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Fruits tropicaux et Parkinson caribéen : l’envers toxique d’un patrimoine alimentaire

— Par Sarha Fauré —

Dans les territoires d’outre-mer français, où traditions culinaires et remèdes naturels se transmettent depuis des générations, certains fruits tropicaux occupent une place de choix. Corossol, cachiman, pomme cannelle… Ces douceurs exotiques sont réputées pour leurs bienfaits relaxants, antioxydants, voire médicinaux. Pourtant, une série d’études menées depuis plus de vingt ans par des chercheurs du CHU de Guadeloupe et de l’Institut du Cerveau à Paris jette une lumière nouvelle — et inquiétante — sur ces pratiques alimentaires ancestrales.

Un Parkinson atypique aux racines environnementales

À l’origine de cette recherche de longue haleine, une observation clinique déroutante : aux Antilles, de nombreux patients atteints de la maladie de Parkinson présentaient des symptômes bien différents de ceux décrits dans les manuels classiques. En plus des signes moteurs habituels (tremblements, rigidité, ralentissement des gestes), ces patients souffraient fréquemment de pertes de mémoire, de troubles de l’équilibre, voire d’hallucinations. Cette forme particulière, désormais qualifiée de « Parkinson caribéen », concernerait près de 70 % des cas locaux.

Le Dr Jean-Médard Zola, neurologue au CHU de Guadeloupe, précise que cette variante de la maladie se distingue par une atteinte cognitive précoce, bien plus sévère que dans les formes classiques.

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Colonialisme de peuplement !

— RS n*409 lundi 25 août 2025 —

Nous pensons nécessaire de revenir sur l’examen d’une réalité autant que sur les débats quant à sa dénomination.

Choses et gens de la colonisation

Les choses que nous voulons nommer, ne sont pas une nouveauté. On a traditionnellement distingué les colonies d’exploitation et les colonies de peuplement. Cette distinction est relative. Il n’y a pas de colonies de peuplement qui ne cherchent à exploiter les terres et les Humains, qui s’y trouvent. Et il n’existe pas de colonies d’exploitation sans un minimum d’installation de colons. Il n’empêche que les appropriations coloniales qui se sont accompagnées de fortes installations de colons ont toujours posé un problème de décolonisation particulier.

Tantôt les colons d’hier sont devenus des nationaux des terres conquises (Amérique du Nord et du sud, Australie…) au point de prendre la tête des luttes pour l’indépendance. Tantôt les colons installés ont été les relais les plus sûrs du pouvoir colonial. Dans ce cas, la décolonisation fut plus difficile et plus douloureuse (Le cas de l’Algérie est, à cet égard, emblématique). Pour se maintenir coûte que coûte, le pouvoir colonial dans certains cas, pousse à l’installation de colons pour modifier l’équilibre démographique du pays, rendre les originaires minoritaires.

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Guadeloupe : du nationalisme au patriotisme économique

De la nécessité de rebattre les cartes de la pensée intellectuelle et du positionnement idéologique en Guadeloupe ?

— Par Jean-Marie Nol —

En 2021, j’écrivais l’amère vérité dans une tribune qui s’intitulait  « L’intolérable appauvrissement intellectuel et culturel de la Guadeloupe [et dans une moindre mesure de la Martinique] » et qui a été publié le 19 septembre 2021 sur le site de madinin’art .

Dans ce texte, je me suis livré à une critique sévère du déclin des élites intellectuelles locales, de la médiocrité croissante du débat public et de la perte de légitimité des élites face à la montée du populisme identitaire et syndical. Par ailleurs, j’y déplorait une jeune génération trop souvent dépolitisée, détachée du futur, vulnérable aux discours creux des réseaux sociaux , et en perte de repères pour imaginer l’avenir collectivement.  Le constat était clair : la pensée antillaise se délite, le débat public s’appauvrit, les élites s’éclipsent. Quatre ans plus tard, tout cela s’est accéléré. Les défis climatiques, technologiques, économiques nous frappent déjà. Reste-t-il un horizon d’espérance ? Cette contribution actualisée est un appel : éveillez-vous, résistez, inventez.

