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« Le Canard sauvage »& « Made in France »

—Par Dominique Daeschler —

« Le Canard sauvage », texte d’Ibsen, Adaptation et m.e.s. T Ostermeier

Thomas Ostermeier est à son aise dans l’univers confiné d’Ibsen, celui du 3théâtre de Chambre, où tout se rétrécit pour piéger les protagonistes dans leurs non-dits. Petit à petit des secrets bien gardés sont révélés par Gregers le fils de famille pour qui la vérité est une éthique qui ne peut apporter que le meilleur : la famille des Ekdal en sera détruite. La bourgeoisie est analysée comme une décadence, soumise au pouvoir de l’argent qui doit tout résoudre, sans affect, sans culpabilité.

De façon assez didactique, Thomas Ostermeier crée un décor tournant, salon des riches d’un côté où Werle célèbre par une fête le retour de Gregers, de l’autre le studio de photo- cuisine- salon d’un ancien camarade de classe dont le père a été un proche collaborateur de Werle avant d’ être ruiné par une affaire qui l’a conduit en prison. Les pauvres sont à la merci des riches : commandes, pension…Bientôt l’action se resserre sur le seul lieu de vie des pauvres car Gregers vient habiter chez les Ekdal, afin de distiller son amour de la vérité.

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Pedro Pinho interroge les mécanismes de domination dans « Le Rire et le Couteau »

— Par Hélène Lemoine —

Révélation du dernier Festival de Cannes où il était présenté en section Un Certain Regard, Le Rire et le Couteau confirme le talent singulier du cinéaste portugais Pedro Pinho. Avec ce film-fleuve de plus de trois heures et demie, le réalisateur livre une œuvre ambitieuse qui interroge avec une rare finesse les rapports de domination contemporains.

Un voyage initiatique au cœur des paradoxes contemporains

Le film s’ouvre sur les traces d’Antonioni et de son Profession : reporter. Un homme seul traverse le désert au volant de sa voiture, incarnation parfaite de l’Occidental en quête d’identité. Mais là où Antonioni laissait son fantôme s’évaporer, Pedro Pinho ancre son récit dans une réalité postcoloniale saisissante.

Sergio, ingénieur environnemental portugais interprété par Sérgio Coragem, débarque en Guinée-Bissau pour évaluer l’impact écologique d’une route traversant une zone marécageuse habitée par des paysans. Mission apparemment technique, le voyage devient rapidement une plongée vertigineuse dans les mécanismes du néocolonialisme et de la domination.

L’art du trouble identitaire

Naviguant entre élites corrompues et population démunie, Sergio incarne malgré lui la figure du « néocolon » conscient de sa position problématique.

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Appel aux dons de l’Association Martinique Images (AMI)

Pour que vivent les contes créoles, pour que perdure la mémoire du peuple.

“Yé Krik ?” — “Yé Krak !”

C’est par ces mots que commence le conte créole. Ce simple échange entre le conteur et la cour (le public) fait jaillir des images, des souvenirs, des symboles, et surtout la parole vivante des peuples caribéens.
Le conte créole n’est pas seulement un récit pour faire rêver les enfants. Il est une mémoire. Un outil d’apprentissage. Un acte de résistance. Il est l’un des derniers trésors vivants d’un héritage venu d’Afrique, façonné dans l’épreuve de l’esclavage et nourri de l’imaginaire caribéen.


AMI : Dix ans au service de la parole vivante

Depuis près de 10 ans, l’Association Martinique Images (AMI) s’engage avec passion pour préserver, transmettre et faire rayonner l’art du conte créole en Martinique et au-delà.
Créée par le conteur Valer’Egouy, AMI rassemble chaque année des dizaines d’artistes : conteurs, musiciens, comédiens, plasticiens, dans des spectacles, veillées, résidences, ateliers et festivals.

