L’éphéméride du 15 septembre

Pierre Belain d’Esnambuc prend possession de la Martinique au nom de Louis XIII le 15 septembre 1635

« L »île aux fleurs » ou « L’île aux femmes »?
La Martinique a été abordée par Christophe Colomb le 11 novembre 1493, lors de son second voyage. Son nom viendrait selon une version poétique de la déformation phonétique de son nom indien : Matinino, que l’on traduit approximativement par « l’île aux fleurs ».

Une version plus vraisemblable serait que Christophe Colomb avait déjà donné à une autre île le nom du saint du jour, Saint Martin (fêté le 11 novembre). Il aurait en conséquence appelé cette nouvelle découverte « petite Saint Martin », soit, en espagnol Martin nino, nom qui figure sur des cartes espagnoles ou hollandaises du XVIIe siècle, puis fut francisé en Martinique.

On prête généralement cette découverte de la Martinique par les Européens à Christophe Colomb lorsqu’il accoste sur le site de l’actuelle commune du Carbet le 15 juin 1502 au cours de son quatrième voyage vers les « Indes ». Néanmoins, il semble admis que ce soit Alonso de Ojeda qui ait découvert l’île en premier lors de son expédition de 1499-1500. Elle figure sur la carte établie par Juan de la Cosa en 1500 et on la retrouve ensuite sur la carte d’Alberto Cantino (1502) sous le nom de Ioüanacéra ou Joanacaera (formé du préfixe ioüana = iguane et du suffixe caéra = île) c’est-à-dire l’île aux iguanes0.

Christophe Colomb avait entendu les Arawaks (Taïnos) parler de l’île lors de son passage à Hispaniola au cours de son deuxième voyage (ces propos sont rapportés par Pierre Martyr d’Anghiera). Pour les Amérindiens, l’île était peuplée exclusivement de femmes. Ils l’ appelaient Matinino, nom que Colomb traduisit par isla de las mujeres , « l’île aux femmes » et non l’île aux fleurs ainsi que l’affirment l’ Encyclopædia Universalis ou la Britannica. Comme Colomb avait, par décret, le monopole des découvertes des nouvelles Indes, il privilégia Matinino à Joanacaera.

Sur le planisphère de Johann Ruysch (vers 1507-1508) figure pour la première fois le nom de Matininia, que l’on retrouve sous la forme Matenino sur la carte anonyme (de 1519) de la bibliothèque de Wolfenbüttel. En France, la carte de Nicolas Desliens de 1541 porte Matinina. Outre ces noms adoptés par les cartographes, on trouve mentionnée dans la cédule royale de 1511″ Real provision que los Indios Caribes se pueden tomar por esclavos » , l’île de Matinino alors décrite comme habitée par les Caraïbes.

Dans la cartographie italienne du milieu du XVIe siècle, apparaît le surnom actuel de Madinina (avec un –d- à la place du -t-).

Le passage au cours du XVIIe siècle au nom actuel de Martinique est dû au fait que Saint Martin jouissait alors d’une grande renommée en France. Par analogie avec la Dominique voisine (Dominica en latin et anglais), le nom de l’île a été déformé en Martinique (Martinica).

Les Espagnols sont les premiers colons européens à s’installer au Nouveau Monde dans les Grandes Antilles puis sur le continent mais ils délaissent les Petites Antilles qu’ils jugent trop petites et peuplées d’Indiens dangereux. En revanche, les Hollandais, les Français et les Anglais y font souvent relâche pour faire aiguade (ravitaillement en eau), s’approvisionner en vivres, et commercer avec les Amérindiens12 durant tout le xvie siècle et le début du xviie siècle.

L’anonyme de Carpentras est l’auteur du plus ancien document connu sur la Martinique. Il rapporte son séjour dans l’île avec les équipages du capitaine Fleury du 21 avril 1619 au 11 février 1620. Ils cohabitent avec les Caraïbes qui les accueillent et commercent avec les français, les anglais et les hollandais mais sont en guerre avec les espagnols. Ce récit mentionne les chefs Salomon et Pilote. Ce dernier est encore cité en 1640 par Bouton Jacques dans Relation de l’établissement des français depuis l’an 1635.

Les débuts de la colonisation à partir de 1635
Le 15 septembre 163513,14, le flibustier Pierre Belain d’Esnambuc débarque dans la rade de Saint-Pierre avec 150 colons français qui ont été chassés de l’île Saint-Christophe où ils étaient établis depuis 1625. Il installe ainsi la première colonie dans l’île, pour le compte de la couronne de France et de la Compagnie des îles d’Amérique. Les premiers établissements français en Martinique sont Le Fort Saint-Pierre (actuelle ville de Saint-Pierre) fondé par d’Esnambuc, et la ville du Fort-Royal (actuellement Fort-de-France) fondée par les gouverneurs De Baas et Blenac.