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L’inconnu de Mer Frappée :Chapitre IV

— Par Robert Lodimus —
Chapitre IV

L’INQUIÉTUDE

Les derniers rayons du soleil commençaient à s’enfoncer dans la mer. Dans peu de temps, l’obscurité opaque allait draper toute la ville. Mer Frappée se serait transformée en un immense trou de sombreur pour accueillir les loups garous de « La Tannerie » qui venaient festoyer toutes les nuits sur le sable grisâtre du littoral endormi. Le vaste quartier côtier, où se bousculait la gueusaille, portait bien son nom. Les cuirs mis au tannage sentaient les rats crevés. Pendant le jour, on pouvait observer çà et là des tapis de cuir de vache ou de chèvre cloués au sol avec des piquets qui séchaient au soleil. Pour traverser la zone, il fallait couper sa respiration en fermant la bouche et en écrasant son nez avec le pouce et l’index. Pourtant, les riverains qui y vivent de manière permanente ne semblent pas se rendre compte de la puanteur persistante qui se mélange à l’air qu’ils respirent tous les jours. On aurait dit que toutes les mouches de la ville s’étaient donné rendez-vous dans cet amas de masures infectes.

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Matoub

—Poème par Gary Klang —
Je te salue Matoub

Tu as gravi les chemins d’ombre
En te hissant vers les étoiles
De cette terre presque mienne
L’aïeul y vit le jour
Pour finir sur cette île
Où j’ai connu aussi
La terreur
La folie
Et l’absurde

Je me souviens du corps
Ligoté sur une chaise
La tête penchée
Comme un enfant qui pleure

J’ai vu cet homme
Matoub
Abandonné au milieu des passants
Renvoyé
Tout comme toi
Au néant
Et à la poussière

Repose en paix
Poète
Repose
Sur cette terre presque mienne
Bercé à tout jamais
Par la lumière
Et par la mer

Car ta révolte
Vois-tu
Jamais personne ne pourra l’éteindre

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Aimé Césaire accueille Jacques Martial

Hommage posthume du père à son fils spirituel

Par Yves Untel Pastel

Dans l’au-delà, sur un rivage de mots et d’Histoire

Le vent n’est plus un souffle, mais un murmure d’âmes.

Les vagues se brisent en vers.

Jacques MARTIAL, l’acteur,

L’homme de la Villette et du Mémorial, pose son regard

Sur celui qu’il a si souvent fait vibrer ?

Aimé Césaire, le poète.

 

Il n’y a pas de scène, pas de projecteur, juste la lumière d’un savoir partagé.

Jacques : Maître, je vous ai porté, non pas sur mes épaules, mais dans ma voix.

J’ai crié votre colère, votre douleur, l’appel de votre « Cahier » qui retournait au pays.

J’ai voulu que ceux qui m’écoutaient, dans l’ombre d’une salle, entendent le grondement de l’Histoire.

Césaire : Je l’ai entendu, mon ami, et il a résonné jusqu’ici.

Vous n’avez pas récité mes mots, vous les avez incarnés.

Vous avez donné une chair à mes idéaux, une âme à mes combats.

Le poème n’est rien sans celui qui le fait vivre, sans celui qui le sent et le transmet.

Jacques : J’ai cru qu’en vous, nous pouvions trouver notre force, notre dignité.

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Le prix du désengagement

Restauration de la sécurité et de l’autorité : La Guadeloupe et la Martinique condamnées au désenchantement et à l’impuissance face à la mutation sociétale  ?

— Par Jean-Marie Nol —

Dans les Antilles françaises, le sentiment d’un désordre social qui s’installe durablement ne relève plus du simple ressenti, il s’appuie sur des chiffres et des réalités tangibles. La Guadeloupe et la Martinique, jadis perçues comme des laboratoires de l’intégration républicaine, se trouvent aujourd’hui confrontées à une crise multidimensionnelle : explosion de la violence, perte de confiance dans les institutions, désenchantement de la jeunesse et essoufflement économique. Face à ce tableau préoccupant, deux urgences s’imposent : instaurer la sécurité tout en restaurant l’autorité de l’État et exiger des élites économiques et politiques un sens accru de la responsabilité collective.