Des événements gratuits ou accessibles à tous, organisés dans les quartiers, les écoles, les bibliothèques, les salles de spectacle et parfois même… sous la lune, au cœur de la nuit martiniquaise.

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L’Asosyasyon pwofesè kreyòl ayisyen (APKA) face aux défis contemporains…

 … de l’aménagement du créole en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

« L’État garantit le droit à l’éducation » (…) « L’éducation est une charge de l’État et des collectivités territoriales » (…) « La première charge de l’État et des collectivités territoriales est la scolarisation massive, seule capable de permettre le développement du pays. L’État encourage et facilite l’initiative privée en ce domaine. » (Constitution de la République d’Haïti, 1987. Chapitre II – Des droits fondamentaux. Articles 32, 32.1, 32.2).  

Dans le remarquable livre de référence provenant de sa thèse de doctorat en éducation et intitulé « Le pouvoir de l’éducation – L’éducation en Haïti de la colonie esclavagiste aux sociétés du savoir » (Éditions Zémès, 2015), Charles Tardieu met en lumière, au chapitre IV, la « Genèse de l’éducation en Haïti : de 1492 à1796 ». Il situe cette genèse dans un contexte de rivalités et d’opposition entre divers secteurs et factions de la société saint-dominguoise et il expose le rôle primordial qu’occupaient déjà les institutions religieuses. Au chapitre VI.1.2. du livre, l’auteur expose que « Le gouvernement de Dessalines (1804-1806) légifère (…) pour contrôler l’instruction privée puisque l’État n’a pas les moyens de la prendre à sa charge ».

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Qui est concerné par la montée des eaux ?

— Par Florent Grabin, présient de l’Association ecologique P.U.M.A. —

Avec le changement climatique, la montée des eaux est l’une des conséquences qui va toucher les communes du littoral Martiniquais dans leur partie basse. Selon les services de l’État, il y a environ dix mille maisons et immeubles concernés (particuliers, entreprises et collectivités). Dans ce patrimoine bâti, il y a des constructions précaires et des occupants sans titres qui devront faire l’objet de solidarité afin de permettre à ces habitants d’être relogés et régularisés.

Le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ainsi que le Ministre de la Culture ont été interrogés sur les difficultés posées par le recul du trait de côte, notamment sur l’indemnisation liée à l’érosion côtière et sur la protection du patrimoine archéologique.

Indemnisation liée à l’érosion du trait de côte.

Pour ce qui est de l’indemnisation – des propriétaires lésés par le recul du trait de côte – jugée inégale et incompréhensible. Ce, selon que le bien soit menacé par une érosion rocheuse ou sableuse, ou que l’effondrement soit survenu à cause de la houle ou de l’infiltration des eaux ; ces derniers peuvent en effet être indemnisés ou abandonnés à leur sort.

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Respire, Humanité

Appel pour une civilisation du discernement

— Présenté par Pierre Pastel — Sociologue, auteur de « Je veux parler à un humain »1 —

Introduction

« Je veux parler à un humain » n’était pas un cri isolé.

C’était un murmure universel porté par des milliards d’âmes lucides, parfois silencieuses, souvent invisibles, mais pleinement conscientes de l’état alarmant de notre monde.

Aujourd’hui, je m’adresse à elles, à vous, à nous,

À celles et ceux qui refusent de voir notre humanité diluée dans les logiques de guerre, de domination et d’illusion.

Le moment est venu de reprendre la main sur la gouvernance mondiale, non pour imposer,

mais pour construire un vivre-ensemble radicalement nouveau, fondé sur la lumière, la lucidité, l’interdépendance sacrée.

Nous devons conjuguer nos structures profondes et nos intentions stratégiques, pour faire émerger un monde où l’on ne respire plus la peur, mais la vie partagée.

C’est dans ce souffle que s’inscrit cet appel.

Une voix claire, adressée à toutes les consciences —

et en premier lieu à celles et ceux qui détiennent les leviers du monde.

