— Par Gary Klang —
Si je republie cet article aujourd’hui, c’est parce que j’en ai marre d’entendre critiquer Chavez et Maduro; marre d’en entendre dire du mal par des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent; marre des menaces de Trump; marre de lire dans les journaux français et américains tant de sottises concernant ce pays. Comme nous avons pu le constater, Michel Butor et moi, les seuls invités de langue française dans le cadre de ce festival de poésie : le président Chavez était aimé de son peuple pour lequel il avait créé, entre autres, des restaurants à bon marché pour les plus démunis. Quel gouvernement français, belge ou américain l’a jamais fait ?
C’est mon ami Enrique Hernandez D’Jesus qui m’invita à ce festival. Je l’avais rencontré au Mexique – autre pays frère – lors d’une rencontre de poésie, où m’avait convié un autre grand ami et poète, Marco Antonio Campos. D’entrée de jeu, j’étais certain qu’Henrique et moi étions liés pour la vie et que je le reverrais un jour. De fait, on s’est revus en juin 2012 à ce festival organisé en son honneur.
Théâtre
Wopso ! de Marius Gottin
Samedi 25 octobre – 19h30 Domaine de Tivoli – Terre d’Arts, Fort-de-France
Wopso ! est une interjection créole sans signification précise, mais débordante d’énergie et de sens possibles. Sous la plume fine et lucide de Marius Gottin, elle devient le souffle d’une parole en transit — celle de deux vieux amis, Fulbert et Auguste, attablés dans le hall d’une aérogare imaginaire de Fort-de-France, en partance pour un ailleurs incertain.
Dans ce huis clos ouvert sur le monde, le rire flirte avec la mélancolie, les mots s’entrechoquent en français et en créole, et la vie s’effiloche dans l’attente. Entre souvenirs, amours manqués et colères rentrées, les deux compères s’accrochent à la parole comme à une ultime bouée. Car chez Gottin, la parole est résistance, musique, et miroir de nos identités.
Mise en scène par José Exélis, la pièce met en lumière la poésie et l’humanité du texte dans une mise en scène précise et inspirée, portée par deux comédiens complices et généreux, Émile Pelty et Charly Lerandy. Entre rires et larmes, Wopso ! dit l’essentiel : la fragilité des êtres, la beauté du dérisoire, et le souffle caribéen d’une parole qui ne renonce jamais.
En librairie
Aimé Césaire, un homme qui crie -Poèmes sur sept décennies
Traduction et choix des poèmes par Klaus LAABS
(Editions 2025 chez Matthes et Seitz (Berlin, Allemagne) Spécialistes de l’Afrique et des Caraïbes
— Par Fernand Tiburce Fortuné —
Ce n’est pas la première traduction des poèmes d’Aimé Césaire en langue allemande. On en trouve déjà une en 1962, éditée à FRANKFURT et dont le titre n’est guère éloigné du titre originel : « Zurück ins Land der Geburt ». Alors que M. LAABS préfère « Notes, mémos, mémoires sur un retour au Pays ».
Klaus LAABS, né en 1953 à Berlin, est un traducteur littéraire, en particulier des œuvres de la littérature hispano–américaine, française et francophone des Caraïbes et d’Afrique. Parmi les auteurs traduits par lui figurent notamment José Lezama Lima, Reinaldo Arenas, Zoé Valdes, Alejandra Pizarnik et Daniel Maximin (de la Guadeloupe)
La couverture représente Césaire par Pablo Picasso.
Voici ce que l’on peut lire dans la présentation allemande :
« Cette édition la plus complète en langue allemande de l’œuvre lyrique d’Aimé Césaire témoigne de son long combat contre le colonialisme et le racisme et doit son incomparable richesse d’images et de langage au retour culturel à l’identité « noire ».
Les chroniques de Jean-Marie Nol
Outre-mer : les oubliés du budget 2026
Le krach de l’économie qui vient : « Nous devrions nous en inquiéter sérieusement en Guadeloupe et Martinique «
— Par Jean Marie Nol —
L’annonce du projet de loi de finances 2026 a résonné comme un coup de tonnerre dans les Outre-mer. Pour la première fois depuis six ans, le budget du ministère qui leur est consacré sera amputé de manière significative. Ce recul symbolise un virage politique clair : celui d’une rigueur assumée, qui privilégie l’orthodoxie budgétaire à la cohésion économique et sociale. Derrière les chiffres, c’est une vision du lien entre la France et ses territoires d’outre-mer qui s’effrite, laissant craindre un basculement silencieux vers le désengagement de la France au profit d’un futur rattachement direct à l’Europe.