Les homicides, les tentatives de meurtre, la banalisation de l’usage des armes à feu donnent à voir une société où la mort se mêle à une certaine impuissance des autorités et à une véritable poussée de la peur citoyenne. La violence juvénile n’est pas un accident conjoncturel mais le symptôme d’un malaise sociétal profond.

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Saint-Barthélemy : Le massacre des voisins

24 août 1572

À l’été 1572, un mariage censé apaiser les tensions religieuses allait précipiter la France dans l’un des épisodes les plus sombres de son histoire. Catherine de Médicis, reine-mère, pense alors sceller la paix entre catholiques et protestants en mariant sa fille Marguerite de Valois à Henri de Navarre, chef du camp réformé. Mais cet espoir de réconciliation se heurte à des années de haine accumulée.

Le 18 août, Paris fête cette union royale. Pourtant, derrière les façades illuminées du Louvre, l’équilibre est déjà rompu. Quatre jours plus tard, un attentat vise l’amiral de Coligny, chef de file protestant. Craignant une riposte, la Cour, dans la panique, ordonne l’élimination des principaux chefs huguenots. Le massacre commence dans la nuit du 23 au 24 août.

Ce que l’histoire a retenu comme la Saint-Barthélemy ne fut pas qu’un déchaînement spontané de violence : c’est une explosion qui couvait depuis longtemps. Loin d’un acte isolé, il s’agissait d’un massacre de proximité, minutieusement préparé par des années de stigmatisation, de dénonciations, de violences tolérées. Jérémie Foa, historien, montre comment, dès les années 1560, les protestants étaient fichés, surveillés, repérés.

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23 août : journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

— Par Hélène Lemoine —

Chaque 23 août, le monde entier commémore la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, instaurée par l’UNESCO en 1997. Cette date n’a pas été choisie au hasard : elle rappelle l’insurrection éclatée dans la nuit du 22 au 23 août 1791 à Saint-Domingue, alors colonie française. Ce soulèvement, le plus vaste jamais mené par des esclaves dans l’histoire moderne, bouleversa durablement le monde.

Un soulèvement qui changea le cours de l’histoire

À la fin du XVIIIe siècle, Saint-Domingue était la colonie la plus riche de l’empire français, surnommée la « perle des Antilles ». Mais sa prospérité reposait sur un système brutal : près de 500 000 Africains et Afro-descendants y vivaient réduits en esclavage, dont des dizaines de milliers nouvellement déportés d’Afrique.

Les tensions s’accumulaient déjà : les libres de couleur, bien qu’affranchis, réclamaient l’égalité des droits, inspirés par la Déclaration des droits de l’homme. Leur insurrection, menée par Vincent Ogé en 1790, fut écrasée, mais elle contribua à nourrir la révolte.

Le signal décisif fut donné lors de la cérémonie vaudoue du Bois-Caïman, dans la nuit du 13 au 14 août 1791, sous la direction de Boukman.

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Volonté et Désir: Pouvoir décisionnel ou Pulsion indomptée…

— Par Camille Loty Malebranche —

  Le désir est dénoncé à l’unisson par quasiment toutes les grandes spiritualités qui y voient un lien enchaînant l’esprit, maintenant l’homme prisonnier du charnel, l’empêchant de monter vers la vie et la vérité supérieure de son être. C’est à raison que le renoncement, ce détachement mental et spirituel du monde matériel par la conscience de l’esprit découvrant son étrangeté au monde – son statut d’extranéité dans le monde – perçoive le désir comme l’arme redoutable du Tentateur immonde, ruse de l’Ennemi abominable tapi dans les abysses liminaux, subliminaux, connus et inconnus, qui menace l’Homme d’aliénation métaphysique, de perdition ontologique et de toutes sortes de pièges existentiels.