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Nouvelle Caledonie :  » Imité ka détenn… »

— Par Jean-Marie Nol —

Il aura fallu dix jours et une nuit entière pour sceller un accord politique historique entre les représentants calédoniens et l’État français, donnant naissance à un texte qui, s’il ne met pas fin aux incertitudes, ouvre résolument une nouvelle ère institutionnelle. Derrière le titre consensuel de « Projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie » se dessine une architecture complexe, mêlant souveraineté partielle, reconnaissance identitaire, révision du partage des compétences et projection économique. Le fondement du texte repose sur la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie », inscrit dans la Constitution française, disposant d’une nationalité propre, d’une Loi fondamentale, et susceptible d’être reconnu par la communauté internationale. Une avancée considérable qui marque une rupture avec le modèle colonialiste implicite de la dépendance, mais qui, à bien des égards, pose aussi les jalons d’un futur incertain, traversé de ressentiments toujours présents, de tensions latentes et de défis économiques colossaux.

Cette évolution calédonienne, si elle réussit à franchir l’étape référendaire de 2026, pourrait constituer un précédent majeur pour l’ensemble des territoires ultramarins. L’instauration d’une double nationalité – française et calédonienne – est une innovation institutionnelle d’ampleur jusque là absente du droit français .

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« L’important, c’est la dose ! », & « Puzzle »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’important, c’est la dose !
(à Gilbert Bécaud)

Ami, dans tout ce que l’on prend,
drogue, alcool ou médicaments,
j’affirme que n’est nullement
mauvaise en soi aucune chose
mais qu’il faut savoir seulement

garder raison en toute chose…
Du bonheur c’est la condition.
C’est l’abus qui fait le poison
puisque l’important c’est la dose…
Oui, c’est la dose l’important !

Qu’il s’agisse de sport, d’écrans,
là c’est encor la même chose :
il faut rester intelligent
et pour éviter l’addiction,
user avec modération….
Et ce conseil est le seul bon !

La démesure est ce qui cause
à la fin du désagrément
puisque l’important c’est la dose.
Même si la vie n’est pas rose,
oui, c’est la dose l’important !

Puzzle

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Guadeloupe : la crise de l’eau, entre effondrement du service public et marché noir

— Par Sabrina Solar —

En Guadeloupe, une crise de l’eau chronique et systémique continue de bouleverser la vie quotidienne de près de 400 000 habitants. Malgré une ressource en eau abondante sur l’île, plus de 60 % des foyers subissent des coupures prolongées et régulières, parfois plusieurs semaines d’affilée.

Cette situation, ancienne mais aggravée depuis 2024, est due à un réseau vétuste (avec jusqu’à 70 % de fuites), une gestion défaillante, des pollutions récurrentes, et une gouvernance locale minée par les conflits, les détournements et les retards de financement.

Un réseau au bord de la rupture

Certaines canalisations datent de plusieurs décennies, avec un taux de renouvellement ridiculement bas (0,5 % par an, loin des standards nationaux). Les pertes annuelles dépassent 50 millions de m³ d’eau potable. La moitié des stations de traitement des eaux usées est hors normes, aggravant les risques de contamination.

Coupures, colères et contournements

Face à des coupures à répétition, les habitants vivent dans l’inconfort, la frustration et parfois l’humiliation : impossibilité d’assurer l’hygiène de base, tensions psychologiques, explosion des coûts pour accéder à une eau potable sûre.