En cherchant à réduire un déficit public devenu abyssal, le gouvernement entend économiser 30 milliards d’euros d’ici 2026, en conjuguant hausses de recettes et coupes dans les dépenses. Les Outre-mer figurent parmi les premières victimes de cette cure d’austérité : 160 millions d’euros en moins par rapport à 2025, soit une baisse de près de 6 % des crédits. Le bât blesse d’autant plus que, en plus de la baisse des dépenses, le gouvernement propose de faire 750 millions d’euros d’économies sur le dispositif d’aides aux entreprises ultramarines en coupant notamment dans les exonérations prévues par la loi LODEOM, et en remaniant les dispositifs de défiscalisation de l’investissement productif.
Cinéma
Rediscovering Fanon de Rico Speight : Un regard contemporain sur l’oeuvre de Fanon
Pendant dix-sept ans, le réalisateur new-yorkais (USA) Rico Speight a sillonné le monde – de la Caroline du Nord à Fort-de-France, en passant par l’Algérie – pour réaliser Rediscovering Fanon, un documentaire profond, humaniste et exigeant, qui interroge la persistance du racisme, les fractures postcoloniales et l’actualité brûlante de la pensée fanonienne. Le film était présenté au François en Martinique en juillet 2025 dans le cadre du Centenaire de Frantz Fanon organisé par l’Association Caribéenne de Philosophie (ACP). Rencontre bilingue avec un cinéaste engagé, entre héritage, conscience et transmission.
(Rediscovering Fanon by Rico Speight : A Contemporary Look at Fanon’s Work. Frantz Fanon, revisited through the African American gaze of Rico Speight. For seventeen years, the filmmaker travelled the world—from North Carolina to Fort-de-France—to create Rediscovering Fanon, a profound, humanist, and demanding documentary exploring racism, postcolonial fractures, and the enduring relevance of Fanon’s thought. A bilingual conversation with a committed filmmaker, where legacy meets awareness and transmission.)
Propos recueillis par Rodolf ETIENNE
Rodolf ETIENNE : Pour revenir à la genèse du projet documentaire — pourquoi Frantz Fanon ? Que représente, ou que représentait, Frantz Fanon pour vous, au point que vous ayez choisi de lui consacrer une œuvre entière — une œuvre qui est devenue, en soi, un véritable voyage de découverte ?
Philosophie
La sottise, cette mauvaise foi de l’ignorance.
— Par Camille Loty Malebranche —
L’ignorance est, on le sait, l’état naturel de l’homme. Ainsi, tout humain a pour mission dévolue ici-bas de faire reculer l’ignorance selon le petit empan d’apprentissage qu’il a à sa portée. Désapprendre préjugés et réflexes animaux pour transcender l’animal humain par la faculté d’intelligence de l’esprit, est la bonne foi naturelle de l’homme équilibré. Car si l’homme est « le seul animal qui sait qu’il sait » comme le dit Teilhard de Chardin, il est à fortiori, la seule conscience qui sait qu’elle ne sait pas, qui connaît son ignorance et qui, lorsqu’elle est normale assumée selon sa nature de non sachant, cherche à savoir tout en respectant les bonnes balises. La sottise, elle, est de l’insanité agressive et prétentieuse, qui, non seulement refuse d’apprendre, mais aussi brandit ses conneries immondes en les imposant avec autorité comme pour en faire un empire, un ordre, au nom de sceaux institutionnels et de parchemins scolaires ou de structures officielles qui cooptent ça et là des histrions pour jouer au nom du système établi, leur sinistre ouverture cosmopolitique, leur soi disant universalité.