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Active colonisation
D’Esnambuc amène avec lui une centaine d’habitants de l’île voisine de Saint-Christophe dont il est le gouverneur (cette île deviendra plus tard anglaise). Il construit sans attendre le fort Saint-Pierre, à l’origine de la ville du même nom. Ce faisant, d’Esnambuc se conforme à la volonté du cardinal Richelieu d’occuper et de coloniser les îles des Antilles. L’un de ses lieutenants, la même année, occupe l’île voisine de la Guadeloupe.

Les deux îles font l’objet d’une mise en exploitation par la Compagnie des îles d’Amérique. Il s’agit d’une « compagnie à charte » ou compagnie privée qui a reçu du roi, en février 1635, différents privilèges fiscaux à charge de coloniser les îles en question (et de christianiser ses habitants).

L’objectif du roi et de son principal ministre, le cardinal Richelieu, est avant tout d’approvisionner la métropole en sucre, une denrée de luxe traditionnellement achetée dans les pays musulmans et qui occasionne d’importantes sorties de métaux précieux. Selon la doctrine mercantiliste de l’époque, ces sorties de numéraire sont le principal facteur d’appauvrissement de l’État.

La Compagnie organise la venue d’esclaves noirs du Sénégal, de Guinée et d’Angola, en vue de cultiver la canne à sucre. Les plantations, aussi appelées « habitations », généralement d’une centaine d’hectares, sont confiées à des officiers et aristocrates avides d’aventures.

Une histoire mouvementée
En 1636, les Indiens Caraïbes, premiers habitants de l’île, se soulèvent une dernière fois et obtiennent le droit de se replier dans la partie orientale de l’île, la Cabesterre. Les derniers Caraïbes finiront par se fondre avec les esclaves et les colons.

En 1664, le roi Louis XIV remplace la Compagnie des îles d’Amérique, dont la gestion est chaotique et suscite de nombreux conflits avec les planteurs, par une nouvelle compagnie : la Compagnie des Indes orientales. Pour tenter de codifier les rapports entre maîtres et esclaves, le marquis de Seignelay, fils du grand Colbert, édicte en 1685 un texte qui sera plus tard connu sous le nom de Code Noir.

Les disputes entre colons, les révoltes d’esclaves et les guerres avec les autres puissances coloniales, Hollande et Angleterre, font longtemps le quotidien de l’île. À plusieurs reprises, au XVIIIe siècle, les Anglais s’en emparent.

Le 23 juin 1763, aux Trois-Ilets, l’île voit naître Rose Marie-Josèphe Tascher de la Pagerie, plus connue sous le nom de Joséphine de Beauharnais, épouse de Napoléon et impératrice des Français. À cette époque-là, la Martinique compte déjà près de 100 000 habitants dont environ 80% d’esclaves noirs ou métis, 8% de libres de couleur et 12% de blancs (elle en a 400 000 en 2018, sur 1100 km2).

Quand éclate la Révolution et que la France entre en guerre contre l’Angleterre, celle-ci met très vite la main sur l’île : en janvier 1794, une escadre sous les ordres de l’amiral Jervis débarque six mille hommes près de Fort-de-France. Quand les planteurs prennent connaissance de l’abolition de l’esclavage par la Convention, le 4 février 1794, ils se détournent de la République et prennent le parti de l’envahisseur. Faute de soutien, les neuf cents hommes de la garnison française, commandée par le général Donatien de Rochambeau (fils d’un général qui participa à la guerre d’indépendance des États-Unis) sont rapidement contraints de capituler…

L’île reviendra à la France en 1802 à la suite de la paix d’Amiens. L’amiral Villaret-Joyeuse envoyé par le Premier Consules pour en prendre la direction en qualité de capitaine général se gardera d’appliquer le décret de Pluviose et les esclaves de Martinique devront attendre l’abolition définitive de 1848 pour être enfin affranchis.

Le 8 mai 1902, l’île est victime de l’éruption dramatique de la Montagne Pelée. La ville de Saint-Pierre et ses 28 000 habitants sont anéantis. Depuis le 19 mars 1946, la Martinique est un département d’outre-mer de la République française.

Source :https://www.herodote.net/15_septembre_1635-evenement-16350915.php