
— Par Roland Sabra —
Il s’agit d’une reprise d’un spectacle de pas tout à fait dix ans mais presque. Un exercice difficile et en partie réussi. Dalmat Aurélie, pardon Orélie Dalmat, coquetterie graphique de l’artiste, est la maitresse d’œuvre de ce travail qui raconte, mais y-a-t-il vraiment un fil conducteur? L’éternelle et triste histoire de l’arrachement des terres originelles vers des terres d’asservissement. Les textes proviennent de plusieurs sources, notamment d’auteurs de la diaspora « noire ».
Cette démarche, on le sait n’est pas des plus facile. Quid de la cohérence, de l’homogénéité du propos? Cet écueil est évité par la forme musicale et chantée retenue par le metteur en scène. C’était sans doute là que résidant la véritable difficulté : faire travailler ensemble, des musiciens, des chanteurs, des danseurs et des comédiens martiniquais. Aurélie, pardon, Orélie Dalmat remporte ce pari audacieux. La partition musicale est la grande réussite de cette soirée et l’ajustement des voix se fait sans trop de problèmes. Même Amel Aïdoudi, dont les qualités de chanteuse ne sont pas de celles qui sautent à l’oreille, se tire de cet exercice avec les honneurs.


Ce livre, où se mêlent histoire et mythologie, est écrit du coeur de notre présent – présent des Antilles, de la France, de ce monde ouvert à de multiples transversalités qui est le nôtre. Marlène Parize y défend une proposition radicale contre tous les nationalismes et communautarismes, contre tous les mépris de soi: il est temps, il est grand temps de reconnaître, au sein même de notre modernité, de notre république, de nos valeurs, la trace de ces « lieux creusets » où est née, et naît encore, l’énergie qui nous porte à présent.

Sur l’origine de l’humanité, faute de la moindre science, on ne doit s’appuyer que sur la phylogenèse de nos mythes fondateurs. Ainsi, au lieu d’en rester à l’histoire médusante de la pomme et du serpent, qui fait que l’on soupçonne Dieu de malveillance imméritée en nous interdisant les fruits de l’arbre de la science, on devrait plutôt écouter sa conscience, et reconnaître que c’est le crime de cannibalisme contre nos semblables qui nous rassemble tous dans l’humanité pécheresse et à juste titre chassée du paradis. Comme les rats, comme les cochons, mais de façon bien plus systématique qu’eux, ce qui nous a rendus plus forts que d’autres espèces animales c’est que nous ne reculons pas devant le crime contre nos frères, et que c’est même notre nourriture hallucinogène, notre drogue vitale.
On connait bien Hervé Deluge . Il a travaillé ces derniers temps sous la direction de Lucette Salibur. Les résultats étaient inégaux, avec une question lancinante : qui du comédien ou du metteur en scène devait payer la facture? Le spectacle proposé les 20 et 21 novembre 2008 à l’Atrium donne une réponse en forme de pirouette. Hervé Deluge se met en scène lui-même. Avec un coup de main de Rudy Sylaire il est vrai. Le matériau central d »Un marmonneur providentiel » est tiré de « Cahier d’un retour au pays natal », « Et les chiens se taisaient » et aussi d’autres textes césairiens. Hervé Deluge connait son Césaire. Une des qualités de ce travail, il en a plusieurs, est de mettre en évidence une force d’interprétation du verbe du poète qui le porte à une telle incandescence que la forme se consume ne laissant subsister que le trait acéré qu’elle enveloppait. Hervé Deluge a fait une vraie lecture des textes de Césaire, en se les appropriant de façon charnelle, en leur faisant l’amour, et nous les restituant, transformés par la seule magie du dire, en une langue presque naturelle.


Pour éclaircir le propos, on pourrait établir une comparaison avec la nourriture. Dans toutes les sociétés humaines, il y a bien sûr des pratiques alimentaires, et elles sont indispensables à la survie des individus. Pour autant, toutes les sociétés ne construisent pas nécessairement une culture gastronomique, comme c’est le cas en France. L’art de la table, du vin et des fromages, les rituels, le service, la convivialité, les livres de recettes, les guides, les classements et les étoiles pour les bons restaurants, les émissions culinaires à la télé, sont autant d’éléments qui définissent la gastronomie à la française. D’autres sociétés développent des pratiques alimentaires moins diverses et moins ritualisées, elles se fondent sur les ressources matérielles nécessaires pour vivre. Certes, ces pratiques s’organisent selon des principes et des codes, et elles s’inscrivent parfois dans des célébrations où l’alimentation occupe une place particulière. Pour autant, elles ne produisent pas ce que l’on pourrait appeler véritablement une culture de la gastronomie. Dans ces contextes nombreux, et pas seulement dans les sociétés anciennes ou éloignées, en Amazonie ou en Nouvelle Guinée, l’alimentation est à la fois nécessaire et secondaire, et on ne se croit pas obligé d’en faire un objet d’euphorie, un rite permanent, une exaltation collective.

Ce n’est qu’un début… Pourquoi les bourses plongent-elles? On connait l’origine de la crise actuelle : la déréglementation et/ou le détournement des règles des activités de crédits dans le monde de la finance. Les banques pour échapper à ce qui restait de réglementation en ce qui concerne l’octroi de crédits, notamment dans l’immobilier, ont créé des succursales, des sociétés annexes, qui démarchaient les plus pauvres et leur refourguaient des crédits, en dehors de tout contrôle, dont elles savaient qu’ils étaient irrécouvrables. Ce qui à leurs yeux n’étaient pas bien grave puisqu’elles avaient la claire intention de s’en débarrasser au plus tôt. Elles les ont donc soit dissimulé hors bilan, soit revendus, cachés dans des paquets beaucoup plus présentables, à d’autres banques ou des compagnies d’assurances. Elles se sont donc arnaquées entre elles. Dès lors comment faire confiance à une consœur qui se fait si facilement rouler tout en roulant les autres? Le marché interbancaire, marché sur lequel les banques se refinancent mutuellement à court terme se tarit. Aucune ne veut prêter à une voisine dont on risque d’apprendre dans les heures qui suivent la faillite et donc l’impossibilité de recouvrer la créance.