Cinéma
« Landrián », un film documentaire de Ernesto Daranas
Vendredi 24 octobre à 18h – Tropiques-Atrium
Dans les années 1960, Nicolás Guillén Landrián (1938-2003) devient le premier cinéaste noir de Cuba. Neveu du poète de la négritude Nicolás Guillén, il s’impose rapidement comme une figure singulière du jeune cinéma révolutionnaire. Peintre, poète du réel, documentariste audacieux, Landrián développe un langage cinématographique d’une grande modernité, marqué par la liberté formelle, la force visuelle et la sensibilité sociale.
Entre 1962 et 1972, au sein de l’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographiques (ICAIC), il réalise une série de courts-métrages marquants, dont En un barrio viejo (1963), Ociel del Toa (1965) — lauréat du prix Espiga de Oro au Festival de Valladolid — et Coffea Arábiga (1968). Mais son indépendance d’esprit, son regard critique sur la société cubaine et sa personnalité insoumise provoquent la méfiance du pouvoir. Accusé de « déviation idéologique », il est censuré, interné, emprisonné et finalement réduit au silence. Exilé aux États-Unis à la fin des années 1980, il y meurt en 2003, oublié de son pays.
Avec Landrián, le réalisateur cubain Ernesto Daranas (Conducta, Sergio & Sergei) entreprend un double geste : celui de redonner une voix à un artiste effacé de la mémoire collective, et celui de préserver un pan essentiel du patrimoine cinématographique cubain.
Féminismes, Sociologie
Hommage à Paulette Nardal
Vendredi 24 octobre à 18h Hôtel L’Impératrice – 15 rue de la Liberté, Fort-de-France
Avec la chorale « Joie de Chanter » et l’autrice Léa Mormin-Chauvac
Entrée libre et gratuite
Paulette Nardal, une femme, un siècle, une vision universelle
Femme de lettres, journaliste, musicienne, traductrice et militante, Paulette Nardal (1896–1985) fut l’une des grandes pionnières de la pensée noire et féministe du XXᵉ siècle. Originaire de Fort-de-France, aînée d’une fratrie de sept sœurs aussi brillantes qu’indépendantes, elle fit partie des premières femmes noires admises à la Sorbonne dans les années 1920.
À Paris, avec ses sœurs Jane, Alice, Lucie, Andrée, Émilie et Cécile, elle fonde le salon littéraire de Clamart, un espace de rencontre et de réflexion où se croisent les grandes figures de la diaspora noire : Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas, René Maran, Marcus Garvey, Marian Anderson, et tant d’autres. De ces échanges naîtra ce qu’on appellera plus tard le mouvement de la Négritude.
Paulette Nardal, souvent désignée comme sa « mère spirituelle », revendiquait avec humilité :
« Nous avons ouvert la voie aux hommes.
Echos d'éco, Politiques
« Ou ka mandé an malad si i lé bouyon ? »
— Par Karl Paolo —
La grande majorité des commentateurs de l’actualité de notre pays, que ce soit dans les médias ayant pignons sur rue (Martinique la 1ère, RCI, …etc.) et dans la presse écrite, ici même, ont applaudi la tenue du Congrès des Elus du pays qui s’est déroulé le 8 octobre dernier. Au terme d’un ladja de paroles durant une journée, nos dirigeants actuels et futurs ont accouché d’une résolution en faveur de l’autonomie, assortie de la possibilité de faire des lois adaptées à notre situation de petit pays insulaire, situé dans les tropiques et non en Europe et bien entendu, et à ce que nous sommes.
Qui peut être contre le fait que les règles appliquées chez nous correspondent à nos réalités ? Personne, d’autant que cette demande n’a rien de nouveau : le 18 aout 1971, il y a donc 54 ans, se clôturait la convention du Morne-Rouge dont la déclaration finale portait sur le statut d’autonomie ainsi que les programmes à mener sur les plans économique, social et culturel.
Lors de la tenue du Congrès des Elus du 8 octobre dernier, un seul élu, Yan Monplaisir, maire de Saint-Joseph et conseiller à la collectivité territoriale de Martinique a eu le courage de faire connaitre publiquement son désaccord avec cette grand-messe, en présentant un argument d’une simplicité biblique : comment peut-on exiger plus de pouvoir local quand les compétences qui relèvent de nos collectivités sont si mal assumées que tout le monde s’en plaint (eau, transport, déchet, formation professionnelle, aménagement du territoire …etc.)
