Mon pays ne me respecte pas !

Lettre ouverte à l’intention des élu-e-s de la CTM et de la CACEM

respectTous les matins en allant travailler je regarde le couloir de bus du TCSP et je suis aigrie.
Aigrie parce que j’ai l’impression que personne ne pense aux personnes comme moi. Personne ne pense aux femmes qui arrivent le soir chez elles fatiguées parce qu’elles ont passé presque autant de temps dans les transports qu’au travail. Croyez-moi, une journée de 12 heures, c’est long !

Madame, monsieur, je préfère croire que vous ne faites rien pour que les choses avancent, parce que vous ne savez pas, alors laissez-moi vous raconter. Et je pense que beaucoup de Martiniquais et de Martiniquaises vivent la même chose que moi
Je suis mariée, j’ai trois enfants, nous n’avons qu’une seule voiture et j’habite sur la Route de Bélem, au Lamentin. Comme mon mari se déplace pas mal pour son travail (il est commercial) c’est lui qui a la voiture et moi je dois prendre deux bus pour aller travailler à Fort-de-France.
Pour être au travail à 8h30, je pars à 6 heures , soit 2h30 de transport à l’aller et 2h30 au retour.

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Nouveautés : vient de paraître en septembre 2016

ANDRÉ GIDE – OSCAR WILDEparutions
Deux immoralistes à la Belle Epoque
Pierre Masson, Jean-Pierre Prévost
Editions Orizons
André Gide et Oscar Wilde : deux personnalités hors-normes. Il nous a semblé opportun, dans ce livre riche en textes et en photos, dont de très nombreuses en couleur, de replacer leur histoire dans un contexte appelé La Belle Époque, avec ses nombreux salons littéraires, ses cafés, ses revues, ses auteurs et ses artistes, peintres, caricaturistes, créateurs de mode. Nous voyons comment cette courte période, étrangement faste pour la liberté d’expression, a permis l’éclosion de tant de talents mais aussi les limites de la permissivité d’une société vertueuse envers ses saltimbanques. Certains d’entre eux l’ont payé au prix fort : ainsi Wilde, brisé par un procès et des années d’emprisonnement. D’autres, plus prudents, tel Gide, ont senti venir l’orage, et différé provisoirement l’affirmation de leurs goûts. Leurs œuvres et leur mode de vie ont constitué un véritable laboratoire d’idées neuves, et une tentative pour faire sauter interdits et conformismes. Un travail toujours actuel. (Oscar Wilde sera à l’honneur au Petit Palais, à Paris, du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017).

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2017 : un réel risque de déclassement de la classe moyenne aux Antilles

— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —
save_middle_classTous les indicateurs montrent aujourd’hui que la Guadeloupe et la Martinique ne vont pas bien et cela peut inciter en effet la masse croissante des laissés-pour-compte, des précaires, des jeunes aux diplômes dévalorisés, des éternels stagiaires, à cesser d’attribuer leurs échecs à des causes personnelles ou psychologiques, pour les rapporter à des évolutions collectives découlant des prochaines élections présidentielles en France hexagonale . Il va falloir moins de 2 ans pour mettre clairement en évidence cette nouvelle dynamique de déclassement de la classe moyenne en Guadeloupe et Martinique , non encore installée dans les réalités objectives , et que notre capacité de déni nous empêche de voir clairement . Ce retournement dynamique apparaît aujourd’hui dans un contexte où, pendant des décennies, la classe moyenne a fait figure de maillon le plus solide et le plus dynamique de la société Antillaise . Elle est considérée comme une classe de confort avec le bonus de salaire des 40% de vie chère , protégée et choyée, stable, située fort loin au-dessus de l’écume des difficultés des classes populaires en maîtrisant son destin social et partageant une culture de sécurité et de confiance dans l’avenir .