La volonté est un constituant majeur de la liberté qui, sans elle, n’existe pas. Je dis que la conscience libre exprime sa liberté par trois schèmes d’assumation: 1) la volonté, 2) le choix volontaire, 3) la responsabilité. En fait, toute la liberté n’est que manifestation nuancée, pondérée et responsable du soi volontaire.

Ainsi établie, la chose est claire, la volonté est l’ossature de toute liberté humaine puisque le tempérament veule ou le malade aboulique, sont condamnés à obéir et à être soumis.

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22 août : Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions

La liberté de religion et de conviction : un droit fondamental

La liberté de religion ou de conviction, tout comme la liberté d’opinion, d’expression, de réunion pacifique et d’association, sont des droits humains fondamentaux, consacrés par les articles 18, 19 et 20 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ces droits sont interconnectés et se renforcent mutuellement. Leur respect constitue un socle essentiel pour lutter contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion.

Un débat ouvert, constructif et respectueux des différences au sein de la société, tout comme les dialogues interreligieux, interconfessionnels et interculturels à l’échelle locale, nationale, régionale et internationale, peuvent jouer un rôle déterminant dans la lutte contre la haine et l’incitation à la violence religieuse. La liberté d’opinion et d’expression, ainsi que le droit de chercher, de recevoir et de diffuser des informations, sont également essentiels pour renforcer la démocratie et combattre l’intolérance religieuse.

Des violences toujours présentes

Les violences motivées par la religion ou les convictions continuent de sévir dans de nombreuses régions du monde, touchant en particulier les personnes issues de minorités religieuses.

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F.N.E. : Corruption, détournement de fonds publics, népotisme…

Corruption, détournement de fonds publics, népotisme : le Fonds national de l’éducation défie et échappe encore à la Justice haïtienne

 —Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Le vaste scandale de corruption, de détournement de fonds publics et de népotisme au Fonds national de l’éducation (FNE) connait de nouveaux rebondissements ces jours-ci en Haïti. Le 17 juin 2025, nous en avons exposé les soubresauts dans un article paru en Haïti sur les 17 plateformes régionales du REPUH, le Regroupement des professeurs d’universités d’Haïti. Cet article, « L’occultation de la corruption au Fonds national de l’éducation : nouvelles acrobaties de Sterline Civil, profuse « missionnaire » du PHTK néo-duvaliériste », est paru le même jour sur Rezonòdwès (États-Unis) et sur Madinin’Art (Martinique) le lendemain. Dans cet article notre propos s’énonçait comme suit : « Depuis son inconstitutionnelle et délictueuse nomination par arrêté présidentiel et son installation le 18 février 2025 à la direction du Fonds national de l’éducation –la plus vaste entreprise modélisée de corruption dans le système éducatif d’Haïti–, l’illusionniste Sterline Civil a revêtu les habits spécieux de « Madame mains propres » et a peaufiné le dispositif palabreur de ses prises de parole ciblées.

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« Une injustice totale » : Rodrigue Petitot condamné à un an de détention à domicile sous bracelet électronique

Le verdict est tombé ce jeudi 21 août 2025 à la Cour d’appel de Fort-de-France. Rodrigue Petitot, figure centrale du Rpprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), a été condamné à douze mois de prison ferme, aménagés en détention à domicile sous bracelet électronique. Une décision que le militant qualifie d’« injustice totale », dénonçant une volonté politique de l’écarter de la scène publique.

Une peine durcie en appel

En janvier 2025, « Le R » avait été condamné à un an de prison avec sursis pour l’intrusion du 11 novembre 2024 dans l’enceinte de la résidence préfectorale, en pleine vague de contestation sociale. Le parquet avait estimé la sanction trop clémente et avait fait appel. Après deux jours d’audience en juin dernier, la Cour a rendu son délibéré ce jeudi, confirmant partiellement le jugement mais transformant le sursis en prison ferme sous surveillance électronique.

La Cour a reconnu Petitot coupable de violation de domicile, d’actes d’intimidation, d’outrages à l’encontre du préfet et de rébellion en réunion. En revanche, certaines accusations, notamment celles de « violences ayant entraîné une incapacité de travail », n’ont pas été retenues.