Parutions
Nouveautés — Haïti et les Antilles
Après Haïti, mon pays, Jocelerme Privert publie :
Au service d’Haïti, de 2001 à 2016
Du pouvoir exécutif au pouvoir législatif, un engagement citoyen
Jocelerme Privert — Préface de Monesty Junior Fanfil
Fonctionnaire à la Direction générale des Impôts, Jocelerme Privert était avant tout animé par l’efficacité et le souci d’accomplir ses années de service pour être éligible à la pension civile de retraite.
Mais sa nomination au poste de directeur général des impôts, en 1995, change la donne. Ses interventions dans les médias sur les questions administratives et comptables révèlent un homme de conviction, soucieux de transparence et de réforme.
Cet ouvrage dévoile un parcours insolite, depuis les coulisses de l’administration jusqu’aux plus hautes fonctions de l’État.
EAN : 9782336552590
Parution : 21/08/2025
Format : 155 × 240 mm
Collection : Documentation haïtienne
398 pages — 41,00 €
DÉCOUVRIR
Collection Autrement Mêmes
Des ouvrages rares sur l’altérité à l’époque coloniale. Trois publications majeures à redécouvrir : récit, drame historique et roman.
Aux Antilles
Présenté par Catherine Bertho Lavenir, en collaboration avec Roger Little
Autres
La Grande Question, les Haïtiens sont-ils des idiots pour avoir maltraité leur élite intellectuelle?
Le cas de Jacques Roumain
Né parmi les rideaux de soie et les meubles lourds de Port-au-Prince, Jacques Roumain choisit la poussière, choisit le feu, choisit la lutte.
Fils d’une lignée fière — petit-fils de Tancrède Auguste, président d’Haïti pour un souffle d’histoire — Roumain refusa d’être un prince parmi les ruines.
Il devint l’annonciateur, le semeur d’orages. Poète, homme politique, marxiste avant que le mot ne trouve refuge sur les lèvres haïtiennes. Il écrivit avec une main noircie par le charbon de l’injustice : Gouverneurs de la Rosée, où la terre assoiffée rêve de sources cachées, traduit par le bluesman Langston Hughes, et La Montagne Ensorcelée, où les forêts parlent en langues de douleur.
Frankétienne l’a dit, et nous le savons : “la poésie de Roumain brûle d’un feu révolutionnaire ; l’éclat de ses images déchire le ciel.”
Il étudia à Saint-Louis de Gonzague — puis traversa les océans, but la lie amère de l’Europe — Belgique, France, Espagne — témoinl aux yeux vifs des sagas d’hommes broyés sous les empires.
Et quand sa tête fut faite — une tête bien faite — il revint en Haïti, revenant tel un ouragan sur les tropiques.
Université
Aide à la mobilité pour les étudiants inscrits en première année de master
Aide au logement
Vous êtes étudiant boursier, vous avez obtenu votre licence et vous êtes inscrit pour l’année universitaire 2025-2026 en Master 1 dans une autre région académique que la vôtre ? Vous pouvez dans ce cas bénéficier de l’aide à la mobilité. Les démarches ont été simplifiées pour les étudiants éligibles. On vous informe.
L’aide à la mobilité est allouée, sous certaines conditions, par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le ministère de la Culture pour faciliter la mobilité géographique des étudiants boursiers titulaires d’une licence, inscrits en première année de master dans une région académique différente de celle dans laquelle ils ont obtenu leur licence.
4 conditions sont requises pour en bénéficier :
- être titulaire d’une licence obtenue l’année précédente ;
- être inscrit pour la première fois en Master 1 ;
- bénéficier d’une bourse sur critères sociaux ou d’une allocation annuelle spécifique pour étudiant en difficulté ;
- être inscrit dans une université d’une région académique différente de celle où vous avez obtenu votre licence.
À partir de cette année, aucune démarche n’est nécessaire pour bénéficier de l’aide à la mobilité si vous remplissez les conditions.
Parutions, Psy_choses etc.