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« Je n’ai pas lu Foucault » & « Tout le monde il est Jean Yanne »

— Par Dominique Daeschler —

« Je n’ai pas lu Foucault », texte Céline Caussimon ,mes Sophie Gubri

Comme bon nombre de spectacles cette année, le texte est construit à partir d’ateliers d’écriture. Leur particularité est d’avoir été faits en prison sur un thème peu banal l’observation de toiles et de peintres connus ( Picasso, Basquiat, Van Gogh…) .Céline Caussimon, animatrice de ces ateliers, se prépare, relit les biographies, prête à livrer pour chaque peintre, son parcours, ses influences, ses techniques, ses thèmes. Une petite angoisse cependant, elle n’a pas lu le livre de Foucault. Peu importe, c’est elle qui doit s’adapter aux regards qui lui sont renvoyés. Bien sûr il y a ceux qui viennent là pour passer le temps, parce qu’il n’y a pas foot. C’est leur parole vive sur les couleurs qu’il préfèrent ( le noir de Basquiat), le ressenti sur l’organisation d’un tableau ( la chambre de Van Gogh), l’ intuition des origines ( Basquiat). Le cheminement des détenus introduit sans cesse l’idée d’une liberté de pensée qu’ils savent asséner, apportant à leur animatrice une autre appréhension de l’Art.

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Nomination controversée, à Toulouse, d’un prêtre condamné pour viol

Quand la « miséricorde » prime sur la prudence

— Par Jean Samblé —

La nomination de l’abbé Dominique Spina au poste de chancelier du diocèse de Toulouse, officialisée début juin 2025, continue de susciter une vive polémique au sein de la communauté catholique et au-delà. Condamné en appel en 2006 pour le viol d’un lycéen de 16 ans, ce prêtre revient aujourd’hui à un poste stratégique de l’administration diocésaine, au nom, selon l’archevêque Guy de Kérimel, de la « miséricorde ».

Une décision justifiée par le fait que l’abbé Spina aurait, selon les mots du prélat, « purgé sa peine » et « n’aurait rien à se reprocher depuis près de trente ans ». En somme, une rédemption discrète, transformée aujourd’hui en promotion. L’affaire n’a toutefois rien de discret : elle interroge les fidèles, choque les victimes d’abus et met à mal les engagements pris par l’Église après la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) en 2021.

Un poste administratif, mais hautement sensible

Le diocèse tente de relativiser : le poste de chancelier serait une simple fonction d’archiviste.

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Du côté du TOMA

— Par Dominique Daeschler —

Comme à son habitude, le TOMA théâtre d’Outremer à Avignon, convoque lectures , projections ,échanges ,spectacles au sein de la Chapelle Incarnée.

Porgy and Bess, musique et livret de Gershwin 

Adapté par les voix d’Outremer et Fabrice di Falco, chanteur lyrique martiniquais et cheville ouvrière des Contre-Courants, ce moment D’opéra valorise « à nu » les talents ultramarins dans le domaine lyrique. La musique de Gershwin n’ a pas pris une ride et Fabrice di Falco accompagne , dans un rôle de récitant les artistes. Les quatre chanteurs défendent leur partition avec brio. On retiendra particulièrement l’interprétation de Livia Louis Dogué dont la tessiture large la situe déjà parmi les grandes . Sans doute ,la présence sur scène, les déplacements sont à travailler mais ceci est déjà sur rails.

Entre les lignes, chorégraphie Florence Boyer

Florence Boyer, chorégraphe et danseuse, prend à bras le corps un travail de recherche sur les ouvrières du textile de Roubaix à Cilaos (Réunion) qui, à travers leurs broderies, ont célébré une attention aux femmes, dépassant un quotidien aux gestes répétitifs pou en donner la dignité et la beauté.

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Que célèbre-t-on le 14 juillet ?

— Par Service-Public —

Déclarée fête nationale en 1880, la date du 14 juillet marque la célébration de la République française. Vie-publique.fr vous propose de revenir sur les origines et le sens de cette journée.

1- Que s’est-il passé le 14 juillet 1789 ?

En 1789, les États généraux composés des représentants élus de la noblesse, du clergé et du Tiers-État sont réunis le 5 mai à la suite des doléances parvenues au roi Louis XVI. Le 27 juin, le roi accepte le rassemblement des trois ordres qui se proclament « Assemblée nationale constituante » le 9 juillet.