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Du gris à la couleur, l’éclosion à la vie d’une autiste qui s’ignorait

— Par Pauline Fréour —

la_difference_invisibleÉcrite par Julie Dachez et illustrée par mademoiselle Caroline, fait passer de façon divertissante beaucoup de connaissances sur l’autisme.

Talons-talons-talons, bruit-bruit-bruit, musique-et-encore-la-musique. En rouge sang, les mots dansant en travers des vignettes crient au lecteur le calvaire de Marguerite. Pour une autiste, le bruit est une invasion permanente, harassante. Mais autiste, Marguerite ignore encore l’être au début de cette formidable bande dessinée autobiographique, écrite par Julie Dachez (dans la vraie vie) et illustrée par mademoiselle Caroline.

«J’avais envie de partager mon histoire, mais pas sous forme d’un énième témoignage. La bande dessinée est un support idéal parce qu’il donne corps au propos et permet de s’immerger dans le ressenti d’une personne autiste», explique Julie Dachez.
«Coup de pied aux fesses»

Le travail des teintes dans La Différence invisible est particulièrement réussi. Quand Marguerite est enfin diagnostiquée «neuroatypique» à près de 30 ans, sa vie prend de la couleur. Littéralement. Sur les pages, le gris du mal-être et le rouge agressif se noient dans une palette éclatante de jaune soleil et de vert prairie. «Le diagnostic d’autisme Asperger a été libérateur.

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Le français n’est pas uniforme

francais_pas_uniformeLe français en liberté. Frenglish ou diversité, de Patricia Latour et Francis Combes. Le Temps des cerises, 165 pages, 12 euros.

Depuis deux ans, la journaliste Patricia Latour et le poète Francis Combes tiennent une chronique hebdomadaire dans l’Humanité sur la langue, le français en pleine transformation, souvent bousculé (notamment par l’afflux des anglicismes) mais bien vivant et riche d’une diversité souvent sous-estimée. Dans cette chronique où le sérieux se mêle à l’ironie et l’humour, ils s’attaquent à des effets de modes, souvent ridicules, mais cherchent aussi à repérer les nouveautés, les créations intéressantes et la vitalité de la langue parlée. Ils s’intéressent notamment à ce que les mots nous révèlent – bien souvent à l’insu de ceux qui les emploient – de notre vie en société. Le psychanalyste Jacques Lacan disait que l’inconscient fonctionnait comme un langage… Le langage fonctionne aussi comme un inconscient. L’inconscient collectif de la société. La langue n’est pas uniforme. Elle est aussi contrastée que peut l’être une société divisée en classes sociales et parfois même atomisée, comme l’est à certains égards la nôtre. La langue ne cesse d’évoluer.

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Pourquoi la fin des intellectuels aux Antilles ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —
fin_desintellectuels_97Incroyable ­! A les entendre tous aujourd’hui et ces derniers jours,la société Guadeloupéenne serait menacée d’implosion du fait de la violence ambiante !Le pire, c’est qu’ils sont aujourd’hui tous sincères dans leur lamento et leurs cris d’orfraie pour réclamer la visite urgente du ministre de l’intérieur , comme si cela pouvait changer la donne tant il est vrai que c’est la Guadeloupe qui est malade d’elle même de ses politiques et intellectuels .La Guadeloupe menacée ? La Martinique en panne ? Oui, ou pire encore… Avec la crise économique qui persiste et qui va aggraver le phénomène de l’accroissement des inégalités , celle en vue de la révolution numérique , la violence des jeunes , ces désastres qui vont mettre , l’un après l’autre , à mal l’idée même du projet guadeloupéen et de gran samblé en Martinique , la situation est sans précédent , avec pour couronner le tout une image d’impuissance de nos intellectuels !

Les intellectuels ont renoncé à transformer le monde. Pourtant, selon le philosophe Zygmunt Bauman, ils nous sont indispensables pour comprendre les dangers qui nous menacent.