Les nouveautés Psychanalyse • Psychologie • Société
PSYCHANALYSE
Freud, le contre-transfert
Jean-Louis Henrion
(Collection : Études Psychanalytiques)
Résumé
Le contre-transfert est au cœur de la pratique psychanalytique. À tout le moins, on peut le définir comme la réponse du psychanalyste au transfert de son patient. Mais, qu’en est-il de cette réponse ? Est-elle la réciproque du transfert, soit le transfert du psychanalyste ?
EAN : 9782336564586 | Parution : 30/10/2025
Format : 135 × 215 mm | 184 p. | Prix : 20,00 €
La psychanalyse, suite et fin ?
Guy Maruani – Postface de Vladimir Mitz
(Collection : Études Psychanalytiques)
Résumé
Ce livre s’adresse à tous les post-freudiens qui essaient de comprendre pourquoi l’œdipe est démonétisé et le préconscient numérisé. Une réflexion vive sur la psychanalyse d’aujourd’hui, entre culture, philosophie et sexualité.
EAN : 9782336556765 | Parution : 23/10/2025
Format : 135 × 215 mm | 124 p. | Prix : 14,00 €
Psychothérapie parents-bébé
Une présence vivante, attentive et bienveillante
Noria Allami
Etudes Créoles
L’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien
Synthèse d’un état des lieux actualisé
— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —
« L’éducation haïtienne connaît une crise chronique provenant fondamentalement de deux facteurs principaux : le problème de gouvernance politique et administrative et la faiblesse des politiques éducatives qui en résulte. Un autre facteur crisogène est le choix initial de fonder cette éducation sur une expérience d’acculturation où les apprenants ont toujours été contraints d’être scolarisés en français, une langue qu’ils ne connaissent pas, tandis que tous maîtrisent le créole. Cette acculturation vient notamment du fait que les premiers éducateurs et responsables d’écoles de l’État d’Haïti étaient des Français qui enseignaient en français dans la négation du créole et qui sont à l’origine de la créolophobie qui perdure aujourd’hui encore. Mais il est quand même dommage que la prise en main de l’école par les nationaux n’ait pas permis de régulariser la situation. Il se pose dès lors le problème de l’inculturation de l’école notamment sur le plan linguistique. » Renauld Govain : « De la crise de l’éducation à l’éducation à la crise en Haïti », revue Études caribéennes 56 / décembre 2023.
Cinéma
« La Petite Dernière », un film de Hafsia Herzi
Un film de Hafsia Herzi – Prix d’interprétation féminine (Nadia Melliti) et Queer Palm, Festival de Cannes 2025
Jeudi 23 octobre à 20h – Tropiques-Atrium
Avec La Petite Dernière, Hafsia Herzi signe son troisième long-métrage, après Tu mérites un amour (2019) et Bonne mère (2021), et confirme sa place singulière dans le cinéma français. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2025, le film a été doublement récompensé : Prix d’interprétation féminine pour la révélation Nadia Melliti, et Queer Palm 2025, saluant son regard sensible et audacieux sur les identités LGBTQIA+.
Adapté du roman éponyme de Fatima Daas (éditions Noir sur Blanc, 2020), La Petite Dernière raconte le parcours initiatique de Fatima, une jeune femme musulmane d’origine algérienne, issue de la banlieue parisienne. Entre les attentes familiales, les injonctions religieuses et la découverte de son attirance pour les femmes, Fatima tente de trouver sa place et de concilier foi, désir et liberté.
Sous l’apparente simplicité de ce récit d’apprentissage se joue un bouillonnement intérieur, celui d’une héroïne partagée entre culpabilité, peur du jugement et soif d’émancipation.
Echos d'éco, Politiques
« Les territoires ultramarins ne sont pas un fardeau, mais une richesse pour l’Europe »
— Collectif —
Dans une tribune au « Monde », des parlementaires socialistes et Place publique alertent sur les conséquences du projet de la Commission européenne pour le futur budget 2028-2034, qui ferait disparaître les lignes budgétaires spécifiques aux régions ultrapériphériques. Ils déplorent un bouleversement « des fondements mêmes de la solidarité européenne », et appellent au retrait de ces propositions.
Le 16 juillet, la Commission européenne a présenté ses propositions pour le prochain cadre financier pluriannuel 2028 – 2034. Sous couvert de simplification, ce texte bouleverse les fondements mêmes de la solidarité européenne. Pour les régions ultrapériphériques (RUP) françaises – Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin –, les conséquences seraient dramatiques.