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Pourquoi les mangroves deviennent fuchsia : un phénomène naturel expliqué

— Par Aurélie Boisnoir (*) & Olivier Gros (*) —

Depuis quelques années, certaines mangroves de Martinique et de Guadeloupe se parent d’une robe rose fuchsia du plus bel effet. Aussi surprenants que spectaculaires, ces phénomènes naturels sont largement relayés sur les réseaux sociaux et suscitent de nombreuses interrogations. Mais qu’appelle-t-on “mangrove” ? C’est un écosystème côtier unique présent dans les régions tropicales et subtropicales. Cet écosystème forestier est caractérisé par plusieurs espèces d’arbres appelés palétuviers qui se répartissent selon un gradient de salinité. Les palétuviers rouges vivent sur le rivage et sont reconnaissables à leurs longues racines aériennes plongeant dans l’eau de mer (35 g/l de sel). À l’intérieur des terres, on trouvera le palétuvier noir (supportant jusqu’à 70 g/l de sel) et, en arrière-mangrove, le palétuvier blanc vivant dans un milieu où la salinité dépasse rarement 10 g/l de sel.

Les mangroves assurent plusieurs fonctions écologiques importantes comme la protection des côtes contre l’érosion, la filtration des polluants et des sédiments, ou encore la régulation des cycles biogéochimiques. Bien que ces fonctions soient cruciales pour l’environnement, certains phénomènes comme des échouements massifs de sargasses peuvent provoquer des eaux colorées qui bouleversent ponctuellement l’équilibre de ces zones protégées.

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 Défi : relancer l’économie guadeloupéenne‑martiniquaise 

Le compte à rebours de la mutation de la Guadeloupe  et de la Martinique prise dans un champ de forces politiques et économiques contradictoires.

— ParJean-Marie Nol —

Dans un contexte budgétaire très dégradé, tous les acteurs de l’économie française , à tous les niveaux, attendent à la prochaine rentrée un serrage de vis de la part du gouvernement et gèlent toute initiative. Cette situation crée de l’attentisme, tant de la part des ménages en termes de consommation que des entreprises en termes d’investissements. Aujourd’hui l’économie française est amorphe. Dans le même temps, pour les mêmes raisons de précaution, le taux d’épargne des Français reste très élevé (environ 18% des revenus disponibles), essentiellement entretenu par les retraités.

Indépendamment des tensions internationales, le déficit public, accompagné du surendettement de l’État et des incertitudes qu’ils entraînent, est bien l’une des principales causes de la léthargie de l’économie française que l’on retrouve dans les dernières prévisions de l’Insee pour cette année 2025. Mais par ailleurs, dans le même ordre d’idée,  la dégradation des signaux de l’économie de la Guadeloupe et surtout de la Martinique nous envoie aujourd’hui un vrai signal d’alerte sur les velléités d’autonomie à l’heure où les finances publiques sont  chamboulées en France.Cela

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« Les Djons d’Aïti Tonma », de Félix Morisseau-Leroy

Retour sur un roman de Félix Morisseau-Leroy

Par Jean-Robert Léonidas

Les Djons d’Aïti Tonma » (L’Harmattan, 1996) est la dernière parution de Félix Morisseau-Leroy. C’est un roman à trois volets, un triptyque. La vedette c’est Jacmel, ou plutôt les Jacméliens. Pas tous, mais les vrais, les fiers, les braves, ceux qu’on appelle les « djons ».

Ti-Fils est un djon. A mon sens il est aussi un djinn, l’âme de la ville ou encore un horodateur ambulant puisque, quand il faisait les courses pour un grand négociant de la ville, il se plaisait à crier à qui veut l’entendre le nom du jour de la semaine. Tout d’abord, l’auteur présente Jacmel avec ses types, avec ses contradictions puisées à la source apocryphe où le mythe et l’histoire se confondent. Il y avait les riches, les gens de la « société » au sein desquels on comptait les loups-garous qui n’hésitaient pas à aller prendre la communion à l’église pour donner le change. Il existait aussi une manière de peuple qui s’évertuait à devenir gens de la société. Mais il y avait le « troisième clan »,  » alliance légitime du prolétariat et de l’intellectualité d’avant-garde » qui voulait repenser la cité, refaire sa mentalité.