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Atelier d’étude du créole martiniquais

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2016-2017

Sous l’égide du CIRECCA (Centre International Recherches Echanges Coopération Caraïbes Amériques), l’atelier d’étude du créole martiniquais ouvre de nouveau ses portes.
Cet atelier a comme objectif d’apprendre à lire et à écrire le créole martiniquais et d’en étudier le fonctionnement sur le plan lexical, grammatical et syntaxique.
Cet atelier s’adresse aux créolophones qu’ils soient natif-natal ou bien d’adoption ou d’option.
Ses séances, bi hebdomadaires, se déroulent, le soir, sur le Campus de Schoelcher et ce, réparties en deux niveaux : un niveau 1 destiné aux débutants, un niveau 2 aux personnes ayant déjà une pratique de la langue.
Ces séances sont animées par Daniel Boukman, écrivain, militant culturel martiniquais.

Pour tous renseignements complémentaires
0696 94 32 20
galta972@gmail.com.
cireccamartinique@gmail.com.fr
0696 73 68 28

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T.C.S.P. : « ce n’est pas les autres… c’est nous! »

— Par Yves-Léopold Monthieux —
tcsp– Les fonctionnaires, médecins, avocats, commerçants et les « bonnes à tout faire ».
– L’Etat finira par opérer la suppression  « à sec » des 40%.
– Il n’y a pas plus « coloniale » qu’une justice condescendante.

Il ne suffit pas d’évoquer les mânes de nos ancêtres et de dérouler la liste des savants nègres depuis Mathusalem pour justifier l’incapacité actuelle des Martiniquais à faire circuler le TCSP ; à faire fonctionner sans heurts une usine ayant reçu l’agrément de la collectivité ; à se préoccuper du réseau d’adduction de l’eau qui date de 60 ans et qui laisse échapper 30% des eaux captées à la source ; à s’inquiéter de l’absence de destination de 30% des eaux usées « contaminantes ». Ces eaux dites « grises » ou « noires », qui quittent nos cuisines, nos lavabos et nos toilettes pourraient réapparaître sous forme de maladies, voire d’épidémies. C’était la crainte de l’ancien directeur de l’ARS.

Non, ce n’est pas les Autres, c’est Nous, les responsables !

A quoi bon évoquer jusqu’à plus soif la sagesse de nos « vieux » et les vertus cardinales du peuple martiniquais, si on admet que des retraités d’aujourd’hui n’ont que 200 ou 300 euros par mois pour toute ressource alors que d’autres touchent pour les seules majorations de traitement des sommes pouvant atteindre 3 fois le SMIC.

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Journée du patrimoine : découvrir ou redécouvrir Fonds St-Jacques

jour_europ_patri_2016La Journée du patrimoine sera l’occasion pour le public de découvrir le fruit des recherches menées par Michèle LEONARD, retraitée de l’éducation nationale, chercheuse martiniquaise et auteure de nombreux ouvrages sur l’histoire et l’archéologie en Martinique.
Lors d’une conférence-débat, l’auteure présentera son livre intitulé « Les établissements religieux en Martinique du 17e siècle à 1902 ». Un ouvrage né de ses propres recherches et celles existantes déjà sur le sujet.
Très attachée à l’histoire des Antilles et passionnée d’histoire locale, Michèle LEONARD a été mise à disposition du Ministère de la Culture de 1989 à 1993 pour effectuer des recherches sur la ville de Saint-Pierre avant 1902. Au cours de ce travail, elle a été frappée par la présence de nombreuses communautés religieuses propriétaires d’importants établissements hospitaliers, d’éducation ou industriels situés au Nord de l’île.
Le grand mérite de cet ouvrage est de donner toute une place aux congrégations religieuses qui dans les possessions françaises de l’Amérique tropicale, ont oeuvré souvent, dans l’ombre, portant assistance aux malades de tous bords et cherchant à instruire les enfants de toutes origines : blancs, noirs, Mulâtres… Un focus sera fait sur l’ordre religieux des Dominicains.

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