La Commission propose de fusionner la politique de cohésion, la politique agricole commune et la politique de la pêche dans un seul instrument national : les « plans de partenariat ». Ce virage technocratique marque une renationalisation inédite des politiques européennes et fait disparaître les lignes budgétaires spécifiques qui garantissaient depuis vingt-cinq ans un traitement différencié pour les RUP.
L’article 349 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), qui consacre la reconnaissance de leurs contraintes structurelles – insularité, éloignement, vulnérabilité économique – serait ainsi vidé de sa substance.
Danses, Musiques, Théâtre
« Zantray 2025 », un spectacle théâtral musical au carrefour fertile des cultures créoles et autochtones
Samedi 25 octobre 2025 à la Cinquième salle de la Place des arts Montréal
— Par Robert Berrouët-Oriol(*) —
La prestigieuse Place des arts, à Montréal, s’apprête à accueillir le spectacle à grand déploiement polyphonique ZANTRAY 2025, un hommage aux racines croisées des cultures créoles et autochtones et qui souligne l’influence autochtone dans la culture créole. L’évènement a été conçu par l’Espace culturel Vertières et sera présenté dans le cadre du Mois du créole le samedi 25 octobre 2025 à la Cinquième salle de la Place des arts. ZANTRAY 2025 retracera la vie d’une figure autochtone ayant influencé la mémoire créole, la reine Anacaona. Sur le mode d’un arpentage historique de la rencontre des mémoires, ZANTRAY 2025 offrira à l’auditoire un spectacle théâtral musical immersif composé de poèmes, de chants, de danses et de projections de vidéos durant lequel le public sera à la fois acteur et spectateur. Depuis vingt-quatre ans, les célébrations du Mois du créole sont élaborées et mises en œuvre au Canada par le KEPKAA (Komite entènasyonal pou pwomosyon kreyòl ak alfabetizasyon).
ZANTRAY 2025 rassemblera sur scène des artistes de premier plan, notamment :
–La chanteuse haïtiano-québécoise REBECCA JEAN.
Poésies
« Le poids du passé » & » Carpe diem »
— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Le poids du passé
Dans une antique armoire
tout au fond d’un tiroir,
au dos d’un vieux miroir,
au creux de ma mémoire
j’ai trouvé par hasard…
…un bouquet de fleurs sèches,
un ruban de velours
qu’on avait noué autour
des cheveux d’une mèche
et la photo jaunie
d’une petite amie,
quelques lettres d’amour
qu’elle avait dû m’écrire,
de vagues souvenirs,
témoins de mon passé
que j’avais oubliés…
Ce parfum d’éphémère
et de temps qui s’enfuit,
dans ces choses vieillies
couvertes de poussière,
m’emplit de nostalgie…
Et je me suis juré
de ne plus entasser
jamais dans un grenier
des objets alourdis
par le poids des années…
Etudes Créoles
Le passif en français et en créole haïtien : Coup d’œil sur les verbes pronominaux de sens passif.
–Introduction
En grammaire française, le mot passif est généralement associé au mot actif considéré comme son contraire. D’où les expressions : voix active, voix passive. De même, dans l’analyse sémantique, on distingue un agent et un patient. Cependant, si dans l’analyse traditionnelle, est souvent posée la question demandant de transformer une phrase de la voie active à la voie passive ou l’inverse, il faut reconnaitre que, dans une situation réelle de communication, les deux phrases (active et passive) ne s’opposent pas ; et elles ne sont pas non plus équivalentes, elles font de préférence objet de choix de la part des locuteurs, selon leur intention. En d’autres termes, sur le plan linguistique, la langue offre un certain nombre de possibilités de manipulations exploitables à souhait, tandis que dans la réalité, l’énonciateur choisit ou non de mettre en avant tel acte, tel acteur donné suivant son statut (victime/bénéficiaire, agent/patient). Dans ce cas, il sélectionne la structure syntaxique correspondant à son intention.
En créole haïtien, à notre connaissance, il n’existe pas de travail de recherche sur cette question et, évidemment, il n’y en a pas trace dans l’enseignement-apprentissage du créole.