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La Journée mondiale du moustique : comprendre, prévenir, protéger

— Par Sabrina Solar —

Chaque 20 août, le monde commémore une découverte scientifique majeure qui a sauvé des millions de vies : celle du Dr Ronald Ross. En 1897, ce médecin britannique a démontré que les moustiques femelles, et plus précisément ceux du genre Anopheles, étaient responsables de la transmission du paludisme. Cette révélation, récompensée par un prix Nobel, a ouvert la voie à une meilleure compréhension des maladies vectorielles et aux stratégies pour les combattre. Pour marquer cet événement, Ross lui-même baptisa cette date « Journée mondiale du moustique », en hommage à sa découverte.

Pourquoi une journée dédiée aux moustiques ?

À première vue, célébrer les moustiques peut sembler paradoxal. Pourtant, il ne s’agit pas d’honorer l’insecte, mais de rappeler les ravages qu’il provoque et d’encourager la prévention. Les moustiques figurent parmi les animaux les plus meurtriers de la planète : plus d’un milliard de cas de maladies sont recensés chaque année et plus d’un million de décès sont liés à leurs piqûres.

Les principaux vecteurs sont :

  • Le moustique tigre (Aedes albopictus) : originaire d’Asie, désormais présent dans de nombreuses régions du monde, il transmet la dengue, le chikungunya et le virus Zika.

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L’inconnu de  Mer frappée : Chapitre III

Par Robert Lodimus —

Chapitre III

LA RENCONTRE

Les habitants du quartier ont vécu une troisième nuit d’épouvante. Deux fois par année, Madame Dévilien, une prêtresse vodou, dévouée corps et âme au gouvernement de François Duvalier, organisait des rituels incantatoires dans la cour de son « hounfò », ombragée par le houppier du mapou géant, dont les branches basses se reposaient sur le toit d’une vieille bâtisse en bois. Des curieux se postaient à l’entrée de la grande barrière en tôle pour suivre des yeux le déroulement de la cérémonie animiste. Les initiés, comme les clowns de cirque tsigane, portaient des accoutrements multicolores, qui leur donnaient un air complètement loufoque. Ils utilisaient des peintures corporelles et faciales qui référaient aux symboles de la spiritualité et des traditions ancestrales. Les hommes portaient des chapeaux de paille et des foulards bleus, rouges, noirs, verts autour du cou suant. La « canaille » – pas au sens noble du langage révolutionnaire d’Alexis Bouvier et de Joseph Darcier – chantait, buvait, se soûlait, se déhanchait. La plupart de ces énergumènes étaient des serviteurs zélés, des adhérents exaltés, des prosélytes inébranlables de l’idéologie duvaliérienne.

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Fête Patronale du Robert – du 21 au 24 août

La ville du Robert vous invite à vivre 4 jours de fête, de culture, de sport et de musique à l’occasion de sa fête patronale, du jeudi 21 au dimanche 24 août !

AU PROGRAMME :

Jeudi 21 août – 19h
Soirée d’ouverture avec la pièce de théâtre « Saw pé ka konprann » par la troupe Lanbéli à l’OMCLR.

Vendredi 22 août – de 10h à 22h
Grand ZOUK TOUR sur la place du 22-Mai :

  • 10h : Village artisanal & tournoi de dominos

  • 14h : Défilé de mode

  • 16h : Initiations danses (bèlè, zouk, kizomba, salsa)

  • 19h : Zouk en plein air avec Eddy Marc, Léa Galva, Stéphane Ravor

  • Et aussi : Bal de haute taille avec l’ASCLR au marché du Bourg

Samedi 23 août

  • 9h : Activités nautiques (beach rowing, kayak, paddle) à Pointe Fort

  • 17h : Messe & dépôt de gerbe au monument aux morts

  • 19h : Défilé des associations

  • 20h : Allocution officielle & vin d’honneur

  • 21h : Animations danses avec Tropikal Crew et l’ASCLR

  • 22h : Live explosif de La Finékip

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L’Allocation de Rentrée Scolaire : un soutien crucial mais limité pour les familles modestes

— Par Sarha Fauré —

L’Allocation de Rentrée Scolaire (ARS) est une aide financière importante destinée à soutenir les familles, en particulier les plus modestes, face aux dépenses liées à la rentrée scolaire. Elle est versée chaque année au mois d’août, et en 2025, environ 3 millions de foyers en bénéficieront en métropole, et près de 20 000 foyers en Martinique.