Dans le même temps, des troupes royales se concentrent autour de Versailles et de Paris. Le renvoi du ministre Necker le 11 juillet et la rumeur de l’intervention des troupes royales finissent par convaincre la population parisienne de s’organiser et des appels aux armes sont lancés.

Le matin du 14 juillet, une foule composée notamment d’artisans et de boutiquiers se dirige vers les Invalides où sont stockées les armes. Ces Parisiens prennent ensuite la direction de la Bastille pour récupérer de la poudre.

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Faire Peuple : Le Nouveau Pacte Calédonien de Bougival

Résumé détaillé de l’accord sur l’avenir de Nouvelle-Calédonie, conclu à Bougival en juillet 2025.

Préambule : Le Pari d’une Confiance Renouvelée

S’inscrivant dans la continuité des accords de Matignon-Oudinot (1988) et de Nouméa (1998), ce nouvel accord vise à écrire une nouvelle page de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Il reconnaît les acquis historiques tout en prenant acte des profondes blessures laissées par les événements de mai 2024. L’objectif est de reconstruire un projet de société et un avenir stable, en s’appuyant sur les valeurs de dialogue, de paix et de destin commun. Le succès de cet accord repose sur l’engagement de tous les partenaires et la volonté des Calédoniens de « faire peuple ».

I. Principes Fondamentaux et Nouveau Statut
L’accord propose une solution politique pérenne pour garantir la stabilité du territoire.

* Un État au sein de la République : Il est convenu de créer une organisation institutionnelle sui generis (unique en son genre) : l’État de la Nouvelle-Calédonie. Cet État sera partie intégrante de l’ensemble national français, son statut sera inscrit dans la Constitution de la République française et il pourra être reconnu par la communauté internationale.

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Kanaky : les réactions de Serge Letchimy, Emmanuel Tjibaou, Veylma Falaeo… et d’autres

Serge Letchimy : L’accord sur la Nouvelle Calédonie illustre la voie possible : conjuguer reconnaissance des identités locales et égalité nationale »

Le président du Conseil exécutif de la Martinique, Serge Letchimy, salue l’annonce de l’accord institutionnel trouvé à Bougival entre l’État français et les forces politiques de Nouvelle-Calédonie. Cet accord crée un « État de la NouvelleCalédonie » inscrit dans la République, prévoyant notamment la création dune nationalité calédonienne.

Cette avancée historique ouvre le champ à un renouveau politique et économique et Serge LETCHIMY se réjouit que la France ait su répondre aux spécificités calédoniennes dans le cadre de la République, en reconnaissant l’existence d’un « État dans l’État », au service de la paix, de la stabilité et de l’émancipation politique. Cette réussite témoigne de la capacité de la République à conjuguer unité nationale et reconnaissance des singularités.

Cet accord résonne de manière particulière avec la dynamique engagée au sein de l’ensemble des pays d’outre-mer signataires de l’Appel de Fort-de-France et plus particulièrement en Martinique où les élus, réunis en Congrès au cours de 5 sessions, se sont mobilisés pour définir les modalités d’exercice d’un pouvoir normatif local, tout en restant pleinement dans la République, et ont adopté une résolution visant à inscrire dans la Constitution un nouveau cadre institutionnel.

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À propos de « l’écovillage » de Ducos

— Par Gustavo Torres, architecte —

Et jusqu’à quand pensez-vous qu’on peut continuer dans cet aller et venir de fous ? demanda-t-il.

Florentino Ariza avait la réponse toute prête depuis cinquante-trois ans, sept mois et huit jours avec ses nuits,

Il dit alors : – Toute la vie.

Gabriel García-Márquez (1927-2014) in CIEN ANOS DE SOLEDAD – México / Buenos Aires – 1967.