Poésies
Man ka lévé
— Par Daniel M. Berté —
Man ka lévé
Ou za ba-mwen bon kalot
Fè tet-mwen tounen douvan-dèyè
Konsi larivyè Lakapot
Ka monté Mòn Balé an awryè
Ou za fouté-men bel gojet
Fè-mwen tonbé anlè bonda
Ek trapé an kalté falfret
Ki kité-mwen an dézawa
Ou za ba-mwen met kakan
Fè-mwen makaté djòlanba
Epi pèdi tout balan
Ek vini kon an ababa
Magré tousa
Man…
Ou za ba-mwen palaviré
Bat-mwen kondi an vié lanbi
Epi fè-mwen kriyé anmwé
Ek fè-mwen rété bigidi
Ou za ba-mwen model kout-pié
Fè-mwen drivé anlè do
Epi pété bò lé dé zié
Ek osi kasé yonndé zo
Ou za fouté-mwen bon kout-tjok
Fè-mwen maté adan dalo
Mantjé fè-mwen vini enpiok
Epi rann-mwen kon an zéro
Musiques
Première tournée en Martinique des Petits Chanteurs de France
Créé en 2013 par Véronique Thomassin, ancienne cheffe de chœur des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, le chœur des Petits Chanteurs de France réunit des garçons âgés de 8 à 18 ans, passionnés de chant choral. La formation se distingue par son exigence artistique et sa vocation éducative, alliant musique, voyages et ouverture culturelle.
Cette première tournée en Martinique réunit 11 jeunes chanteurs qui interpréteront un large répertoire, du Gloria de Vivaldi à l’Ave Verum de Mozart, en passant par l’Ave Maria de Caccini, le célèbre Hallelujah de Leonard Cohen et quelques incontournables de la chanson française. Pour remercier le public martiniquais, le chœur proposera aussi plusieurs chants en créole.
Les concerts, pour la plupart gratuits sur inscription, se tiendront jusqu’à la fin du mois d’octobre dans plusieurs communes de l’île. Une quête sera organisée à la fin de chaque représentation afin de soutenir le voyage et les projets du chœur.
Programme des concerts
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Samedi 25 octobre – 19h : La Favorite – Concert solidaire (10 €, billets sur petitschanteursdefrance.fr
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Dimanche 26 octobre – 17h : Maison de la Culture de Trinité
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Lundi 27 octobre – 19h : Église Saint-Henri des Anses-d’Arlet
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Mardi 28 octobre – 19h : Milénium, Morne-Rouge
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Mercredi 29 octobre – 18h : Église de l’Immaculée-Conception, Rivière-Pilote
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Jeudi 30 octobre – 19h : Cathédrale Saint-Louis, Fort-de-France (concert complet)
Un rendez-vous musical et convivial, à partager en famille ou entre amis, pour célébrer la beauté du chant choral et la rencontre entre cultures.
Patrick Chamoiseau
Cosmopoétique de la mondialité
— Par Patrick Chamoiseau —
Des mondes inattendus
Dès la fin du XVème siècle, la projection coloniale de l’Occident sur l’ensemble de la planète, ajouta aux anciens mondes l’immensité des Amériques. Le capitalisme qui s’ensuivit, engendra une globalisation d’apparence essentiellement économique. Mais avec la distance, nous pouvons deviner qu’il s’est aussi produit un phénomène inattendu, resté imperceptible.
Pour l’envisager, contemplons le Chaos-monde actuel. Le poète Édouard Glissant l’a interrogé et l’a nommé Tout-monde. Partout, des polyrythmies existentielles se confrontent. Des temporalités improvisent en parallèle des contretemps et des reprises. Des extinctions subsistent en des cendres fécondes. Des ressources culturelles quittent leurs absolus pour s’épancher au bénéfice de tous. Partout, les inégalités, les racismes, minorations et autres ségrégations nourrissent des rébellions proclamées ou secrètes. Partout, les utopies du refus élargissent des espaces interlopes. Partout, la domination prédatrice suscite des lieux-communs – des conceptions très généreuses du monde qui se rejoignent dans une même ferveur. Partout, dans cette globalisation qui nous enferme et qui nous divise tant, rayonnent des échos-monde – ce sont ces femmes, ces hommes, ces œuvres de l’Art ou de l’esprit, qui répercutent un inventaire subliminal de la planète dans ses détails les plus infimes.