Cette allocation est particulièrement précieuse pour les familles monoparentales et celles vivant avec des revenus proches du SMIC, dont une proportion importante affirme devoir se restreindre dans leurs dépenses liées à leurs enfants depuis plusieurs années. Selon une enquête de 2023, l’ARS représente environ un tiers du budget annuel consacré à la scolarité. Sans cette aide, une majorité de familles devrait rogner sur d’autres postes ou renoncer à des activités extrascolaires. La revalorisation de l’ARS (augmentation de 14,7 % en 2023) contribue donc à alléger cette pression, même si elle ne suffit pas à compenser la modération salariale et la hausse des dépenses contraintes.

Les montants versés varient selon l’âge des enfants, de 423,48 € pour les enfants de 6 à 10 ans, à 462,33 € pour les jeunes de 15 à 18 ans.

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L’Afrique face à la crise des inégalités : Un système injuste qui perpétue la pauvreté

— Par Sarha Fauré —

L’Afrique vit une double crise des inégalités : un écart extrême entre riches et pauvres, et des gouvernements qui, pour la plupart, peinent à engager des politiques ambitieuses pour inverser cette tendance. Le continent, pourtant riche de ses ressources naturelles et humaines, est l’un des plus inégaux au monde. Une étude récente d’Oxfam révèle une réalité frappante : quatre milliardaires africains détiennent plus de richesses que la moitié de la population du continent, soit près de 750 millions de personnes.

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : les quatre hommes les plus riches d’Afrique possèdent à eux seuls une fortune plus grande que celle de la moitié de la population du continent. De plus, en cinq ans, la richesse des milliardaires africains a augmenté de 56 %, tandis que celle des cinq plus riches a bondi de 88 %. En parallèle, les conditions de vie de la majorité des Africains se détériorent rapidement : la pauvreté, la faim, et les inégalités de genre atteignent des niveaux alarmants. En Afrique, les hommes détiennent trois fois plus de richesses que les femmes, un écart qui dépasse de loin celui observé dans d’autres régions du monde.

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L’autonomie martiniquaise : entre idéalisme et incertitude

La seule définition de l’Autonomie par ce qu’elle n’est pas doit-elle suffire ?

— ContreChroniques d’Yves-Léopold Monthieux —

La démarche autonomiste martiniquaise est plus que jamais à l’ordre du jour. Dans le maelström institutionnel voire existentiel qui l’entraîne et en cible de courants qui rappellent les Gilets jaunes, tels que « Bloquons tout » ou « C’est Nicolas qui paie », la République semble vouloir se dégager et s’offrir un label décolonial en libérant les forces du largage. Tandis que les autonomistes et indépendantistes y voient une aubaine qui pourrait disparaître dans le confort retrouvé d’une République apaisée. Certes, de la part des postulants, cette démarche est inspirée d’un idéal de dignité et d’une exigence de responsabilité. Mais passé l’énoncé de ces valeurs, on a du mal à découvrir leur réalité dans un projet pour la Martinique dont on ne voit toujours pas la couleur.

En effet, peut-on se contenter de définir l’autonomie par ce qu’elle n’est pas ? De la part de ses porteurs, le discours sur l’autonomie s’est toujours caractérisé par une définition négative que l’on pourrait nommer autonomie du ni-ni : « l’autonomie n’est pas ceci, l’autonomie n’est pas cela ».