Vous êtes encore là vous, à bâtir des zones ? Déjà pour la Galleria on nous disait que c’était « ma ville à moi »… ne jamais oublier que les vautours avancent toujours masqués, usant d’un vocabulaire convenable enveloppé d’euphémismes flatteurs… Dire aujourd’hui écovillage n’est qu’édulcoration malhonnête pour recommencer ce qu’on fait et refait depuis 60 ans : une zone commerciale entourée de parkings sur un vague terrain soi-disant vague.

Depuis l’arrivée des « architectes des colonies » – envoyés pour nous vendre le modernisme et le béton armé dans les années 30 – et ensuite après-guerre avec la départementalisation, la Martinique subit passivement les injonctions spatiales de la mère-polis et participe au saccage sans pitié du maigre territoire dont on dispose.

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Pollution, eau, biodiversité : la France décroche

Pollution, eau, biodiversité : la France en queue de peloton européen pour les investissements environnementaux

— Par Sabrina Solar —

La France est aujourd’hui confrontée à une réalité brutale : malgré ses discours volontaristes sur la transition écologique, elle reste le pays de l’Union européenne présentant le plus fort déficit d’investissements en matière d’environnement. C’est ce que révèle le dernier Examen de la mise en œuvre de la politique environnementale (EIR), publié par la Commission européenne le 7 juillet 2025, qui dresse un tableau sans concession de la situation environnementale dans chaque État membre.

Un déficit structurel de 21,1 milliards d’euros par an

Pour répondre aux objectifs imposés par le droit européen en matière d’environnement – qu’il s’agisse de biodiversité, de qualité de l’air, de traitement de l’eau ou de gestion des déchets –, la France devrait investir 63,8 milliards d’euros par an. Or, selon les calculs de la Commission, les dépenses effectives atteignent seulement 42,7 milliards, soit un déficit de 21,1 milliards d’euros annuels. En valeur absolue, il s’agit du plus important de l’Union européenne, devant l’Allemagne (20 milliards) et l’Espagne (10,75 milliards).

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Femmes, argent et pouvoir

Émancipation financière des femmes : un combat en progrès, mais encore inachevé

— Par Sarha Fauré —

Soixante ans après l’adoption de la loi du 13 juillet 1965, qui permit enfin aux femmes mariées d’ouvrir un compte bancaire en leur nom propre et de travailler sans l’autorisation de leur mari, la question de leur autonomie financière reste d’une actualité brûlante. À l’occasion de cet anniversaire symbolique, Forvis Mazars et le réseau Financi’Elles ont dévoilé une étude inédite menée par l’institut CSA. Son constat : malgré des avancées notables, l’émancipation économique des Françaises demeure incomplète.

Des progrès sensibles dans le rapport à l’argent

Les femmes s’emparent de plus en plus des outils de leur autonomie financière. Pour 88 % d’entre elles, l’argent est associé à la liberté, bien plus qu’à la soumission. Ce chiffre grimpe à 98 % chez les professionnelles de la finance. L’argent est perçu comme un levier d’indépendance et de sécurité, en particulier chez les jeunes femmes de 25 à 34 ans, dont 88 % estiment qu’il occupe une place importante dans leur vie quotidienne.

Les mentalités évoluent également dans la manière d’en parler : 71 % des femmes échangent désormais sur les questions d’argent avec leur entourage.

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Comment gâcher sa vie (avec style)

« WASTED », texte de Kae Tempest, m.e.s. de Martin Jobert, | Avignon off, le 11.Avignon

— Par Michèle Bigot —

Trois personnages en quête d’avenir, en recherche de sens, habités par la nostalgie de leur passé récent, mais hélas bien (ou mal) passé! Trois amis trentenaires en perdition se réunissent pour célébrer les dix ans de la mort de leur ami Tony. Le premier est un musicien en quête de reconnaissance, le second est prisonnier d’un « bullshit job » dans une entreprise minable et la troisième dispense des cours à des élèves défavorisés, encore plus blasés qu’elle. Les trois font un concours de ratage programmé et de nullité existentielle. Dis comme ça, on pourrait croire que le spectacle est aussi affligeant que le destin des personnages.