Ecologie
Stop Croisières!
Au moment où certains osent célèbrer la reprise des croisières Madinin’Art reprend cet article publié il y a 2 ans et toujours d’actualité, hélas!
Le sujet des croisières a, depuis quelques mois, pris une place grandissante dans l’actualité. A Marseille, après le blocage du Wonder of the Seas à l’entrée du port par des militant·e·s d’Extinction Rebellion et de Stop Croisières, la pétition de la Ville de Marseille contre la “pollution maritime”, qui a recueilli près de 50 000 signatures, a contribué à inscrire ce sujet à l’agenda médiatique et politique.
Toutefois, les réactions suscitées par cette pétition ont, dans leur immense majorité, restreint le sujet des nuisances liées aux paquebots de croisières à la pollution de l’air. Or, si ce sujet est bien évidemment majeur, il ne constitue qu’une facette de l’anachronisme de cette industrie face aux enjeux de notre monde. Comme présenté dans l’argumentaire [1] du collectif Stop Croisières, les nuisances générées par ces monstres des mers sont multiples :
- Pollution de l’air,
- Pollution de la mer,
- Réchauffement climatique,
- Consommation extravagante de ressources et d’énergie,
- Retombées économiques dérisoires au regard de ces impacts,
- Évasion fiscale et contournement des législations.
Politiques
Congrès des élu·e·s : historique ? Inutile ? Dernière chance ?
— RS n° 417 lundi 20 octobre 2025 —
Avant même sa tenue, le « congrès des élu-e-s » de la Martinique se voyait attribuer ces qualificatifs contradictoires.
L’ironie de l’histoire, c’est qu’il s’est ouvert sur un incident saugrenu. La grande assemblée vote à l’unanimité un ordre du jour excluant les « représentants des maires absents », puis vote tout juste après, avec la même unanimité leur intégration ! Plus insolite encore, le Congrès s’est achevé au bout d’une journée au lieu des deux prévues, signe d’une unanimité que certain·e·s verront comme preuve de son caractère historique, d’autres de son inutilité tout aussi historique.
Notre avis est qu’il ne mérite sans doute ni « cet excès d’honneur, ni cette indignité ». Il sera aussi et surtout, ce que les forces agissantes du mouvement d’émancipation seront disposées à en faire, et son sot dépendra de l’énergie qu’elles mettront pour peser sur la suite des évènements. Ces forces ne décident pas des conditions de la lutte, celles-ci découlant du rapport des forces entre les classes, et de leurs expressions politiques. L’action, elle, dépend de nos choix et de notre détermination.
Cinéma, Féminismes
« Bénissez nos seins », un film d’Angèle Marey
Le 23 octobre 2025 à 18h45 Teyat Otonom Mawon, Croix Mission FdF
️ Un film d’Angèle Marrey – Documentaire, 52 min
— Par Sarha Fauré —
Synopsis :
Quand j’ai eu 13 ans, mes seins ont commencé à pousser signifiant au monde que je devenais femme. Trahi par notre propre corps, inlassablement arraché à l’enfance pour devenir les objets de désir des hommes. Entre « le repassage des seins » et la chirurgie esthétique d’augmentation mammaires excessive. « Bénissez nos seins » questionne le poids du patriarcat sur nos poitrines.
Présentation :
Ils sont sexualisés, fantasmés, vendus, niés, redessinés ou mutilés. Depuis toujours, les seins occupent une place centrale dans l’imaginaire collectif – souvent à mille lieues de ce que vivent les personnes qui les portent.
Dans Bénissez nos seins, la réalisatrice Angèle Marrey s’attaque à l’un des plus puissants symboles du patriarcat. À travers une série de témoignages intimes et de paroles d’expertes, ce documentaire interroge la manière dont la société s’est appropriée, contrôlée et déformée la poitrine féminine.
Pourquoi les seins sont-ils si sexualisés ? Pourquoi sont-ils soumis à autant de normes, de violences et de silences ?

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