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Corriger la carte : l’Union africaine soutient une nouvelle projection mondiale plus juste pour l’Afrique

La semaine dernière, l’Union africaine a officiellement apporté son soutien à la campagne « Correct the Map », un projet porté par les organisations Africa No Filter et Speak Up Africa. Cette initiative vise à réajuster la représentation géographique du monde en adoptant une projection plus fidèle aux proportions réelles des continents. L’objectif ? Réparer une distorsion historique et symbolique laissée par la projection Mercator, un modèle largement utilisé depuis le XVIe siècle. Cette représentation, qui favorise l’Europe et l’Amérique du Nord, réduit considérablement la taille de l’Afrique, une déformation héritée des pratiques coloniales.

Selon Fara Ndiaye, directrice adjointe de Speak Up Africa, cette distorsion n’est pas qu’une question technique : elle façonne les perceptions collectives et influencent l’identité de millions d’Africains. « Quand un enfant africain voit son continent rapetissé sur une carte, cela a un impact sur son sentiment de fierté et d’identité. Corriger la carte, c’est un acte de justice et de dignité, bien au-delà de la simple géographie », explique-t-elle.

La projection de Mercator, conçue pour la navigation maritime, conserve les angles mais déforme les tailles réelles des continents.

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Edwy Plenel en Martinique

— RS n° 408 lundi 18 août 2025 —

La remarque est banale mais tellement vraie : le meilleur remerciement à faire à Edwy Plenel et à Tropiques Atrium pour cet entretien accordé au mouvement social et politique RESPÉ, dans la grande et belle salle Aimé Césaire, c’est de poursuivre la réflexion autour de quelques-uns des thèmes abordés ce 22 juillet dernier.

Les 800 personnes environ qui se sont pressées pour bénéficier de ce moment, ont certes été attirées par la notoriété du fondateur de Médiapart, par la connaissance de son lien particulier avec la Martinique, mais savaient par la publicité faite, que ces thèmes ne seraient point marqués par la légèreté et l’insouciance.

État du monde, génocide en Palestine, colonialisme et suprémacisme, Kanaky, état de la France, égalité, féminisme, internationalisme …Tout cela était au menu et Michèle, Marcel, Anouk, Anne-Claire, Nicole, Malou ont efficacement posé les problématiques que le public a généralement repris en y ajoutant des questions sur le journalisme.

Plutôt qu’un compte-rendu de ces deux bonnes heures d’échanges que personne n’a quittées avant la fin, complétons les notes éclairantes de Colette Césaire, dans un précédent RS, par le retour sur quelques notions importantes martelées par Edwy Plenel.

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Noblesse paysanne

A propos du livre Il était une fois la vie au Morne Baldara de Roset Mongin

— Par Georges-Henrie Léotin —

Dans notre Martinique d’aujourd’hui, on n’imagine pas un tout jeune enfant émerveillé par la lumière d’une ampoule électrique (ce que nous appelions bek), et qui s’amuserait à jouer avec l’interrupteur comme s’il était magicien. Les bambins de nos campagnes, dans l’immédiat après-guerre, ouvraient aussi de grands yeux face aux fontaines des bourgs, face à cette autre magie d’une eau venue au coin des rues, à disposition, au bout d’un robinet métallique. L’enfant que fut Rozet Mongin, habitué de la source, avait déjà toutefois remarqué que l’eau des fontaines publiques n’était pas toujours fraiche comme celle venue directement des entrailles de la terre, « l’eau limpide de Trouboulo, notre source au Morne Baldara ». On mesure le chemin parcouru quand on voit que les fontaines publiques dans les bourgs, qui fascinaient l’enfant, ne sont plus guère aujourd’hui (quand elles existent encore) que des objets de curiosité et des vestiges du passé !

L’ouvrage de Rozet Mongin n’est pas un roman mais un récit de vie, l’évocation de son enfance, de ses parents, de sa famille, de la vie de la campagne du Morne Baldara (dit aussi Morne Babet, ou encore La Raisinier – l’auteur imagine comme origine possible du nom : La (femme) Résignée, mais souvent les noms de lieux dans nos campagnes sont précédés de « La » : La Naud, La Mathilde, La Palmène, La Marchand, La Dumaine, etc.

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