Or c’est le contraire qui advient. Les trois acteurs rivalisent d’auto-dénigrement, mais avec tant d’humour, tant de lucidité et tant de tendresse réciproque que ça devient attachant. Les dialogues sont ciselés, percutants et drôles. Le jeu des comédiens est parfaitement juste: chacun habite son personnage au point de le rendre follement présent. On rit, mais on rit jaune.

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Jovenel Moïse, « fléau de Dieu » 

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces doux êtres passifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules :
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison, le même mouvement. »

(Victor Hugo, Mélancholia)

— Par Robert Lodimus —

Le crépuscule tombait déjà sur le paysage voilé et enneigé. Un immense tapis blanc recouvrait les rues crevassées, dégoudronnées à certains endroits. Au Canada, le mois de février n’est-il pas réputé pour son humeur impassiblement rigoureuse? À cette période de l’hiver, la température oscille souvent entre moins 40o et moins 50o Celsius. De quoi faire geler le sang d’un chameau en quelques secondes. Quand il vente et grêle, les gens peuvent ressentir jusqu’à moins 600 sur la peau fragile et sensible. La plupart des personnalités fortunées et des retraités privilégiés qui habitent dans les régions nordiques s’envolent à destination du Sud dès la fin de novembre. Notamment en Floride où ils disposent d’une confortable résidence secondaire.

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M., entre sainteté et folie

« M. Un amour suprême », conception, texte, m.e.s. Gustavo Giacoso, musique: Fausto Ferraiuolo | Festival d’Avignon, Theâtre des Halles

— Par Michèle Bigot —

Le tandem Gustavo Giacoso-Fausto Giacoso était déjà venu nous enchanter l’an dernier, dans la même chapelle du Théâtre des Halles. Cette fois-ci encore, ce spectacle, quoique humble dans sa dimension scénique, nous transporte instantanément par son lyrisme et la magie de son évocation.

Fidèle à son intérêt pour l’art brut, Gustavo Giacoso nous raconte en sept tableaux l’histoire d’une femme, nommée M.(de son vrai nom Melina Riccio) qui quitte son sud natal pour s’installer à Milan, petite couturière appelée à devenir une célèbre styliste. La voici adulée du public et des media, mariée, installée et mère de famille, quand soudain, écoeurée par la célébrité et la fortune, elle décide de tout quitter, son métier, sa famille (elle a trois enfants) pour partir le long des routes comme une errante, pour prêcher l’amour et dénoncer la société de consommation. Adepte de Saint François, elle devient tour à tour une sainte, une folle, une artiste. Ses installations, réalisées à l’aide d’objets hétéroclites trouvés parmi les déchets dérangent bousculent ou séduisent.

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Résistances russes au plateau

« Last of the Soviets », conception et m.e.s. Petr Bohac

— Par Michèle Bigot —

La Russie est très présente sur la scène théâtrale française. Non la Russie impérialiste et la barbarie d’un Poutine, mais la Russie des résistants, la Russie des démocrates et du peuple qui souffre. C’est ainsi qu’après La Guerre n’a pas un visage de femme, texte de Svetalana Alexievitch, mis en scène par Julie Deliquet, lors du Festival des Comédiens de Montpellier et après le spectacle Alexeï et Yulia, proposé au théâtre des Halles lors de la présente édition du Festival D’Avignon, on a pu assister à une nouvelle interprétation des textes de S. Alexievitch, dans un spectacle intitulé The Last of the soviets.

Cette proposition théâtrale réalise un montage de différents extraits, concernant aussi bien la catastrophe de Tchernobyl que la « grande guerre patriotique » ou l’effondrement de l’URSS.

Au plateau Inga Zotova-Mikshina et Roman Zotov-Miksin, deux acteurs russes en exil nous dévoilent avec humour la cruauté de la vie quotidienne en Russie soviétique. Dans un récit mené tantôt en russe tantôt en anglais, avec quelques parenthèses en français, ils nous content l’horreur, les massacres, la peur et la misère, sans jamais se départir de l’humour noir qui les sauve.

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Avenir et Devenir

— Par Camille Loty Malebranche —

Toutes les fois qu’un homme refuse l’amorphisme du donné, le statu quo accepté sans recul par la foule, pour l’interrogation ou l’action du possible, il incarne au présent, le devenir assumé, il s’érige en forgeur de temps faisant et défaisant l’avenir, conquérant conscient de destin. À l’échelle humaine, le devenir porte toujours l’empreinte de l’attitude active ou passive.

La différence entre avenir et devenir, est que l’avenir constitue le temps neutre sans durée ni signification avec pour seul sens, le futur froid et vide alors que le devenir est le temps ontologique, le temps humain, inchoatif au rythme des choix de l’homme.

La voie inhérente à la liberté de l’homme est la domestication de l’avenir pour concevoir et construire le devenir personnel, à la taille de la projection de soi, de l’édification de soi. Loin du moulage et du préfabriqué mental de l’idéologie, moulage des consciences qui prévaut contre la liberté, planifie et façonne l’humain comme simple réceptacle et programme qu’exécute la cybernétique sociale des situations, parler du devenir, ce champ éminent de la liberté dans la téléologie, prend la face d’aventure osée, de foi en la nature transcendante et spirituelle de l’homme voire de volontarisme auto-accomplissant.

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Guadeloupe : le choc des réalités

Le temps presse et l’immobilisme  n’est plus une option crédible pour la Guadeloupe !

— Par Jean Marie Nol, président du cercle des économistes de la Guadeloupe  —

Avant de penser pouvoir régler les fractures profondes et les dysfonctionnements récurrents  qui minent la Guadeloupe avec un changement statutaire, chose qui s’avère illusoire , il est indispensable d’affronter d’abord le choc des réalités et ne plus faire preuve de naïveté coupable . Car les discours idéologiques et politiques, les incantations électoralistes ou les fuites en avant institutionnelles ne suffisent plus face à l’épreuve du réel. C’est à une mise à nu brutale mais nécessaire de la situation que nous invite ce temps de crise multiforme. Une crise qui, si elle n’est pas regardée en face, risque de précipiter notre territoire dans une forme d’implosion silencieuse. La lucidité est douloureuse, mais elle est le seul point de départ crédible vers une reconstruction économique, sociale et culturelle. Et cette reconstruction suppose, en premier lieu, une prise de conscience collective des chocs qui s’annoncent.

Le premier de ces chocs est climatique. Il n’est plus théorique, il est déjà à l’œuvre.

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West Side Favela

Roda favela, m.e.s. Laurent Poncelet, Cie Ophélia théâtre et O Grupo Pé No Chao, Festival d’Avignon, Le 11 Avignon 24.07.2025

— Par Michèle Bigot —

Sur scène, 12 artistes venus des favelas de Recife. Dans une explosion de danses, de musique et de lumière, ces jeunes artistes (moyenne d’âge 20 ans) nous offrent le plus délicieux et le plus revigorant des spectacles. Laissez de côté le doute, la peur, et la désespérance liés à la situation politique. Ils viennent de Recife, ils vivent dans une favela, ils peinent à trouver de l’eau, on leur coupe l’électricité, ils se battent pour vivre et ils nous donnent une leçon d’énergie, d’espoir. Ils ont pour eux une jeunesse et une force inextinguible, une énergie qu’aucune force de police ne peut réprimer. Leur histoire est celle de luttes, de drames, de tueries mais aussi de solidarité, de liens familiaux puissants. Ils incarnent le renouveau, ils sont portés par la force de leur art, leur musique, leur danse, leur poésie. A toujours devoir faire face aux discriminations, au racisme, à l’homophobie et aux attaques des milices d’extrême droite, ils ont acquis une puissance indomptable.

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